
diagnostic létal : dénégation, révolte, marchandage et
réflexion. L’instauration de traitements médicamenteux
par le médecin doit respecter ces processus, ainsi que les
représentations et le vécu affectif et social de son affec-
tion par le patient, sous peine d’échecs successifs.
L’auteur développe ensuite largement les raisons et l’ur-
gence de former les médecins et les soignants pour une
prise en charge bénéfique des personnes affectées de
pathologies de longue durée. Médecin et pédagogue, il
expose différentes méthodes disponibles pour ses col-
lègues et les autres professionnels soignants (pharma-
ciens, infirmiers, autres) face à leurs malades.
D
evant un tel texte, aux références incontestables, si riche tout
en restant clair, synthétique et utilisable dans un contexte
occidental, non anglo-saxon[1], nous ne pouvons qu’en
recommander vivement la lecture, voire la méditation, car les
problématiques exposées sont celles retrouvées dans les
infections par le VIH et par le VHC, par exemple.
■
Le Courrier de l’Observance thérapeutique
16
Vol.1 - n° 1 - octobre 2000
[1] Une des grandes difficultés dans la problématique de l’ob-
servance et de l’adhésion aux traitements médicamenteux
est que nous disposons surtout de références anglo-améri-
caines, avec lesquelles il est difficile de faire des parallèles
pertinents aussi bien pour les mentalités des malades que
pour celles des médecins. Nous aurons l’occasion de revenir
sur ce point dans les prochains numéros.
Ce court article, signé par un psychanalyste, des psycho-
logues et un praticien immunologiste et clinicien, pré-
sente l’intérêt de définir les termes “compliance, obser-
vance, adhésion”, souvent utilisés sans nuances. Il en
découle des éléments de réflexion sur les facteurs facili-
tant ou compliquant la prise des traitements médica-
menteux, facteurs psychosociaux, affectifs et liés à la
présentation des médicaments et aux schémas de prises.
L’auteur insiste sur l’insuffisance de ces déterminants et
recentre le débat sur le patient et “le champ de ses
motivations, de ses inhibitions, de son désir et de l’obéis-
sance”. En effet, malgré toutes les recherches et ques-
tions en cours, celles-ci évitent souvent la considération
du sujet et sa singularité. Cela explique les difficultés, les
incertitudes et les résultats parfois contradictoires issus
des études d’évaluation de l’observance.
Le désir, reconnu comme altéré chez les personnes dépri-
mées ou dépendantes de l’alcool[2], sous-tend la motivation à
réaliser un comportement d’observance ; il dépend, notam-
ment, de l’engagement subjectif du sujet, fondé à la fois
sur sa volonté délibérée et sur ses motifs inconscients. En
découle alors l’importance des représentations et des
croyances de la personne sur la maladie et les médica-
ments, ainsi que sur sa propre image et ses projets vitaux.
Son engagement s’inscrit en outre au sein de la relation avec son
médecin et plus généralement avec la médecine,
dans une
dimension intersubjective, requérant l’“autre”, comme
“interlocuteur, garant et support” ; le médecin joue ce rôle
symbolique, derrière lequel se faufilent les membres de son
équipe soignante, venant renforcer au quotidien, et selon
leurs compétences, cet engagement du sujet. Ce transfert
doit être pris en considération, lorsque différentes tech-
niques d’amélioration de l’observance (telles que la sensibili-
sation, l’éducation, l’information) doivent être utilisées avec
l’espoir d’un certain impact.
Enfin, A. Abelhauser rejoint les considérations de
J.P. Assal, en rappelant que l’infection par le VIH, recon-
nue comme une maladie “chronique”, en appelle au
temps et à la durée, tels que vécus par la personne, dont
les comportements de routine et la capacité de projec-
tion dans le futur sont sollicités selon ses représentations.
Cette vision du débat sur l’observance est éclairante ; peu
osent le développer de cette manière ; pourtant, les élé-
ments du puzzle s’orientent pour laisser entrevoir les
vraies questions à poser et, peu à peu, quelques réponses
détenues consciemment ou non par la personne en trai-
tement elle-même. ■
Abelhauser A,
Lévy A, Goujard C,
Weill S. La prise
du traitement,
de l’obéissance
à l’appropriation.
J du Sida 1999 ;
116 : 11-4.
❷OBSERVANCE : LE CŒUR DU PROBLÈME ?
[2] Ces deux facteurs sont reconnus unanimement comme
des facteurs péjoratifs pour une bonne observance ; en réa-
lité, A. Abelhauser souligne que le fond du problème réside
dans ces deux cas singuliers, mais également dans d’autres
situations moins standardisées, dans l’altération du désir
vital interne du sujet, se déclinant consciemment ou incons-
ciemment.
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