
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 9
DOSSIER THÉMATIQUE
observance soit à la sélection de mutants résis-
tants à l’ADV. Dans ce dernier cas, d’ailleurs, on
peut suspecter le rôle favorisant d’une observance
non optimale préalable, favorisant la sélection d’un
mutant résistant. Ce rôle potentiellement favori-
sant d’une mauvaise observance sur la sélection de
mutants résistants, décrit dans l’infection à VIH, n’est
toutefois pas démontré dans l’hépatite B.
Quels sont les facteurs
jouant sur l’observance ?
Les facteurs qui déterminent l’observance dépen-
dent du patient, du traitement, de la maladie et du
médecin (tableau III) [14, 15]. Il est important d’ap-
précier toutes ces composantes avant de démarrer
le traitement et d’en tenir compte dans le suivi au
long cours. Notamment, il ne faut pas ignorer le rôle
du médecin, de sa conviction, de ses explications,
et celui du lien médecin-malade qu’il a su tisser,
sur l’optimisation de l’observance. Parmi les autres
éléments à prendre en compte, il ne faut pas oublier
que l’hépatite chronique B est le plus souvent asymp-
tomatique et que le traitement, donné le plus souvent
en prévention d’une complication, n’apporte pas de
bénéfice symptomatique perceptible pour le patient.
En conclusion : comment
améliorer l’observance ?
L’amélioration de l’observance passe avant tout par
la prise de conscience du fait qu’une bonne obser-
vance ne va pas de soi, et que toute prescription
thérapeutique justifiée sur le plan scientifique ne
s’accompagne pas obligatoirement d’une observance
à 100 % sur le long terme par le patient.
Tout d’abord, une bonne observance se prépare
en choisissant le bon moment pour le début
du traitement, non seulement du point de vue
médical, mais aussi en tenant compte du contexte
psychologique, familial ou socio-professionnel du
patient, qui pourrait obérer son adhésion au projet
thérapeutique.
Une bonne observance se surveille ensuite tout au
long du traitement, sur une plus longue période,
au terme de laquelle il sera possible de mesurer
les conséquences virologiques puis cliniques d’une
mauvaise observance. Cette surveillance peut se
faire par des autoquestionnaires (10). Elle peut se
faire également en posant les bonnes questions au
cours de la consultation. Ainsi, poser la question
“prenez-vous bien votre traitement ?” entraîne
une réponse invariablement positive. En revanche,
poser la question “vous est-il arrivé d’oublier une
fois la prise de votre traitement durant les 3 derniers
mois ?” apporte souvent son lot de surprises pour
le médecin curieux. ■
Tableau III. Principaux facteurs connus associés à une mauvaise observance (d’après 14, 15).
Présence de troubles psychologiques (dépression)
Présence de troubles cognitifs
Traitement d’une maladie asymptomatique
Suivi inadéquat
Effets indésirables du traitement
Le patient n’est pas convaincu du bénéfice du traitement
Le patient ne s’investit pas dans sa maladie
Mauvaise relation médecin-malade
Présence d’obstacles à la prise en charge
Rendez-vous manqués
Complexité du traitement
Coût du traitement ou surcoût pour le patient
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