La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVIII - no 6 - novembre-décembre 2013 | 199
ÉDITORIAL
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restreinte. Le sofosbuvir enassociation avec le siméprévir ou le daclatasvir, avec
ousans ribavirine, a fait l’objet de plusieurs études montrant des taux de RVS
del’ordre de 95 %, y compris chez despatients en échec de trithérapie bocéprévir
outélaprévir, et une excellente tolérance(4). Le cadre de prescription
decescombinaisons reste àdéterminer.
Dans un futur proche, les combinaisons sans interféron associant plusieurs
antiviraux directs (Combo), pangénotypiques le plus souvent, devraient à nouveau
bouleverser le paysage thérapeutique de l’hépatiteC. Les études de phaseII suggèrent
que ces combos associant 2, voire 3, antiviraux directs de diff érentes classes
(anti-NS3/N4A, anti-NS5A, anti-NS5B nucléosidique ou non nucléosidique), avec
ousans ribavirine, permettent d’obtenir des taux de RVS supérieurs à 90 %, ycompris
chez des patients cirrhotiques en échec de trithérapie porteurs de variants résistants
autélaprévir ou au bocéprévir (5). Chez les patients faciles à traiter, lesdurées
detraitement pourraient être raccourcies à8, voire 6semaines. Lesrésultats
despremières études de phaseIII devraient être présentés lorsduprochain congrès
de l’European Asssociation for the Study of the Liver (EASL). Ainsi, il est probable
que, dans un futur proche, l’interféron n’aura plus saplace dans le traitement
del’hépatite C. Bien que les études de phaseII suggèrent quel’association
delaribavirine aux combos ne modifi e pas de façon signifi cative letaux de RVS,
laplace de cette dernière reste encore à déterminer.
Le coût élevé des nouvelles molécules (prix ATU du sofosbuvir: 19 000€/mois,
dusiméprévir 11 000€/mois) soulève le problème de leur coût-effi cacité,
enparticulier chez les patients ayant une hépatite minime. La progression
delafi brose est très lente dans cette population, comme cela a été suggéré dans
lacohorte de jeunes femmes allemandes contaminées dans les années 1970 et suivies
plus de 30 ans(6). Les comorbidités sont probablement à prendre en compte,
lerisque de cirrhose étant fortement associé à l’existence d’une obésité dans
cetteétude. Les manifestations extrahépatiques, comme la survenue d’un diabète
oud’une cryoglobulinémie, mais également le retentissement fonctionnel
del’infection VHC comme la fatigue ou les troubles du sommeil, devraient être pris
en compte dans l’indication du traitement (7). L’accès, pour le plus grand nombre
depatients, à ces nouveaux traitements très effi caces, soulève également le problème
du dépistage de l’infection du VHC en France. En eff et, la politique de dépistage
dansles groupes à risque a montré ses limites avec un taux stagnant autour de 60 %.
AuxÉtats-Unis, le dépistage chez les “baby-boomer” nés entre 1945 et 1965 devrait
leur permettre de rattraper leur retard. Les premières études indiquent
uneséroprévalence supérieure à 10 % dans cette population(8).
Bien que l’épidémiologie du VHC soit probablement diff érente en France,
cesrésultats devraient nous amener à réfl échir sur de nouvelles approches
dansledépistage. L’utilisation de tests rapides (salivaire ou sang au doigt) pourraient
également optimiser le dépistage, enparticulier dans les populations défavorisées.
Enfi n, RVS ne signifi e pas “guérison” de la maladie hépatique. Chez les patients
cirrhotiques, la poursuite de la surveillance pour le dépistage du CHC est clairement
recommandée. Chez les patients ayant une RVS, une étude récente suggère
unerégression très lente de la fi brose évaluée par le Fibrotest® après 10ans
d’évolution et la persistance d’un risque de CHC(9). Une explication pourrait être
lapersistance de lésions de stéatose, voire de stéatohépatite, après éradication
duVHC, probablement en raison du syndrome métabolique associé à la sévérité dela
fi brose chez les patients infectés par le VHC. Ces données suggèrent quel’hépatiteC
reste avant tout une maladie hépatique, nécessitant une surveillance spécifi que
etrapprochée, même après éradication du virus.
4. Sulkowski MS, Gardiner D,
Rodriguez-Torres M et al.
Sustained virological response
with daclatasvir + sofosbuvir
± ribavirin in chronic HCV
genotype-1 infected patients
who previously failed
telaprevir or boceprevir.
J Hepatol 2013;58:S570.
5. Lawitz E, Poordad FF,
Pang PS et al. Sofosbuvir
and ledipasvir fi xed-dose
combination with and without
ribavirin in treatment-naive
and previously treated patients
with genotype 1 hepatitis C
virus infection (LONESTAR):
an open-label, randomised,
phase 2 trial. Lancet 2013
Nov 1 [Epub ahead of print].
6. Wiese M, Fischer J,
Löbermann M et al. Evaluation
of liver disease progression in
the German hepatitis C virus
(1b)-contaminated anti-D
cohort at 35 years after
infection. Hepatology 2013
Aug 8 [Epub ahead of print].
7. Heeren M, Sojref F,
Schuppner R et al. Active at
night, sleepy all day - sleep
disturbances in patients with
hepatitis C virus infection.
J Hepatol 2013 Dec 2
[Epub ahead of print].
8. Galbraith JW, Franco RA,
Rodgers JS et al. Screening
in Emergency Department
identifi es a large cohort
of unrecognized chronic
hepatitis C virus infection
among baby boomers. 64th
Annual Meeting of the
American Association for
the Study of Liver Diseases
(AASLD 2013). Washington,
DC, November 1-5, 2013.
Abstract LB-6.
9. Poynard T, Moussalli J,
Munteanu M et al. Slow
regression of liver fi brosis
presumed by repeated
biomarkers after virological
cure in patients with chronic
hepatitis C.
J Hepatol 2013;59:675-83.
L’auteur n’a pas précisé
seséventuels liens d’intérêts.