La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XV - n° 5 - septembre-octobre 2012 | 209
Points forts
Image 3. Rectocèle.
Image 2. Prolapsus hémorroïdaire.
»
Le diagnostic d’un prolapsus total du rectum est souvent très facile, mais certaines formes cliniques,
moins évidentes (constipation terminale, syndrome rectal, incontinence anale), nécessitent un interrogatoire
et un examen clinique soigneux pour parvenir à le poser.
»De même, si une plainte clinique évoquant un type de boule vaginale conduit facilement à rechercher
une rectocèle, ce diagnostic n’est pas toujours si simplement suspecté.
»L’examen clinique en position gynécologique et accroupie doit compléter l’examen en position genu-
pectorale ou en décubitus latéral.
Mots-clés
Prolapsus rectal
Rectocèle
Ulcère solitaire
durectum
Highlights
»
Diagnostic of rectal prolapse
is very often easy but some
clinical presentations are
misleading (terminal consti-
pation, rectal syndrome, fecal
incontinence) and require
careful interrogatory and
physical examination to reach
diagnosis.
»
Similarly, when a vaginal
mass is described by the
patient, it is easy to evoke
rectocele but this diagnosis
is sometimes more difficult to
suspect.
»
Physical examination in
gynecologic position and squat-
ting are necessary to complete
genupectoralis and lateral posi-
tion.
Keywords
Rectal prolapse
Rectocele
Solitary rectal ulcer
triques de longueur variable (image 1). Le prolapsus
hémorroïdaire se caractérise par une répartition en
“paquets” congestifs de coloration rouge violacé
recouverts d’une muqueuse avec des stries verti-
cales et non horizontales (image 2). Le prolapsus
rectal s’associe fréquemment, lorsqu’il est réduit, au
moins à une hypotonie sphinctérienne de repos et
un canal anal court au toucher rectal, sinon à une
béance anale et à des suintements glaireux péri-
anaux. Le toucher rectal peut, en cas de prolapsus
non extériorisé, démasquer celui-ci, en faisant
pousser le malade sur le doigt rectal introduit, et
en accompagner l’extériorisation. L’anuscopie et la
rectoscopie apprécient l’état de la muqueuse rectale
et recherchent une invagination de la paroi rectale
au retrait de l’appareil.
Le prolapsus du rectum survient aux âges extrêmes
de la vie et plus volontiers chez le jeune homme ou
la femme âgée. Il est classique de retenir les facteurs
de risque que sont un long passé de constipation,
des antécédents de chirurgie périnéale, qu’elle soit
gynéco-obstétricale ou proctologique (3). Certaines
anomalies anatomiques favorisent l’apparition du
prolapsus rectum : une faiblesse ou une élongation
des moyens de fixation du rectum, un cul-de-sac de
Douglas profond, une faiblesse des muscles périnéaux
liée à une neuropathie d’étirement, à une amyotro-
phie ou un défaut de développement (dénutrition,
anorexie mentale). D’autres troubles de la statique
pelvienne sont fréquemment associés au prolapsus
rectal (périnée descendant, rectocèle, entérocèle,
prolapsus génito-urinaires). Ils doivent être recher-
chés, le traitement des prolapsus pelviens nécessitant
une prise en charge globale, pluridisciplinaire.
Les complications
Les complications du prolapsus rectal sont, outre la
gêne et l’incontinence fécale :
➤
l’étranglement, qui constitue une urgence théra-
peutique rare (2 à 4 %), marquée par des douleurs
vives, le caractère irréductible et très œdémateux
du prolapsus, qui prend une teinte violacée ;
➤
le saignement par ulcérations muqueuses, le plus
souvent peu abondant mais répété.
Rectocèle
La rectocèle survient quasi exclusivement chez la
femme. C’est une protrusion de la paroi rectale
antérieure refoulant la paroi vaginale postérieure ;
elle se manifeste par une tuméfaction faisant saillie
à la vulve (image 3).
La constatation d’une rectocèle de petite taille
(moins de 2,5 cm) est fréquente chez les femmes
ne présentant aucune gêne fonctionnelle (4) ; elle
peut être considérée comme physiologique.