ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no273 - mai 2002
le test UPSIT (12) de l’université de Pennsylvanie, d’un usage
très répandu aux États-Unis, sont basés sur l’identification des
odeurs présentées. Ces tests sont limités par la difficulté natu-
relle à nommer les odeurs et, de plus, ne permettent pas de quan-
tifier avec précision une baisse de la sensibilité olfactive.
L’objectif principal de cette étude était de mesurer la concor-
dance entre les résultats d’un test rapide de détection et de recon-
naissance de quelques odeurs et le trouble de l’odorat exprimé
par les patients venus consulter en ORL. Les objectifs secon-
daires étaient d’étudier les différentes pathologies impliquées
dans ces troubles de l’odorat et d’évaluer le retentissement de ces
troubles sur la qualité de vie des patients.
PATIENTS ET MÉTHODES
Patients
Il s’agit d’une enquête multicentrique transversale portant sur des
patients de plus de 18 ans venus consulter en ORL pour un trouble
de l’odorat et acceptant de participer à l’étude. Étaient exclus les
patients soumis à un litige juridique ou les opposant à une com-
pagnie d’assurances au sujet de leurs troubles de l’odorat et les
patients déclarant une “allergie” ou hypersensibilité aux odeurs,
constituant le syndrome “MCS”, ou Multiple Chemical Sensiti-
vities, des Anglo-Saxons.
Cinq cents médecins ORL ont été contactés. Ils ont été tirés au
sort, avec une stratification sur l’âge, le sexe et la région d’exer-
cice, sur la liste de médecins ORL CEGEDIM. Chaque investi-
gateur devait inclure le premier patient vu en consultation et
déclarant un trouble de l’odorat, ainsi qu’un patient vu en consul-
tation déclarant ne pas avoir de trouble de l’odorat, constituant
ainsi un nombre équivalent de sujets de référence. Ce groupe de
témoins ne sera pas développé dans cet article et fera l’objet d’un
travail ultérieur.
La proportion de patients déclarant des troubles de l’odorat et
dépistés par un test olfactif varie de 50 à 90 %. Le calcul statis-
tique fait apparaître que, pour obtenir une précision de 5 % sur
un pourcentage de 50 %, hypothèse maximaliste, il faut disposer
de 385 patients. Compte tenu des difficultés prévisibles de recueil
et d’exploitation des données, il a été décidé de contacter
500 centres investigateurs.
Données recueillies
Après acceptation du principe du protocole, les patients étaient
invités à remplir un questionnaire précisant les données démo-
graphiques, la catégorie professionnelle et le mode d’habitat. Les
patients remplissaient aussi l’échelle de qualité de vie SF36. Cette
échelle est un instrument générique fondé sur la psychométrie et
permettant de mesurer la qualité de vie liée à la santé du point de
vue du patient (13). Dans l’étude, le retentissement sur la qualité
de vie a été évalué à l’aide de cette échelle en 36 items, qui décri-
vent 8 concepts de santé : capacité physique, état physique, dou-
leurs physiques, santé générale, vitalité, fonctions sociales, rôle
émotionnel et santé mentale.
Les patients devaient aussi préciser depuis combien de temps ils
présentaient ce trouble de l’odorat, si le trouble était massif ou
sélectif, s’il était gênant dans la vie quotidienne, s’il affectait
les loisirs, les activités sociales, l’activité sexuelle, l’alimenta-
tion, la préparation des repas et/ou l’activité professionnelle.
Le médecin posait ensuite des questions plus précises et notait le
motif de consultation, les antécédents médicaux ou chirurgicaux,
les symptômes rhinologiques, les données de l’examen rhinolo-
gique. Il faisait préciser l’ancienneté des troubles de l’odorat, leur
caractère permanent ou intermittent, s’il s’agissait d’une dysos-
mie, d’une hyperosmie, d’une anosmie, d’une hyposmie, d’une
parosmie, d’une cacosmie ou d’hallucinations olfactives, les trai-
tements antérieurs, l’existence ou non de troubles du goût, de
modifications du poids et, enfin, l’étiologie possible du trouble
de l’odorat et le traitement éventuellement prescrit.
Tests de l’odorat
Cinq odeurs différentes étaient utilisées : banane, à quatre concen-
trations croissantes, vanille, menthe, lavande et citron à concen-
tration unique. Ces odeurs étaient présentées adsorbées sur un
substrat inodore dans de petites capsules.
Les capsules étaient ouvertes et présentées au patient une par
une, en respectant un temps de repos d’une minute entre chaque
présentation.
Le test commençait avec les capsules “banane” présentées dans
l’ordre croissant de concentration et se poursuivait avec les quatre
autres capsules. À chaque présentation, le patient devait indiquer
s’il sentait ou non une odeur et devait nommer l’odeur en choi-
sissant parmi une liste de 10 descripteurs proposés (banane,
citron, menthe, lavande, vanille, rose, noix de coco, cassis,
fenouil, muguet).
Méthodes statistiques
L’analyse des données a été réalisée avec le logiciel SAS version
8.2 (SAS Institute, Cary, Caroline du Nord, États-Unis). La
moyenne, la médiane, l’écart-type et les extrêmes ont été déter-
minés pour les critères quantitatifs. Les critères qualitatifs ont été
résumés par leur effectif et leur fréquence. Les tests statistiques
ont été réalisés au seuil de signification alpha = 0,05.
RÉSULTATS
L’étude a commencé le 9 mai 2001 et les inclusions ont été closes
le 24 juillet 2001 ; 500 médecins ORL métropolitains ont reçu le
matériel d’étude, 496 ont donné leur accord de participation et 444
ont participé. Au total, 436 patients se plaignant de troubles de l’odo-
rat ont été inclus, constituant le groupe considéré dans ce travail.
Description du groupe de patients
Les caractéristiques démographiques des patients sont indiquées
dans le tableau I. L’âge médian était de 47 ans, avec 44 % de patients
âgés de plus de 50 ans. Les antécédents médicaux et chirurgicaux
sont indiqués dans le tableau II. Il y avait 25 % d’antécédents d’ato-
pie et 15 % d’antécédents de chirurgie rhinosinusienne.