Intérêt de l’échographie transœso phagienne dans l’endocardite infectieuse IMAGE COMMENTÉE

publicité
IMAGE COMMENTÉE
Intérêt de l’échographie
transœso­phagienne
dans l’endocardite infectieuse
D. Messika-Zeitoun*, M. Clement-Rigolet*, C. Cimadevilla*, R. Raffoul*
* Service de cardiologie et de chirurgie cardiaque, hôpital Bichat, Paris
M
onsieur H., 60 ans, nous est adressé pour possible
endocardite infectieuse sur prothèse. Il est diabétique, hypertendu et tabagique. Il a bénéficié en
1998 d’un remplacement valvulaire mitral par prothèse
mécanique pour une endocardite. Il est initialement hospitalisé dans un tableau de choc cardiogénique en rapport avec
des troubles conductifs de haut degré. Il n’a pas de syndrome
inflammatoire clinique ou biologique. Un premier bilan échographique transthoracique et transœsophagien retrouve un
bon fonctionnement de la prothèse et l’absence d’argument
en faveur d’une endocardite. Une sonde d’entraînement
électrosystolique est alors mise en place. Les hémocultures
reviennent finalement positives à Streptococcus Bovis. Le
diagnostic d’endocardite possible est posé et le patient traité
par bithérapie antibiotique i.v. Des échographies transthoraciques sont régulièrement effectuées et sans particularités.
Après 8 jours, il est transféré pour évaluation et discussion
thérapeutique. L’hémodynamique est parfaite, le patient
est apyrétique. L’échographie transthoracique effectuée
à son arrivée est sans particularité, mais l’échographie
transœsophagienne retrouve dans le même temps de
volumineuses végétations “en chou-fleur” appendues sur
la prothèse. Du fait de l’importance des lésions et de leur
caractère évolutif, une indication chirurgicale en urgence
est portée. La coronarographie préopératoire est normale.
Les données chirurgicales sont tout à fait concordantes avec
celles de l’échographie. Un remplacement valvulaire mitral
par prothèse mécanique associé à un pacemaker épicardique
est effectué le lendemain. Les suites postopératoires ont été
marquées par une défaillance hémodynamique transitoire.
Cette observation appelle plusieurs commentaires :
## Les patients aux antécédents d’endocardite doivent
être considérés comme un sous-groupe à haut risque de
récidive et une prophylaxie rigoureuse est indispensable.
## En cas de suspicion clinique, il ne faut pas se contenter
d’une échographie transthoracique qui est prise à défaut
chez près de 50 % des patients, mais effectuer systématiquement une échographie transœsophagienne.
I M A G E
Figure. Échographie transœsophagienne bidimensionnelle (A) et tridimensionnelle (B). Noter l’excellente corrélation avec les constatations chirurgicales
(C et D).
Il faut également savoir la répéter après quelques jours
lorsqu’elle est initialement normale et que la suspicion
clinique est forte.
## Les patients présentant une endocardite doivent être
hospitalisés idéalement dans un centre médico-chirurgical. Une collaboration entre les équipes médicales impliquant non seulement les cardiologues et les chirurgiens
cardiaques mais également les réanimateurs, les infectiologues, les neurologues et les radiologues est souvent
nécessaire. ■
La Lettre du Cardiologue • n° 463 - mars 2013 | 9 
Téléchargement