cependant un intérêt en cas de comor-
bidité de la dépression avec l’énurésie ou
les troubles anxieux.
Les molécules
◗
◗Imipramine : Tofranil®
Actuellement, en France, ce produit est
autorisé dans l’énurésie à partir de 6 ans
mais ne l’est pas dans la dépression au-
dessous de 15 ans. Dans les deux études
en ouvert concernant l’utilisation de
l’imipramine dans la dépression de
l’adolescent, une amélioration n’est
retrouvée que dans 44 % des cas (n = 34)
avec 4,5 mg/kg/jour (Ryan et al., 1986
cité par [2]) et dans 26 % des cas (n = 35)
avec 5 mg/kg/jour (Strober et al., 1990
cité par [2]). Le seul essai clinique ran-
domisé disponible (n = 63, 12-18 ans) a
montré que l’imipramine (posologie non
spécifiée), associée à une thérapie
cognitivo-comportementale (TCC), est
plus efficace que le placebo associé à
une TCC dans le traitement (sur
8semaines) de la phobie scolaire chez
des adolescents présentant anxiété et
dépression (augmentation de la fréquen-
tation scolaire et diminution des symp-
tômes dépressifs). Le taux d’effets secon-
daires est significativement plus élevé
dans le groupe imipramine que dans le
groupe placebo. Cependant, la mauvaise
observance n’est pas associée aux effets
secondaires mais à d’autres facteurs
(comorbidité, famille) (7).
◗
◗ Clomipramine : Anafranil®
Bien qu’il n’y ait pas d’étude contrôlée
rigoureuse avec la clomipramine dans la
dépression de l’adolescent, cette molécule
a été et reste encore largement utilisée en
France dans cette indication (l’AMM pour
les moins de 15 ans concerne cependant
uniquement l’énurésie). L’étude de Sallee
et al. (1997), citée par Geller et al. (8)
(EDM, n = 16, 14-18 ans), montre cepen-
dant une différence significative entre la
clomipramine en intraveineux (200 mg en
une dose de charge) et le placebo vis-à-vis
des symptômes dépressifs (à 6 jours sur
l’échelle de Hamilton). Les essais cliniques
avec cette molécule sont plus nombreux en
ce qui concerne les TOC chez l’adolescent.
On a pu, dans ce cas, démontrer une
efficacité supérieure au placebo
(De Veaugh-Geiss et al., 1992 cité par
[8]) (n = 50, 10-17 ans, 25 à 200 mg/jour).
◗
◗ Amitriptyline : Laroxyl®
C’est le seul, en France, qui dispose
d’une AMM pour les troubles dépressifs
avant 15 ans. Quatre essais contrôlés
versus placebo ont été réalisés sur de
petits échantillons d’adolescents dépri-
més : les résultats sont contradictoires.
Les études les plus anciennes (Lucas et
al., 1965 et Kramer et al., 1981) mon-
traient une efficacité supérieure ou égale
au placebo. Mais l’étude de Kye et al.
(1996), citée par Geller et al. (8) dans
l’EDM (n = 31, 12-17 ans, 5 mg/kg/jour,
10 semaines), et celle de Birmaher et al.
(1998), toujours citée par Geller et al.
(8) dans la dépression résistante à un
premier traitement antidépresseur par
TCA ou ISRS (EDM, n = 27, 12-18 ans,
maximum 5 mg/kg/jour, 10 semaines),
ne permettent pas de confirmer l’effica-
cité de l’amitriptyline chez l’adolescent.
Une amélioration est retrouvée sur certaines
échelles (CGI), mais la différence n’est
pas significative par rapport au placebo.
◗
◗ Désipramine : Pertofran®
Deux études citées par Geller et al. (8)
ont comparé la désipramine à un placebo
dans le traitement de la dépression de
l’adolescent : Kutcher et al. (1994),
(EDM, n = 60, 15-19 ans, 100-
200 mg/jour, 6 semaines) et Klein et al.
(1993), (EDM, n = 36, 225 mg/jour). Ils
ne retrouvent pas de différence significa-
tive sur le plan de l’efficacité. Dans les
dépressions atypiques, une étude récente
versus placebo n’a pas réussi à démontrer
l’intérêt de la désipramine dans cette
indication (9). Ce produit ne dispose pas
de l’AMM en France dans la dépression
de l’adolescent.
◗
◗Maprotiline : Ludiomil®
Cet antidépresseur imipraminique est
une alternative possible dans le traite-
ment de la dépression chez l’adolescent.
Une seule étude en ouvert a été publiée
en 1983 (10), mais ses résultats n’ont pas
été confirmés par la suite par une étude
contrôlée. La forme galénique en sus-
pension buvable qui permettait d’ajuster
la posologie n’existe plus actuellement.
Aucune étude n’a été publiée concernant
les autres TCA (commercialisés en
France) chez l’adolescent.
Les IMAO
Les médicaments de cette classe sont très
peu prescrits en France (certains ne sont
plus commercialisés) en raison de leurs
effets secondaires, des interactions médi-
camenteuses nombreuses et des risques
vitaux en cas d’intoxication. Ces sub-
stances inhibent l’enzyme de dégradation
des monoamines et provoquent ainsi une
augmentation de concentration intra-
synaptique de l’ensemble des mono-
amines.
◗
◗ L’iproniazide (Marsilid®) est le seul
IMAO d’action irréversible encore com-
mercialisé. Il est prescrit en France dans
les épisodes dépressifs majeurs en
deuxième intention. Certaines règles
diététiques doivent être strictement res-
pectées avec ce produit (risque de crise
hypertensive avec les aliments riches en
tyramine). Il y a deux études non rando-
misées concernant l’utilisation de ces
IMAO dans la dépression de l’adoles-
cent. En 1988, Ryan, cité par Everett (4),
étudie 23 adolescents n’ayant pas répon-
du aux TCA et trouve une amélioration
dans 17 cas (mais pour 4 d’entre eux, les
règles diététiques n’ont pas été respec-
tées). Un patient a présenté une crise
hypertensive. Il conclut que les IMAO
peuvent être utiles dans cette indication,
mais que des études contrôlées sont
nécessaires (pour l’instant, aucune
publication n’en fait état). Il n’y a donc
pas d’argument pour prescrire ce type
d’antidépresseur chez l’adolescent.
◗
◗ Avec les IMAO sélectifs et réver-
sibles, la toloxatone (Humoryl®) et le
moclobémide (Moclamine®), aucun
régime spécifique n’est nécessaire. Les
deux disposent d’une AMM pour
l’EDM au-delà de 15 ans. Une étude
randomisée en double aveugle versus
placebo (11) a été réalisée sur un échan-
tillon de 20 adolescents de 9 à 15 ans
présentant un EDM. Le moclobémide
(sur 5 semaines de traitement) était
considéré comme efficace et bien toléré
chez l’adolescent. Par ailleurs, il pour-
rait avoir un intérêt dans les dépressions
atypiques de l’adolescent, mais aucune
étude contrôlée n’est disponible. Il
convient donc de rester prudent.
Les ISRS
Une efficacité démontrée chez
l’adolescent déprimé
Aux États-Unis, ces produits sont pres-
crits depuis le début des années 1990
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Mise au point
Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n° 2, mars 2003