
La douleur aiguë intense (avec une Échelle visuelle
analogique (EVA) supérieure ou égale à 60 mm) constitue
une véritable urgence diagnostique et thérapeutique.
Elle a été définie comme priorité nationale depuis la
fin des années 90 (2-5). Les modalités de sa prise en
charge par des structures d’urgence ont fait l’objet de
recommandations formalisées d’experts actualisées
en décembre 2010 par la Société française d’anesthésie
réanimation (SFAR) et de la Société française de
médecine d’urgence (SFMU) (6).
Afin d’en tester l’applicabilité au sein d’une AMA,
un audit clinique par comparaison à un référentiel (7-9)
a été conduit à l’AMA de Barby/13eBataillon de
Chasseurs alpins (BCA), avec pour objectif principal de
vérifier la sécurité entourant l’utilisation de la morphine
en titration intraveineuse pour la prise en charge des
douleurs aiguës intenses. L’objectif secondaire était
l’évaluation de la satisfaction des patients.
Matériel et méthode
La méthodologie choisie a été l’audit clinique par
comparaison à un référentiel (7) construit selon les guides
méthodologiques élaborés successivement par l’Agence
nationale d’accréditation et d’évaluation en santé
(ANAES) (8) puis la Haute autorité de santé (HAS) (9).
L’antenne médicale des armées de Barby
(13eBCA)
Armée par quatre médecins plus ou moins un interne de
médecine générale, cinq infirmières et dix auxiliaires
sanitaires, l’AMA de Barby soutient 1 241 hommes et
femmes. Sa salle d’urgence est équipée avec un niveau
d’exigence se rapprochant de celui d’une salle d’accueil
des urgences vitales de niveau 1 (10) (annexe I). Tous les
médecins de l’antenne sont diplômés en médecine
d’urgence et sont inscrits aux tableaux de gardes pré-
hospitalières et/ou des Services d’accueil des urgences
(SAU) de la région. Au cours de la période d’étude, un des
quatre médecins de l’antenne et deux infirmiers étaient en
opération extérieure et n’ont donc pas participé à cette
évaluation de pratiques professionnelles.
Méthode de l’audit, type d’étude
L’audit a été réalisé prospectivement de janvier à
mai 2011, avec mise en place d’un protocole de titration
intraveineuse de la morphine rédigé à partir des
recommandations formalisées d’experts de la SFAR et de
la SFMU (6) ainsi que d’après l’étude de Lvovschi, et al.
2008 (11) et évaluation de cette démarche en termes de
sécurité et de satisfaction des patients.
Le protocole a été relu et validé par l’infirmier major et
le médecin responsable d’antenne puis a ensuite été
diffusé aux médecins et infirmiers et a fait l’objet d’une
action de formation pour l’ensemble des personnels.
Pouvant être mis en œuvre par les médecins, internes et
infirmiers (12, 13) au sein du service médical ou sur le
terrain en métropole il se divise en deux grandes parties.
La première partie est rédigée et détaille avec précision :
– les préalables à la mise en route d’une titration
de morphine ;
– les indications de la titration;
– les patients concernés et les critères d’exclusion ;
– la préparation de la titration et la mise en condition
des patients;
– la titration en elle-même;
– la surveillance à réaliser ;
– les signes de surdosage et actions à mener en cas
de surdosage, dont l’utilisation de la naloxone (14);
– les actions à mener en cas d’hypotension artérielle ;
– les signes et actions à mener en cas d’intolérance
aux morphiniques ;
– « l’aptitude à la rue » et les notions médico-légales
(information du patient notamment (15)).
La seconde partie du protocole présente cinq
algorithmes et schémas récapitulatifs : titration de la
morphine, actions en cas d’instabilité hémodynamique
au cours de la titration de morphine, actions en cas de
surdosage en morphine, utilisation de la naloxone,
actions en cas d’intolérance, allergie ou effet indésirable
aux morphiniques.
Critères de qualité
Ils ont été rédigés en tenant compte du guide
méthodologique de la HAS (9), adapté à la taille d’une
AMA. Évalué au moyen de six critères de qualité (tab. I),
l’objectif principal était d’assurer la sécurité entourant la
titration intraveineuse de morphine. Le référentiel utilisé
était les recommandations formalisées d’experts
concernant la « sédation et l’analgésie en structure
d’urgence » (6). L’objectif secondaire a été d’évaluer la
satisfaction des patients sur une échelle qualitative
ordinale discrète (de zéro à dix) (tab. II).
Standards des critères et objectifs de l’audit
clinique
Les différentes valeurs cibles ont été fixées a priori,
c’est-à-dire avant toute analyse des résultats. Pour chaque
critère, le pourcentage (arrondis à l’entier le plus proche)
de patients qui remplissent ce critère a été calculé. Chaque
pourcentage n’est pas accompagné d’un intervalle de
confiance mais du nombre de sujets sur lequel a été
calculé le pourcentage (8). La valeur cible pour chaque
critère de l’objectif principal est de 100 %. Il s’agit du
standard habituellement exigé en matière de sécurité (8).
La valeur cible de l’objectif principal est également de
100 %. L’objectif principal correspond au pourcentage de
critères validés sur l’ensemble des six critères et de la
totalité des patients (8).
Le standard cible de l’objectif secondaire est de 100 %
de patients satisfaits ou très satisfaits. Il a été déterminé à
partir des résultats de l’étude de Martinez, et al. (16) en
tenant compte du fait que la satisfaction est un critère de
qualité peu spécifique (17).
Éthique
Le protocole de cette étude a été validé au cours d’une
réunion pluridisciplinaire du CMA des Alpes. S’agissant
d’une évaluation des pratiques, le consentement signé des
patients était inutile (18). Leur consentement éclairé aux
soins a été inscrit dans leur dossier médical.
354 r. kedzierewicz