Défaillance circulatoire d`origine toxique

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Défaillance circulatoire d’origine toxique
Bruno Mégarbane, Frédéric Baud
Réanimation Médicale et Toxicologique
INSERM U 705, CNRS UMR 7157 - Université Paris 7
Hôpital Lariboisière, Paris
Introduction
Défaillance circulatoire toxique
Intoxications aiguës: une des premières causes d’hospitalisation et de
mortalité des sujets jeunes.
Incidence des intoxications graves (cardiotropes) augmente
Cardiotrope = 4e cause de mort toxique aux USA
01/01/1998 au 17/10/2002
3922 patients admis
n
Nombre total d’intoxications
État de choc
1 554
164 (11 %)
Mortalité
60 (4 %)
37 (22 %)
Les cardiotropes en toxicologie
Une entité plus vaste qu’en pharmacologie cardiovasculaire
•
•
•
•
•
Médicaments +++
Produits agricoles : organophosphorés, …
Produits industriels industriels : cyanure, …
Produits domestiques : CO, trichloréthylène, …
Plantes : digitale, aconit, colchicine, if, ….
• Médicaments :
–
–
–
–
–
Bêta-bloquants
Inhibiteurs calciques
Stabilisants de membrane
Inhibiteurs du canal potassique : cordarone, sotalol
Digitaliques
Mécanismes de la défaillance circulatoire
I- Atteinte cardiaque :
• Altération de la fonction systolique:
- Effet inotrope négatif
- Altération de la géométrie de contraction (ESM)
• Altération de la fonction diastolique (digitaliques)
• Myocardite toxique (colchicine, éthylène glycol)
• Nécrose myocardique (CO, cocaïne)
II- Vasodilatation artérielle (anti-hypertenseurs)
III- Baisse de la volémie
• Vasodilatation veineuse
• Hypovolémie vraie
IV- Atteintes cardiovasculaires non toxiques
• Choc septique précoce (pneumonie d’inhalation)
• Embolie pulmonaire grave (antidépresseurs polycycliques)
• Choc anaphylactique
Majorité des cardiotropes = toxiques fonctionnels
x
I- Toxiques fonctionnels :
Facteurs de gravité
x
x
x
x
sévérité
C sg
x
x
t
x
II- Toxiques lésionnels :
Facteurs pronostiques
x
x
sévérité
C sg
x
t
Stratégie de prise en charge d’une insuffisance circulatoire
d’origine toxique
Diagnostic du choc
Détermination du mécanisme du choc
Définition du traitement optimal
Diagnostic du choc réfractaire
Diagnostic de l’insuffisance circulatoire
et
Détermination de son mécanisme
Déterminants de la perfusion tissulaire
ΔP = Q x RS
Q = VS x FC
ΔP = VS x FC x RS
RVS : 20
PA: 100mmHg
Q : 5 L/min
Chez l’homme sain, des mécanismes rapides de compensation
empêche toute modification significative de de la pression de
perfusion due à la variation d’un seul paramètre.
↓ VS (hypovolémie)
↓ FC (intoxication digitalique)
↓ RS (vasodilatation artérielle)
↑ FC et RS
↑ VS et RS
↑ FC et VS
C’est pourquoi, la survenue d’une hypotension est toujours associée
à un certain degré d’échec des mécanismes de compensation.
État de choc
Hypotension ne nécessite pas toujours un traitement sauf …
Pression artérielle systolique < 90 mm Hg
ou diminution > 40 mm Hg
ou pression artérielle moyenne < 65 mm Hg
Avec signes d’hypoperfusion tissulaire
(responsable d’anoxie cellulaire avec métabolisme anaérobie)
• L’hypotension décrit uniquement une modification de la macrocirculation
• La décision de traitement doit tenir compte des conséquences à l’échelle cellulaire
de l’hypotension, traduisant l’altération de la microcirculation.
Quel est le mécanisme de l’état de choc toxique?
Caractérisation du mécanisme du choc
Choc périphérique
Index cardiaque (l.min-1.m2)
Résistance systémique (d.s-1.cm-5.m2)
PAPO (mmHg)
FEVG (%)
> 3 ,5
< 1500
< 10
> 70
Choc cardiogénique
< 2,5
> 2000
> 18
< 60
Cathéter artériel pulmonaire: mesure de la DAV - renseigne sur les
capacités de transfert, de délivrance et de consommation en O2 -traduit les
capacités de la macrocirculation à répondre à la demande métabolique
cellulaire.
Aspects échocardiographiques en toxicologie (1)
Hypovolémie ou vasoplégie
Aspects échocardiographiques en toxicologie (2)
Défaillance cardiogénique
Aspects échocardiographiques en toxicologie (3)
Troubles du rythme grave
Tableau clinique
des intoxications par cardiotropes
les plus fréquentes
Intoxication par bêta-bloquant
Propriétés pharmacologiques
Agonistes spécifiques des catécholamines
au niveau des récepteurs bêta-adrénergiques
Effet chronotrope, inotrope, dromotrope, bathmotrope négatifs.
Intoxication par bêta-bloquant
Tableau clinique le plus habituel
Bradycardie sinusale
Bloc auriculoventriculaire I
Intoxication par bêta-bloquant
Intoxication grave
Autres manifestations: - Hypotension artérielle, collapsus
- Bronchospasme, dépression respiratoire
- Somnolence, convulsions, coma
- Hypoglycémie, hyperkaliémie
Love JN. J Toxicol Clin Toxicol 1997; 35: 353-9
Intoxication par bêta-bloquant
Surmortalité en cas d’effet stabilisant de membrane
Love JN. J Toxicol Clin Toxicol 1997
Intoxication par inhibiteur calcique
Propriétés pharmacologiques
• Cinq classes dont les dihydropyridine (néfidipine et amlodipine), les
phénylalkylamine (vérapamil), les benzothiazépine (diltiazem), les
diphénylpipérazine (mibéfradil) et les diarylaminopropylamine (bépridil).
• Inhibition sélective de l'entrée de Ca2+ par les canaux L-voltage dépendant des
cellules musculaires myocardiques, du tissu conductif et des cellules musculaires
lisses vasculaires.
Dihydropyridines: vasodilatateurs sélectifs
Vasodilatation
périphérique
Non-dihydropyridines: équipotence pour
le tissu cardiaque et vasculaire
Ralentit FC
NS
AV
Augmentation
potentielle réflexe
de FC, contractilité
myocardique et
demande en O2
NS
AV
VD
coronaire
Réduit
inotropisme
Vasodialtation
coronaire et
périphérique
Intoxication par inhibiteur calcique
Tableau clinique et mortalité
Vérapamil Diltiazem
(N = 68)
(N = 27)
Nifédipine
(N= 14)
Total
(N = 109)
Hypotension artérielle
79%
89%
86%
84%
Bradycardie (< 60 /min)
56%
78%
43%
60%
Bradycardie sévère (< 40 /min)
24%
26%
43%
60%
Bloc auriculo-ventriculaire
60%
63%
50%
60%
Bloc auriculo-ventriculaire 3e degré
53%
52%
21%
51%
Arrêt cardiaque
21%
22%
21%
21%
Mortalité
25%
7%
7%
18%
Sauder P. Intoxications aiguës. Elsevier, 1999
SDRA associé à une intoxication par vérapamil
Patient sans trouble de conscience non intubé
J3
J20
Intoxication par stabilisants de membrane

Les antidépresseurs polycycliques, citalopram et valafaxine

La chloroquine ou la quinine

Les anti-arythmiques de la classe I (quinidine
(quinidine,, cibenzoline,
cibenzoline, flécaïne,
flécaïne,
propafénone)
propafénone)

Certains β-bloquants comme le propranolol,
propranolol, l’acébutolol

La carbamazépine

Le dextropropoxyphène

La cocaïne
>>>>>
Dépolarisation
Imperméable
Liaison toxique
ralentit retour
>>>>
Intoxication avec effet stabilisant de membrane
Tableau clinique
Forme commune:

ECG :
Ondes T plates
Allongement du QT
Bloc intra-ventriculaire
Arythmies ventriculaires, asystolie

Hémodynamique :
Collapsus cardiogénique ± vasoplégique
Forme grave:
 Syndrome métabolique : Hypokaliémie, acidose lactique
 Syndrome neurologique : Coma convulsif
 Syndrome pulmonaire : SDRA retardé  hémorragie alvéolaire
Valeur pronostique de la durée du QRS
au cours de l’intoxication aux antidépresseurs tricycliques
Durée du QRS
ventriculaire
(msec)
< 100
100 - 160
> 160
Risque de convulsions
négligeable
modéré
élevé
Risque d’arythmie
négligeable
négligeable
élevé
Boehnert MT. N Engl J Med 1985 )
L
Valeur
/ pronostique de la concentration de flécaïne
àe l’gadmission au cours des intoxications aiguës
d m
i (
n
Relationship Between Plasma
i s
Flecainide Concentration and
a n
Outcome
c o
e i 10
Assistance circulatoire
l t
9
F a
8
r
7
a t
6
mn
5
s e
4
a c
3
l n
2
P o
1
C 0
Survivors
Fatalities
Outcome of Acute Poisonings
Intoxication avec effet stabilisant de membrane
Aspects ECG
Aspects de syndrome de Brugada
A la découverte:
Après perfusion
de bicarbonates molaires:
Incidence: 15% parmi 98 intoxications graves aux ADT
Disparition lorsque [ADT] < 1 µmol/l
Goldgran-Tolédano D. NEJM 2002
Intoxications par les digitaliques
Blocage de la pompe Na/K - ATPase membranaire
Circonstances: surdosage thérapeutique > suicide
• Nausées et vomissements constants
• Signes visuels moins fréquents
• Confusion possible
• Collapsus rare : choc cardiogénique, infarctus mésentérique
• Troubles du rythme et de conduction
- Cupule digitalique, QT court,
- BAV
- ESV bigéminés ou multifocales
- Combinaison effets inhibiteurs (bradycardie, bloc sinusale ou
BAV) + excitateurs (rythme jonctionnel accéléré, ESV)
- Asystolie
- FV
Intoxication par les carbamates
• Coma calme hypotonique
• Parfois: coma hypertonique (10%), mydriase, syndrome pyramidal
• Collapsus dose-dépendant à QRS fins:
- hypovolémique
TK:
- vasoplégique
pour concentrations ≤ 150 mg/l
- cardiogénique
pour concentrations > 150 mg/l
Élimination inchangée
Métabolisme hépatique inactivateur variable
Intoxication par la colchicine
Mécanisme du choc et pronostic
Sauder et al. Hum Toxicol, 1983
Intoxication par la venlafaxine
Modélisation PK/PD de la toxicité cardiaque
0.5
0.4
E0
0
Emax
0.78 µg/kg/min
EC50
23.9 µmol/l
Hill coefficient 1.79
R2
0.99
0.3
0.2
0.1
Zone thérapeutique: 0.25-0.85 µmol/l
0.0
0
5
10
15
20
25
30
Plasma venlafaxine concentration (µmol/l)
Hypothèse: Métaboliseur CYP 2D6 lent
Mégarbane B. Intensive Care Med 2006
Intoxication par la cocaïne
Variabilité du métabolisme pour expliquer la cardiotoxicité
J Pharm Exp Ther 1994
Intoxication par le cyanure
Présentation clinique
Neurologique
Respiratoire
Vertiges
Agitation
Anxiété

Confusion

Coma
+
Convulsions
Polypnée

Apnée
centrale
+
Œdème
pulmonaire
Cardiovasculaire
Métabolique
HTA

Choc

Arrêt
cardiaque
 glucose
 Lactate
Acidose métabolique
Rhabdomyolyse
Insuffisance rénale
Intoxication par le cyanure
Valeur prédictive des lactates au cours des
inhalations de fumées d’incendie
Sen: 87 % - Spe:
Spe: 94 % - VPP: 95 %
Baud F et al. N Engl J Med 1991
Prise en charge
des intoxications par cardiotropes
Traitements conventionnels




Intubation et ventilation assistée :
– Coma
– Convulsions
– Collapsus
– Détresse respiratoire
Remplissage vasculaire
– 1 000 ml de cristalloïde ou colloïde
Alcalinisation
– Bicarbonate molaire : 250 ml avec 2 g de KCl
si Collapsus + QRS ≥ 0,12 s
à renouveler 3 fois si nécessaire
Catécholamines
– Adrénaline : débuter par 1 mg/h
– Mais aussi: dopamine, dobutamine,
dobutamine, noradrénaline, isoprénaline
Indication des sels molaires de sodium
Pas d’études contrôlées randomisées
Schéma: Bicarbonates 84‰ 250 ml + KCl 2g <750 ml, pH 7,45-7,55
Na+ +
Bicarbonate ! !
!
de sodium molaire
HCO3Elévation pH
Cathécholamines
Ca2+
Xb
Milieu
extracellulaire
Xb
!-récepteur
Récepteur
au Xb (?)
Membrane
plasmique
Adénylate
Cyclase
Canal
Na+ / Ca2+
Canal Na+
Milieu
intracellulaire
Xb
Xb
Na+
AMPc
Na+
Elévation du Ca2+
Sasyniuk J. J Pharmacol Exp Ther 1984
Protocoles codifiés: intoxication à la nivaquine
DSI
Grave
> 4 g ou
PAS
d QRS
< 100 mmHg ou > 0,10 s
Intermédiaire 2 < DSI < 4 g et > 100 mmHg et < 0,10 s
Bénigne
< 2 g et
> 100 mmHg et < 0,10 s
Clemessy JL, et al. Crit Care Med 1996, 24 : 1189-95
Intoxication grave :
 Remplissage
 Adrénaline 0,25 µg/kg/min à augmenter par paliers de 0,25
µg/kg/min pour PAS ≥ 100 mHg
 Intubation et ventilation mécanique
 Diazépam 2mg/kg en 30 min puis 2-4 mg/kg/24h
Riou B. N Engl J Med 1988
Quelle catécholamine choisir ?
- adrénaline versus dobutamine F, 17 ans, intoxication sévère par propranolol
Sédation + ventilation mécanique + FiO2 100%
Adrénaline 1,5 mg/h
PA
S
D
M
93
64
75
POD
7
PAP
S
27
D
19
M
23
PAPO
17
Index cardiaque
1.4
Résistances systémiques 50.3
Dobutamine 15 µg/kg/min
56
33
43
6
19
11
15
13
1,8
20,3
30 min plus tard
mmHg
mmHg
mmHg
cmH20
cmH20
cmH20
cmH20
cmH20
l/min/m2
UI
Baisse dramatique en PA...
Place de la décontamination digestive
et du traitement épurateur
- Charbon activé: dans les 2 heures suivant l’ingestion
- Doses répétées de charbon: formes LP
- Hémodialyse: intérêt limité car
• Liaison protéique élevée
• Volume de distribution élevé
• Liposolubilité
• Clairance endogène élevée
Suspicion d’intoxication par β-bloquant
Place des antidotes (1)
Dobutamine,
isoprénaline et
glucagon pour les
bêta-bloquants:
glucagon
+
Récepteur
Glucagon
β-bloquant
(FC <60 /min et/ou PAS <100 mmHg)
Atropine 0.5 mg IV bolus
(si FC < 60 /min)
Remplissage 500 - 1000 ml
(si PAS < 100 mmHg)
Échec des traitements symptomatiques
Dobutamine 5 - 20 µg/kg/min
Isoprénaline 1 - 5 mg/h (Sotalol)
Si bradycardie
Glucagon 5-10 mg IV bolus
2-5 mg/h perfusion continue
Adrénaline 0,5 - 10 mg/h
?
EES
Traitements d’exception (assistance)
Place des antidotes (2)
pour les inhibiteurs calciques
• Sels de calcium (chlorure ou gluconate): 1 g IV bolus /15-20 min
pour un total de 4 doses suivi par 20-50 mg/kg/h
• Insuline euglycémique: 1 UI/kg IV bolus suivi par 0,5 UI /kg/h [0,1 –
10] + glucose adéquat
Yuan TH. J Toxicol Clin Toicol 1999
Boyer EW. N Engl J Med 2001
Greene SL. Intensive Care Med 2007
Mécanismes :
• Blocage insulino-sécrétion pancréatique
• Résistance systémique à l’insuline
• Réduction la captation des acides gras
• Dysfonctionnement de l’oxydation des lactates
Kline JA. Toxicol Appl Pharmacol 1997
Limites du traitement par insuline + glucose
au cours des intoxications par inhibiteurs calciques
Dans des cas d’intoxications graves, l’insuline euglycémique a permis une
stabilisation cardiovasculaire, une diminution des doses de catécholamines
et une survie.
Néanmoins dans notre expérience, ce traitement n’est pas constamment
efficace.
Mégarbane B. Toxicol Rev 2006
3 cases d’intoxications sévères au diltiazem
F 55 ans, 32 g: échec de 90 UI bolus suivi par 1 UI/kg/h
survie
F 58 ans, 7.2 g: échec de 10 UI bolus suivi par 0,5 UI/kg/h
décès
F 36 ans, 3.4 g: échec de 0,2 UI/kg/h
végétatif
Cumpston K. J Toxicol Clin Toxicol 2003 (abstract)
Place des antidotes (3)
pour les digitaliques
• L’efficacité clinique des Fab anti-digitaliques est suffisamment prouvée
pour abandonner l’utilisation de l’EES.
• Une neutralisation équimolaire est recommandée si présence d’un seul
facteur péjoratif suivant: arythmie ventriculaire (FV ou TV), bradycardie
sévère <40 /min résistante à 1 mg d’atropine IV, kaliémie > 5,5 mmol/l,
choc cardiogénique ou infarctus mésentérique.
• Une neutralisation semi-molaire est recommandée en présence d’au
moins trois des facteurs suivants: sexe masculin, cardiopathie
préexistante, âge >55 ans, BAV quelque soit le degré, bradycardie <50
/min et résistante à 1 mg d’atropine IV ou kaliémie >4,5 mmol/l.
Conférence d’Experts SRLF 2006
Place des antidotes (3)
pour les digitaliques
Calcul de la quantité de digitalique dans l’organisme:
A partir de la dose supposée ingérée (DSI)
Q =
F x
DSI
(mg)
(%)
(mg)
Avec F : biodisponibilité de la digoxine = 60 %
et biodisponibilité de la digitoxine = 100 %
A partir de la concentration plasmatique
Q
=
[]
x
Vd
x
P
x
10-3
(mg)
(ng/ml)
(l/kg)
(kg)
avec Vd : volume de distribution de la digoxine = 5,61 l/kg et Vd de
la digitoxine = 0,56 l/kg ; P : poids du patient
Calcul du nombre de flacons : 1 flacon (80 mg) neutralise 1 mg
Place des antidotes (4)
pour le cyanure
EDTA
(Kelocyanor®)
Hydroxocobalamine
(Cyanokit®)
Efficace
Efficace
Tolérance médiocre
Tolérance bonne
Hypo- et hypertension
Tachycardie
Nausées / vomissements
Diarrhée
Réactions anaphylactoïdes
Réactions allergiques rares
Coloration rouge du patient et des urines
Effets d'autant plus sévères que
le patient n'est pas intoxiqué ...
Dose : 5 g renouvelable
Traitements spécifiques (5)
pour la cocaïne
- Circonstance: Rupture d’une boulette chez un body-packer
- Tableau: Phases arythmie ventriculaire + hypotension / HTA
- Indication formelle au retrait chirurgical des boulettes
- Intérêt du labétolol (αβ-bloquant)
- Éviter les β-bloquants non cardiosélectifs
Décès des intoxications malgré les traitements optimaux ...
Toxique
N
Mortalité
Chloroquine
63
27%
Antidépresseurs
40
28%
Bêta-bloquants
23
22%
Flécaïne
8
50%
Inhibiteurs calciques
50
13%
Mode de décès: - Fibrillation ventriculaire
- Asystole
- Choc réfractaire
- Anoxie cérébrale
- Complications de réanimation
Objectifs de l’assistance circulatoire
• Suppléer la défaillance cardiaque, en mettant le cœur en situation de
travail minimum et en assurant une perfusion tissulaire adéquate,
jusqu’à la récupération fonctionnelle myocardique.
• Assurer une perfusion tissulaire adéquate permettant de maintenir
l’élimination hépatique et/ou rénale du toxique et donc la réduction de
sa concentration dans les organes cibles.
Mais
• Ni la faisabilité en réanimation
• Ni l’efficacité
• Ni l’innocuité
Ne sont
pas connues
Intérêt de l’assistance circulatoire
Données expérimentales
Cinq études expérimentales suggèrent l’efficacité de l’assistance
circulatoire dans les intoxications par antidépresseurs ou
cardiotropes dont trois avec groupe contrôle démontrent
l’efficacité.
Modèle
Chien intoxiqué
par la lidocaïne
Vivants (Tt / Contrôle)
8/8 versus 2/8
Porc anesthésié intoxiqué
par amitriptyline
9/9 versus 0/9
Chiens intoxiqués par
desipramine
6/6 versus 1/6
Référence
Freedman MD. Eur J Clin
Pharmacol 1982;223:129
Larkin GL. Ann Emerg Med
1984;23:480
Martin TG. Vet Hum Tox
1990;32:349
Problématique du traitement d’exception
Publications: 30 cas rapportés de 1981 à 2006, dont 1 série de 6 cas
Quels patients doit-on assister ?
Nombreux écueils :
Indications
Trop tardive : risque d’encéphalopathie anoxique ou de défaillance
multiviscérale
Trop facile : patients qui auraient guéri avec un traitement médical
bien conduit
Définition du choc cardiogénique réfractaire en cas
d’intoxication avec effet stabilisant de membrane
N = 137
Hypotension (PAS ≤ 90 mmHg) malgré :
Remplissage adéquat ≤ 1000 ml
+ Bicarbonates 8,4% ≥ 375 ml
+ adrénaline≥ 3 mg/h (glucagon ≥ 5 mg/h si β-bloquant)
+
Défaillance respiratoire: PaO2/FiO2 ≤ 150 mmHg sous VM + sédation
Défaillance rénale: diurèse ≤ 20 ml/h ou créatinine ≥ 120 µM (H) ou 90 µM (F)
L’origine cardiogénique du choc est confirmé en échocardiographie (FRS <30%) ou
cathéterisme cardiaque droit (index cardiaque ≤ 2,5 l/min/m2 + PAPO ≥18 mmHg)
Classification de 137 patients avec intoxication grave par
stabilisants de membrane en fonction de l’évolution et de
la validation des critères
Sensibilité: 97%
Spécificité: 86 %
Critères +
Critères -
Patients vivants
3
96
99
Patients décédés
33
5
38
Total
36
101
Mortalité en réanimation: 28%
137
Définition du choc cardiogénioque réfractaire en cas
d’intoxication aux inhibiteurs calciques
N = 50
A- Choc: PAS <90 mmHg malgré un remplissage adapté (>1 000 ml) et une
perfusion de catécholamines (adrénaline + noradrénaline) ≥ 8 mg/h
B- Trouble de la conduction avec une durée des QRS ≥ 90 msec
C1- Défaillance rénale: créatinémie ≥ 150 µmol/l
C2- Défaillance respiratoire: PaO2/FiO2 ≤ 150 mmHg
A + B + C1
ou
A + B + C2
Classification de 50 patients avec intoxication
symptomatique par inhibiteurs calciques en fonction de
l’évolution et de la validation des critères
Patients vérifiant
les critères
Patients ne vérifiant pas
les critères
Total
Patients vivants
1
41
42
Patients décédés
8
0
8
Total
9
41
50
Spécificité : 100%
Mortalité en réanimation: 16%
Sensibilité : 98%
Cas clinique (1)
F 50 ans
H0 : ingestion de RYTHMOL® (30 cp, 9 g)
H1 : GCS 4 + FC 50/min + PA imprenable + BAV III
IOT + isoprénaline + lactate Na (250 ml) + bicar 14‰ (1000 ml)
En Réanimation :
Coma calme puis convulsions (Rivotril puis Penthotal®)
PA à 90/50 mmHg , FC 79/min
ECG : BSA / BAV I, QRS à 140 ms, BBD, Brugada
Bio : alcalose métabolique (pH = 7,66 ; RA = 42 mM)
PaO2/FiO2 : 246, lactates : 3 mM, créatinine : 57 µM,
anémie normocytaire (Hb = 12g/dl)
concentration de propafénone : 2,9 mg/l (N < 1 mg/l)
Choc cardiogénique (FEVG : 35%, DC : 2,2 l/min)
malgré adrénaline jusqu’à 5 mg/h et bicarbonate 84‰
Canulation chirurgicale des vaisseaux fémoraux
1
2
3
4
5
6
Arcade fémorale
Artère fémorale
Veine fémorale
Mégarbane B. Intensive Care Med 2007
Assistance circulatoire en réanimation médicale
Shunt
fémoral
superficiel
Canule artérielle
Canule veineuse
Babatasi G. Arch Mal Cœur Vx 2001
Cas clinique (2)
H3 :
Dégradation rénale rénale : oligurie et créatinine à 107µmol/l
Dégradation respiratoire : rapport PaO2/FiO2 à 134 mmHg
H7 :
Assistance circulatoire avec canulation fémorale
Anticoagulation par héparine
Débit de 3,5 l/min avec 2800 tours/min.
Dobutamine :: 10 µkg/min
H12 : Dissociation électromécanique
H48 : Décanulation
J4 :
J8 :
J22 J22 :
M6:
Pneumonie nosocomiale à P. aeruginosa
Extubation
Retour au domicile
Qualité de vie parfaite
Cas clinique (3)
Une mydriase non réactive n’est pas une raison
suffisante pour ne pas proposer une assistance
Mydriase initiale aréactive
Pupilles photo-réactives
À l’admission
Après assistance
Cas clinique (4)
H3
H4
H12
H24
J2
J3
Q spontané (l/min)
1,9
1,9
0
2,5
4,5
5,7
FEVG (%)
35
35
0
45
50
50
Q assistance (l/min)
-
-
3,5
3,5
3
0
SvO2 (%)
45
60
73
79
79
-
Lactates (mmol/l
(mmol/l))
8,3
-
4,6
1,8
0,9
0,9
Adré (mg/h)
5
5
5
0,1
0
0
Dobu (µ/kg/min)
0
0
10
10
10
5
Cas clinique (5)
Ioxicocinétique de la propafénone
- Demi-vie d’élimination:
- Volume de distribution:
- Clairance:
30 h
(pharmacologie: 4 h)
151 l/kg
262 l/h
4
10.00
3
1.00
Peripheral ECLS
Peripheral ECLS
2
0.10
1
0.01
0
0
10
20
30
40
50
60
70
Time (h)
80
90
100
110
120
0
10
20
30
40
50
60
70
Time (h)
80
90
100 110
120
Les complications circulatoires
• La survenue d’un collapsus ou d’un choc est une complication
redoutable. La connaissance du mécanisme en cause (hypovolémie,
vasodilatation, altération de la contractilité) est fondamentale pour un
traitement adapté. Elle justifie, dans les cas les plus sévères, la
réalisation d’explorations hémodynamiques invasives ou non. [Accord
fort]
• En cas d’échec des thérapeutiques conventionnelles, en cas d’arrêt
circulatoire persistant ou de choc réfractaire, le recours à une
assistance circulatoire doit être discuté. [Accord fort]
Conférence d’Experts SRLF 2006
Nouveaux antidotes pour le choc vasoplégique réfractaire
Vasopressine (0,1 UI/kg/min) : Amélioration transitoire PAM mais réduction de survie dans
un modèle de porc.

Cas cliniques avec succès.
 Terlipressine (0,05 µg/kg/min): Un cas clinique avec succès
Barry JD. J Toxicol Clin Toxicol 2003
Leone M. J Crit Care 2005
Kanagarajan K. Clin Toxicol 2007
Ter Wee PM, et al. Hum Toxicol 1985
 4-aminopyridine (2 mg/kg/h IV): amélioration FC et PAM dans un modèle de rat intoxiqué
au vérapamil mais risque convulsions et hypersécrétion bronchique.
bronchique.
Tuncok Y. J Toxicol Clin Toxicol 1998
2 cas cliniques avec succès dont 1 avec isoprénaline
Ter Wee PM. Hum Toxicol 1985
Wilffert B. JCPT 2008
3,4-diaminopyridine (5 mg/kg/h IV): amélioration PAM et fonction cardiaque dans un
modèle de porc intoxiqué au vérapamil mais complications (fasciculations musculaires,
tachycardie, hypertension) sans amélioration de la survie.

Plewa MC. Ann Emerg Med 1994
Conclusions :




Les intoxications par cardiotropes graves sont en augmentation. Leur
mortalité, notamment pour les inhibiteurs sodiques et calciques, reste
élevée et difficile à prévenir.
Le mécanisme de la défaillance circulatoire est essentiel à déterminer.
L’objectif de la prise en charge est d’améliorer la perfusion tissulaire et
non de normaliser l’hémodynamique.
Le traitement est essentiellement basé sur les mesures symptomatiques
et les antidotes.
L’assistance circulatoire pourrait représenter l’unique alternative pour les
patients en choc ou ACR réfractaire. L’identification précoce de facteurs
prédictifs du décès et spécifiques du toxique pourrait être décisive.
Le bénéfice définitif de cette technique reste encore à valider.
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