Éditorial
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e Conseil européen de colo-proctologie
(ECCP, European Council of Colo Proc-
tology) est né il y a déjà plus de vingt ans de
la volonté des sociétés scientifiques suisse,
allemande et française d’échanger les infor-
mations, les pratiques et les motifs de
recherche d’une spécialité très utile, mais
extrêmement marginalisée tant au niveau de
l’enseignement qu’au niveau de la pratique
quotidienne.
L’entrée progressive de nations comme l’An-
gleterre, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la
Grèce et les pays nordiques a permis d’ins-
titutionnaliser un véritable Conseil européen
qui a ouvert ses portes aux pays de l’Est, puis
à ceux du pourtour méditerranéen. À l’heure
actuelle, l’ECCP réunit 22 sociétés savantes
géographiquement européennes ou voisines.
C’est l’immense mérite de Marc-Claude
Marty d’avoir su élever la qualité des
réunions scientifiques afin de réunir des
hommes de formations et de cultures parfois
très éloignées.
Marc-Claude Marty, avant de disparaître bru-
talement, avait laissé le secrétariat général
du Conseil européen à N. Haboubi qui, depuis
Birmingham, continue, avec des idées d’ou-
verture et de tolérance, à fédérer les États par-
ticipants.
Le rôle de l’ECCP est l’enseignement de la
colo-proctologie, la diffusion des informa-
tions, la recherche et surtout, la définition
du comportement médico-chirurgical idéal
du colo-proctologue européen pour le bien-
être et le confort du patient. Les différentes
sensibilités et les formations variées consti-
tuent un ferment d’idées nouvelles, huma-
nistes et crédibles scientifiquement.
La proctologie est placée aux frontières de
la chirurgie digestive et de la gastro-entéro-
logie. Pourtant, d’autres spécialités, comme
la dermatologie, la radiologie, la médecine
physique, la médecine interne, l’anatomo-
pathologie et maintenant la gynécologie et
l’urologie, participent à l’approche scienti-
fique rationnelle de ce que doit être la proc-
tologie moderne, c’est-à-dire une spécialité
médico-chirurgicale à part entière.
La volonté de la SNFCP dans la mise en
place de l’enseignement de la proctologie a
été de privilégier le double accès médical et
chirurgical à la formation des futurs proc-
tologues. La proctologie ne peut pas être une
spécialité exclusivement chirurgicale car
moins de la moitié des patients consultant
un proctologue voient poser une indication
chirurgicale, et de nombreux chapitres de la
proctologie – comme le traitement des patho-
logies inflammatoires digestives ou les
troubles de la statique pelvienne – font la
part belle aux solutions non agressives.
Le Conseil européen défend l’idée d’une
proctologie pluridisciplinaire à la différence
de l’Association européenne de colo-proc-
tologie, qui est une société uniquement chi-
rurgicale (et qui a ses raisons d’exister).
La proctologie ne peut pas être une somme
de recettes chirurgicales pour traiter les
affections de nos patients.
Pour que la proctologie dépasse les concepts
nationaux, il fallait s’installer dans une
dynamique créatrice bien au-delà des
banales et lassantes guerres entre médecins
et chirurgiens. D’autres l’ont compris avant
nous puisque, malgré les différences de for-
mation, d’ethnie, de politique, les 22 socié-
tés savantes constituant l’ECCP sont pres-
sées d’accepter la candidature de pays
comme Israël.
Éditorial
La proctologie européenne
P. Coulom*
* Délégué de la SNFCP au ECCP,
clinique Saint-Jean, Toulouse.
L
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (16), n° 3, mars 2002