IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES MALADIES VECTORIELLES Frédéric STACHURSKI ([email protected]) Unité Mixte de Recherche CIRAD-INRA « CMAEE » « Contrôle des Maladies Animales Exotiques et Émergentes » Impact des changements climatiques sur les organismes, les écosystèmes et la société CEFE, 24/11/16 MALADIES VECTORIELLES, donc des VECTEURS, qui sont ARTHROPODES PATHOGÈNES Arthropodes parasites : myiases, œstres du mouton, gales,… Arthropodes venimeux : scorpions, araignées, scolopendres, hyménoptères… Arthropodes urticants : chenilles processionnaires, cantharides… Source : F. Rodhain, « Le parasite, le moustique, l’homme… et les autres » (éditions Docis) ARTHROPODES PATHOGÈNES Arthropodes allergisants : acariens, hyménoptères… Arthropodes cause de nuisance : moustiques ou cératopogonidés en forêt ou sur les plages ARTHROPODES PATHOGÈNES Arthropodes hématophages, possiblement responsables de spoliation sanguine : simulies, moustiques, tiques Dans le nord du Canada, 280 piqûres par minute sur l’avant-bras. Extrapolation : un adulte perdrait la moitié de son sang en 1 h 45 « En Asie centrale, il y a des villages dans des vallées reculées où la tique Ornithodoros tholozani est exceptionnellement abondante. Les visiteurs qui pénètrent dans certains bâtiments abandonnés peuvent être attaqués par des nuées de tiques affamées. Il y a quelques siècles, des tours infestées par des quantités phénoménales de cette tique constituaient des pièges où des prisonniers ligotés étaient placés jusqu’à ce qu’ils meurent, vidés de leur sang par ces hordes de tiques prenant leur repas » (Pospelova-Shtrom (1953), citée par Sonenshine (1993)) 8-10 mm ARTHROPODES HÔTES D’AGENTS PATHOGÈNES Arthropodes hématophages, vecteurs biologiques de pathogènes Arthropodes hématophages « vecteurs mécaniques » : Tabanidés aux repas douloureux souvent interrompus… Arthropodes « transporteurs » de pathogènes du fait de leur biologie : mouches, blattes, lépidoptères… Arthropodes hôtes intermédiaires obligatoirement impliqués dans le cycle du parasite (ex : Dicrocoelium dendriticum) « Avantage » du vecteur : recherche active de l’hôte et donc moins de perte dans le milieu pour l’agent pathogène VECTEUR << Arthropode hématophage assurant la transmission biologique et active d’un agent pathogène d’un vertébré à un autre vertébré >> Développement obligatoire (ne peut survenir ailleurs) de l’agent infectieux (pathogène ou non) dans l’arthropode : phase-s du cycle parasitaire, multiplication (virus ou bactéries), phase-s du cycle et multiplication On ne considère pas les vertébrés qui peuvent transmettre des agents pathogènes par morsure (rage vulpine), ni même les animaux hématophages mais non arthropodes comme les sangsues (qui transmettent des trypanosomoses aux batraciens et aux poissons) Développement complexe : Theileria parva Responsable de l’ECF (East Coast Fever), transmise par Rhipicephalus appendiculatus GLANDES SALIVAIRES (brown ear tick) Circulation dans l’hôte de globules rouges contenant des piroplasmes Dans TD, lyse du GR et apparition des gamontes, devenant des gamètes, Zygote fusionnant en un œuf (zygote) dans la paroi du TD Gamètes Gamontes Développement complexe : Theileria parva Transformation en Sporozoïtes un kinète qui passe dans l’hémolymphe, puis dans les glandes salivaires lors de la SPOROGONIE métamorphose de la tique Sporozoïtes Lymphoblaste GLANDES SALIVAIRES Dans GS, déclenchement de la sporogonie par le début du Kinète repas sanguin (donc, après fixation) ; obtention en 3-7 j de 30 à 50.000 sporozoïtes par cellule Transmission trans-stadiale Connaissance des cycles nécessaire Lymphocytes (certaines lignées) Schizonte MEROGONIE Zygote Mérozoïtes Hématies Gamètes Gamontes VECTEUR << Arthropode hématophage assurant la transmission biologique et active d’un agent pathogène d’un vertébré à un autre vertébré >> Développement obligatoire (ne peut survenir ailleurs) de l’agent infectieux (pathogène ou non) dans l’arthropode : phase-s du cycle parasitaire, multiplication (virus ou bactéries), phase-s du cycle et multiplication (Theileria) Infection du vecteur et inoculation du pathogène grâce au comportement hématophage (et présence dans la salive) ; mais autres voies possibles de transmission Possibilité de passage d’une espèce à l’autre Cycles faisant intervenir plusieurs espèces-hôtes VECTEURS : exemple de Ixodes ricinus et Lyme Cervidés, hôtes principaux des nymphes et des adultes (mais pas réservoir) Humains : hôtes accidentels, sensibles à la Borrelia Multiplication de Borrelia burgdorferi s.l. dans rongeurs et oiseaux (réservoirs non sensibles) : infection des larves Réservoirs parfois plus efficaces (longue durée de vie) Influence du climat (saisons) sur le cycle qui dure de 2 à… 7 ans (5 mois en labo) Un seul repas (5-10 jours) par stade VECTEURS : exemple d’Amblyomma variegatum Fin de saison des pluies Influence du climat (température) sur le cycle Début de saison sèche METAMO R-PHOSE Début de saison des pluies METAMORPHOSE Un seul repas (5-10 jours) par stade ; peu mobiles par elles-mêmes Métamorphose nymphale dure un à plusieurs mois VECTEURS : exemple d’Amblyomma variegatum Burkina Faso Saison sèche chaude Saison sèche froide Saison sèche chaude Date de dépôt 02/11 30/11 28/12 25/01 22/02 Taux de métamorphose à 4 sem. 100 0 0 73 94 6 sem. 100 81 100 100 100 8 sem. 100 100 100 100 100 Madagascar Influence du climat (température) sur le cycle Date de dépôt Taux de métamorphose à Saison sèche chaude Saison sèche chaude Saison sèche TRES froide 02/06 30/06 28/07 29/08 9 sem. 0 0 0 0 12 sem. 0 0 0 100 16 sem. 0 6 100 100 20 sem. 60 25 100 100 VECTEURS : exemple d’Amblyomma variegatum Taux de métamorphose de nymphes gardées en étuve à 5°C pendant : 0 jour (témoin) 1 jour 2 jours 3 jours 4 jours 5 jours 6 jours 7 jours 9 jours 11 jours 13 jours 15 jours Influence du climat (température) sur le cycle A 2°C, 60% de mortalité après 6 j, 100% après 8 j Mortalité observée à partir de 10 jours à 5°C Cinétique de développement Survie (limites/seuils pour l’espèce) VECTEURS : exemple d’Amblyomma variegatum Fin de saison des pluies Début de saison sèche METAM ORPHOSE Influence du climat (température) sur le cycle METAMOR -PHOSE Début de saison des pluies VECTEURS : exemple d’Amblyomma variegatum Fin de saison des pluies Influence du climat (pluviométrie) sur le cycle Saison sèche METAM ORPHOSE Début de saison des pluies METAMOR -PHOSE Saison des pluies trop courte (< 3 mois), ou précipitations insuffisantes (< 500 mm par an) : la tique ne peut pas s’installer Un seul repas (5-10 jours) par stade Peu mobiles par elles-mêmes VECTEURS : cycle des moustiques P. Cailly et al. (2012) Stades matures Ecological Modelling Accouplement Maturation Repas sanguin des œufs Emergence Adultes Oviposition Juvéniles Œufs Nymphe Influence du climat (pluviométrie) sur le cycle Larves Stades immatures Plus ou moins grande mobilité Un repas rapide tous les 2-3 jours pendant un mois VECTEURS pas toujours indispensables FVR (fièvre de la vallée du Rift) : ingestion de viande infectée ou inhalation d’aérosol (fréquent) Fièvre Q (Coxiella burnetii) : inhalation (rare) VECTEURS : modes de transmission Transmission par régurgitation : puce et peste Transmission par les déjections : réduves (punaises) et maladie de Chagas (T. cruzi) Transmission par dépôt sur la peau, puis pénétration active dans la plaie (filaires, qui ont subi un développement en larve L3 sans multiplication) Transmission par écrasement du vecteur (Borrelia dans hémolymphe du pou vecteur) Transmission par le liquide coxal des tiques molles (Borrelia des fièvres récurrentes) VECTEURS : modes de transmission Transmission trans-stadiale : persistance du pathogène dans le vecteur lors de métamorphose Transmission trans-ovarienne : passage dans les œufs et multiplication du nombre de vecteurs infectés ; possibilité de recombinaison/réassortiment des gènes Transmission intra-stadiale : cycle rapide dans l’arthropode Transmission par co-feeding entre nymphe infectée et larve si virémie trop fugace chez l’hôte (TBE et I. ricinus) Transmission par la salive lors de la piqûre Larves et nymphes présentes ensemble sur l’hôte : transmission locale du virus, en l’absence de virémie (TBE) Influence du climat (transition entre saisons) sur le cycle Kurtenbach et al., Nature rev. Microbiol. 2006 SYSTÈMES VECTORIELS Populations d’agents pathogènes Étude du système dans la nature : il faut examiner les maladies avec l’œil d’un écologiste Polymorphisme génétique des populations : vecteurs (plusieurs espèces, plusieurs populations), hôtes et pathogènes (diverses souches) ; concernent morphologie, bioécologie, réceptivité, sensibilité… Populations d’hôtes Populations de vecteurs Environnement Systèmes vectoriels : adaptation intervenue sur très long terme ; concerne 70% des virus des plantes et 40% des virus animaux. Quelles conséquences des changements rapides actuels ? Iront-ils toujours dans le sens d’une aggravation (« nord-hémisphéro centré » ?) ? Compétence vectorielle = développement possible du parasite dans le vecteur : passage des barrières TD, hémolymphe (système immunitaire du vecteur), glande salivaire, éventuellement ovarienne Capacité vectorielle = rencontre hôte/vecteur/parasite possible : vecteur et hôte présents au même moment(s) dans le milieu (saison, heures, lieux) SYSTÈMES VECTORIELS Dermatose nodulaire contagieuse (LSD) : due à capripoxvirus ; morbidité 5-45% ; mortalité 10% Avant 1988, Afrique sub-saharienne : Zambie (1929), RSA (1944), Madagascar, Cameroun, Congo, Kenya… 1988 : Egypte 1989 (puis 2006 et 2012) : Israël Depuis 2012 : Moyen-Orient Beard, 2016 2013 : Turquie 2015 : Russie puis Grèce Avril 2016 : Bulgarie, Macédoine Mai 2016 : Serbie Juin 2016 : Albanie Juillet 2016 : Monténégro Dermatose nodulaire contagieuse, maladie à transmission vectorielle Épidémies plus fréquentes en saison chaude et humide SYSTÈMES VECTORIELS Dermatose nodulaire contagieuse, maladie à transmission vectorielle • Transmission par les Culicidés : Mac Owan (1959) : épisodes au Kenya associés à forte activité de C. mirificus et Ae. natrionus Chihota et al. (2001) : implication prouvée de Aedes aegypti Beard, 2016 • Transmission par les Cératopogonidés (Culicoïdes) : C. punctatus soupçonné en Turquie en 2016 • Transmission par d’autres diptères : Stomoxys calcitrans (mouche piqueuse cosmopolite à la piqûre douloureuse), tabanidés • Transmission par les tiques (réservoir potentiel) : Rhipicephalus decoloratus : tique à un hôte, tropisme bovins des larves R. appendiculatus : tique à 3 hôtes, tropisme bovins des 3 stades Amblyomma hebraeum : tique à 3 hôtes, immatures sans préférence Transmission trans-ovarienne, trans-stadiale, intra-stadiale (mécanique) SYSTÈMES VECTORIELS Dermatose nodulaire contagieuse, maladie à transmission vectorielle Influence du changement climatique dans propagation du virus ? Beard, 2016 (2012) Mais causes anthropiques (guerre, déplacement de populations et bovins,…) également causes potentielles ; vecteurs africains pas arrivés en Europe CLIMAT et SYSTÈMES VECTORIELS « Les arthropodes sont des animaux ectothermes et de ce fait particulièrement sensibles aux facteurs climatiques ». Le climat influence : Taux journalier de développement • Répartition géographique, dispersion : « réchauffement climatique » va permettre l’arrivée de nouveaux vecteurs et de nouvelles maladies. Quelle T° ? Min ? Max ? Été ? Hiver ? Jour ? Nuit ? Et quid des zones qui vont devenir trop chaudes ? • Cinétique de développement et variations saisonnières Métamorphose larvaire Métamorphose nymphale Incubation Voir cycle d’Amblyomma variegatum : influence de la température sur métamorphose de nymphe en adulte Ixodes ricinus CLIMAT et SYSTÈMES VECTORIELS « Les arthropodes sont des animaux ectothermes et de ce fait particulièrement sensibles aux facteurs climatiques ». Le climat influence : Mortalité lors incubation (valeur de k) • Répartition géographique, dispersion • Cinétique de développement et variations saisonnières • Longévité du vecteur, taux de survie (moustiques âgés plus susceptibles de transmettre des agents pathogènes) • Reproduction, abondance Rhipicephalus appendiculatus Pluviométrie hebdomadaire au cours des 2 mois suivant le gorgement de la femelle CLIMAT et SYSTÈMES VECTORIELS « Les arthropodes sont des animaux ectothermes et de ce fait particulièrement sensibles aux facteurs climatiques ». Le climat influence : • • • • • • Répartition géographique, dispersion Cinétique de développement et variations saisonnières Longévité du vecteur, taux de survie Reproduction, abondance Activité/agressivité des vecteurs Survie et développement des pathogènes dans les vecteurs A. variegatum adultes : actifs uniquement si l’humidité suffisante. Présents en permanence dans régions avec saison sèche courte (côte est de Madagascar, Guadeloupe, sud de RCI…) ; transmission permanente des maladies L’agressivité du moustique Culex modestus, vecteur du virus West Nile, est positivement corrélée à la température et à l’humidité La tique du chien Rhipicephalus sanguineus est plus agressive envers les humains en période chaude : plus de risque de transmission des rickettsioses lors d’étés chauds… et à l’avenir Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Berceau initial sur gaur, banteng, kouprey Propagation régionale… Puis dans la plupart des régions tropicales à partir du XVIIème siècle Boophilus microplus Cause principale : transport par les bovins, donc par les hommes 2007 : bovins brésiliens au Benin et en Côte d’Ivoire 1942 : chevaux australiens introduits en Nouvelle-Calédonie Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Amblyomma variegatum Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS XIXème siècle et 1948 (et encore après ?) : transport de bovins infestés entre continents et îles Bubulcus ibis (héron garde-bœuf) : arrivé vers 1950 ; migrateur et infesté par les tiques immatures… DISTRIBUTION POTENTIELLE des VECTEURS Vecteur de la cowdriose, maladie mortelle pour les ruminants des régions nouvellement infestées CAP : Programme d'éradication de la tique dans les Antilles anglophones Réchauffement climatique pas en cause dans ces cas-là. Mais… (FAO/IICA/ CARICOM) Les tiques des ruminants dans les Petites Antilles : biologie, importance économique, principes de lutte Modélisation « basique » Amblyomma variegatum Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS A Madagascar, en 1979, il n’était « pas certain qu’A. variegatum puisse se maintenir à plus de 1300 m d’altitude sans l'apport continuel de tiques en Antsiranana provenance de zones plus basses » En 2010-2011, enquête auprès des éleveurs a montré que pratiquement toutes les zones inférieures à 1600 m d’altitude étaient désormais infestées (sauf une exception à 1400m) Mahajanga EXTENSION ou RECRUDESCENCE des MALADIES Toamasina Tsiroanomandidy « Triangle laitier » malgache avec de nombreux bovins améliorés… sensibles à la cowdriose Réchauffement climatique probablement en cause ANTANANARIVO Antsirabe Morondava Fianarantsoa Ambalavao Toliara 200 km Taolagnaro Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus : diffusion rapide due à l’explosion des échanges commerciaux… en particulier du commerce des pneus Récupérés, envoyés dans d'autres pays, rechapés, réexpédiés… Les œufs pondus peuvent y persister Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus : diffusion rapide due à l’explosion des échanges commerciaux… en particulier du commerce des pneus Récupérés, envoyés dans d'autres pays, rechapés, réexpédiés… Les œufs pondus peuvent y persister Stockés à l'extérieur, ils reçoivent la pluie, les œufs éclosent et le cycle démarre (Thomas Balenghien) Climat déjà favorable (sans le réchauffement climatique) dans de nombreuses régions : espèce très adaptable Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus : juillet 2016 Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus « Les arthropodes sont des animaux ectothermes et de ce fait particulièrement sensibles aux facteurs climatiques » « Aedes albopictus, introduit en Europe depuis 1995 environ, est un vecteur compétent pour la dengue et le chikungunya. Sa dispersion pourrait encore s’accroître et profiter du changement climatique. Les modèles prédisent que des hivers doux, des précipitations annuelles > 500 mm et des températures estivales > 20°C augmenteront significativement la densité du moustique et la durée de sa période d’activité » Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Aedes albopictus Facteurs socio-économiques prépondérants Impact futur du changement climatique Amblyomma variegatum Facteurs socio-économiques prépondérants Impact local du changement climatique Boophilus microplus Facteurs socio-économiques prépondérants Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Glossina spp. (mouche tsé-tsé) Facteurs socio-économiques prépondérants Impact du changement climatique ? Fort impact sur cycle sylvatique et glossines peu anthropophiles • • • • Déforestation Diminution des hôtes sauvages Fragmentation des habitats (forêts-galeries) Usage des insecticides (élevage et agriculture) • « Descente » observée des limites nord de distribution • Probable réduction future des habitats favorables Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Impact du changement climatique ? Amblyomma variegatum Facteurs socio-économiques initialement prépondérants E 15°N 5°W 500 mm MALI DORI 600 mm Saison des pluies trop courte (< 3 mois), ou précipitations insuffisantes (< 500 mm par an) : la tique ne peut pas s’installer NIGER OUAHIGOUYA 800 mm KAYA OUAGADOUGOU 1000 mm KANTCHARI KOUDOUGOU DIAPAGA FADA NGOURMA TENKODOGO BOROMO BOBO-DIOULASSO ORODARA PO LEO DIEBOUGOU NIANGOLOKO BENIN N BANFORA GAOUA % GHANA 0 50 kilomètres TOGO 100 E 2°E COTE D'IVOIRE 10°N Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Hyalomma marginatum Facteurs socio-économiques importants ? Impact du changement climatique ? Femelle Mâle Confirmation de présence en France continentale en 2015 (ECDC, juillet 2016) Modifications de la DISTRIBUTION des VECTEURS Hyalomma marginatum Facteurs socio-économiques importants ? Impact du changement climatique ? Femelle Mâle Tique à deux hôtes : immature sur petits vertébrés ; adultes sur grands ongulés (chevaux) 9 1 10 Hypothèse 1 : introduction de larves/nymphes par oiseaux migrateurs ; pérennisation du cycle à la faveur des changements climatiques 11 Hypothèse 2 : introduction de tiques adultes par chevaux ou taureaux infestés (Espagne, Italie) ; importance plus grande des échanges commerciaux ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile : asymptomatique chez 75% des personnes infectées ; >20% avec syndrome fébrile et fatigue qui peut durer des mois ; <1% ont des symptômes nerveux (10% meurent) Facteurs socio-économiques ? Impact du changement climatique ? Cycle naturel du virus entre les oiseaux à forte virémie et les moustiques (notamment Culex). Les moustiques infectés peuvent piquer divers mammifères, qui sont des cul-de-sac épidémiologiques : virémie trop faible pour infecter les vecteurs ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Année États 1999 1 Cas 62 7 ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Année États Cas 1999 1 62 7 2000 2 21 2 ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Année États Cas 1999 1 62 7 2000 2 21 2 2001 10 66 10 ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Année États Cas 1999 1 62 7 2000 2 21 2 2001 10 66 10 2002 37 4156 284 ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Année États Cas 1999 1 62 7 2000 2 21 2 2001 10 66 10 2002 37 4156 284 2003 43 9862 264 ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Arrivée du virus aux USA ? Trois hypothèses : • Un oiseau migrateur infecté • Un moustique infecté (dans un avion ou un bateau ?) • Une personne infectée (dans un avion) Facteurs socio-économiques ? Impact du changement climatique ? ÉMERGENCE RÉCENTE de MALADIES Virus West Nile Arrivée du virus aux USA ? Trois hypothèses : • Un oiseau migrateur infecté Facteurs socio-économiques possibles • Un moustique infecté (dans un avion ou un bateau ?) Impact peu probable du climat dans l’installation ; impact futur sur l’incidence • Une personne infectée (dans un avion) Sécheresses facilitent la transmission du virus par concentration autour des points d’eau disponibles des vecteurs et des vertébrés Corrélations avec d’autres facteurs : températures sur de longues périodes, précipitations, urbanisation, facteurs socio-économiques, biodiversité des hôtes Implication de divers moustiques ayant des biologies différentes PREVOIR les EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE Modéliser les modifications de la répartition à partir des distributions actuelles (environnement et climat favorables) et de l’évolution probable de ces facteurs PREVOIR les EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE Modéliser les modifications de la répartition à partir des distributions actuelles (environnement et climat favorables) et de l’évolution probable de ces facteurs Inclure les caractéristiques biologiques du vecteur, des hôtes, de l’agent pathogène en cause Ré-évaluer régulièrement les modèles (nouveaux critères/données) Prendre en compte les facteurs autres que le climat possibilité pour la tique d’arriver sur place activités humaines hôtes présents PREVOIR les EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE Changement climatique joue un rôle important dans quelques régions : extension en latitude et altitude des zones favorables à la survie d’I. ricinus EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Changement climatique joue un rôle important dans quelques régions : extension en latitude et altitude des zones favorables à la survie d’I. ricinus En 30 ans, I. ricinus s’est étendu vers le nord du pays Causes principales : 1. augmentation des populations d’hôtes (chevreuils) ; 2. réchauffement climatique (action sur hôtes et tiques). Maladie de Lyme et TBE sont des maladies émergentes en Suède Mesures préconisées : limiter la chasse aux renards et lynx… EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Mais d’autres facteurs ont des rôles prépondérants : modification de la distribution des populations des hôtes (cerfs et chevreuils), déprise agricole, reforestation, activités humaines… EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Exemple en France Nathalie Boulanger (Centre National de Référence Borrelia, Strasbourg) EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Mais d’autres facteurs ont des rôles prépondérants : modification de la distribution des populations des hôtes (cerfs et chevreuils), déprise agricole, reforestation, activités humaines… • Dans pays baltes et Europe de l’est, évolution des cas de TBE très variable • Brusque augmentation de la T° printanière (avril) à partir de 1989 : possibilité d’infection des larves par co-feeding • Désindustrialisation et chômage : augmentation des personnes recherchant subsistance dans forêt (chasse, champignons, cueillette…) • Diminution des cas en Lettonie après 1998 avec réduction du chômage, mais pas Lituanie ou Estonie (même climat) • Déprise agricole : accroissement des zones envahies par buissons et forêts (et donc rongeurs hôtes des tiques) • Vaccination en Autriche limite fortement la TBE Nymphes actives si T° > 7°, larves si T° > 10° ; si T° augmente lentement, pas d’infection des larves par les nymphes infectées, et réduction des risques de transmission EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Paludisme : 350-500 millions/an, 1 million morts/an EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Modélisation avec T° et humidité : durée de vie des vecteurs plus courte si T° plus élevée avec même humidité EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? • CC accusé d’être cause de l'augmentation de cas de palu en altitude ; mais sans doute aussi de la diminution des cas en zone sahélienne • Pendant le XXème siècle, diminution du pourcentage de régions avec palu alors qu'augmentation régulière de la T° • Recrudescence récente : peut-être CC, peut-être migrations, construction de barrages, diminution de la lutte, résistance des moustiques aux insecticides... • Effet futurs possibles du changement climatique : prendre tout en compte. Transmission suit une courbe en cloche : pas de développement si <18°C et mort des moustiques infectés si >32°C. • Augmentation de la distribution du vecteur n’entraîne pas automatiquement une augmentation des zones où la transmission est possible • Ne pas oublier que les activités humaines ayant entrainé la diminution de la malaria sont toujours en place (lutte, destruction des marais,...) EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Fièvre Catarrhale Ovine ou Blue Tongue, transmise par Culicoïdes : mortalité 2-50 % suivant sérotype), avortements, commerce,… ; bovins : virémie longue Avant 1998 : sud du bassin méditerranéen Après 1998 : remonte en Europe Modélisation pour prévision de distribution en fonction des exigences climatiques connues EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) ou Blue Tongue (BT) Avant 1998 : sud du bassin méditerranéen Après 1998 : remonte en Europe Modélisation pour prévision de distribution 2006 : nouveau sérotype en Belgique/Pays-Bas 2006-7 8 2007 1 2004-06 4 2003-04 4 16 2000-02 2 2003 4 2000 2 2000-06 2 4 9 16 2000-06 2 4 16 2006 1 2002 9 1999 9 2001 1 4 9 1999 16 2004-06 4 2004-06 4 2006 1 0 - 100 100 - 250 250 - 500 500 - 1000 1000 - 2000 2000 – 3000 3000 - 4000 2004 9 2008 8 2007 1 2007 1 Altitude 2000 9 16 1999 4 2001 1 2006 1 1999- 2002 2 2006 1 2004 16 2001 6 2003 16 BTV-2 BTV-8 BTV-1 BTV-4 BTV-16 BTV-9 BTV-6 EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) ou Blue Tongue (BT) Avant 1998 : sud du bassin méditerranéen Après 1998 : remonte en Europe Modélisation pour prévision de distribution 2006 : nouveau sérotype en Belgique/Pays-Bas Augmentation de T° cause de : • persistance accrue du virus en hiver • remontée de la limite de C. imicola • espèces européennes deviennent des vecteurs Étude basée sur l’équation du R0, qui mesure l’intensité de la transmission (pour 2 hôtes) : R0 Arrivée du virus BTV8 par des moutons infectés introduits ba² n m C 2 mS (1 ) 2 p p n rC d C rS dS Augmentation de T° cause de : • accroissement de la fréquence de piqûre • Réduction durée de l’incubation extrinsèque (dans le vecteur) • durée de vie / abondance des vecteurs EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) ou Blue Tongue (BT) Avant 1998 : sud du bassin méditerranéen Après 1998 : remonte en Europe Modélisation pour prévision de distribution 2006 : nouveau sérotype en Belgique/Pays-Bas Études de génétique des populations : • C. imicola était présent au nord de la Méditerranée depuis au moins 200 ans • le réchauffement climatique n’explique pas l’arrivée du vecteur, mais peut-être une modification de la biologie (et du système vectoriel) EFFETS du CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Vecteurs incontestablement sensibles au climat Ne pas prendre en compte uniquement la température (et laquelle ?) Humidité, précipitations, saisons,… également importantes Systèmes vectoriels très complexes : changements climatiques ne jouent pas que sur la distribution des vecteurs ; le réchauffement va favoriser la remontée vers les pays tempérés des vecteurs et des maladies vectorielles tropicales Changements anthropiques et socio-économiques souvent à l’origine des modifications de distribution des vecteurs et maladies Réchauffement climatique explique certaines modifications, mais modélisation difficile car nombreux paramètres inconnus Ne pas oublier les interventions possibles : vaccination, lutte contre les vecteurs, contre les hôtes des vecteurs… et les régions qui deviennent inappropriées pour les vecteurs (et les maladies) Sarah Randolph, 2008 (provocation ?) : ”The conservationists think that our favourite invertebrates, butterflies, bees, etc., are doomed to declining populations or at least disruption as pollinators, while the expectation of infectious disease biologists is that our least favourite invertebrates, vectors and crop pests, will multiply and spread. Why should this curious inconsistency be true?”