revue de presse spécialisée résumé et a n a ly s e d’articles sélectionnés ■ Ph. Léonard* Cardiologie - Angiologie L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE MALIGNE EN QUELQUES LIGNES L’hypertension artérielle maligne, classiquement définie par une élévation de la PA diastolique au-delà de 115 mmHg, associée à la présence d’un retentissement viscéral (fond d’œil stades III-IV), représente environ 1 % de l’ensemble des modes de présentation de l’HTA au sein de la population générale. Chez le sujet caucasien, elle témoigne le plus souvent d’une pathologie secondaire (néphropathie, maladie rénovasculaire...) alors que chez le sujet noir elle vient généralement compliquer une HTA essentielle méconnue ou insuffisamment équilibrée. Le pronostic de l’HTA maligne reste redoutable, avec une médiane de survie de 12 ans. L’insuffisance rénale demeure la première cause de décès (40 %) suivie des accidents vasculaires cérébraux (25 %), des infarctus du myocarde (10 %) et de l’insuffisance cardiaque (10 %). * Médecin généraliste, Mandres. Correspondances en médecine - n° 1 - mai 2000 Ph. Grimbert. L’HTA maligne existe-t-elle encore ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 1999 ; 1 (11) : 3. CŒUR D’ATHLÈTE La pratique régulière (au moins dix heures par semaine) et intensive d’un sport (a fortiori d’endurance) conduit parfois à des atypies cardiologiques d’ordre clinique, électrique et/ou échographique, qu’il convient de connaître, sous peine d’interdire - à tort - une passion (si ce n’est parfois un métier !) à un individu au “cœur d’athlète”. L’auscultation cardiaque du sportif retrouve fréquemment un cœur lent, avec un choc de pointe énergique, des bruits du cœur assourdis et, dans 30 à 50 % des cas, un souffle protoet/ou mésosystolique. L’examen du tracé électrocardiographique de repos du sportif révèle parfois une bradycardie sinusale, un bloc auriculo-ventriculaire de bas degré, des extrasystoles supraventriculaires isolées, un bloc de branche droit, des troubles de la repolarisation (cf encadré) et des signes électriques d’hypertrophie ventriculaire droite et/ou gauche. L’échocardiogramme du sportif montre quant à lui, dans certains cas, une hypertrophie-dilatation modérée et harmonieuse des quatre cavités, avec des valeurs chiffrées aux limites supérieures de la normale. 7 revue de presse spécialisée résumé et a n a ly s e d’articles Les troubles de la repolarisation chez le sportif Troubles mineurs – Aplatissement et/ou inversion de l’onde T dans les dérivations inférieures – Onde T très ample, pointue, quasi symétrique, associée à un aspect de “repolarisation précoce” – Onde T ample, pointue, associée à un segment ST ascendant – Onde U ample et isolée Troubles majeurs* – Ondes T inversées ou diphasiques dans les précordiales droites ou gauches – Sous-décalage du segment ST – Allongement majeur de l’intervalle QT * La découverte de troubles majeurs de la repolarisation chez un sportif, même à très haut niveau d’entraînement, réclame toujours des investigations complémentaires (épreuve d’effort, échocardiogramme). R. Brion, F. Carré, A. Ducardonnet. Le cœur d’athlète en 1999. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 308 : 5-12. sélectionnés ANTIBIOPROPHYLAXIE DE L’ENDOCARDITE BACTÉRIENNE L’antibioprophylaxie de l’endocardite bactérienne des patients porteurs d’une cardiopathie à risque doit être dirigée : – contre les streptocoques non groupables pour les gestes et interventions portant sur la cavité oropharyngée ou les voies respiratoires ; – contre les entérocoques pour les gestes impliquant les muqueuses digestives ou urogénitales. Chez les patients “à risque” devant bénéficier de soins dentaires ne nécessitant pas d’anesthésie générale (situation de loin la plus fréquemment rencontrée en pratique quotidienne*), l’antibioprophylaxie de l’endocardite bactérienne repose sur l’administration – une heure avant l’intervention – de 3 g per os d’amoxicilline ou, en cas d’allergie aux bêtalactamines, de 600 mg per os de clindamycine ou de 1 g per os de pristinamycine. * Tous les gestes dentaires sont considérés à risque potentiel d’endocardite bactérienne, à l’exception de la cure de caries superficielles et des préparations prothétiques supragingivales. F. Raschilas, O. Lortholary. La prévention de l’endocardite bactérienne en 1999. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 314 : 24-32. Quelques brèves... ❏ Un numéro à ne pas manquer ! Quelle attitude avoir face à un sujet d’une quarantaine d’années désireux de reprendre une activité sportive ? Comment juger de l’aptitude au sport d’un enfant ? Ces deux questions, auxquelles tout praticien est fréquemment confronté, trouvent des réponses pratiques dans un récent numéro thématique de La Lettre du Cardiologue intitulé “Cœur et sport”, numéro qu’il est impossible de synthétiser ici en quelques lignes et dont nous vous conseillons la lecture dans son intégralité. F. Carré (coordinateur). Cœur et sport. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 308 (numéro thématique). 8 ❏ Hyperhomocystéinémie : attention danger ! L’hyperhomocystéinémie – d’origine génétique ou nutritionnelle (par carence en acide folique et vitamine B12) – est indubitablement un facteur de risque cardiovasculaire, que ce soit pour les coronaropathies (RR x 1,8), les accidents ischémiques vasculaires cérébraux (RR x 2,3) ou l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (RR x 6,8). D. Rigaud. Hyperhomocystéinémie et maladies cardiovasculaires dues à l’athérosclérose. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 309 : 26-30. Pour en savoir plus : F. Borson-Chazot et coll. Métabolisme-Hormones-Nutrition 1999 ; 1 (III) : 31-4. ❏ Macrolides et coronaires Chlamydia pneumoniae pourrait être impliqué dans l’étiopathogénie de l’athérosclérose. Faut-il dès lors prescrire un macrolide à tous les patients coronariens ? Plusieurs essais thérapeutiques de grande envergure, consacrés à ce sujet, sont actuellement en cours et devraient être prochainement en mesure de répondre à cette question. L. Capron. Athérosclérose et infections. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 310 : 3-4. Correspondances en médecine - n° 1 - mai 2000 ❏ Sildénafil (Viagra®) et maladie coronaire Quelles investigations cardiologiques prescrire aux patients désireux de bénéficier d’un traitement par sildénafil ? Schématiquement, quatre cas de figure peuvent se présenter : – chez les sujets asymptomatiques, sans facteur de risque et ayant une activité physique régulière, le sildénafil peut être prescrit sans examen complémentaire cardiologique préalable ; – chez les patients à risque élevé de maladie coronaire (association de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire), une épreuve d’effort s’impose ; – chez le coronarien stable, une épreuve d’effort annuelle doit être réalisée à la recherche d’une ischémie silencieuse ; – chez le coronarien instable et/ou bénéficiant d’un traitement par dérivés nitrés, la prescription de sildénafil est contreindiquée. M.L. Lachurié (d’après une communication de N. Danchin). IXes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 311 : 8-16. ❏ MAPA : valeurs de référence Les limites supérieures de la normalité de la valeur moyenne de la pression artérielle ambulatoire en période d’activité et pendant le sommeil sont respectivement fixées à 135/85 mmHg et 120/75 mmHg. D. Herpin. Valeurs de référence actuelles de la mesure ambulatoire de la pression artérielle. La Lettre du Cardiologue 1999 ; 315 : 22-7. ❏ HTA : il n’y a pas d’âge pour traiter ! Une récente méta-analyse publiée dans The Lancet* montre que les patients Correspondances en médecine - n° 1 - mai 2000 hypertendus âgés de plus de 80 ans peuvent - eux aussi - tirer bénéfice (réduction significative du risque d’accident vasculaire cérébral et d’insuffisance cardiaque... sans augmentation significative de la mortalité globale) d’un traitement médicamenteux antihypertenseur. * F. Gueyffier et coll. Antihypertensive drugs in very old people : a subgroup meta-analysis of randomized controlled trials. Lancet 1999 ; 353 : 793-6. Pour en savoir plus : X. Girerd. Faut-il traiter les hypertendus après 80 ans ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 1999 ; 4 (11) : 84. ❏ Peut-on “sevrer” l’hypertendu ? Dans certaines circonstances, l’arrêt du traitement antihypertenseur peut être envisagé sous surveillance. C’est le cas notamment en cas de doute sur la réalité du diagnostic initial (HTA de consultation par effet “blouse blanche” ?) ou bien encore, par exemple, chez le sujet obèse dont le poids est revenu dans les limites de la normale... après l’instauration du traitement antihypertenseur (!). Dans tous les autres cas – de loin les plus fréquents – la prudence est de rigueur, dans la mesure notamment où l’on ignore encore aujourd’hui l’incidence pronostique d’un tel geste... M. Salvador. Peut-on arrêter le traitement antihypertenseur ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 1999 ; 5 (11) : 119-22. ❏ Quand évoquer le diagnostic de SAAR ? La possibilité d’une sténose athéromateuse de l’artère rénale (SAAR) doit être évoquée de principe chez l’hypertendu tabagique avec atteinte vasculaire diffuse, ainsi qu’en cas d’HTA sévère résistante à une bithérapie bien menée, d’échappement thérapeutique d’une HTA jusqu’alors bien équilibrée, d’aggravation brutale d’une insuffisance rénale ou bien encore de réponse spectaculaire à un traitement par IEC. Y. Dimitrov, B. Moulin. La sténose athéromateuse de l’artère rénale en 1999 : comment la détecter, quelles indications thérapeutiques ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 1999 ; 6 (11) : 14550. ❏ Pression pulsée : encore un facteur de risque ! La pression pulsée, à savoir la différence entre la PA systolique et la PA diastolique, est un puissant marqueur du risque coronaire. Ainsi, pour un même niveau de PA systolique, plus la pression pulsée est élevée (donc plus la PA diastolique est basse), plus le risque de survenue d’un infarctus du myocarde est important. M. Safar. Pourquoi évaluer la pression pulsée chez l’hypertendu ? Hypertension et prévention cardiovasculaire 1999 ; 8 (11) : 203-5. ❏ TVP et cancer occulte Chez un patient présentant une thrombose veineuse profonde (TVP) idiopathique, le risque de cancer occulte serait de l’ordre de 5 à 15 %. Faut-il dès lors rechercher systématiquement par un bilan approfondi une néoplasie sous-jacente en cas de phlébite survenant chez un patient sans facteur de risque identifiable ? Rien ne permet malheureusement, à l’heure actuelle, de répondre sans ambiguïté à cette question ! P. Beuzeboc et coll. Thromboses veineuses et cancer. Angiologie 1999 ; 5 (15) : 75-83. 9