Forum Med Suisse 2011 ;11(5):79–84 79
cabinet
Tr ansplantation cardiaque et assistance circulatoiremécanique
Situation actuelle et perspectives (1re partie)
Paul Mohacsia,Mario Stalderb,Michele Martinellia,Thierry Carrelb
Schweizer Herz- und Gefässzentrum, Inselspital, Bern
aUniversitätsklinik für Kardiologie
bUniversitätsklinik für Herz- und Gefässchirurgie
Introduction
La transplantation cardiaque est une option thérapeu
tique bien établie pour les patients souffrant d’une car
diopathie terminale et fortement pénalisés dans leur
qualité et espérance de vie. Dans le registre de la
société internationale de transplantation cardiopulmo
naire («International Society of Heart and Lung Trans
plantation» [ISHLT]) figurent depuis 1983 pratiquement
125 000 transplantations cardiaques, pulmonaires et
cardiopulmonaires. Ce registre contient de très nom
breux détails mais n’est de loin pas exhaustif car man
quent encore les données de nombreux pays (notam
ment France, Italie, Pologne et partiellement même
Suisse) dans lesquels il faut admettre qu’elles ne sont
pas complètes [1]. Ce rapport annuel livre malgré tout
d’intéressantes informations – surtout sur l’évolution
périopératoire et à long terme après transplantation
cardiaque – qui peuvent être consultées sur le site web
de ladite société (www.ishlt.org/registries).
Voici quelques highlights du rapport 2010:
–Le nombre des transplantations cardiaques effec
tuées par année a atteint au milieu des années 1990
un maximum avec 4000; ce nombre a diminué ces
10 dernièresannées et s’est stabilisé autour de 3000
(fig. 1 x). La société part cependant du principe
qu’environ 1000 interventions par année n’ont pas
été transmises au registre [2].
–Les indications à la transplantation cardiaque et le
profil des receveurs ont changé sur plusieurs points
ces 10 dernières années. (1) La moyenne d’âge des
donneurs a nettement augmenté (d’env. 12 ans de
puis 1983, fig. 2 x); (2) 10,5% des receveurs entre
2002 et 2009 avaient plus de 65 ans lors de leur
transplantation; (3) les receveurs ont toujours plus
de facteurs de risque: 22% ont un diabète, 41% une
hypertension artérielle, 42% ont déjà été opérés et
47% étaient ou ont été fumeurs; (4) la durée d’isché
mie entre le prélèvement et l’implantation a nette
ment augmenté; (5) la proportion des receveurs avec
anticorps préformés augmente constamment et dé
passe actuellement 10%; et (6) les systèmes d’assis
tance du ventricule gauche sont plus souvent utilisés
avant une transplantation.
–La survie à 12 mois a nettement augmenté. Le rap
port donne 10 ans pour le temps après lequel la moi
tié des transplantés est encore en vie (et 13 pour les
patients ayant survécu plus d’une année après HTx)
(fig. 3 x). Les facteurs de risque de mortalité la pre
mière année sont notamment la nécessité d’une as
sistance circulatoire préopératoire, une malforma
tion cardiaque congénitale comme indication à la
transplantation, une dialyse ou une ventilation mé
canique au moment de la transplantation et les âges
du donneur et du receveur.
–Pour les patients transplantés entre 2000 et 2003 et
ayant survécu plus d’une année, les facteurs de
risque suivants ont été identifiés pour la mortalité à
5ans: manifestation d’une vasculopathie de la greffe
au cours de la première année postopératoire, dia
bète, nombre d’épisodes de rejet ayant imposé un
traitement pendant la première année et greffe d’un
cœur féminin chez un receveur masculin, accident
vasculaire cérébral chez le receveur et grossesse
menée à terme chez une receveuse.
–Dans le domaine de l’immunosuppression, l’ester
morpholinique de l’acide mycophénolique (MMF)est
l’immunosuppresseur le plus souvent prescrit. Le
tacrolimus comme immunosuppresseur primaire
donne une survie comparable à celle de la ciclospo
rine A mais avec une diminution significative des
réactions de rejet aiguës.
–Les causes de décès après transplantation cardiaque
changent au cours du temps qui la suit (fig. 4 x).
Alors que l’échec de la greffe est la cause la plus fré
Vous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article
à la page 72 ou sur Internet sous www.smf-cme.ch.
Paul Mohacsi
Les auteurs
certifient
qu’aucun conflit
d’intérêt n’est lié
à cet article.
Quintessence
PLa transplantation cardiaque est une option thérapeutique bien éta
blie pour les patients souffrant d’une cardiopathie terminale et fortement
pénalisés dans leur qualité et espérance de vie. Les indications à la trans
plantation cardiaque (HTx) et le profil des receveurs ont changé sur plu
sieurs points ces 10 dernières années: les receveurs sont de plus en plus
âgés et ont de plus en plus de facteurs de risque, la proportion avec anti
corps préformés augmente constamment, les systèmes d’assistance du
ventricule gauche sont plus souvent utilisés avant une transplantation.
L’ ester morpholinique de l’acide mycophénolique (MMF) est l’immuno
suppresseur le plus souvent prescrit. Le tacrolimus comme immunosup
presseur primaire donne une survie comparable à celle de la ciclosporine
A mais avec une diminution significative des réactions de rejet aiguës.
PLes causes de décès après transplantation cardiaque changent au
cours du temps qui la suit. Alors que l’échec de la greffe est la cause la
plus fréquente au cours des 30 premiers jours, la vasculopathie du gref
fon et les tumeurs malignes jouent un rôle de plus en plus grand après
une année déjà. Des infections autres que la cytomégalie peuvent être la
cause de décès dans la 1re et 2eannée après transplantation tandis que
les rejets sont beaucoup plus rares.