2 FRÉDERIC CAMPANA, BENOÎT CLAUDON, PHILIPPE EYSSIDIEUX
La première motivation de ce travail était de généraliser au cas des
variétés kählériennes compactes les résultats de [Eys04, EKPR12]. Ceux
ci sont limités au cas projectif car plusieurs résultats sur la théorie
des représentations du groupe fondamental qui sont utilisés de façon
essentielle dans [Eys04] ne sont pas disponibles dans la littérature pour
le cas kählérien général. Ces résultats sont l’ubiquité des Variations de
Structure de Hodge [Sim92] et la théorie des ensembles constructibles
absolus de classes de conjugaison de représentations linéaires complexes
[Sim93]. Le présent article remédie à cette déficience de la littérature
en établissant une version kählérienne de ces outils.
Notre approche repose sur un travail important de Zuo [Zuo96] dont
le résultat principal doit être vu comme une formulation du principe
que la théorie des représentations linéaires complexes des groupes käh-
lériens se ramène au cas projectif. Nous affinons le principe de Zuo, en
l’unifiant avec l’existence du morphisme de Shafarevich (voir la défini-
tion 2.13) :
Théorème 1.
Soit Xune variété kählérienne compacte et ρ:π1(X)→GLN(C)
une représentation linéaire d’image Zariski dense dans un groupe semi-
simple. Alors le morphisme de Shafarevich shρ:X→Shρ(X)existe et
Shρ(X)est une variété projective algébrique normale de type général
si ρ(π1(X)) est sans torsion. De plus, si e:X′→Xest un revêtement
étale fini tel que e∗ρ(π1(X′)) est sans torsion, e∗ρfactorise par un
modèle lisse de She∗ρ(X′).
On notera que l’existence d’un tel eest impliquée par le lemme de
Selberg. En raison d’un point délicat dans la preuve de [Zuo96], nous
avons fourni une démonstration nouvelle de ses résultats, basée sur
[Eys04] et un énoncé qui nous semble d’un intérêt indépendant :
Théorème 2.
Soit Xune variété kählérienne compacte et f:X−→ Kune appli-
cation holomorphe dans une variété de Kummer dont les composantes
connexes des fibres lisses sont de type général.
Il existe alors une application holomorphe génériquement finie r:
X′−→ X, une application biméromorphe X′99K X′′ et g:X′′ −→ Y
un fibré principal holomorphe de groupe structurel un tore complexe, Y
étant une variété algébrique de type général.
L’ingrédient principal de la preuve est l’additivité des dimensions de
Kodaira quand la fibre est de type général dans le cas kählérien [Nak99].
Ainsi formulé, le principe de Zuo permet de donner une définition
d’ensemble constructible absolu de la variété des caractères du groupe
fondamental d’une variété kählérienne compacte généralisant [Sim93]
puis de généraliser au cas kählérien les résultats de [Eys04, EKPR12] :