La Lettre du Cardiologue • n° 461-462 - janvier-février 2013 | 23
DOSSIER THÉMATIQUE
vasopresseur intraveineux, éventuellement ballon de
contre-pulsion intra-aortique, ventilation mécanique ou
ventilation en pression positive continue), sous couvert
d’un monitorage de la diurèse et du débit cardiaque.
Les inotropes sont à éviter autant que possible dans
les myocardiopathies hypertrophiques.
Myocardiopathie hyperadrénergique
Les myocardiopathies hyperadrénergiques, syndrome
de Tako-Tsubo ou syndrome de ballonisation apicale,
représentent une entité fréquente et maintenant
souvent reconnue grâce au dosage habituel des tropo-
nines et la réalisation d’échocardiographies periopé-
ratoires (6). La présentation d’une myocardiopathie
hyperadrénergique postopératoire réunit toutes les
caractéristiques d’un syndrome coronarien aigu (SCA).
De nombreux cas ont été décrits dans le contexte
périopératoire. Environ 38 % des cas de syndrome
de Tako-Tsubo apparaissent dans un contexte de
maladie sévère ou de chirurgie. Cette myocardio-
pathie touche préférentiellement les femmes. Les
anomalies électriques sont très fréquentes ; elles
comportent un sus-décalage du segment ST touchant
de façon préférentielle les précordiales (élévations
moins importantes que dans les cas de SCA ST+),
évoluant vers des ondes T négatives et des ondes Q
transitoires évoquant un SCA et faisant réaliser une
coronarographie qui s’avérera normale. La troponine
est fréquemment élevée dans ces syndromes ; elle
est proportionnellement moins élevée que ne le
voudraient les anomalies segmentaires. L’échocar-
diographie pourra aider au diagnostic en montrant
des anomalies de cinétique apicales ou, plus rarement,
médioventriculaires. Le risque de décès est faible (de
1 à 3 %), et le traitement est essentiellement symp-
tomatique, avec une récupération spontanée en 1 à
3 mois. Il repose sur le remplissage, éventuellement
sur des bêtabloquants en cas d’obstruction de la
chambre de chasse, ou sur des agents vasoconstric-
teurs, ou éventuellement inotropes, avec un éventuel
recours à un ballon de contre-pulsion. Le mécanisme
est mal connu ; il est possible qu’en regard de l’état
hyperadrénergique, des spasmes transitoires des vais-
seaux épicardiques soient en cause.
Syndrome coronarien aigu
◆Définition des infarctus du myocarde
périopératoires
Les infarctus de type 1 correspondent à des obstruc-
tions coronaires thrombotiques par rupture de
plaque athéromateuse ; les infarctus de type 2 sont
plus souvent révélateurs de l’intensité du stress
périopératoire et d’un myocarde rendu plus vulné-
rable par des sténoses coronaires sur un ou plusieurs
troncs et une ischémie chronique. On estime que
les infarctus du myocarde non connus représentent
environ 50 % des infarctus du myocarde périopé-
ratoires lorsque les cliniciens se fient uniquement
à la symptomatologie. Environ 14 % des patients
présentant un infarctus du myocarde postopé-
ratoire ont des douleurs thoraciques, et environ la
moitié, des signes cliniques d’ischémie. La détection
des infarctus du myocarde postopératoires repose
essentiellement sur le dosage postopératoire de la
troponine I.
◆Conduite à tenir face à un infarctus du myocarde
avec élévation du segment ST (SCA ST+)
Prise en charge médicale des SCA ST+ post-
opératoires
Les SCA postopératoires avec élévation du segment
ST doivent systématiquement faire l’objet d’une
réflexion sur une revascularisation précoce dans un
centre spécialisé, en tenant compte du risque hémor-
ragique postopératoire (tableau). L’équilibre entre
le risque hémorragique et le risque thrombotique
est parfois difficile à apprécier. En postopératoire,
une coronarographie avec angioplastie est souvent
possible (7), mais, du fait du syndrome inflammatoire
postopératoire, un risque de thrombose de stent
existe, majoré par la difficulté à mettre en place un
traitement antiagrégant ou anticoagulant optimal
postopératoire. Le délai entre l’apparition de l’in-
farctus et la revascularisation doit être le plus court
possible, idéalement inférieur à 12 heures. Après
12 heures, il n’y a pas de consensus sur le bénéfice
d’une revascularisation. Cependant, même après un
délai de 12 heures, la question doit être systématique-
ment posée et discutée de façon multidisciplinaire,
avec des équipes de cardiologie spécialisées pouvant
prendre en charge des patients 24 h/24, 7 jours/7.
Traitements antiagrégants et anticoagulants
➤Devant l’apparition d’un SCA ST+, il est recom-
mandé de prescrire de l’aspirine à tous les patients
le plus précocement possible. L’aspirine doit être
donnée per os à la posologie de 160 à 325 mg, ou par
voie intraveineuse à la posologie de 250 à 500 mg.
➤
Un traitement par héparine pourra être instauré
lors de l’angioplastie. Seul l’héparinate de sodium
au pousse-seringue électrique, qui peut être anta-
gonisé par du sulfate de protamine, pourrait être
recommandé dans ce contexte.