Prolongement de la fonction Γd’Euler
Référence : Zuily-Queffélec p.313 pour le Lemme et Objectif Agrégation, exercice 2.10 p. 82 pour la suite
La fonction Gamma d’Euler est définie sur le demi-plan P={zC,<(z)>0}par
Γ(z) = Z+
0
ettz1dt
La fonction Γest holomorphe sur P.
Preuve :
Pour l’holomorphie, il suffit d’appliquer le Théorème d’holomorphie sous le signe intégral à la fonction
(z, t)7→ tz1et=e(z1) ln tet
Soit (X, µ)un espace mesuré, Uun ouvert de Cet f:U × XC. Posons zC,F(z) = ZX
f(z, t)dµ(t).
H1) Pour tout z∈ U,t7→ f(z, t)intégrable.
H2) Pour presque tout t,z7→ f(z, t)holomorphe.
H3) Pour tout compact Kde U,gL1(X)tq |f(z, t)|6g(t)pour tout zKet pour presque tout t.
Alors Fest holomorphe sur Uet, z∈ U,nN,F(n)(z) = ZX
nf
zn(z, t)dµ(t).
H1) zP,t7→ e(z1) ln tetest intégrable sur R+
H2) tR+,z7→ e(z1) ln tetest holomorphe sur P
H3) Si Kest un compact de P,<(z)[ε, M], où ε > 0et 1
e(z1) ln tet
6e(ε1) ln t=1
t1εsi 0< t 61
(?)
6tM1etsi t>1
et ces deux fonctions sont intégrables.
D’où l’holomorphie de Γ.
But : montrer qu’il existe une fonction F(z)holomorphe dans {zC/ z 6=n , n N}qui coïncide
avec la fonction Γ(z)pour zP. Ce prolongement sera encore noté Γ.
1. |ez|=e<(z)
Laura Gay p.1 31 mai 2015
Γse prolonge sur C\Zsans zéro et admet des pôles simples en les n, n N.
Preuve :
Etape 1 : montrons que pour tout zP,Γ(z) =
+
X
n=0
(1)n
n!(z+n)+Z+
1
tz1etdt.
Découpons l’intégrale définissant Γde la façon suivante :
Γ(z) = Z1
0
tz1etdt+Z+
1
tz1etdt
On cherche donc à écrire maintenant la première intégrale sous forme d’une série. On développe l’expo-
nentielle :
tz1et=
+
X
n=0
(1)n
n!tn+z1
Il faut maintenant vérifier que l’on peut bien permuter somme et intégrale avec le théorème de Fubini
(appliqué à la mesure produit de la mesure de Lebesgue et de la mesure de comptage).
Remarquons que pour t > 0,|tz|=
ezln t
=e<(z) ln t=t<(z).
On obtient alors, pour t]0,1],
+
X
n=0
(1)n
n!
tn+z1
=t<(z)1
+
X
n=0
tn
n!=t<(z)1et.
Comme <(z)>0,<(z)1>1et la fonction tt<(z)1etest intégrable 2sur ]0,1].
Ainsi Z1
0
+
X
n=0
(1)n
n!tn+z1
dt < +
On peut donc appliquer le théorème de Fubini et inverser somme et intégrale.
Z1
0
tz1etdt=
1
Z
0
+
X
n=0
(1)n
n!tn+z1dt=
+
X
n=0
(1)n
n!Z1
0
tn+z1dt =
+
X
n=0
(1)n
n!
1
z+n.
On obtient bien, pour tout zP,
Γ(z) =
+
X
n=0
(1)n
n!(z+n)+Z+
1
tz1etdt
Etape 2 : Montrons que f:z7→
+
X
n=0
(1)n
n!(z+n)est méromorphe sur Cet que ses pôles sont les entiers négatifs
ou nuls et sont simples.
On utilise le Théorème sur les séries de fonctions méromorphes (cf Cartan pour preuve)
H1) Soit fndes fonctions méromorphes.
H2) Pour tout compact K,NKtel que, pour n>NK, les fnn’ont pas de pôles dans Ket
X
n>NK
fnCVU sur K.
Alors Xfnest méromorphe et on peut dériver la série terme à terme.
H1) nN, la fonction fnz7→ (1)n
n!(z+n)est méromorphe sur Cavec pour seul pôle (simple) n.
H2) Soit Kun compact de C. Il existe NKNtel que KD(0, NK). Pour n>NK, la fonction fnn’a
pas de pôle dans K.
De plus, pour tout zK, on a |z+n|>n− |z|>nNK.
Par conséquent, pour tout zK,|fn(z)|61
n!(nNK)et donc X
n>NK
fnCVN sur K.
Donc, par théorème, fest bien une fonction méromorphe sur Cdont les pôles (simples) sont les entiers
négatifs.
2. Il s’agit d’une comparaison avec les intégrales de Riemann. On peut dire que c’est 6et<(z)1qui est intégrable par Riemann.
Laura Gay p.2 31 mai 2015
Etape 3 : On applique le Théorème d’holomorphie sous le signe intégral pour conclure.
H1) et H2) sont évidentes pour f(z, t) = tz1et.
H3) On utilise la majoration (?)faite dans la démonstration du Lemme. Et t7→ tM1etL1([1,+[).
Donc z7→ Z+
1
tz1etdtest holomorphe sur Ctout entier.
Alors,
+
X
n=0
(1)n
n!(z+n)+Z+
1
tz1etdt
établit une prolongement méromorphe de la fonction Γsur C. Le théorème de prolongement analytique
entraîne de plus que c’est le seul prolongement analytique de Γsur l’ouvert connexe C\N.
Notes :
XA l’oral, bla
XRappel : Une fonction est méromorphe sur un ouvert Us’il existe un ensemble Pde points isolés de U(appelés
pôles de f) tel que fest holomorphe sur U \ P (et si, en tout point p∈ P, il existe nNet bCvérifiant
f(z)
zp
b
(zp)n).
XRappel : (principe de prolongement analytique) Soit Uun ouvert connexe. Si deux fonctions analytiques
coïncident sur un sous ensemble D⊂ U ayant un point d’accumulation dans U, alors elles sont égales sur U.
Leonhard Euler (1707 - 1783) est un mathématicien et physicien suisse, qui passa la plus grande partie de
sa vie en Russie et en Allemagne. Il était notamment membre de l’Académie royale des sciences de Prusse à
Berlin. Il fit d’importantes découvertes dans des domaines aussi variés que le calcul infinitésimal et la théorie
des graphes. Il introduisit également une grande partie de la terminologie et de la notation des mathématiques
modernes, en particulier pour l’analyse mathématique, comme la notion de fonction. Il est aussi connu pour ses
travaux en mécanique, en dynamique des fluides, en optique et en astronomie.
Laura Gay p.3 31 mai 2015
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