revue de presse spécialisée résumé et a n a ly s e d’articles sélectionnés ! Ph. Léonard* Les articles cités dans cette revue de presse sont disponibles in extenso sur notre site Internet : http://www.edimark.fr Cardiologie - Angiologie PLAIDOYER POUR LA PP ! La pression dite différentielle ou pulsée (PP), à savoir la différence entre le pic de pression systolique et la pression de fin de diastole, est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant de la pression artérielle systolique (PAS), de la pression artérielle diastolique (PAD) et de la pression artérielle moyenne. Ce facteur intervient, à la fois chez les malades hypertendus et les insuffisants cardiaques, dans la prédiction du risque de survenue d’un infarctus du myocarde et, à un moindre degré, dans celle d’un accident vasculaire cérébral. Dès lors, on peut s’étonner que les “recommandations” sur l’hypertension artérielle ne tiennent pas compte de la pression pulsée dans l’appréciation du traitement de la maladie hypertensive : un patient dont la PAD est normalisée par le traitement mais dont la PAS reste élevée (cas très fréquent en pratique) est considéré comme “adéquatement” traité... bien qu’il conserve une pression pulsée élevée et, de ce fait, encoure un risque accru d’infarctus du myocarde ! M. Safar. Faut-il calculer la pression pulsée des hypertendus ? La Lettre du Cardiologue 2000 ; 328 : 3-4. URGENCE HYPERTENSIVE : EN ATTENDANT LE TRANSFERT * Médecin généraliste, Mandres. L’élévation aiguë de la pression artérielle (PA) s’accompagnant de signes de souffrance viscérale (œdème aigu pulmonaire, infarctus du Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001 myocarde, dissection aortique, encéphalopathie hypertensive ou hémorragie cérébroméningée) impose l’admission immédiate du malade dans un service spécialisé ou une unité de soins intensifs. En attendant le transfert, aucun traitement visant à réduire la pression artérielle ne doit être entrepris lorsque le patient présente un déficit neurologique, car celui-ci pourrait aggraver la situation en cas d’AVC ischémique (attendre les résultats du scanner ou de l’IRM cérébral). Un antihypertenseur d’urgence ne doit être administré que si le patient présente une PA diastolique constamment supérieure à 120 mmHg, avec des signes patents d’œdème pulmonaire, d’infarctus du myocarde, d’encéphalopathie hypertensive ou de dissection aortique : une ampoule de Lasilix® i.v. dans l’OAP, une ampoule de Catapressan® i.m. ou s.c. dans les autres cas. L’administration de nifédipine par voie sublinguale, qui a été préconisée pendant plus de vingt ans, est aujourd’hui déconseillée*, car elle ne permet pas de contrôler la vitesse et l’ampleur de la chute tensionnelle... et une baisse trop précipitée de la PA peut induire ou aggraver une ischémie rénale, cérébrale ou myocardique ! * M. Salvador. La poussée hypertensive : pourquoi renoncer au traitement sublingual ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 5 (12) : 403-4. P.F. Plouin. Les urgences hypertensives. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 331 : 20-3. 5 revue de presse spécialisée résumé et a n a ly s e d’articles CONFÉRENCE DE CONSENSUS SUR L’AUTOMESURE TENSIONNELLE Quel appareil choisir ? Dans un proche avenir, un état des lieux du marché des appareils électroniques d’automesure tensionnelle sera publié chaque année. En attendant, il est aujourd’hui recommandé de recourir préférentiellement : – aux appareils marqués CE (témoin d’un standard de fabrication) et ayant satisfait aux exigences des protocoles de validation clinique ; – aux appareils électroniques, simples d’emploi, hormis chez les quelques rares patients pour qui la mesure automatique de la PA est impossible (sujets arythmiques) ; – aux appareils qui mesurent la PA au bras (ceux qui mesurent la PA au poignet nécessitent une attention particulière pour éviter certaines erreurs et ceux qui mesurent la PA au niveau digital sont à déconseiller) ; – aux appareils avec imprimante, téléchargement ou télétransmission, afin d’éviter la transcription des données. Quelles sont les valeurs de référence ? Les limites supérieures de la normalité de la PA à l’automesure sont actuellement fixées à 135/85 mmHg. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer la valeur pronostique de ce seuil et pour déterminer les valeurs de normalité dans certaines populations spécifiques, telles que chez l’enfant, le sujet âgé et la femme enceinte. sélectionnés Quelle est la procédure d’utilisation ? Il est préconisé d’effectuer en général deux mesures, une le matin et une le soir, pendant une semaine. Les valeurs du premier jour doivent être éliminées. Le nombre minimal de mesures analysables pendant une période de surveillance est donc de douze. La moyenne de toutes les mesures sera considérée pour la comparaison aux valeurs de référence. Quel est l’intérêt de l’automesure ? L’automesure constitue une aide appréciable pour le diagnostic de l’HTA chez certains patients : chez les sujets à faible risque cardiovasculaire ou en cas de suspicion d’une HTA “blouse blanche”, elle permet de confirmer ou non le diagnostic et peut se révéler utile pour le suivi à long terme des malades. L’automesure se révèle mieux corrélée à certains indices d’atteintes organiques consécutives à l’HTA, comme l’hypertrophie ventriculaire gauche, que la mesure clinique (occasionnelle) de la PA. Certains travaux suggèrent en outre qu’elle présente une plus grande puissance prédictive pour la mortalité cardiovasculaire et globale, ainsi que pour la morbidité cérébrovasculaire. L’automesure s’avère enfin particulièrement utile en cas d’HTA résistante (fausse HTA réfractaire ?) ou bien encore pour juger de l’efficacité d’un traitement antihypertenseur... R. Asmar. Un consensus professionnel pour l’automesure de la pression artérielle par le patient. Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 4 (12) : 375-6. Quelques brèves... " Hyperaldostéronisme primaire " Post-IDM, diabète et bêtabloquants De nouveaux critères d’hyperaldostéronisme primaire (affection responsable d’environ 1 % des hypertensions artérielles) ont été définis : – kaliémie inférieure à 3,9 mmol/l ; – rapport aldostérone/rénine supérieur à 23 (si l’on tient compte du taux de rénine active) ou supérieur à 30 (si l’on tient compte de l’activité rénine plasmatique). Faut-il prescrire des bêtabloquants lors du post-infarctus du myocarde (IDM) des sujets diabétiques âgés ? Les résultats d’une étude rétrospective conduite par le NCCP* permettent de répondre à cette question par l’affirmative : dans un tel contexte, le traitement bêtabloquant conduit à une réduction significative de la mortalité à un an, sans majoration associée des réadmissions pour complications inhérentes au diabète à six mois. Le diabète ne doit donc pas constituer un écueil à la prescription de bêtabloquants dans la prévention secondaire post-IDM. es M.C. Aumont. X Journées européennes de la Société française de Cardiologie. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 328 : 7-9. 6 * J. Chen et al. Beta-blocker therapy for secondary prevention of myocardial infarction in elderly diabetic patients. Results from the National Cooperative Cardiovascular Project. J Am Coll Cardiol 1999 ; 34 : 1388-94. C. Adams. Prévention secondaire post-infarctus pour le sujet âgé diabétique : intérêt des bêtabloquants. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 328 : 19. " Les dangers du dopage La plupart des produits dopants peuvent être à l’origine de complications cardiovasculaires d’évolution parfois gravissime. C’est le cas Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001 notamment des stéroïdes anabolisants androgéniques (source de poussées tensionnelles, de thrombose coronaire, de troubles du rythme ventriculaire, etc., et de mort subite), mais également de l’hormone de croissance, de l’érythropoïétine, des bronchodilatateurs, de la trinitrine, etc. Voilà un argument de plus, et de choix, pour dissuader les sportifs d’utiliser ces toxiques ! C. Le Feuvre. Cœur et dopage. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 329 : 3-4. " Des patients à très haut risque cardiovasculaire Le taux de mortalité globale à 5 ans des malades hémodialysés est de plus de 70 %. Dans la moitié des cas, ces décès sont d’origine cardiovasculaire. Chez ces patients, la prévalence de l’athérosclérose coronaire dépasse les 80 % et le taux de survie à 5 ans après un infarctus du myocarde n’est que de 10 % ! C. Le Feuvre. Maladie coronaire chez l’hémodialysé. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 330 : 20-6. " Resténose intra-stent " Mort subite du sportif L’administration d’une antibiothérapie dirigée contre Chlamydia pneumoniae ne diminue (malheureusement) pas le risque de resténose intra-stent. Le rôle de ce germe dans la resténose après pose d’un stent n’est donc vraisemblablement pas aussi déterminant qu’on pouvait le penser. Chez le sportif de moins de 35 ans, la dysplasie ventriculaire droite arythmogène (DVDA) est une cause fréquente de mort subite. Cette affection doit être évoquée notamment chez le sujet jeune au cœur apparemment normal souffrant de palpitations à l’effort ou pendant la phase de récupération. N. Danchin. Insuffisance coronaire. Cardiologie interventionnelle. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 331 (Suppl.) : 11-2. " HTA : les IEC en première ligne ? Les prochaines recommandations en matière de prise en charge médicamenteuse de l’hypertension artérielle pourraient bien placer les IEC “en première ligne” (à côté des diurétiques et des bêtabloquants) et ce chez l’ensemble des malades hypertendus, non plus seulement dans des situations particulières ! A. Krivitzky. Hypertension artérielle. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 331 (Suppl.) : 19-22. " L’hypertendu de plus de 80 ans " Encore et toujours ! Dans le traitement de l’angor stable, les bêtabloquants demeurent les médicaments de choix (en l’absence, bien évidemment, de contre-indications : asthme, dysfonction ventriculaire gauche, bloc auriculoventriculaire de haut degré). Ces derniers peuvent être associés utilement aux dérivés nitrés retard à longue durée d’action et à l’aspirine. A. Vacheron. ACC 2000. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 331 (Suppl.) : 4-5. " THS et athérosclérose Si l’on en croit les résultats de l’étude ERA*, le traitement hormonal substitutif (THS) ne modifie pas la progression de l’athérosclérose chez la femme ménopausée coronarienne (suivi moyen : 3,2 ans) en dépit d’une action bénéfique significative sur les paramètres lipidiques (diminution des LDL, augmentation des HDL). * Estrogen Replacement and Atherosclerosis trial. Congrès de l’American College of Cardiology (ACC), mars 2000. P. Pézard. Grandes études présentées à l’ACC 2000. La Lettre du Cardiologue 2000 ; 331 (Suppl.) : 10. Chez les patients hypertendus âgés de plus de 80 ans, le traitement antihypertenseur tend à réduire la morbidité cardiovasculaire mais aussi à augmenter la mortalité “toute cause” ! Faut-il traiter les patients hypertendus âgés de plus de 80 ans ? Telle est la question ! Pour certains, “il n’existe pas, en l’état actuel des connaissances, de raison valable pour recommander que le traitement antihypertenseur ne soit plus mis en œuvre au-delà d’un âge donné”. G. Fontaine et al. Comment dépister la dysplasie ventriculaire droite et prévenir la mort subite chez le sportif ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 5 (12) : 412-7. " Un nouveau marqueur de risque cardiovasculaire Une augmentation de l’épaisseur intimamédia de l’artère carotide multiplie par trois (2 à 4) le risque de survenue de complications cardiovasculaires dans les 3 à 5 ans... O. Hanon. Que doit démontrer un médicament antihypertenseur en plus d’une baisse de la pression artérielle ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 5 (12) : 418-23. " Claudication vasculaire ou radiculaire ? Des différents moyens proposés pour améliorer l’observance des patients hypertendus, deux ont récemment fait la preuve “scientifique” de leur efficacité : la prescription de médicaments en prise quotidienne unique et la pratique de l’automesure tensionnelle. La claudication intermittente n’est pas toujours synonyme d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs. Une douleur du mollet ou de la cuisse survenant au-delà d’un certain périmètre de marche et calmée par le repos peut être en effet d’origine radiculaire (rétrécissement arthrosique du canal lombaire). Ce diagnostic doit notamment être évoqué lorsque : – la douleur est décrite comme des brûlures ou des picotements ; – la période de repos nécessaire pour calmer la douleur est de plusieurs minutes (la douleur de la claudication d’origine vasculaire cède habituellement en quelques secondes) ; – le patient indique la nécessité, parfois impérative, de s’asseoir ou d’infléchir le tronc en avant pour soulager la douleur. X. Girerd. Comment améliorer l’observance de l’hypertendu ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 5 (12) : 406. Ph. Orcel, J. Beaudreuil. Canal lombaire rétréci : une fausse claudication intermittente. Angiologie 2000 ; 5 (16) : 262-5. F. Gueyffier. Certitudes et incertitudes sur le traitement de l’hypertension artérielle après 80 ans. Hypertension et prévention cardiovasculaire 2000 ; 4 (12) : 389-91. " Observance de l’hypertendu Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001 7