CHIMIE ORGANIQUE 1 S5-Lcence Chimie CHIMIE ORGANIQUE 1 A. ATMANI U.TLEMCEN 28/11/2013 2013-2014 UNIVERSITE DE TLEMCEN K 85,5 Be 9,0 132,9 Sr 87,6 56 137,3 Strontium 38 Calcium Ca 20 40,1 Magnésium 24,3 Béryllium 12 4 (223) Radium (226) 6 Hf 178,5 7 6 Actinium Rutherfordium Rf Hafnium 72 Zirconium 91,2 Titane Ti 47,9 V 92,9 25 95,9 W 183,8 Tungstène 74 Molybdène 42 Chrome (98) Fer Rhénium 186,2 190,2 Osmium 76 102,9 77 Ir Iridium 192,2 Rhodium 45 Cobalt 58,9 106,4 78 140,1 11 30 Zinc 65,4 27,0 Al Bore B 10,8 Thorium Protactinium Th Pa 231,0 144,2 U Uranium 112,4 Nonmétaux 150,4 Élément gazeux** Métaux alcalins Uut* 157,4 (247) (277) 158,9 (247) Berkélium 97 Terbium 65 Copernicium 112 Halogènes Gaz rares Curium 96 Gadolinium 64 Métaux pauvres *non reconnu à ce jour par l’UICPA Élément artificiel (243) Métaux Métaux de alcalinoLanthanides Actinides transition terreux **Dans des conditions normales de température et de pression 0oC, 1 atm Élément liquide** 95 Europium 152,0 Américium (244) 63 Darmstadtium Roentgenium Plutonium 94 Samarium 62 Meitnerium (272) Mercure Tl 204,4 Indium In 114,8 Gallium C 14 12,0 Si 162,5 Cf (251) Californium 98 Dysprosium 66 Ununtrium 164,9 N P 31,0 Azote 14,0 Sb 121,8 Bi (288) 167,3 S Se Po (292) 168,9 Thulium 69 Ununhexium 116 Polonium (209) Tellure 127,6 Te 52 Sélénium 79,0 Soufre 32,1 I (292) 173,0 Ytterbium 70 Ununseptium 117 Astate (210) Iode 126,9 At 85 53 Brome Br 79,9 Chlore 35,5 F Fluor 19,0 Cl 35 17 9 17 4,0 71 Lutétium 175,0 Ununoctium 118 (294) Radon (222) Xénon Rn 86 131,3 Xe 54 Krypton 83,8 Kr 36 Argon 39,9 Néon Ar 18 Ne 20,2 Hélium 18 He 10 2 Mendélévium Nobélium Lawrencium 2/01/12 17:16:00 http://www.science.gouv.fr Fermium 100 (257) 101 (258) 102 (259) 103 (260) Erbium 68 Ununpentium 115 Bismuth 16,0 O 16 Oxygène 34 16 8 83 209,0 84 Antimoine 51 Arsenic 33 74,9 Phosphore 15 7 15 Es Fm Md No Lw (254) Einsteinium 99 Holmium 67 Ununquadium (289) Plomb 207,2 Pb 82 Étain 118,7 Sn 50 Germanium 72,6 Silicium 28,1 Carbone 32 14 6 113 (284) 114 Thallium 49 80 200,6 81 Cadmium 48 Np Pu Am Cm Bk (237) Neptunium Élément solide Famille (145) Prométhium 61 Hassium 92 238,0 93 Néodyme 60 Bohrium 111 Or 197,0 Argent 107,9 Au Hg 79 47 Cuivre 31 69,7 Aluminium 13 5 13 Cu Zn Ga Ge As 29 63,5 12 Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu 140,9 Praséodyme 59 Seaborgium 90 232,0 91 Cérium Ce 58 Dubnium (272) Platine Pt 195,1 Palladium 46 Nickel 58,7 Ni 28 Famille Co 27 10 Masse molaire atomique (g.mol-1) 9 Ru Rh Pd Ag Cd 101,1 Ruthénium 44 26 55,8 Re Os 75 Technétium 43 Manganèse 54,9 M Cr Mn Fe 24 52,0 Nom X 8 Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Uut* Uuq Uup* Uuh Uus* Uuo Tantale Ta 180,9 Niobium 73 41 Vanadium 23 50,9 Symbole atomique Z 7 Zr Nb Mo Tc 40 22 5 Numéro atomique 4 89 (227) 104 (261) 105 (262) 106 (266) 107 (264) 108 (269) 109 (268) 110 Lanthane 138,9 La 57 Y 88,9 Yttrium 39 Ra Ac 88 Baryum Sc 45,0 Scandium 21 3 Dmitri Ivanovitch Mendeleïev (1834 – 1907) est un chimiste russe connu pour ses travaux sur la classification périodique des éléments. En 1869, il publia une première version de son tableau périodique des éléments appelé aussi tableau de Mendeleïev. Il déclara que les éléments chimiques pouvaient être arrangés selon un modèle qui permettait de prévoir les propriétés des éléments non encore découverts. Francium Fr 87 Césium Cs Ba 55 Rubidium Rb 37 Potassium 39,1 Sodium 23,0 Li Lithium 6,9 2 Na Mg 19 11 3 1,0 Hydrogène H 1 Tableau_Mendeleiev_2011.indd 1 7 6 5 4 3 2 1 1 Colonne TABLEAU PÉRIODIQUE DES ÉLÉMENTS opixido Table des matières Table des matières i 1 LES ALCANES 1.1 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Isoméries . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3 Propriétés physiques . . . . . . . . . . . 1.4 Propriétés spectrales . . . . . . . . . . . 1.5 Réactions chimiques des alcanes . . . . . 1.6 Synthèse des alcanes et des cycloalcanes 1.7 Exemples d’alcanes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 4 5 6 17 27 28 2 LES ALCÈNES 2.1 Nomenclature . . . . . . . . . . 2.2 Structure et propriétés physiques . 2.3 Propriétés spectrales . . . . . . . 2.4 Préparation des alcènes . . . . . . 2.5 Réactivité et stabilité . . . . . . . 2.6 Réactions d’oxydations . . . . . 2.7 Substitution en α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 34 34 35 42 46 65 69 3 LES ALCYNES 3.1 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Propriétés physiques et spectroscopiques 3.3 Acidité des alcynes terminaux . . . . . . 3.4 Réactions des alcynes . . . . . . . . . . 3.5 Exemples d’alcynes importants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 76 77 82 83 90 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i Chapitre 3 LES ALCYNES 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . Propriétés physiques et spectroscopiques Acidité des alcynes terminaux . . . . . . Réactions des alcynes . . . . . . . . . . Exemples d’alcynes importants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 77 82 83 90 Figure 3.1 – Le but-2-yne es alcynes, ou composés acétyléniques, sont des produits qui possèdent une triple liaison, c’est-à-dire une liaison σ et deux liaisons π. Leur formule générale est Cn H2n−2 , à savoir la même que celle des cycloalcènes. L 3.1 Nomenclature De même que les alcènes, les alcynes se nomment en remplaçant la terminaison -ène par la terminaison -yne et que la position de la triple liaison dans la chaîne principale est indiquée par un nombre. Le plus petit alcyne, fait exception et s’appelle acétylène. 76 Propriétés physiques et spectroscopiques 3.2 3.2.1 77 Propriétés physiques et spectroscopiques Propriétés physiques Les alcynes sont caractérisés par des points d’ébullition très semblables à ceux des alcènes et des alcanes correspondants. L’acétylène a un comportement insolite en sens que cette molécule n’a pas de point d’ébullition sous la pression atmosphérique ; en fait, elle sublime à -84˚C. Le propyne (Peb = -23,2˚C) et le 1-butyne (Peb = 8,1˚C) sont gazeux à la température ordinaire, les autres termes sont liquides, puis solides, à mesure que leur poids moléculaire augmente. Propriétés physiques Alcane Peb˚C Alcène P eb˚C Alcynes Peb ˚C Ethane Propane Butane Pentane Hexane -88.6 -42.1 -0.5 36.1 68.7 Ethylène Propène But-1-ène Pent-1-ène Hex-1-ène -104 -47 -6.5 30 63.5 Acétylène Propyne But-1-yne Pent-1-yne Hex-1-yne -84 -23.2 8 39 71 Il faut manipuler les alcynes avec précaution, car ils polymérisent très facilement, souvent de manière violente. L’acétylène explose sous pression mais on peut cependant le transporter sans danger sous forme de solution dans l’acétone dans des bonbonnes à gaz qui contiennent une matière 78 LES ALCYNES de remplissage de nature poreuse (ponce). Par analogie avec les alcènes, le caractère relativement important des orbitales hybrides du carbone des alcynes substitués amène ceux-ci à présenter des moments dipolaires, excepté lorsqu’ils sont symétriques. 3.2.2 Propriétés spectroscopiques 1. RMN du 1 H Les absorptions en RMN du 1 H des hydrogènes liés à un atome de carbone hybridé en sp se situent à des valeurs de δ comprises entre 1,7 et 3,1 ppm. Pourquoi l’hydrogène d’un alcyne terminal est-il aussi blindé, de toute évidence, l’effet électronique responsable de l’absorption à bas champ des hydrogènes alcéniques est dune manière ou dune autre annulé chez les alcynes. L’explication de cette observation est liée au nuage électronique de forme cylindrique qui entoure l’axe moléculaire de la triple liaison (figure) et qui est responsable d’un type différent du mouvement électronique. Lorsque l’axe de la molécule d’alcyne est parallèle au champ magnétique extérieur, H0 , les électrons peuvent cir- Propriétés physiques et spectroscopiques 79 culer de façon telle que, par rapport à cet axe, leur mouvement s’oppose à H0 dans le voisinage de l’hydrogène alcynique (figure : cône d’anisotropie). Il en résulte un intense effet de blindage. Dans le cas d’un proton situé en α de la triple liaison, il subit l’effet de celle-ci et donc subit un léger déblindage. Il faut noter par ailleurs, que le déblindage observé dû à une fonction alcyne, est plus important qu’avec une fonction alcène. Constantes de couplages 2. RMN 13C Pour un carbone de type sp (une triple liaison), le déplacement chimique observé se situe entre 65 et 90 ppm, qui est tout à fait à l’écart des déplacements chimiques des atomes de carbone des alcanes et des alcènes analogues. Déplacements chimiques typiques des alcynes en RMN du 13 C. 80 LES ALCYNES 3. Spectroscopie IR Les régions du spectre infrarouge C et du lien C C H. Le spectre de la figure 3.2 illustre les élongations du lien C −1 • Alcynes internes : Bande peu ou pas visible (lien non polarisé) entre 2260 et 2190 cm . • Alcynes terminaux : Bande plus forte entre 2140 et 2100 cm−1 . • La conjugaison avec un groupe carbonyle polarise cette liaison et accroît son intensité. Figure 3.2 – Spectre IR de l’hex-1-yne C H Élongations du lien C • Bande observable uniquement chez les alcynes terminaux. • Bande étroite et intense entre 3333 et 3267 cm−1 Propriétés physiques et spectroscopiques Déformation angulaire du lien C C 81 H • Bande observable uniquement chez les alcynes terminaux. • Bande large et intense entre 700 et 610 cm−1 . • Un harmonique est souvent visible entre 1370 et 1220 cm−1 . 4. Spectroscopie de masse Comme pour les alcènes, les alcynes montrent un pic très intense pour l’ion moléculaire. Leur fragmentation sont également semblables à ceux des alcènes. L’un des pics les plus prédominant d’un spectre de masse de la plupart des alcynes est celui du cation prop-3-ynyl (propargyl) (m/z 39) ou un cation substitué de propargyl. 82 3.3 LES ALCYNES Acidité des alcynes terminaux Le pKa , c’est-à-dire l’acidité d’un proton acétylénique (les alcynes vrais) se situe aux environs de 25, celui des alcènes se situe vers 44 et celui des alcanes aux alentours de 50. Les alcynes sont donc, plus acides que les alcènes et les alcanes. Ceci explique la forte réactivité des alcynes vrais vis-à-vis des bases fortes comme le butyllithium (BuLi) ou encore l’amidure de sodium (NaNH2 ) en solution dans l’ammoniac liquide en est bien connue. Par contre une base faible comme l’ion hydroxyde (pKa de l’eau = 15, 7) ou même un alcoolate ne transformera pas un alcyne en alcynure. Réactions des alcynes 3.4 83 Réactions des alcynes La réactivité de la triple liaison présente des analogies avec celle de la double liaison, mais, bien que la triple liaison carbone-carbone représente une densité électronique globale supérieure, elle est moins réactive que la double liaison C=C à l’égard des réactifs électrophiles. En effet, la triple liaison est notablement plus courte que la double liaison, le recouvrement des orbitales est donc meilleur, les deux liaisons π sont plus fortes et les électrons π en définitive moins disponibles. Les principales réactions restent les réactions d’addition. 3.4.1 Hydrogénation des alcynes Tout comme les alcènes, l’hydrogène peut s’additionner aux alcynes. Des techniques spéciales sont utilisées pour permettre soit l’obtention d’un alcène ou d’un alcane. Pour atteindre l’alcane, il faut deux équivalents de dihydrogène. 1. Hydrogénation catalytique des alcynes en alcanes Les alcynes réagissent avec l’hydrogène en présence de catalyseurs comme le platine, le nickel ou le palladium. Dans ces conditions, il est difficile d’arrêter la réaction au stade de l’alcène ; puisque les alcènes sont convertis en alcanes dans les mêmes conditions. Cependant, la première molécule d’hydrogène se fixe plus facilement que la seconde, de sorte qu’il est possible d’effectuer une hydrogénation partielle et de transformer sélectivement un alcyne en alcène, sans saturer la double liaison de ce dernier. On obtient ce résultat en utilisant un catalyseur peut actif, tel que le palladium désactivé par divers procédé. 2. Réduction des alcynes en alcènes cis Les alcynes sont réduits en alcanes correspondants par les catalyseurs utilisés pour les alcènes. L’hydrogénation des alcynes peut être stoppée au stade de l’alcène par l’utilisation de catalyseurs spéciaux. Le catalyseur le plus commun est celui de Lindlar. Le palladium catalyseur est rendu moins réactif par traitement avec des sels de plomb et une base organique ; on dit qu’il est empoisonné. Comme pour les alcènes, cette hydrogénation est une addition stéréospécifique syn et par conséquent elle conduit aux alcènes cis, bien que thermodynamiquement l’isomère trans soit plus stable. 84 LES ALCYNES La réduction de Lindlar figure 3.3 montre qu’une double liaison déjà présente dans le substrat de départ n’est pas attaquée par l’hydrogène dans ces conditions. Figure 3.3 – Réduction sélective 3. Réduction des alcynes en alcènes trans En plus des méthodes catalytiques déjà décrites, il existe aussi des méthodes chimiques de réduction des alcynes. Le procédé consiste à faire réagir l’alcyne avec le sodium ou le lithium métallique dans l’ammoniac liquide, milieu réducteur. Ces réactifs n’ont pas d’action sur la double liaison, de sorte que l’on obtient là encore sélectivement l’alcène. L’ammoniac (Peb -33°C) est un gaz à température ambiante, mais il est maintenu liquide en travaillant à des températures assez basses. Pendant que le sodium se dissout dans l’ammoniac liquide, il cède des électrons, qui produisent une couleur bleue intense. C’est ces électrons qui réduisent réellement l’alcyne. La réduction chimique (métal-ammoniac) procède par l’addition d’un électron à l’alcyne pour former Réactions des alcynes 85 un anion radical, suivie de la protonation pour donner un radical neutre. Des protons sont fournis par le solvant ammoniac ou par un alcool utilisé en tant que co-solvant. L’addition d’un autre électron, suivie d’un autre proton, donne le produit. Mécanisme. 3.4.1: Réduction des alcynes en alcènes trans Deux électrons sont arrachés, chacun d’un atome de métal, et transférés à l’alcyne. Le carbanion résultant prélève un proton à l’ammoniac liquide. La réduction est stéréospécifique, elle se produit globalement par addition anti du dihydrogène et conduit donc à l’alcène trans. Comme un alcyne est plus mauvais attracteur d’électrons qu’un aromatique, les électrons réduiraient assez rapidement un alcool ajouté au mélange réactionnel avec libération de H2 . C’est pourquoi dans ce cas l’alcool n’est pas ajouté au milieu. C’est le solvant NH3 , très faiblement acide, qui dans ce cas protonne le radical anion intermédiaire. 3.4.2 Hydracide Deux molécules d’hydracides peuvent s’additionner successivement, dans le sens prévu par la règle de Markovnikov. On obtient donc un dérivé dihalogéné sur le même carbone (gem-dihalogène), mais jamais sur le dernier carbone de la chaîne (sauf pour C2 H2 ). 86 LES ALCYNES Mécanisme. 3.4.2: Addition des hydracides 3.4.3 Hydratation des alcynes en aldéhyde et cétones 1. Hydratation catalysée par les ions mercuriques Par analogie avec l’hydratation des alcènes, l’eau peut s’additionner aux alcynes dans le sens prévu par la règle de Markovnikov, ce qui donne naissance à des cétones par tautomérie des énols intermédiaires. La réaction est catalysée par les ions mercuriques. Mécanisme. 3.4.3: Hydratation des alcynes Réactions des alcynes 87 Transfert d’un proton sur le groupe carbonyle de la cétone conduit à un ion oxonium. Perte de Hg2+ à partir de l’ion oxonium pour donner une forme énolique du produit final. Le tautomérisme de la forme énolique conduit à la cétone. 3.4.4 Hydroboration-oxydation des alcynes Une autre manière de réduire une triple liaison en un alcène cis, et qui ne nécessite pas l’emploi d’hydrogène est l’hydroboration. La réaction d’un alcyne interne avec le borane aboutit à un alcénylborane qui peut être transformé en alcène par de l’acide éthanoïque. La stéréochimie cis de l’alcène qui en résulte est contrôlée par la stéréospécificité syn de la réaction d’hydroboration. Les alcynes terminaux réagissent aussi régiosélectivement avec le borane pour former des trialcénylboranes. Cependant, en pratique, la réaction est difficile à arrêter à ce stade car le groupe alcényl réagit encore avec le borane pour subir une seconde hydroboration. 88 LES ALCYNES Mais, il est possible d’éviter la seconde étape d’hydroboration, en utilisant des boranes stériquement disubstitués. Le di-sec-isoamylborane (sia)2 BH, est l’un des plus couramment utilisé. Il est préparé en traitant le borane avec deux équivalents du 2-méthylbut-2-ène. La réaction de ce dialkylborane stériquement encombré avec un alcyne terminal conduit à une simple hydroboration avec la formation d’un alcénylborane. Tout comme pour l’hydroboration des alcènes dissymétriques, l’addition de (sia)2 BH à un alcyne terminal est régiosélective ; le bore se fixe sur le carbone le moins substitué. Le traitement d’un alcénylborane par le peroxyde d’hydrogène en solution aqueuse d’hydroxyde de sodium donne un produit qui correspond à l’hydratation d’un alcyne ; ceci correspond à l’addition d’un H à un carbone de la triple liaison et le OH sur l’autre comme illustré par l’hydroborationoxydation du but-2-yne. Réactions des alcynes 89 L’hydroboration d’un alcyne terminal par le disiamylborane suivie d’une oxydation en milieu basique peroxyde d’hydrogène conduit à un énol, qui dans ce cas, en équilibre avec l’aldéhyde le plus stable. 3.4.5 Oxydations des alcynes Comme pour les alcènes, l’oxydation des alcynes par le permanganate de potassium en milieu neutre et dans des conditions douces conduit aux α-dicétones. Probablement l’oxydation d’un alcyne terminal dans les mêmes conditions, produit d’abord un céto-aldéhyde, qui s’oxyde rapidement en acide. Dans des conditions basiques ou par chauffage, la dicétone subit un clivage oxydatif. Les produits sont les sels d’acide carboxyliques, qui peuvent être convertis en acide par l’addition d’un acide dilué. De façon similaire, les alcynes terminaux conduisent aux acides carboxyliques et CO2 . 90 LES ALCYNES L’ozonolyse des alcynes permet aussi ce type de clivage. Il y a coupure totale de la triple liaison et les deux fragments résultants sont des acides carboxyliques. On obtient les mêmes produits que l’on utilise l’ozone (un oxydant faible), du nitrate d’hydrogène (un oxydant modéré) ou du permanganate de potassium (un oxydant puissant). Cette méthode permet de déterminer la position de la triple liaison. 3.5 Exemples d’alcynes importants Il existe très peu de produits naturels possédant une fonction alcyne. Les quelques exemples qui existent incluent le capillin, qui possède une activité fongicide, et l’ichthyotherol, un convulsivant employé par les Indiens d’Amazone pour les pointes de flèche empoisonnées. Une classe de composés naturels appelés ènediynes, s’est avérée pour avoir des propriétés antibiotique et anticancéreuse puissantes. Ces composés possèdent tous un cycle à neuf ou dix chaînons qui contient deux triples liaisons séparés par une liaison double. Quelques ènediynes sont courants dans les tests cliniques. Quelques médicaments contiennent des groupes alcyne, mais elles ne sont pas des composés naturels. Elles existent seulement parce que les chimistes ont pu les synthétiser. Leurs noms commerciaux sont montrés en bleu. Exemples d’alcynes importants 91 Pour le chapitre Alcynes vous pouvez aussi consulter , l’excellent ouvrage de A. William Johnson intitulé : Invitation à la chimie, chapitre 7 les alcynes page 230 à l’url suivante : books.google.fr/books?isbn=2744501387 Exercices Exercice 1 Expliquer comment utiliser la spectroscopie IR pour distinguer entre les composés suivants : Exercice 2 Un hydrocarbure inconnu et nauséabond donne le spectre de masse figure 3.4 et le spectre infrarouge figure 3.5. 1. Utiliser le spectre de masse pour proposer une formule moléculaire. Quelle est le degré d’insaturation pour ce composé ? 2. Employer le spectre IR pour déterminer les groupes fonctionnels, le cas échéant. 3. Proposer un ou plusieurs structures pour ce composé. Quelles parties de la structure sont incertaines ? Si vous saviez que l’hydrogénation du composé donne le n-octane, la structure était-elle toujours incertaine ? 4. Proposer les structures pour les fragments principaux à 39, 67, 81, et 95 dans le spectre de masse. Expliquer pourquoi la crête de base est si forte. 92 Exemples d’alcynes importants 93 Figure 3.4 – Spectre de masse Figure 3.5 – Spectre Infra-rouge Exercice 3 Un composé A, traité à chaud par une solution concentrée d’hydroxyde de potassium, donne naissance à un produit B. Celui-ci peut subir une hydrogénation partielle en C. L’action du brome sur C conduit à un mélange racémique D. Ce dernier, en présence d’amidure de sodium dans l’ammoniac liquide, livre un corps E. Le traitement de E par l’eau en présence d’acide sulfurique et de sulfate mercurique, conduit à la butanone. On précise que l’action du pentachlorure de phosphore sur la butanone donnerait A. Donner les formules et les noms de A, B, C, D et E. 94 LES ALCYNES Exercice 4 Comment préparer le cis-2-méthylhéx-4-èn-3-ol, en utilisant des composés ne possédant pas plus de 4 atomes de carbone et tous les réactifs minéraux nécessaires. Exercice 5 Donner les réactifs qui permettent de réaliser les transformations suivantes : Exercice 6 Montrer comment on peut convertir les produits de départ suivants en molécule cible : figure 3.6. Utiliser tous les réactifs nécessaires pour réaliser ces transformations. Figure 3.6 – Préparer la molécule cible suivante