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Interview du Pr Abdelhamid Benghalem,
président de la Société marocaine d’ORL
Vous organisez le prochain congrès de la So-
ciété francophone d’ORL du 29 au 31 mai 2008, à Marrakech.
Quels sont les principaux objectifs de ce congrès ?
Les objectifs sont multiples :
– Perpétuer ce congrès, dont la langue offi cielle est le français. Ce n’est pas une
lapalissade, car les congrès francophones se font de plus en plus rares...
– Permettre les échanges d’expériences des diff érentes écoles.
– Favoriser les rencontres et présentations de résidents et d’internes souhaitant
faire des formations en France ou dans d’autres pays francophones, car la langue
française reste leur langue exclusive.
– En n, permettre les retrouvailles amicales des anciens chefs, résidents et internes.
À l’heure où la circulation des informations, en particulier par Internet, se fait
essentiellement en langue anglaise, pensez-vous que la tenue d’une réunion
internationale en français ait toujours sa place ?
Je pense qu’il est d’autant plus important de continuer à communiquer et à échan-
ger en langue française, le plus bel exemple étant le site de la SFORL, extrêmement
visité, et le site “docadoc”, dont j’ai reçu 3 024 mails en un an. Je les garde dans un
chier, car ils constituent une banque de cas cliniques intéressants ou rares, et de
plus en français.
Vis-à-vis de la formation des ORL, pensez-vous que les échanges avec les
équipes françaises conservent leur place ?
Encore plus dans mon pays, où le français est la langue dominante et où les rési-
dents sont rarement anglophones ou ne maîtrisent pas l’anglais.
Connaissant votre intérêt et votre expérience en matière d’otologie et d’otoneu-
rologie, quels sont pour vous les perspectives de développement dans ces disci-
plines dans les dix années à venir ?
Je pense que, vu les avancées des dernières années en implantation, tous disposi-
tifs confondus, en imagerie, en technologies nouvelles appliquées à la médecine,
ce qui nous attend dans les dix années à venir nous surprendra à plus d’un titre,
en matière de génie génétique et de culture cellulaire : cela bouleversera certaine-
ment notre attitude vis-à-vis des surdités, de l’implantation cochléaire, de la NF2,
de la prévention, des traitements moléculaires in situ (porte-électrodes délivrant
des médiateurs chimiques intracochléaires). Le plus dur sera de se former et de se
battre pour développer la formation en langue française sans s’isoler des Anglo-
Saxons, et également de s’équiper, car la santé est de plus en plus “richesse-dé-
pendante”. En fait, le plus facile restera de diff user le savoir.
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 308 - janvier-mars 2007
est suspecté en cas d’opacité arrondie dans l’attique externe (la
même image située dans l’hypotympan a en revanche peu de
chances de signaler un cholestéatome). L’ IRM avec des séquen-
ces T1 + gadolinium, des séquences de diff usion et des séquences
liquidiennes permet de faire, dans 97 % des cas, le diagnostic
positif si le cholestéatome mesure plus de 5 mm. Il apparaît alors
sous la forme d’une opacité blanchâtre en séquence de diff usion,
ne se rehaussant pas après injection de gadolinium. Si l’opacité
correspond à de la fi brose, elle prendra le contraste mais de
façon très tardive (une demi-heure à trois quarts d’heure après
l’injection de gadolinium). F. Veillon (Strasbourg) a par ailleurs
rappelé que, en cas de malformation de l’oreille moyenne, une
malformation de l’oreille interne associée doit être recherchée,
qu’en cas d’otospongiose il fallait étudier systématiquement le
trajet du facial et rechercher un blocage de la tête du marteau
ainsi qu’un blocage de la fenêtre ronde associée (10 % des cas),
qui est de moins bon pronostic pour le résultat fonctionnel, et
qu’une otite séro-muqueuse unilatérale persistante chez l’adulte
doit faire rechercher un méningiome.
Lors de ces lectures en otologie, M. Gersdorff (Bruxelles) a rap-
pelé que la prise en charge chirurgicale du cholestéatome n’est
plus systématique mais “individualisée”, c’est-à-dire orientée
en fonction des extensions : voie transcanalaire externe avec
reconstruction du cadre par du cartilage en cas de cholestéatome
épitympanique avec extension latérale limitée, tympanoplastie
en technique fermée (TF) en cas d’extension antérieure avec
sacrifi ce ossiculaire à la demande, TF avec tympanotomie pos-
térieure en cas de cholestéatome mésotympanique avec exten-
sion vers le sinus tympani, technique ouverte si le patient est
multiopéré, avec une mastoïde éburnée. La technique ouverte
n’empêche pas les cholestéatomes résiduels, rapportés dans 4
à 20 % des cas dans la littérature. La fi abilité et la sensibilité de
l’imagerie permettent de surveiller les patients (TDM avec IRM
au moindre doute) et d’éviter, dans 80 % des cas, une chirurgie
de révision, auparavant systématique. Il est donc impératif de
réaliser l’exérèse du cholestéatome et la reconstruction ossi-
culaire et du cadre en un temps, sauf en cas de cholestéatome
diff us et très infecté, pour lequel le deuxième temps est conseillé.
Cette attitude implique une analyse clinique attentive et une
collaboration avec les radiologues.
IMAGERIE DES SURDITÉS DE L’ENFANT
L’étude rétrospective présentée par M.N. Calmels (Toulouse) a
porté sur l’analyse de l’IRM de 87 enfants en cours de bilan pour
une implantation cochléaire. Les résultats montrent la présence
d’anomalies dans 43 % des cas. Les étiologies de la surdité étaient
diverses : malformations de l’oreille interne, infections, ano-
malies du nerf cochléaire… Si, dans certains cas, les anomalies
constatées à l’IRM sont corrélées à des atteintes spécifi ques (mal-
formation cochléaire, anomalie du signal de l’oreille interne), il
existe un certain nombre d’anomalies cérébrales non spécifi ques,
comme, par exemple, des anomalies de la substance blanche. Ces
situations ont conduit à réaliser des compléments de bilan neu-
rologique, métabolique, génétique et infectieux. L’autre élément
à prendre en compte est la présence d’un handicap associé à la
surdité et qui peut s’accompagner d’anomalies radiologiques. Les
résultats de l’implantation cochléaire chez ces enfants montrent
que ces anomalies radiologiques non spécifi ques, sans handi-
cap associé, ne s’accompagnent pas de résultats fonctionnels
inférieurs par rapport aux cas sans anomalie radiologique. Cela
n’est pas le cas en présence d’un polyhandicap. La découverte
de ces anomalies non spécifi ques à l’IRM doit donc conduire
à réaliser un bilan complémentaire, mais ne représente pas un
facteur de mauvais pronostic de l’implantation cochléaire dans
les cas analysés.
Le prochain congrès francophone sera organisé du 29 au
31 mai 2008 à Marrakech, Maroc. ■