lées. Le risque infectieux varie aussi en
fonction de la cause de l’asplénie : il est
plus élevé lorsque l’asplénie est secon-
daire à un lymphome ou à une thalassé-
mie que lorsqu’elle est due à une sphé-
rocytose héréditaire [2] ; c’est après les
splénectomies post-traumatiques qu’il
est le plus bas [2].
GERMES
Les infections observées chez les pa-
tients aspléniques sont principalement
des infections à bactéries encapsulées,
avec une incidence qui est dix à cin-
quante fois plus élevée que celle trou-
vée dans la population générale. Les
germes les plus fréquemment isolés
sont Streptococcus pneumoniae, suivi
d’Haemophilus influenzae de type b
puis de Neisseria meningitidis [7].
D’autres agents pathogènes ont pu être
observés lors d’infections invasives à
des fréquences plus élevées que dans la
population générale : Salmonella spp.,
Streptococcus spp., Pseudomonas spp.,
Capnocytophaga canimorsus, Babesia
microti, Plasmodium spp. [1]. Il est à no-
ter que près de 15 % des infections sys-
témiques chez les patients aspléniques
sont polymicrobiennes. La mortalité de
ces infections est de 1,4 à 4,4 % en
moyenne, la majorité des décès surve-
nant dans les vingt-quatre à quarante-
huit premières heures [2, 8, 9].
ÉDUCATION DES PATIENTS
ET DES FAMILLES
Les patients et leurs familles doivent
être clairement informés qu’il y a un
risque infectieux et que ces infections
peuvent mettre en jeu rapidement le
pronostic vital [5]. Les recommandations
sont que toute fièvre inexpliquée est une
urgence médicale et impose une consul-
tation dans les plus brefs délais et/ou
l’administration d’un antibiotique par
voie parentérale. Il faut prévenir les pa-
tients que le risque d’infection est plus
élevé dans les trois premières années
après la splénectomie, mais qu’il sera
probablement présent pour une plus
longue période et peut-être tout au long
de la vie. Il est nécessaire également
d’informer les médecins traitants du pa-
tient qu’il est asplénique et de proposer
au patient de porter une carte informant
de son statut d’asplénique. De plus, les
patients aspléniques devraient éviter
certains voyages ou sinon prendre impé-
rativement des précautions prophylac-
tiques dans les zones où le paludisme et
la babésiose sont endémiques, en raison
du risque vital de ces infections [1, 5].
ANTIBIOPROPHYLAXIE
ET ANTIBIOTHÉRAPIE
CURATIVE
La prophylaxie antibactérienne recom-
mandée dans cette indication est la phé-
noxyméthylpénicilline (Oracilline®), en
raison de son spectre étroit et d’un risque
de sélection de bactéries résistantes mi-
nime. L’utilisation de cet antibiotique a
l’avantage de réserver l’utilisation des cé-
phalosporines au traitement curatif. La
posologie pédiatrique recommandée est
de 100000 UI/kg/j jusqu’à 10 kg et de
50000 UI/kg/j après 10 kg sans dépas-
ser 2 MUI/j, à donner en 2 à 3 prises [7].
La prophylaxie par pénicilline de l’enfant
allergique n’est pas optimale ; dans ces
cas, on propose du triméthoprime-sulfa-
méthoxazole ou de l’érythromycine. La
durée de cette antibioprophylaxie est
controversée ; il faut la maintenir au
moins jusqu’aux cinq ans révolus de l’en-
fant asplénique et, dans le cadre d’une
splénectomie, pendant les trois ans qui
suivent ce geste pour les plus de cinq ans
[1, 10]. Si la compliance est bonne, le
mieux est de poursuivre cette antibiothé-
rapie le plus tard possible.
Une prophylaxie antibiotique est égale-
ment recommandée en cas de contact
avec un individu présentant une infec-
tion invasive à N. meningitidis ou à
H. influenzae de type b [1].
En cas de fièvre chez un patient asplé-
nique, une antibiothérapie empirique
curative doit être proposée [1, 5]. Ces
traitements antibiotiques empiriques ne
sont que des propositions, et il faudra
bien sûr les adapter à la documentation
infectieuse. L’antibiothérapie parenté-
rale usuellement proposée est la cef-
triaxone à la dose de 100 mg/kg/j en
une fois (maximum 2 g) ; pour les sujets
allergiques aux bêtalactamines, le tri-
méthoprime-sulfaméthoxazole et la
clindamycine sont deux alternatives. En
cas de prévalence locale élevée de
souches de pneumocoques résistantes à
la pénicilline, le traitement empirique
devra être fait en association avec la
vancomycine [5].
VACCINS
L’asplénie ou l’hyposplénie ne sont pas
des contre-indications à la vaccination
avec des vaccins vivants ou tués. Les pa-
tients doivent impérativement recevoir
une vaccination antipneumococcique,
anti-Haemophilus et antiméningococ-
cique [1, 5, 7, 11]. En cas de splénectomie
programmée, le patient doit recevoir
ces vaccins au plus tard dans les deux
semaines précédant le geste chirurgical.
Si les vaccinations n’ont pas pu être réa-
lisées avant la splénectomie, elles doi-
vent impérativement être effectuées au
décours de l’intervention.
Le vaccin conjugué antipneumococ-
cique 13-valent, ainsi que le vaccin
conjugué antiméningococcique du
groupe C doivent être utilisés chez les
enfants de moins de deux ans. Pour les
individus âgés de plus de deux ans, il
faut utiliser le vaccin antipneumococ-
cique polysaccharidique 23-valent (non
conjugué) et le vaccin antiméningococ-
cique non conjugué quadrivalent A, C,
Y, W-135. Le vaccin conjugué antipneu-
mococcique 13-valent pourra aussi être
associé chez les patients âgés de plus de
deux ans pour augmenter la réponse
immunitaire vis-à-vis de cette bactérie.
Pour le vaccin antipneumococcique po-
lysaccharidique 23-valent, les rappels
sont à prévoir tous les cinq ans, ou plus
précocement si les taux d’anticorps anti-
pneumococciques sont bas. La vaccina-
tion contre H. influenzae de type b doit
être systématiquement réalisée chez les
enfants non vaccinés de plus de cinq
ans (deux doses à deux mois d’interval-
le) et poursuivie chez les enfants qui
Médecine
& enfance
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