autres. Une étude récente portant sur ce sujet montre que l’augmentation globale du système
vestibulaire, et notamment la grandeur du rayon de courbure du canal postérieur, était proportionnelle
à la taille du crâne considéré. La seule différence notable porte sur les néandertaliens qui présentaient
un canal postérieur placé plus bas que celui des Homo (habilis, erectus et les autres…). Cette
disposition particulière peut être intéressante pour caractériser ce cousin et évaluer son éloignement de
la branche sapienne, mais ne joue sans doute aucun rôle physiologique particulier. Les néandertaliens
répondaient de façon identique aux contraintes de l’équilibre.
La modification de l’équilibre au cours de notre courte évolution, au regard des temps
préhistoriques, se situe donc au moment de l’acquisition de la bipédie qui se trouve être par définition
une position instable, non gérable en totalité par le tonus postural. L’étude de cette position instable
montre que le déséquilibre est essentiellement antéropostérieure. Le pendule inversé (point d’appui au
niveau des chevilles) oscille donc d’avant en arrière et maintient son équilibre grâce à la contraction
des muscles agonistes/antagonistes de la jambe suivant un schéma de contraction partant du bas et se
déplaçant vers le bassin. La perte de cette fonction (perte de la proprioceptivité, vieillissement,
immobilisation prolongée...) tend à déplacer le point fixe pendulaire vers le bassin, rendant l’ensemble
particulièrement instable. Cette observation s’articule parfaitement avec la genèse de la bipédie,
acquise suivant un plan antéro-postérieur tandis que les membres postérieurs gardaient latéralement
une fonction pratiquement identique à celle de la quadrupédie. L’acquisition de l’équilibre par
l’enfant, après celle de son tonus posturale, répond certainement à un apprentissage mené de front avec
ce dernier dès les premiers jours de la vie. Contrairement au tonus qui commence à se développer de
façon réflexe in utero, l’apesanteur relative à laquelle est soumis l’enfant pendant la grossesse ne
permet sans doute pas une mise en place aussi rapide des connexions neuronales spécifiques à la
fonction équilibratrice. La maîtrise de l’équilibre sur les pieds, puis sur un pied, les yeux ouverts puis
fermés, éventuellement sur les mains pour certains sportifs, s’acquière par l’entraînement, c’est à dire
la coordination des réponses motrices à partir des stimuli efférents. Le ski, le skate bord, la planche à
voile... sont autant de situations de déséquilibres d’autant plus facilement à gérer que l’on est jeune.
La boxe, déjà citée dans le cadre du tonus postural donne encore ici un exemple caricatural de
l’atteinte de l’équilibre par un traumatisme. Si le coup porté est un crochet, les canaux semi-circulaires
de l’oreille interne subissent une accélération rotatoire rapide qui perturbe l’état d’équilibre du boxeur.
Le sportif chute, et se trouve dans l’incapacité de se relever du fait de la perte d’équilibre (on le voit
tituber, retomber du fait d’un vertige qui se calmera spontanément en quelques minutes, bien souvent
après avoir été compté dix). L’équilibre n’apparaît donc pas comme un facteur sélectif propre à
infléchir les processus évolutifs, mais comme une fonction modulable que les premiers bipèdes
utilisèrent à leur profit pour modifier leur système de locomotion.
3. PROPRIOCEPTION
La proprioception peut se définir comme l’ensemble des moyens neuromusculaires
inconscients permettant de rétablir dans un temps très rapide une situation de déséquilibre. La
proprioception concerne l’ensemble des réactions d’équilibre de l’organisme ainsi que le tonus
postural. Elle associe l’oreille interne et les yeux, mais également l’ensemble des informations
neuromusculaires susceptibles de donner une information instantanée sur la position de notre corps
dans l’espace. Elle correspond physiologiquement aux voies profondes de la sensibilité. La
proprioception est donc directement en relation avec la vue, la position de la tête dans l’espace et le
système neuromusculaire. Les organes sensoriels mettant en jeu ce système sont placés aux niveaux du
crâne (œil et oreille interne), de la nuque et de l’ensemble des récepteurs proprioceptifs articulaires,
ligamentaires, musculaires et cutanés. Les relais nerveux sont réalisés au niveau du tronc cérébral, du
cortex et surtout du cervelet. Les informations efférentes sont d’ordre moteur et concernent
essentiellement les muscles de la nuque et des membres inférieurs.
Chez l’homme, la proprioception est essentiellement en rapport avec les membres inférieurs et
les muscles chargés du tonus postural. Contrairement à ce dernier, qui est uniquement chargé de