Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 6, novembre/décembre 2004 et (IX), n° 1, janvier/février 2005
219
Radiodiagnostic,
médecine nucléaire
stimule la production de cAMP dans
la lignée de cellules thyroïdiennes du
rat FRTL-5. Elle permet d’augmenter
la concentration sérique de T4 et T3
et la captation thyroïdienne du radio
iode chez le singe. Chez l’homme,
l’injection de à 0,1 mg de rhTSH
stimule la production d’HT et de
Tg, dont le pic maximal est obtenu
au deuxième jour. L’injection de
0,9 mg de TSH augmente la capta-
tion d’iode d’environ 100 % (3).
Les études cinétiques montrent que le
pic de TSH sérique obtenu après injec-
tion intramusculaire de 0,9 mg de
rhTSH se situe autour de 110 U/ml,
que la demi-vie est d’environ 22 heures
et que le taux de TSH reste supérieur
à 30 U/ml pendant deux jours. La
stimulation par la TSH exogène de
la captation d’iode et de la produc-
tion de Tg dépend à la fois du taux
sérique obtenu et de sa durée. Elle est
donc mieux appréhendée par l’aire
sous la courbe que par une mesure
unique du taux de TSH lors de la
prise de l’iode radioactif ou lors du
dosage de Tg (4).
Utilisation diagnostique
de la TSH
La rhTSH a obtenu son AMM sous le
nom de Thyrogen®(thyrotrophine alfa)
(Genzyme Therapeutics, Cambridge,
États-Unis) à l’issue de deux études de
phase III pratiquées chez des patients
atteints de cancers thyroïdiens.
Études pilotes
La première étude pilote a été réa-
lisée en 1994 chez 19 patients après
thyroïdectomie totale pour cancer,
démontrant la sécurité et l’efficacité
de la rhTSH pour induire la captation
de l’131I. Ces résultats encourageants
ont été confirmés par une étude
multicentrique réalisée de 1992 à 1995
aux États-Unis chez 127 patients,
montrant qu’une injection intramus-
culaire de 0,9 mg de Thyrogen®pen-
dant 2 jours consécutifs permet d’ob-
tenir des images scintigraphiques à
l’131I identiques à celles obtenues
après sevrage chez 86% des patients,
et de qualité inférieure chez les autres.
Cette étude avait cependant des
points faibles : réalisation des scin-
tigraphies à l’131I avec des proto-
coles variés, et absence de dosage de
thyroglobuline chez de nombreux
patients. Une deuxième étude de
phase III multicentrique, américaine
et européenne, a alors été mise en
place (5). Cette étude a comparé deux
bras recevant soit une injection quo-
tidienne de Thyrogen®pendant 2 jours
consécutifs, soit trois injections à
3jours d’intervalle. La scintigraphie
a été réalisée 2 jours après l’admi-
nistration de 148 MBq (4 mCi)
d’131I, et la thyroglobuline sérique a
été dosée 2 à 3 jours après la dernière
injection. Les résultats de la scinti-
graphie et de la Tg sérique obtenus
après stimulation par rhTSH ont été
comparés à ceux obtenus après
sevrage en HT. Parmi les patients
ayant une maladie persistante, l’131I
SCE a été équivalente chez 80 % des
patients, supérieure chez 4 % après
rhTSH et chez 16 % en sevrage. La
Tg sérique était détectable (≥2ng/ml)
chez 80% des patients sous LT4 ; elle
était devenue détectable chez 100 %
d’entre eux après rhTSH et en sevrage.
– Le pic de Tg est obtenu 2 à 3 jours
après la dernière injection de Thyro-
gen®. Ce pic est habituellement moins
important sous rhTSH qu’en sevrage,
mais tous les patients ayant une
maladie persistante ont un taux de
Tg détectable sous rhTSH. Il est donc
nécessaire d’utiliser une trousse de
dosage de Tg sensible et de tenir
compte après rhTSH de tout taux de
Tg détectable, même faible ;
– Par ailleurs, la captation d’iode est
également plus faible après rhTSH
qu’en sevrage. Cela s’explique d’une
part par le fait que la stimulation par
rhTSH est moins prolongée, et d’autre
part par le fait que la biodisponibilité
de l’131I est moins importante, l’élimi-
nation urinaire étant plus rapide chez
les patients en euthyroïdie que chez
les patients en hypothyroïdie.
Qualité de vie, tolérance
et effets secondaires
La rhTSH permet d’éviter les
conséquences du sevrage en HT :
– Les symptômes de l’hypothyroï-
die et ses effets sur le métabolisme
pondéral, le psychisme, l’homéo-
stasie thermique, le transit intestinal
et le fonctionnement d’organes clés
tels que le cœur, le cerveau, le foie,
le rein… avec un risque d’aggra-
vation de la maladie préexistante,
notamment cardiovasculaire et psy-
chique, ou de modification du méta-
bolisme de certains médicaments ;
– Une incapacité modérée ou sévère
à travailler et danger éventuel à
conduire un véhicule motorisé alors
que les réflexes sont amoindris. Ces
conséquences sont parfois minorées
par certains patients. Elles sont
d’autant plus à prendre en considé-
ration que ce sont des patients
jeunes, en âge de travailler.
La qualité de vie est maintenue et a
été nettement meilleure sous rhTSH
qu’en sevrage, et la préférence des
patients pour le Thyrogen®est géné-
rale. Il a également pu être estimé
une diminution du nombre de jours
d’arrêt de travail de l’ordre de
14 jours sous Thyrogen®par rapport
au sevrage.
Par ailleurs, les effets secondaires sont
minimes : les injections intramus-
culaires de Thyrogen®sont bien tolé-
rées, et moins de 10% des patients se
sont plaints de nausées ou de maux
de têtes transitoires et modérés.
Aucun patient n’a développé d’auto-
anticorps anti-TSH décelables.
Protocole d’utilisation
du Thyrogen®
Le protocole d’utilisation optimal
du Thyrogen®a été mis au point au
vu des résultats des études pilotes
réalisées :
– Injection intramusculaire de 0,9 mg
de rhTSH une fois par jour, deux jours
consécutifs ;
– Administration orale d’au minimum
148 MBq (4 mCi) d’131I le jour sui-