
4  |  La Lettre du Cardiologue • n° 474 - avril 2014
ÉDITORIAL
Depuis plus de 20ans, on déplore l’inadéquation des études médicales 
àleurobjectif : former d’abord et avant tout les praticiens du pays. On souhaite 
des praticiens formés à la résolution de problèmes toujours singuliers, souvent 
complexes, et, pour ce faire, sachant chercher et traiter les informations nécessaires, 
desprofessionnels habitués à travailler en équipe et à fonctionner en réseaux (formels 
ouinformels), et donc aptes à piloter leurs patients dans le système de santé. On veut 
des médecins au fait des données de l’“evidence-based medicine”, sachant les adapter 
àlasingularité de chaque patient, des médecins jaloux de leur indépendance à l’égard 
del’industrie et des financeurs, pouvant justifier leurs actes et leurs prescriptions. 
Desprofessionnels pratiquant l’autoévaluation, analysant les échecs rencontrés 
etleserreurs commises, toujours avides d’apprendre, convaincus que, “en médecine, 
cequi est difficile, ce sont les 80premières années, après ça va tout seul”, des médecins 
développant unemédecine centrée sur le patient grâce à une approche globale et 
àunerelation empathique. Enfin, des médecins soucieux de la collectivité et des deniers 
publics, développant la prévention et pratiquant le “juste soin au juste coût”, 
brefdesmédecins formés à la pratique de la santé publique. Amen !
On ne cesse de le répéter de rapports en colloques, de réformes des programmes 
enrévisions des cursus et en rénovations pédagogiques. Pourtant, malgré tous 
cesefforts, les résultats sont décevants : le meilleur côtoie le pire. Le constat est partagé : 
nous formons plus des prescripteurs (et quelques futurs PU-PH à notre image) 
quedesprofessionnels aptes à résoudre desproblèmes pratiques. Il apparaît donc 
indispensable, avant toute nouvelle réforme, de repérer et d’analyser les verrous 
auchangement souhaité par tous : ce sont, à mon sens, lesmodes de sélection 
etd’évaluation des étudiants et des enseignants.
 ➤On sélectionne les étudiants sur 2 critères : leur appétence pour les matières 
scientifiques et leur capacité d’ingurgitation et de régurgitation. Malheur aux littéraires 
et aux lents ! Résultats : les victimes de l’hypersélection sont sujets à la dépression, tandis 
que les reçus ont tendance à se comporter en anciens combattants, exigeant 
reconnaissance et faisant valoir leurs droits. Quant aux collés fortunés, ils peuvent 
toujours aller faire leurs études en Belgique ou en Roumanie et revenir ensuite s’installer 
en France. Les doyens proposent, par humanité, d’abréger le calvaire despostulants en 
avançant la date du couperet. Hélas, plus personne ne semble proposer la vieille solution 
raisonnable : organiser l’entrée en médecine à partir desdifférentes filières universitaires, 
scientifiques comme littéraires, sur la base dequotas en première et en deuxième année 
de licence. La faculté de médecine serait enquelque sorte branchée en dérivation sur les 
autres facultés. La biologie serait la voie principale, mais non exclusive.
Oui, mais les facultés de médecine y perdraient des postes d’enseignants, de l’argent  
et donc du pouvoir !
 ➤Les étudiants, de façon pragmatique, apprennent comme on les interroge.  
On les interroge par QCM, ils apprennent les réponses, comme au jeu des 1 000euros. 
On les évalue par des mots-clés, ils en apprennent les listes. Peut-être faudrait-il 
lesévaluer comme on souhaite qu’ils exercent leur futur métier. L’informatique permet 
A. Grimaldi
Service de diabétologie,  
hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 
Paris.
Faut-il encore une fois réformer 
lesétudes médicales ?
Do we need a medical studies reform, once again?