CHIMIE ORGANIQUE 1 A. ATMANI 2013-2014 UNIVERSITE DE TLEMCEN

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CHIMIE ORGANIQUE 1
S5-Lcence Chimie
CHIMIE ORGANIQUE 1
A. ATMANI
U.TLEMCEN
28/11/2013
2013-2014
UNIVERSITE DE TLEMCEN
K
85,5
Be
9,0
132,9
Sr
87,6
56
137,3
Strontium
38
Calcium
Ca
20
40,1
Magnésium
24,3
Béryllium
12
4
(223)
Radium
(226)
6
Hf
178,5
7
6
Actinium
Rutherfordium
Rf
Hafnium
72
Zirconium
91,2
Titane
Ti
47,9
V
92,9
25
95,9
W
183,8
Tungstène
74
Molybdène
42
Chrome
(98)
Fer
Rhénium
186,2
190,2
Osmium
76
102,9
77
Ir
Iridium
192,2
Rhodium
45
Cobalt
58,9
106,4
78
140,1
11
30
Zinc
65,4
27,0
Al
Bore
B
10,8
Thorium
Protactinium
Th Pa
231,0
144,2
U
Uranium
112,4
Nonmétaux
150,4
Élément
gazeux**
Métaux
alcalins
Uut*
157,4
(247)
(277)
158,9
(247)
Berkélium
97
Terbium
65
Copernicium
112
Halogènes Gaz rares
Curium
96
Gadolinium
64
Métaux
pauvres
*non reconnu à ce jour
par l’UICPA
Élément
artificiel
(243)
Métaux
Métaux de
alcalinoLanthanides Actinides
transition
terreux
**Dans des conditions normales
de température et de pression
0oC, 1 atm
Élément
liquide**
95
Europium
152,0
Américium
(244)
63
Darmstadtium Roentgenium
Plutonium
94
Samarium
62
Meitnerium
(272)
Mercure
Tl
204,4
Indium
In
114,8
Gallium
C
14
12,0
Si
162,5
Cf
(251)
Californium
98
Dysprosium
66
Ununtrium
164,9
N
P
31,0
Azote
14,0
Sb
121,8
Bi
(288)
167,3
S
Se
Po
(292)
168,9
Thulium
69
Ununhexium
116
Polonium
(209)
Tellure
127,6
Te
52
Sélénium
79,0
Soufre
32,1
I
(292)
173,0
Ytterbium
70
Ununseptium
117
Astate
(210)
Iode
126,9
At
85
53
Brome
Br
79,9
Chlore
35,5
F
Fluor
19,0
Cl
35
17
9
17
4,0
71
Lutétium
175,0
Ununoctium
118 (294)
Radon
(222)
Xénon
Rn
86
131,3
Xe
54
Krypton
83,8
Kr
36
Argon
39,9
Néon
Ar
18
Ne
20,2
Hélium
18
He
10
2
Mendélévium
Nobélium
Lawrencium
2/01/12 17:16:00
http://www.science.gouv.fr
Fermium
100 (257) 101 (258) 102 (259) 103 (260)
Erbium
68
Ununpentium
115
Bismuth
16,0
O
16
Oxygène
34
16
8
83 209,0 84
Antimoine
51
Arsenic
33
74,9
Phosphore
15
7
15
Es Fm Md No Lw
(254)
Einsteinium
99
Holmium
67
Ununquadium
(289)
Plomb
207,2
Pb
82
Étain
118,7
Sn
50
Germanium
72,6
Silicium
28,1
Carbone
32
14
6
113 (284) 114
Thallium
49
80 200,6 81
Cadmium
48
Np Pu Am Cm Bk
(237)
Neptunium
Élément
solide
Famille
(145)
Prométhium
61
Hassium
92 238,0 93
Néodyme
60
Bohrium
111
Or
197,0
Argent
107,9
Au Hg
79
47
Cuivre
31
69,7
Aluminium
13
5
13
Cu Zn Ga Ge As
29
63,5
12
Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu
140,9
Praséodyme
59
Seaborgium
90 232,0 91
Cérium
Ce
58
Dubnium
(272)
Platine
Pt
195,1
Palladium
46
Nickel
58,7
Ni
28
Famille
Co
27
10
Masse molaire atomique
(g.mol-1)
9
Ru Rh Pd Ag Cd
101,1
Ruthénium
44
26
55,8
Re Os
75
Technétium
43
Manganèse
54,9
M
Cr Mn Fe
24
52,0
Nom
X
8
Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Uut* Uuq Uup* Uuh Uus* Uuo
Tantale
Ta
180,9
Niobium
73
41
Vanadium
23
50,9
Symbole atomique
Z
7
Zr Nb Mo Tc
40
22
5
Numéro atomique
4
89 (227) 104 (261) 105 (262) 106 (266) 107 (264) 108 (269) 109 (268) 110
Lanthane
138,9
La
57
Y
88,9
Yttrium
39
Ra Ac
88
Baryum
Sc
45,0
Scandium
21
3
Dmitri Ivanovitch Mendeleïev
(1834 – 1907) est un chimiste
russe connu pour ses travaux
sur la classification périodique
des éléments. En 1869, il
publia une première version
de son tableau périodique des
éléments appelé aussi tableau
de Mendeleïev. Il déclara que
les éléments chimiques pouvaient être arrangés selon
un modèle qui permettait de prévoir les propriétés
des éléments non encore découverts.
Francium
Fr
87
Césium
Cs Ba
55
Rubidium
Rb
37
Potassium
39,1
Sodium
23,0
Li
Lithium
6,9
2
Na Mg
19
11
3
1,0
Hydrogène
H
1
Tableau_Mendeleiev_2011.indd 1
7
6
5
4
3
2
1
1
Colonne
TABLEAU PÉRIODIQUE DES ÉLÉMENTS
opixido
Table des matières
Table des matières
i
1 LES ALCANES
1.1 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . .
1.2 Isoméries . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 Propriétés physiques . . . . . . . . . . .
1.4 Propriétés spectrales . . . . . . . . . . .
1.5 Réactions chimiques des alcanes . . . . .
1.6 Synthèse des alcanes et des cycloalcanes
1.7 Exemples d’alcanes . . . . . . . . . . .
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1
1
4
5
6
17
27
28
2 LES ALCÈNES
2.1 Nomenclature . . . . . . . . . .
2.2 Structure et propriétés physiques .
2.3 Propriétés spectrales . . . . . . .
2.4 Préparation des alcènes . . . . . .
2.5 Réactivité et stabilité . . . . . . .
2.6 Réactions d’oxydations . . . . .
2.7 Substitution en α . . . . . . . . .
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33
34
34
35
42
46
65
69
3 LES ALCYNES
3.1 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Propriétés physiques et spectroscopiques
3.3 Acidité des alcynes terminaux . . . . . .
3.4 Réactions des alcynes . . . . . . . . . .
3.5 Exemples d’alcynes importants . . . . .
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76
76
77
82
83
90
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.
i
Chapitre
3
LES ALCYNES
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
Nomenclature . . . . . . . . . . . . . .
Propriétés physiques et spectroscopiques
Acidité des alcynes terminaux . . . . . .
Réactions des alcynes . . . . . . . . . .
Exemples d’alcynes importants . . . . .
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76
77
82
83
90
Figure 3.1 – Le but-2-yne
es alcynes, ou composés acétyléniques, sont des produits qui possèdent une triple liaison,
c’est-à-dire une liaison σ et deux liaisons π. Leur formule générale est Cn H2n−2 , à savoir
la même que celle des cycloalcènes.
L
3.1
Nomenclature
De même que les alcènes, les alcynes se nomment en remplaçant la terminaison -ène par la terminaison -yne et que la position de la triple liaison dans la chaîne principale est indiquée par un nombre.
Le plus petit alcyne, fait exception et s’appelle acétylène.
76
Propriétés physiques et spectroscopiques
3.2
3.2.1
77
Propriétés physiques et spectroscopiques
Propriétés physiques
Les alcynes sont caractérisés par des points d’ébullition très semblables à ceux des alcènes et des
alcanes correspondants. L’acétylène a un comportement insolite en sens que cette molécule n’a pas
de point d’ébullition sous la pression atmosphérique ; en fait, elle sublime à -84˚C. Le propyne (Peb
= -23,2˚C) et le 1-butyne (Peb = 8,1˚C) sont gazeux à la température ordinaire, les autres termes
sont liquides, puis solides, à mesure que leur poids moléculaire augmente.
Propriétés physiques
Alcane
Peb˚C
Alcène
P eb˚C
Alcynes
Peb ˚C
Ethane
Propane
Butane
Pentane
Hexane
-88.6
-42.1
-0.5
36.1
68.7
Ethylène
Propène
But-1-ène
Pent-1-ène
Hex-1-ène
-104
-47
-6.5
30
63.5
Acétylène
Propyne
But-1-yne
Pent-1-yne
Hex-1-yne
-84
-23.2
8
39
71
Il faut manipuler les alcynes avec précaution, car ils polymérisent très facilement, souvent de
manière violente. L’acétylène explose sous pression mais on peut cependant le transporter sans
danger sous forme de solution dans l’acétone dans des bonbonnes à gaz qui contiennent une matière
78
LES ALCYNES
de remplissage de nature poreuse (ponce). Par analogie avec les alcènes, le caractère relativement
important des orbitales hybrides du carbone des alcynes substitués amène ceux-ci à présenter des
moments dipolaires, excepté lorsqu’ils sont symétriques.
3.2.2
Propriétés spectroscopiques
1. RMN du 1 H
Les absorptions en RMN du 1 H des hydrogènes liés à un atome de carbone hybridé en sp se situent
à des valeurs de δ comprises entre 1,7 et 3,1 ppm.
Pourquoi l’hydrogène d’un alcyne terminal est-il aussi blindé, de toute évidence, l’effet électronique
responsable de l’absorption à bas champ des hydrogènes alcéniques est dune manière ou dune autre
annulé chez les alcynes.
L’explication de cette observation est
liée au nuage électronique de forme
cylindrique qui entoure l’axe moléculaire de la triple liaison (figure) et
qui est responsable d’un type différent
du mouvement électronique. Lorsque
l’axe de la molécule d’alcyne est parallèle au champ magnétique extérieur, H0 , les électrons peuvent cir-
Propriétés physiques et spectroscopiques
79
culer de façon telle que, par rapport à cet axe, leur mouvement s’oppose à H0 dans le voisinage de
l’hydrogène alcynique (figure : cône d’anisotropie). Il en résulte un intense effet de blindage.
Dans le cas d’un proton situé en α de la triple liaison, il subit l’effet de celle-ci et donc subit un léger
déblindage. Il faut noter par ailleurs, que le déblindage observé dû à une fonction alcyne, est plus
important qu’avec une fonction alcène.
Constantes de couplages
2. RMN 13C
Pour un carbone de type sp (une triple liaison), le déplacement chimique observé se situe entre 65 et
90 ppm, qui est tout à fait à l’écart des déplacements chimiques des atomes de carbone des alcanes
et des alcènes analogues.
Déplacements chimiques typiques des alcynes en RMN du 13 C.
80
LES ALCYNES
3. Spectroscopie IR
Les régions du spectre infrarouge
C et du lien C
C
H.
Le spectre de la figure 3.2 illustre les élongations du lien C
−1
• Alcynes internes : Bande peu ou pas visible (lien non polarisé) entre 2260 et 2190 cm .
• Alcynes terminaux : Bande plus forte entre 2140 et 2100 cm−1 .
• La conjugaison avec un groupe carbonyle polarise cette liaison et accroît son intensité.
Figure 3.2 – Spectre IR de l’hex-1-yne
C
H
Élongations du lien C
• Bande observable uniquement chez les alcynes terminaux.
• Bande étroite et intense entre 3333 et 3267 cm−1
Propriétés physiques et spectroscopiques
Déformation angulaire du lien C
C
81
H
• Bande observable uniquement chez les alcynes terminaux.
• Bande large et intense entre 700 et 610 cm−1 .
• Un harmonique est souvent visible entre 1370 et 1220 cm−1 .
4. Spectroscopie de masse
Comme pour les alcènes, les alcynes montrent un pic très intense pour l’ion moléculaire. Leur
fragmentation sont également semblables à ceux des alcènes. L’un des pics les plus prédominant
d’un spectre de masse de la plupart des alcynes est celui du cation prop-3-ynyl (propargyl) (m/z 39)
ou un cation substitué de propargyl.
82
3.3
LES ALCYNES
Acidité des alcynes terminaux
Le pKa , c’est-à-dire l’acidité d’un proton acétylénique (les alcynes vrais) se situe aux environs de
25, celui des alcènes se situe vers 44 et celui des alcanes aux alentours de 50. Les alcynes sont donc,
plus acides que les alcènes et les alcanes.
Ceci explique la forte réactivité des alcynes vrais vis-à-vis des bases fortes comme le butyllithium
(BuLi) ou encore l’amidure de sodium (NaNH2 ) en solution dans l’ammoniac liquide en est bien
connue.
Par contre une base faible comme l’ion hydroxyde (pKa de l’eau = 15, 7) ou même un alcoolate ne
transformera pas un alcyne en alcynure.
Réactions des alcynes
3.4
83
Réactions des alcynes
La réactivité de la triple liaison présente des analogies avec celle de la double liaison, mais, bien
que la triple liaison carbone-carbone représente une densité électronique globale supérieure, elle
est moins réactive que la double liaison C=C à l’égard des réactifs électrophiles. En effet, la triple
liaison est notablement plus courte que la double liaison, le recouvrement des orbitales est donc
meilleur, les deux liaisons π sont plus fortes et les électrons π en définitive moins disponibles. Les
principales réactions restent les réactions d’addition.
3.4.1
Hydrogénation des alcynes
Tout comme les alcènes, l’hydrogène peut s’additionner aux alcynes. Des techniques spéciales sont
utilisées pour permettre soit l’obtention d’un alcène ou d’un alcane. Pour atteindre l’alcane, il faut
deux équivalents de dihydrogène.
1. Hydrogénation catalytique des alcynes en alcanes
Les alcynes réagissent avec l’hydrogène en présence de catalyseurs comme le platine, le nickel ou le
palladium. Dans ces conditions, il est difficile d’arrêter la réaction au stade de l’alcène ; puisque les
alcènes sont convertis en alcanes dans les mêmes conditions.
Cependant, la première molécule d’hydrogène se fixe plus facilement que la seconde, de sorte qu’il
est possible d’effectuer une hydrogénation partielle et de transformer sélectivement un alcyne en
alcène, sans saturer la double liaison de ce dernier. On obtient ce résultat en utilisant un catalyseur
peut actif, tel que le palladium désactivé par divers procédé.
2. Réduction des alcynes en alcènes cis
Les alcynes sont réduits en alcanes correspondants par les catalyseurs utilisés pour les alcènes.
L’hydrogénation des alcynes peut être stoppée au stade de l’alcène par l’utilisation de catalyseurs
spéciaux. Le catalyseur le plus commun est celui de Lindlar. Le palladium catalyseur est rendu moins
réactif par traitement avec des sels de plomb et une base organique ; on dit qu’il est empoisonné.
Comme pour les alcènes, cette hydrogénation est une addition stéréospécifique syn et par conséquent
elle conduit aux alcènes cis, bien que thermodynamiquement l’isomère trans soit plus stable.
84
LES ALCYNES
La réduction de Lindlar figure 3.3 montre qu’une double liaison déjà présente dans le substrat de
départ n’est pas attaquée par l’hydrogène dans ces conditions.
Figure 3.3 – Réduction sélective
3. Réduction des alcynes en alcènes trans
En plus des méthodes catalytiques déjà décrites, il existe aussi des méthodes chimiques de réduction
des alcynes. Le procédé consiste à faire réagir l’alcyne avec le sodium ou le lithium métallique dans
l’ammoniac liquide, milieu réducteur. Ces réactifs n’ont pas d’action sur la double liaison, de sorte
que l’on obtient là encore sélectivement l’alcène.
L’ammoniac (Peb -33°C) est un gaz à température ambiante, mais il est maintenu liquide en
travaillant à des températures assez basses. Pendant que le sodium se dissout dans l’ammoniac
liquide, il cède des électrons, qui produisent une couleur bleue intense. C’est ces électrons qui
réduisent réellement l’alcyne.
La réduction chimique (métal-ammoniac) procède par l’addition d’un électron à l’alcyne pour former
Réactions des alcynes
85
un anion radical, suivie de la protonation pour donner un radical neutre. Des protons sont fournis par
le solvant ammoniac ou par un alcool utilisé en tant que co-solvant. L’addition d’un autre électron,
suivie d’un autre proton, donne le produit.
Mécanisme. 3.4.1: Réduction des alcynes en alcènes trans
Deux électrons sont arrachés, chacun d’un atome de métal, et transférés à l’alcyne. Le carbanion
résultant prélève un proton à l’ammoniac liquide. La réduction est stéréospécifique, elle se produit
globalement par addition anti du dihydrogène et conduit donc à l’alcène trans.
Comme un alcyne est plus mauvais attracteur d’électrons qu’un aromatique, les électrons réduiraient
assez rapidement un alcool ajouté au mélange réactionnel avec libération de H2 . C’est pourquoi dans
ce cas l’alcool n’est pas ajouté au milieu. C’est le solvant NH3 , très faiblement acide, qui dans ce
cas protonne le radical anion intermédiaire.
3.4.2
Hydracide
Deux molécules d’hydracides peuvent s’additionner successivement, dans le sens prévu par la règle
de Markovnikov.
On obtient donc un dérivé dihalogéné sur le même carbone (gem-dihalogène), mais jamais sur le
dernier carbone de la chaîne (sauf pour C2 H2 ).
86
LES ALCYNES
Mécanisme. 3.4.2: Addition des hydracides
3.4.3
Hydratation des alcynes en aldéhyde et cétones
1. Hydratation catalysée par les ions mercuriques
Par analogie avec l’hydratation des alcènes, l’eau peut s’additionner aux alcynes dans le sens
prévu par la règle de Markovnikov, ce qui donne naissance à des cétones par tautomérie des énols
intermédiaires. La réaction est catalysée par les ions mercuriques.
Mécanisme. 3.4.3: Hydratation des alcynes
Réactions des alcynes
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Transfert d’un proton sur le groupe carbonyle de la cétone conduit à un ion oxonium.
Perte de Hg2+ à partir de l’ion oxonium pour donner une forme énolique du produit final. Le
tautomérisme de la forme énolique conduit à la cétone.
3.4.4
Hydroboration-oxydation des alcynes
Une autre manière de réduire une triple liaison en un alcène cis, et qui ne nécessite pas l’emploi
d’hydrogène est l’hydroboration. La réaction d’un alcyne interne avec le borane aboutit à un
alcénylborane qui peut être transformé en alcène par de l’acide éthanoïque. La stéréochimie cis de
l’alcène qui en résulte est contrôlée par la stéréospécificité syn de la réaction d’hydroboration.
Les alcynes terminaux réagissent aussi régiosélectivement avec le borane pour former des trialcénylboranes. Cependant, en pratique, la réaction est difficile à arrêter à ce stade car le groupe alcényl
réagit encore avec le borane pour subir une seconde hydroboration.
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LES ALCYNES
Mais, il est possible d’éviter la seconde étape d’hydroboration, en utilisant des boranes stériquement
disubstitués. Le di-sec-isoamylborane (sia)2 BH, est l’un des plus couramment utilisé. Il est préparé
en traitant le borane avec deux équivalents du 2-méthylbut-2-ène.
La réaction de ce dialkylborane stériquement encombré avec un alcyne terminal conduit à une simple
hydroboration avec la formation d’un alcénylborane.
Tout comme pour l’hydroboration des alcènes dissymétriques, l’addition de (sia)2 BH à un alcyne
terminal est régiosélective ; le bore se fixe sur le carbone le moins substitué.
Le traitement d’un alcénylborane par le peroxyde d’hydrogène en solution aqueuse d’hydroxyde de
sodium donne un produit qui correspond à l’hydratation d’un alcyne ; ceci correspond à l’addition
d’un H à un carbone de la triple liaison et le OH sur l’autre comme illustré par l’hydroborationoxydation du but-2-yne.
Réactions des alcynes
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L’hydroboration d’un alcyne terminal par le disiamylborane suivie d’une oxydation en milieu basique
peroxyde d’hydrogène conduit à un énol, qui dans ce cas, en équilibre avec l’aldéhyde le plus stable.
3.4.5
Oxydations des alcynes
Comme pour les alcènes, l’oxydation des alcynes par le permanganate de potassium en milieu neutre
et dans des conditions douces conduit aux α-dicétones.
Probablement l’oxydation d’un alcyne terminal dans les mêmes conditions, produit d’abord un
céto-aldéhyde, qui s’oxyde rapidement en acide.
Dans des conditions basiques ou par chauffage, la dicétone subit un clivage oxydatif. Les produits
sont les sels d’acide carboxyliques, qui peuvent être convertis en acide par l’addition d’un acide
dilué.
De façon similaire, les alcynes terminaux conduisent aux acides carboxyliques et CO2 .
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LES ALCYNES
L’ozonolyse des alcynes permet aussi ce type de clivage. Il y a coupure totale de la triple liaison et
les deux fragments résultants sont des acides carboxyliques. On obtient les mêmes produits que l’on
utilise l’ozone (un oxydant faible), du nitrate d’hydrogène (un oxydant modéré) ou du permanganate
de potassium (un oxydant puissant). Cette méthode permet de déterminer la position de la triple
liaison.
3.5
Exemples d’alcynes importants
Il existe très peu de produits naturels possédant une fonction alcyne. Les quelques exemples qui
existent incluent le capillin, qui possède une activité fongicide, et l’ichthyotherol, un convulsivant
employé par les Indiens d’Amazone pour les pointes de flèche empoisonnées. Une classe de composés naturels appelés ènediynes, s’est avérée pour avoir des propriétés antibiotique et anticancéreuse
puissantes. Ces composés possèdent tous un cycle à neuf ou dix chaînons qui contient deux triples
liaisons séparés par une liaison double. Quelques ènediynes sont courants dans les tests cliniques.
Quelques médicaments contiennent des groupes alcyne, mais elles ne sont pas des composés naturels.
Elles existent seulement parce que les chimistes ont pu les synthétiser. Leurs noms commerciaux
sont montrés en bleu.
Exemples d’alcynes importants
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Pour le chapitre Alcynes vous pouvez aussi consulter , l’excellent ouvrage de A. William Johnson
intitulé : Invitation à la chimie, chapitre 7 les alcynes page 230 à l’url suivante :
books.google.fr/books?isbn=2744501387
Exercices
Exercice 1
Expliquer comment utiliser la spectroscopie IR pour distinguer entre les composés suivants :
Exercice 2
Un hydrocarbure inconnu et nauséabond donne le spectre de masse figure 3.4 et le spectre infrarouge
figure 3.5.
1. Utiliser le spectre de masse pour proposer une formule moléculaire. Quelle est le degré
d’insaturation pour ce composé ?
2. Employer le spectre IR pour déterminer les groupes fonctionnels, le cas échéant.
3. Proposer un ou plusieurs structures pour ce composé. Quelles parties de la structure sont
incertaines ? Si vous saviez que l’hydrogénation du composé donne le n-octane, la structure
était-elle toujours incertaine ?
4. Proposer les structures pour les fragments principaux à 39, 67, 81, et 95 dans le spectre de
masse. Expliquer pourquoi la crête de base est si forte.
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Exemples d’alcynes importants
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Figure 3.4 – Spectre de masse
Figure 3.5 – Spectre Infra-rouge
Exercice 3
Un composé A, traité à chaud par une solution concentrée d’hydroxyde de potassium, donne
naissance à un produit B. Celui-ci peut subir une hydrogénation partielle en C. L’action du brome sur
C conduit à un mélange racémique D. Ce dernier, en présence d’amidure de sodium dans l’ammoniac
liquide, livre un corps E. Le traitement de E par l’eau en présence d’acide sulfurique et de sulfate
mercurique, conduit à la butanone. On précise que l’action du pentachlorure de phosphore sur la
butanone donnerait A. Donner les formules et les noms de A, B, C, D et E.
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LES ALCYNES
Exercice 4
Comment préparer le cis-2-méthylhéx-4-èn-3-ol, en utilisant des composés ne possédant pas plus de
4 atomes de carbone et tous les réactifs minéraux nécessaires.
Exercice 5
Donner les réactifs qui permettent de réaliser les transformations suivantes :
Exercice 6
Montrer comment on peut convertir les produits de départ suivants en molécule cible : figure 3.6.
Utiliser tous les réactifs nécessaires pour réaliser ces transformations.
Figure 3.6 – Préparer la molécule cible suivante
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