Estimation de la pression atriale droite par analyse de la veine cave inférieure ■ L’évaluation de la pression de l’oreillette droite (POD) par échocardiographie est habituellement basée sur la mesure du diamètre de la veine cave inférieure (VCI) et l’analyse de ses variations respiratoires, permettant, selon les recommandations de l’American Society of Echocardiography, une estimation semi-quantitative de la POD dans l’une des 4 catégories suivantes : moins de 5 mmHg, 5 à 10 mmHg, 10 à 15 mmHg, et plus de 15 mmHg. La présente étude a porté sur 102 patients adressés pour un cathétérisme cardiaque droit et ayant eu une analyse échocardiographique de la VCI dans les 2 heures encadrant le cathétérisme. Cette analyse a été possible chez 91 patients. Elle a comporté la mesure des diamètres de la VCI en respiration normale et en inspiration forcée rapide (ou lors d’un “snifftest”) et le calcul du collapsus inspiratoire de la VCI. La POD moyenne a été mesurée par cathétérisme et a été définie comme élevée lorsqu’elle atteignait ou dépassait une valeur de 10 mmHg. Les valeurs seuils optimales pour conclure à une élévation de la POD étaient un diamètre de la VCI de 20 mm (sensibilité de 73 % et spécificité de 85 %) et un collapsus inspiratoire de la VCI de 40 % lors d’une inspiration forcée rapide (sensibilité de 73 % et spécificité de 84 %). Les patients ont été classés en 9 groupes selon le diamètre de la VCI et son collapsus inspiratoire, et pour chacun de ces groupes a été déterminé le pourcentage de patients appartenant à chacune des catégories prédéfinies de la POD (moins de 5 mmHg, 5 à 10 mmHg, 10 à 15 mmHg, et plus de 15 mmHg) [tableau]. En se basant sur ces éléments, les auteurs proposent une estima- tion de la POD pour ces différents groupes, en soulignant que l’évaluation traditionnelle de la POD par intervalles de 5 mmHg comporte un risque d’erreur et en recommandant d’utiliser un intervalle plus large. >> Conclusion. Les valeurs seuils en faveur d’une élévation de la POD sont, dans cette série, un diamètre de la VCI supérieur à 20 mm et un collapsus inspiratoire inférieur à 40 %. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil >>> Brennan JM, Blair JE, Goonewardena S, Ronan A, Shah D, Vasaiwala S, Kirkpatrick JN, Spencer KT. Reappraisal of the use of inferior vena cava for estimating right atrial pressure. J Am Soc Echocardiogr 2007;20:857-61. Conséquences de la dilatation de l’aorte ascendante sur le septum interauriculaire ■ Un foramen ovale perméable (FOP) est présent chez 25 à 30 % de la population. Un shunt droite-gauche peut survenir si la pression de l’oreillette droite est augmentée ou si le flux veineux est dirigé préférentiellement vers la fosse ovale pour des raisons anatomiques congénitales (valve d’Eustachi exubérante, réseau de Chiari) ou acquises (pneumonectomie droite, paralysie phrénique, cyphoscoliose). Un autre facteur pouvant jouer un rôle est la dilatation de l’aorte initiale. Les patients ayant un syndrome platypnée-orthodéoxie ont souvent une aorte dilatée et un aspect particulier du septum interauriculaire, qui est petit et hypermobile. Le but de cette étude prospective a été d’analyser la relation entre la taille de l’aorte initiale et l’anatomie du septum interauriculaire. L’inclusion a concerné 72 patients ayant une valvulopathie aortique et/ou un anévrysme de l’aorte ascendante, adressés pour un cathété- risme préopératoire. Le diamètre de l’aorte ascendante a été mesuré par échocardiographie transœsophagienne au niveau des sinus de Valsalva, de la jonction sino-tubulaire et de l’aorte ascendante. L’aorte était jugée dilatée en cas de diamètre supérieur à 40 mm chez l’homme et à 36 mm chez la femme. Le septum interauriculaire a été étudié en incidence transversale, avec mesure de sa longueur, de son amplitude de mouvement entre les deux oreillettes et recherche d’un FOP en Doppler couleur et par une épreuve de contraste. Le shunt droite-gauche lors de l’épreuve de contraste a été quantifié comme étant modéré, moyen ou important. Les patients ayant un anévrysme du septum interauriculaire ont été exclus. Le gradient de pression interatrial a été mesuré au cathétérisme comme la différence de pression entre le capillaire pulmonaire et l’oreillette droite. Il existait une corrélation négative entre le diamètre aortique et la longueur du septum interauriculaire (r = – 0,5 ; p < 0,001). L’amplitude de mouvement du septum interauriculaire était corrélée positivement à la taille de l’aorte (r = 0,3 ; p = 0,014) et négativement au gradient de pression interatrial (r = – 0,36 ; p = 0,03). Un FOP a été mis en évidence chez 19 patients, avec un shunt droite-gauche important dans 7 cas. Ces 7 patients avaient une mobilité du septum interauriculaire plus importante et un gradient de pression interatrial plus faible que les patients ayant un shunt moins important, et 6 d’entre eux avaient une aorte dilatée. Diamètre VCI (mm) < 17 17-21 > 21 < 17 17-21 > 21 < 17 17-21 > 21 POD (mmHg) 3,4 3,3 4,5 4,3 6,1 12 11 12 17 < 5 mmHg 84 % 100 % 50 % 67 % 47 % 0 % 29 % 33 % 0% >> Conclusion. La dilatation aortique réduit la hauteur du septum interauriculaire et augmente sa mobilité, et, en cas de FOP, cette hypermobilité septale est associée à un shunt important. La mobilité septale et l’importance du shunt diminuent quand la pression atriale gauche augmente. Un FOP doit toujours être recherché en cas de dilatation aortique chez un patient devant être opéré, car un shunt droite-gauche peut parfois être en cause dans la dyspnée, et la méconnaissance du FOP peut entraîner, en postopératoire, une hypoxie après diminution de la pression atriale gauche. 5-10 mmHg 12 % 0 % 50 % 33 % 35 % 0 % 29 % 0 % 20 % B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil 10-15 mmHg 4 % 0 % 0 % 0 % 18 % 75 % 0 % 33 % 50 % > 15 mmHg 0 % 0 % 0 % 0 % 0 % 25 % 43 % 33 % 30 % POD suggérée (mmHg) 0-5 0-5 0-10 0-10 0-10 10-15 ? ? 10-20 Tableau. Classification de la POD. Collapsus VCI > 55 % 35-55 % La Lettre du Cardiologue - n° 411 - janvier 2008 LC411-ok.indd 11 < 35 % Abstracts A bstracts >>> Bertaux G, Eicher JC, Petit A, Dobsak P, Wolf JE. Anatomic interaction between the aortic root and the atrial septum: a prospective echocardiographic study. J Am Soc Echocardiogr 2007;20:409-14. 11 1/02/08 11:43:50 Association entre le LDL oxydé circulant et le remodelage fibro-calcaire dans le rétrécissement aortique (RA) ■ Étant donné les “similitudes” entre le développement de plaques d’athérome et celui de la sténose aortique, cette étude cherchait à mettre en relation le taux de LDL oxydé circulant (qui joue un rôle majeur dans le processus de l’athérosclérose) avec la sévérité du remodelage fibro-calcaire et le gradient transvalvulaire dans le rétrécissement aortique (RA). Cent cinq patients porteurs de RA chirurgical (à l’exclusion des causes rhumatismales, postendocarditiques ou maladies inflammatoires) à fonction VG conservée ont été inclus. Au moment de la chirurgie, la valve a été examinée en anatomopathologie et un bilan lipidique complet a été prélevé (avec dosage du LDL oxydé). Le degré de remodelage tissulaire (score fibro-calcaire [SFC]) a été mesuré sur 2 des cusps prélevées, et le degré de calcification, sur la troisième. >> Résultats. 1. La population : les 105 patients étaient en majorité des hommes (68 %) âgés en moyenne de 70 ans. La surface aortique était de 0,77 cm² et le gradient maximal de 71 mmHg en moyenne. Les patients étaient hypertendus dans 61 % des cas et diabétiques dans 23 % des cas. Près de 70 % de ces patients étaient traités par statine et 56 % avaient des lésions coronaires associées. 2. La sévérité du SFC (parfaitement corrélée au degré de calcification valvulaire ; p = 0,001) était proportionnelle au gradient transvalvulaire aortique (p < 0,0001). 3. La sévérité du SFC était également proportionnelle au niveau de LDL oxydé circulant (p = 0,0009). >> Conclusion. Un taux de LDL oxydé élevé s’inscrit comme un facteur indépendant de remodelage fibro-calcaire aortique. Le taux de LDL oxydé circulant pourrait donc être un marqueur pronostique de remodelage fibro-calcaire valvulaire aortique actif. Une étude visant à diminuer le taux de LDL oxydé (par statine) et à évaluer l’efficacité de cette baisse sur la progression de la sténose aortique reste à faire. groupe en termes de perte de poids, d’amélioration hémodynamique et de régression des signes congestifs. De même, à la sortie des patients, il n’y avait pas de différence concernant le traitement de fond. >> Cote C, Pibarot P, Desprès JP et al. Association between circulating oxidized low-density lipoprotein and fibro-calcific remodeling of the aortic valve in aortic stenosis. http://heart. bmj.com/cgi/rapidpdf/hrt.2007.125740v1 Valeur pronostique d’une hyponatrémie persistante chez des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque sévère ■ Cette étude avait pour but d’évaluer la valeur pronostique de la persistance d’une hyponatrémie à la sortie de l’hôpital chez des insuffisants cardiaques sévères inclus dans l’essai ESCAPE en 2001 (qui comparait la prise en charge de patients en insuffisance cardiaque de classe IV de la NYHA guidée par un cathétérisme cardiaque droit ou simplement par la clinique). La natrémie a été mesurée à l’admission et à la sortie de 424 patients (âge moyen de 55 ans, FEVG < 30 %) hospitalisés pour insuffisance cardiaque sévère en poussée (stade IV de la NYHA). La natrémie basale était secondairement corrélée à la mortalité, aux réhospitalisations et à un critère composite (décès ou réhospitalisation) mesurés à 6 mois. Les patients toujours hyponatrémiques à la sortie ont été comparés aux patients ayant normalisé leur natrémie sous traitement. Une hyponatrémie (Na+ < 134 mmol/l, en moyenne 132 mmol/l) était présente à l’admission chez 103 patients (23,8 %). Cette hyponatrémie a persisté malgré l’amélioration clinique chez 71 patients (68,9 %) et a été corrigée chez 32 autres (31,1 %). L’évolution clinique, indépendamment de celle de la natrémie, était comparable dans chaque Évaluation des événements à 6 mois (%) Abstracts A bstracts >> Résultats. L’hyponatrémie à l’état basal est, comme déjà démontré auparavant, corrélée à une mortalité à 6 mois plus importante (p = 0,01). Il existe une différence significative entre les groupes “hyponatrémie persistante” et “normonatrémie” en termes de mortalité (31 % versus 16 % ; p = 0,04), de réhospitalisation pour insuffisance cardiaque (62 % versus 43 % ; p = 0,03) et de critère combiné (73 % versus 50 % ; p = 0,01) au sixième mois. >> Conclusion. Si cette étude confirme que l’hyponatrémie est un facteur de mauvais pronostic dans l’insuffisance cardiaque sévère (surcroît de mortalité), elle indique également que la persistance de cette hyponatrémie, indépendamment de l’amélioration objective des patients sous traitement, est associée à un surrisque d’événements à 6 mois (mortalité, réhospitalisation, critère combiné). Ces résultats sont intéressants même si l’étude n’est pas prospective et la natrémie, comme le taux de BNP, semble donc un facteur pronostique important. Un “acharnement” à vouloir corriger cette hyponatrémie pourrait améliorer la survie des patients en stade IV de la NYHA. L. Sabbah, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. >>> Gheorghiade M, Rossi JS, Cotts W et al. Characterization and prognostic value of persistent hyponatremia in patients with severe heart failure in the ESCAPE Trial. Arch Intern Med 2007;167(18):1998-2005. Hyponatrémie persistante Hyponatrémie corrigée Normonatrémie 100 80 60 40 20 0 22 9 52 Mortalité 44 8 142 Réhospitalisation 52 16 165 Mortalité ou réhospitalisation L. Sabbah, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. 12 LC411-ok.indd 12 La Lettre du Cardiologue - n° 411 - janvier 2008 1/02/08 11:43:51