Sevrage de la ventilation 485
3. LE SEVRAGE VENTILATOIRE. CE QUI EST APPLICABLE AU PATIENT
NEURO-CHIRURGICAL DANS LES CONFERENCES DE CONSENSUS
L’objectif d’une stratégie de sevrage est de réduire au minimum la durée de ventila-
tion et d’intubation trachéale, et donc leur complications respectives, tout en en limitant
les risques d’échec c’est à dire de réintubation, en sachant que celle-ci est correlée avec
d’une majoration de 8 fois du risque de pneumopathie nosocomiale et de 6 à 12 fois de
la mortalité [2]. Il est important de distinguer les critères pré-requis au sevrage, la con-
duite du sevrage proprement dit, et les critères prédictifs de succès ou d’échec de
l’extubation.
Le mode de ventilation optimal à utiliser pendant la période de sevrage a fait l’objet
de débats. Ont été proposées : la VSAI avec diminution progressive de l’AI, la ventila-
tion assistée contrôlée (VAC) avec épreuves de ventilation spontanée (VS) sur pièce en
T, dont la fréquence et la durée sont à augmenter quotidiennement, ou encore la venti-
lation assistée contrôlée intermittente (VACI) avec diminution progressive de la
proportion des cycles contrôlés. L’intérêt des modes de ventilation assistée plus com-
plexes n’est pas encore précisé [8]. Il est actuellement admis que VSAI et VAC plus
épreuves de VS sont supérieures à VACI chez le patient «tout venant» [9, 10]. La rai-
son invoquée de l’échec de la VACI est l’absence de mise au repos effective des muscles
respiratoires pendant les cycles ventilés [8].
Fin 2001, deux conférences de consensus ont été publiées, l’une nord-américaine [2]
et l’autre française [1]. La vocation des consensus étant d’être utilisable le plus large-
ment possible, les conclusions de ces recommandations sont dans l’ensemble applicables
au patient neuro-chirurgical. Toutefois, les données de la littérature concernant ce cas
spécifique sont si éparses que les recommandations nord-américaines n’y consacrent
aucun chapitre, et que la conférence française n’y consacre que quelques lignes. Il reste
que certains points méritent d’être discutés, soit qu’ils sont particulièrement pertinents
chez ces patients, soit au contraire qu’ils n’apparaissent pas indiqués.
Le bénéfice de la recherche quotidienne de critères pré-requis au sevrage, dès la
mise en place de la ventilation mécanique est bien établi depuis l’étude de Ely [11].
Dans ce travail portant sur 300 patients de réanimation médicale, les auteurs ont mon-
tré que l’évaluation quotidienne des critères de pré-requis, suivie en cas de positivité
d’une épreuve de VS sur pièce en T, permettait de réduire significativement la durée de
ventilation, la durée d’intubation, la fréquence des complications, ainsi que le coût de
l’hospitalisation en réanimation. Les critères de pré-requis retenus sont mentionnés
dans le Tableau I. La conférence de consensus française n’a pas retenu les critères de
toux et de FR/VT, mais recommande en revanche la réponse aux ordres simples. Plus
récemment, une autre étude prospective a même montré l’intérêt de réaliser tous les
jours une épreuve d’interruption de la sédation sur la durée totale de ventilation méca-
nique [12]. Celle-ci diminuait de 7,3 à 4,9 jours, de même que la durée d’hospitalisation
en réanimation, dans une population de patients «médicaux». De ces différents travaux
découle la recommandation de l’établissement d’un protocole de sevrage écrit dans
chaque service de réanimation, qui doit impliquer au maximum les équipes
soignantes, en particulier les kinésithérapeutes [13].
Les critères prédictifs de sevrage difficile retenus par la conférence de consensus
relèvent essentiellement de la gravité de la pathologie et du terrain sous-jacent, et ne
présentent donc pas de particularité chez le patient neuro-chirurgical. En revanche, les
critères prédictifs d’échec d’extubation insistent sur l’existence d’une pathologie
neurologique centrale, ainsi que sur l’encombrement bronchique et l’inefficacité de la
toux, circonstances éminemment fréquentes en neuro-chirurgie.