TAÏWAN À L’HEURE DU CHANGEMENT 3
Sénat – 15, rue de Vaugirard - 75291 Paris Cedex 06 - www.senat.fr
Les échéances électorales suivantes étaient
les élections présidentielles et législatives de
janvier 2016. C’est donc dans une période de
pré-campagne électorale que la délégation a
rencontré un certain nombre de responsables
politiques1.
Lors de ses entretiens, elle a constaté la
volonté de changement politique des
Taïwanais après huit années de pouvoir du
Kuomintang. En 2016, pour la première fois, à
des fins d’économies budgétaires, les élections
législatives et présidentielles se sont déroulées
le même jour, le 16 janvier, conférant à cette
échéance électorale une force plus importante.
Les débats pré-électoraux se sont structurés
autours des questions relatives au rapport à la
Chine continentale et aux relations entre les
deux rives du détroit. Si la politique qui
gouverne ces relations est le « consensus de
1992 » (« une seule Chine, deux
interprétations »), conformément à la
Constitution de la République de Chine, le
possible retour au pouvoir du PDP soulève la
question de la politique que ce parti plus
« indépendantiste » pourrait mener à l’égard
de la Chine continentale. Son secrétaire
général a rappelé à la délégation que les
relations entre les deux rives étaient bien plus
subtiles que la simple dichotomie
unification/indépendance. La question centrale,
selon le PDP, est celle du niveau de
dépendance de Taïwan à la Chine. Alors que
le KMT prône un développement des relations
économiques et politiques avec le continent,
même au prix d'une forte dépendance, le PDP
souhaite ouvrir Taïwan au monde et diversifier
ses partenariats, notamment en intégrant
l’Accord de partenariat transpacifique et en
signant des accords de libre-échange avec
l’Australie et le Japon, tout en renforçant ses
relations avec l’Union européenne.
III. Une relation bilatérale à
développer
Sans entretenir de relations bilatérales
officielles, la France et Taïwan ont des liens
étroits. Taïwan représente pour la France un
enjeu important en termes d’échanges
économiques. L’île est le cinquième partenaire
commercial de la France en Asie de l’Est
(après la Chine, le Japon, la Corée et
Singapour). La France et Taïwan développent,
en outre, un large éventail de coopérations
dans les domaines culturel, scientifique et
technique. Se félicitant de la qualité des
relations bilatérales en matière économique et
culturelle, le Président Ma Ying-jeou a
également tenu à rappeler que Taïwan et la
France partageaient les mêmes valeurs
(démocratie, droits de l’Homme, paix).
Audience avec M. Ma Ying-jeou, Président de la
République de Chine-Taïwan
Le Président Ma Ying-jeou a sollicité le soutien
de la France afin de participer à l’Organisation
de l’Aviation Civile Internationale (OACI) et à la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC). Il a
rappelé que le Parlement taïwanais avait
adopté, le 16 juin dernier, une loi sur la
réduction des émissions de gaz à effet de
serre, fixant un objectif de réduction de ces
émissions de 50 % d’ici à 2050 par rapport au
niveau de 2005. Cet engagement concret
illustre, selon le président, la détermination de
Taïwan à s’engager aux côtés de la
communauté internationale dans la lutte contre
le réchauffement climatique, et à soutenir
l’accord mondial que la France a promu dans
le cadre de la Conférence des Parties CDP-
COP21 de décembre 2015.
En matière économique, dans les secteurs de
pointe pour lesquels Taïwan occupe une
position de leader au niveau international
(électronique, optronique, informatique et
biotechnologies), le développement des
échanges franco-taïwanais est susceptible
d’avoir des retombées importantes pour les
entreprises et les laboratoires français.
________________________
(1) Au moment du déplacement sénatorial, le scrutin
présidentiel devait opposer Mme Tsai Ing-wen,
candidate du PDP, à Mme Hung Hsiu-chu, candidate
du KMT. Cette dernière ayant obtenu des scores
médiocres lors des derniers sondages, elle a été
remplacée, le 17 octobre 2015, par M. Éric Chu. C’est
finalement Mme Tsai Ing-wen (PDP), qui a été élue
avec 56,12 % des voix contre 31,04 % pour M. Éric
Chu, le candidat du KMT, parti qui a également perdu
sa majorité au Parlement.