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La Lettre du Gynécologue - n° 283 - juin 2003
•Parce que l’on a décidé d’arrêter le THS et qu’il persiste des
bouffées de chaleur peu invalidantes.
Action des phytohormones
Au niveau clinique
– De nombreuses études ont confirmé l’efficacité des phytohor-
mones en ménopause sur les symptômes de la lignée vasomotrice :
Albertazzi et al. (Obstet Gynecol, 1998) obtiennent une diminu-
tion de 45 % des bouffées de chaleur versus placebo pour des
femmes ayant au moins 7 bouffées de chaleur par jour.
–Drapier Faure et al. (Maturitas, 2002) confirment une réduction
nette des bouffées de chaleur sous phytohormones, diminuant de
65,8 % contre 32,4 % sous placebo.
– Albert et al. (Phytomédecine, 2002) démontrent une effica-
cité des phytohormones sur les troubles du sommeil, l’anxiété
et la sécheresse vaginale, avec une réduction de 61% contre
32,6% sous placebo pour les troubles du sommeil, de 39,53%
à 33% sous placebo pour l’anxiété, de 52,48% contre seule-
ment 31,8% sous placebo pour la sécheresse vaginale.
Mécanisme d’action
L’action des phytohormones s’appuie sur une meilleure
connaissance des récepteurs à l’estradiol et la découverte de
deux types de récepteurs RE-αet RE-β. Les phytohormones
ont une affinité plus importante plus les RE-β. Il apparaît éga-
lement que la conformation adaptée par les récepteurs RE-βen
présence de génistéine est différente de celle adaptée en pré-
sence d’estradiol 17 β, ce qui modifie les interactions phy-
siques du récepteurs βet l’action moléculaire.
L’action des phytohormones est également modulée par la
densité des récepteurs αet βqui varie d’un tissu à l’autre.
Enfin, l’expression du récepteur βest prédominante dans le
tissu normal par rapport au tissu cancéreux dans de nombreux
tissus (Pujol et al. Cancer Res, 1998).
L’action des phytohormones est donc fonction :
– de l’expression des récepteurs αet βdans les tissus ;
– du composé considéré (génistéine, datséine, etc.) ;
– du tissu cible.
Les phytohormones peuvent être prescrites sous forme de
gélules, mais aussi sous forme de crème à utilisation locale
pour la prévention de la sécheresse vaginale.
LA TIBOLONE
Quand prescrire ?
Les indications de la tibolone sont :
– la prise en charge de la ménopause confirmée symptomatique ;
– toutes les indications évoquées pour les phytohormones à
l’exception des patientes refusant un traitement hormonal. En
revanche, les femmes ayant une contre-indication relative pour
fibrome, endométriose, mastodynie et THS peuvent bénéficier
de ce traitement ;
– les indications peuvent être plus spécifiques à la tibolone,
telle que la persistance d’une sécheresse vaginale malgré un
traitement bien conduit ;
– la diminution de la libido ;
– des bouffées de chaleur avec un risque d’ostéoporose ;
– une mastodynie et/ou une surveillance mammaire radio-
logique difficile en raison de seins denses ;
– un bilan métabolique limite au niveau du cholestérol ou des
triglycérides.
Mécanisme d’action
La tibolone est un dérivé 19-nortestostérone, elle est administrée
avec une prise quotidienne par voie orale.
La tibolone est métabolisée en dérivé 3-αet 3-β-hydroxytibolone
qui circule sous forme sulfatée. On trouve également de faibles
taux circulants résiduels de tibolone et d’un autre métabolique qui
est le delta 4 isomère qui a, pour sa part, un effet progestatif et fai-
blement androgénique.
Les dérivés 3-αet 3-β-OH sont des produits avec des effets estro-
géniques se fixant sur les récepteurs RE-α. Certains tissus, comme
l’endomètre, transforme les dérivés 3-β-OH et 3-α par conversion
en delta 4 isomère qui est un produit sans effet estrogénique.
La tibolone exerce donc un effet androgénique faible au niveau
hépatique, un effet estrogénique sur la majorité des tissus estro-
géno-sensibles, à l’exception des tissus produisant le delta 4 iso-
mère comme l’endomètre et le sein.
Au niveau du sein, la tibolone bloque, par ailleurs, la sulfatase et
la 17-βhydroxydrogénase, réduisant ainsi le passage du sulfate
d’estrone vers l’estrone puis vers l’estradiol qui réduit le taux
d’estradiol tissulaire.
La prescription de la tibolone doit respecter les règles de contre-
indication et constitue une proposition efficace pour toutes les
indications préalablement envisagées.
L’apparition du traitement hormonal de la ménopause a repré-
senté la première solution efficace et reconnue des symptômes les
plus classiques de la ménopause, en particulier vasomoteurs.
L’efficacité dans la prévention des troubles à moyen et long terme
est démontrée essentiellement pour l’ostéoporose.
Actuellement, la prise en charge de la ménopause ne saurait se limi-
ter à l’utilisation du traitement hormonal de la ménopause, mais
s’inscrit dans la prise en charge globale de la ménopause qui doit
utiliser, à côté du THS, toutes les solutions thérapeutiques que nous
avons envisagées, sans oublier les possibilités telles que les SERM.
Le traitement de la ménopause, qui ne constitue pas une préven-
tion du vieillissement, devrait être instauré à la suite d’un interro-
gatoire qui dépistera les symptômes et mesurera l’incidence de
ces derniers sur la vie quotidienne.
L’interrogatoire et l’examen clinique permettront de préciser le
souhait de la patiente, son attente, ses questions par rapport aux
différentes solutions proposées et aux risques suspectés pour la
patiente aussi bien pour sa santé que pour les traitements.
La consultation doit toujours favoriser le dépistage (frottis, mam-
mographie, ostéo-densitométrie, problèmes génito-urinaires). Le
traitement sera prescrit dans le cadre d’une approche globale en
insistant sur les conseils d’hygiène de vie tels que l’alimenta-
tion, maintien d’une activité physique suffisante, arrêt du tabac
et de l’alcool…
À l’issue, dans la mesure où le THS ne peut pas être prescrit
ou n’est pas souhaité par la patiente, on pourra faire appel aux
phytohormones ou à la tibolone dans le cadre des indications
qui ont été envisagées. "
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