851
Chapitre I
La sélection du patient pour la chirurgie
laparoscopique
A l’heure actuelle (juillet 1999), il est tout à fait
impossible de donner des règles générales concer-
nant les indications ou le mode de sélection de
patients pour la chirurgie urologique cœlioscopique.
Au niveau français, bien que les premières publica-
tions remontent à 1993, bien peu de réflexions ont
été menées quant à la place de ces techniques ou au
type de patients qui pourrait en profiter. Les centres
ou les opérateurs qui ont une expérience importante
de cette chirurgie sont peu nombreux.
Si un patient consulte pour une pathologie urolo-
gique à laquelle la laparoscopie est éventuellement
applicable, les étapes de " sélection " sont les sui-
vantes :
1. Recherche de contre-indications à la laparosco-
pie en général. En ce qui concerne la laparosco-
pie urologique, on peut considérer qu’il n’y a
pas de contre-indication absolue à cette voie
d’abord, pour autant que la patient soit par
ailleurs opérable. Une insuffisance cardiaque
congestive, une cardiopathie sévère, une insuffi-
sance respiratoire importante doivent cependant
faire peser tout particulièrement la balance
bénéfice-risque pour le patient [2].
2. Recherche de contre-indications spécifiques au
geste envisagé, par exemple une lombotomie
avant lomboscopie, ou encore des antécédents
c h i r u rgicaux intra-abdominaux significatifs
avant voie trans-péritonéale. Ces complications
spécifiques seront détaillées intervention par
intervention.
3. Information loyale du patient. Il s’agit là d’un
point essentiel. L’analyse des cas ayant donné
lieu à des suites judiciaires en matière de chirur-
gie cœlioscopique font clairement apparaître un
défaut d’information dans un nombre important
de cas [5,7]. Il est important d’expliquer au
patient la technique, les bénéfices attendus et les
inconvénients potentiels en détail. Il ne s’agit
pas de le convaincre à tout prix, mais d’obtenir
un consentement serein. Force est de recon-
naître que nous ne disposons pas d’arguments
scientifiques de grande valeur, tels que les résul-
tats d’études prospectives randomisées, qui sont
considérés actuellement (pour l’instant…)
comme le summum de la preuve scientifique.
Mais ceci n’est pas particulier à la cœlioscopie.
C ’est le cas de l’immense majorité des tech-
niques chirurgicales (par exemple endopyéloto-
mie contre pyéloplastie chirurgicale). Cela ne
rend pas pour autant un traitement illégitime. Il
faut donc s’appuyer sur son expérience person-
nelle afin d’évaluer au mieux les avantages et
les inconvénients de la technique.
4. Evaluation de la balance bénéfice-risque“ pour
chaque patient
•Globalement, les bénéfices offerts par la laparosco-
pie en urologie sont d’ordre fonctionnel (douleur,
mobilité, reprise de l’alimentation) et d’ordre cos-
métique (réduction de la taille de l’agression cuta-
née). Ces bénéfices n’ont pas la même valeur pour
tous les individus. De même leur valeur “sociale“
dépend des cas : une reprise précoce de l’activité
professionnelle n’a que peu de sens pour un retrai-
té…. En ce qui concerne les bénéfices " médicaux ",
il n’y a pas actuellement de preuve que les résultats
anatomiques ou carcinologiques d’une technique
laparoscopique urologique soient supérieurs à ceux
de l’intervention " classique " de référence.
•Les risques dépendent beaucoup de l’entraînement