400 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 8 - octobre 2012
Traitement adjuvant : pourquelles indications etpour quelle durée ?
DOSSIER THÉMATIQUE
L’hormonothérapie
dans les cancers du sein
des IA au tamoxifène en cas de mauvaise tolérance.
Il est très important de s’assurer du statut méno-
pausique des patientes avant de leur prescrire des
IA (critères cliniques et/ou biochimiques). Une durée
de 5 ans d’IA est considérée comme suffi sante et
une majorité des experts ne soutenait pas l’exten-
sion du traitement au-delà, même en cas d’atteinte
ganglionnaire ou chez les patientes les plus jeunes
(avant 55 ans) [5].
Des questions restent en suspens.
➤
Quelle est la durée optimale de l’hormono-
thérapie : 5 ans, 7 ans, ou 10 ans ? En effet, dans les
cancers du sein exprimant les récepteurs hormonaux,
près de la moitié des récidives surviennent après
5 ans de suivi (13). L’étude SOLE évalue en phase III
le rôle du létrozole en continu ou par intermittence
après 4 à 6 ans de traitement hormonal adjuvant
chez les femmes ménopausées atteintes d’un cancer
du sein au stade précoce avec atteinte des ganglions
et des récepteurs hormonaux positifs.
➤Introduction des inhibiteurs de mTOR dans le
traitement adjuvant (14) : essai clinique de phase III
à venir ?
➤Place des biphosphonates dans le traitement
adjuvant pour les cancers avec récepteurs hormo-
naux positifs : les bisphosphonates ont-ils un effet
antitumoral ? En plus de la prévention de l’ostéo-
porose, voire de l’ostéopénie, certaines études ont
montré une augmentation de la survie sans récidive
avec de l’acide zolédronique (15, 16). Cependant,
d’autres études ne confirment pas ce bénéfice,
sauf peut-être en particulier chez la femme méno-
pausée (17).
En conclusion, les recommandations de la Société
américaine d’oncologie clinique de 2010 étaient les
suivantes (18).
Chez une femme ménopausées dont la tumeur
exprime les récepteurs hormonaux, un traitement
adjuvant comportant des IA est recommandé, soit
d’emblée soit après 2 à 3 ans de tamoxifène. Une
durée de traitement au-delà de 5 ans n’est pas préco-
nisée, sauf dans le cadre d’un essai thérapeutique.
De même, pour les patientes commençant les IA
après 2 à 3 ans de tamoxifène, il n’y a pas d’intérêt
démontré à une prolongation au-delà de 5 ans d’hor-
monothérapie. En cas d’interruption précoce avant
5 ans d’un traitement par IA, une poursuite avec le
tamoxifène pour terminer ces 5 ans est une option.
Si le traitement a débuté par du tamoxifène, la
période recommandée pour passer aux IA est de
2 ou 3 ans de tamoxifène. Cependant, dans certains
cas, tenant compte de l’essai MA.17 (19), on peut
proposer après 5 ans de tamoxifène de passer au
létrozole pour 5 ans supplémentaires.
Il n’a pas été identifi é de sous-groupe susceptible
de bénéfi cier plus des IA ou du tamoxifène que les
autres. Le traitement adjuvant par tamoxifène reste
le standard pour le cancer du sein de l’homme.
L’étude du génotype du cytochrome CYP2D6 n’est
pas utile en routine. On évitera cependant les inter-
actions médicamenteuses possibles entre le tamoxi-
fène et la paroxétine ou la fl uoxétine.
Les cliniciens doivent prendre en compte les profi ls
des effets indésirables des traitements et des antécé-
dents des patientes avant de recommander un trai-
tement. Les effets secondaires devront être expliqués
aux patientes, et devront être exposées les options
thérapeutiques possibles entre lesquelles choisir.
En cas de mauvaise tolérance ou de non-observance,
un changement de traitement devra être envisagé.
Les patientes non ménopausées ou en périméno-
pause doivent recevoir 5 ans de tamoxifène.
Il n’y a pas de différence signifi cative entre les 3 IA
disponibles ; une patiente intolérante à un IA pourra
se voir proposer de passer au tamoxifène ou à un
autre IA. ■
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Références bibliographiques