84 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXIX - no 3 - mai-juin 2014
ÉDITORIAL
érapeutique VIH :
vers des approches ajustées
Antiretroviral therapy: new approaches
“
J. Reynes
Département des maladies infec-
tieuses et tropicales, Unité mixte
internationale 233 “Recherches
translationnelles sur l’infection
VIH et les maladies infectieuses”,
hôpital Gui-de-Chauliac,
CHRU de Montpellier.
La thérapeutique dans le domaine de l’infection à VIH vit une
adaptation profonde à de nouvelles cibles et multiples possibilités.
Nousrelèverons ici 7 champs d’évolutions marquantes qui
bousculent politiques et pratiques.
1. L’extension des indications d’un traitement antirétroviral
àquasiment toutes les personnes vivant avec le VIH pour des motifs
individuels et collectifs a de lourdes implications sur la prévention,
ledépistage et le poids organisationnel. Au-delà du “Treatment as
Prevention”, la réalité de l’épidémiologie de la transmission et l’effi cacité,
sous réserve d’observance, de la prophylaxie médicamenteuse
préexposition, devraient inciter les pouvoirs publics à de nouvelles
actions ciblées de santé publique.
2. Les trithérapies antirétrovirales ont évolué. Les trithérapies en
1 comprimé quotidien connaissent un succès manifeste. Mais aucune
des molécules antirétrovirales disponibles n’est parfaite et, parlà, leur
association ne l’est pas non plus. Cette dimension de simplicité est
profi table à l’observance et à la perception de cette maladie chronique.
Elle ne doit cependant pas faire perdre de vue l’objectif permanent de
l’optimisation au niveau de la tolérance au long cours et du risque de
résistance. En troisième agent des trithérapies, les inhibiteurs
d’intégrase ont permis de faire un bond en termes de puissance,
detolérance et d’associations possibles.
3. Les coûts des antirétroviraux infl uencent les
recommandations(1). Une question essentielle devient alors celle
descritères de choix et de leur pondération et, en amont, celle de
lalégitimité, de l’indépendance, de la composition et de la compétence
des groupes qui émettent les recommandations. Les trithérapies
actuelles diff èrent surtout en termes de tolérance et de coût.
Cediff érentiel se majore avec la disponibilité de génériques pour
lesproduits les plus anciens. Cette problématique des coûts amène aussi
à discuter le bon ajustement des thérapeutiques.
4. Ajuster : “mettre aux dimensions convenables” (Le Grand
Robert de la langue française). Les résultats d’un grand nombre d’essais
randomisés sont maintenant disponibles pour autoriser à sortir
dudogme des trithérapies et ajuster puissance et nombre
demolécules(2). Cela concerne tout particulièrement les patients
encontrôle virologique sous trithérapie. L’essai PIVOT vient de
confi rmer que la monothérapie par un inhibiteur de protéase boosté
n’était pas délétère en termes de perte d’option de traitement. Plusieurs
essais de bithérapies en première ligne ou en switch démontrent
l’équivalence avec une trithérapie classique. Après une attitude très
conservatrice desrecommandations, les réalités cliniques, biologiques
etéconomiques devraient inciter à simplifi er, alléger et personnaliser.
L’auteur déclare avoir eu
ouavoir des liens avec les
laboratoires AbbVie, Astellas,
AstraZeneca, Bristol-Myers-
Squibb, Gilead Sciences, Janssen,
MSD, Novartis, Pfi zer, Sanofi ,
Splicos et GSK-ViiV Health-
care en tant que consultant,
investigateur ou coordonnateur
d’essais, intervenant dans
des manifestations médicales
scientifi ques ou de formation
et/ ou pour la prise en charge de
déplacements pour des congrès
médicaux. Il considère ne pas
avoir de liens d’intérêts dans la
rédaction de cet éditorial.