462 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 9 - novembre 2012
Résumé
Cette année, le congrès de l’ESMO (European Society for Medical Oncology) a été marqué, en ce qui
concerne l’urologie, non seulement par de très bonnes mises au point et actualisations mais aussi par les
résultats de l’étude de phase III GETUG 15 dans les formes métastatiques hormonosensibles ainsi que par
ceux du docétaxel associé au lénalidomide dans les cancers de la prostate métastatiques et résistants.
Les données des études contrôlées COMPARZ, INTORACT, RECORD-2, INTORSECT et AXIS (survie globale)
ont été rapportées dans les cancers du rein métastatiques. Celles des études de phase II concernant le
sunitinib (SUPAP) et l’évérolimus (RAPTOR) en première ligne des cancers papillaires métastatiques ont
fait l’objet de présentations françaises, de même que l’étude de phase II randomisée évaluant la place du
trastuzumab en association avec une chimiothérapie dans les tumeurs urothéliales métastatiques avancées
ou métastatiques.
Mots-clés
Cancer delaprostate
Cancer durein
métastatique
Cancer papillaire
Cancer delavessie
Cancer du testicule
Summary
In the fi eld of urological tumors,
the ESMO2012 meeting
has been marked by well-
done “states of the art” and
actualizations but also by the
results of phaseIII trials such
as GETUG15 and the doce-
taxel plus lenalidomide study
in metastatic prostate cancer.
For kidney cancer, the results
of the randomized COMPARZ,
INTORACT, RECORD-2,
INTORSECT and AXIS (overall
survival) studies have been
reported. French oral presen-
tations have concerned the
data of phase II trials evalua-
ting the potential benefit of
sunitinib and everolimus in
papillary kidney cancer (SUPAP
and RAPTOR studies) as well as
those of a randomized phaseII
trial evaluating the interest of
trastuzumab combined with
chemotherapy in HER2 posi-
tive advanced bladdder tumors.
Keywords
Prostate cancer
Metastatic kidney cancer
Papillary cancer
Bladder cancer
Testicular cancer
Deux autres questions importantes se posent :
➤
Le cabazitaxel est-il plus effi cace que le docétaxel ?
➤
La dose optimale est-elle de 25 ou de 20 mg/m
2
?
Deux études de phase III (FIRSTANA et PROSELICA),
en cours, permettront d’y répondre.
◆J.S. de Bono, dans un exercice de style
diffi cile, a essayé de voir comment intégrer
les nouvelles molécules : traitements séquentiels
ou concomitants ?
➤
Toutes ont été développées essentiellement en
monothérapie. J.S. de Bono a insisté sur l’importance
de comprendre les mécanismes de résistance entre
docétaxel, acétate d’abiratérone et enzalutamide
ainsi que de développer des biomarqueurs pour guider
les thérapeutiques et des stratégies et des combi-
naisons de traitement pour essayer de prévenir ou
reverser l’émergence d’une résistance. Il faudra maxi-
maliser la durée du contrôle tumoral en minimisant
l’exposition à des traitements ineffi caces et onéreux.
➤
L’association enzalutamide-acétate d’abiraté-
rone présente-t-elle un intérêt ?
Dans un proche avenir vont débuter des essais de
ciblage concomitant du RA et de l’axe PI3K/AKT/
mTOR par l’acétate d’abiratérone et des inhibiteurs
spécifi ques.
➤
De nombreuses molécules sont en développe-
ment (fi gure 1).
Les études précliniques devraient jouer un rôle
important pour défi nir les meilleures combinai-
sons en association ou en traitements séquentiels
à évaluer en clinique.
◆C. Parker s’est concentré sur le ciblage de l’os :
comment allons-nous utiliser
les bisphosphonates, le dénosumab,
le radium 223 ? Dans quel but ?
Est-ce pour améliorer la SG, augmenter la qualité
de vie, retarder les symptômes et les complications
osseuses (Skeletal Related Events [SRE]), retarder les
métastases osseuses ?
L’acide zolédronique et le dénosumab améliorent la
qualité de vie, diminuent et retardent les événements
indésirables sévères mais n’améliorent pas la SG, au
contraire du radium 223.
◆Impact des nouvelles hormonothérapies
sur les douleurs et la qualité de vie :
2 présentations en session orale
➤
L’acétate d’abiratérone a un réel impact sur la
douleur et l’état fonctionnel des patients présen-
tant un CPRCm en préchimiothérapie (Basch E et al.,
abstr. 8950).
➤
De même, l’enzalutamide retarde le temps
jusqu’au premier événement osseux (SRE) et la
survenue des douleurs dans l’essai AFFIRM, comme
l’ont bien montré K. Fizazi et al. (abstr. 8960).
◆Autres présentations orales
➤
Le lénalidomide combiné à l’association docé-
taxel/prednisone classique n’apporte pas de béné-
fi ce par rapport au docétaxel/prednisone selon
une large étude de phase III (Petrylak D et al.,
abstr. LBA24)
Figure 1. Nombreux agents en cours de développement.
• Nouveaux antagonistes du récepteur
aux androgènes : LBD* versus aminoterminal
• Agents régulant négativement les récepteurs aux androgènes :
anti-sens RA (shRNA)
• SARD (dégradant les récepteurs
aux androgènes) : ciblant LBD*
• Inhibiteurs sélectifs non stéroïdiens
de la 17,20-lyase
• Inhibiteurs des Hsp
(Heat shock protein)
:
Hsp90, Hsp27, clustérine
• Inhibiteurs de HDAC : HDAC6/Hsp90 sélectivement
• Inhibiteurs de PI3K/AKT/mTOR :
GDC 0941, etc.
• Inhibiteurs de RAF/MEK
• Inhibiteurs multikinases : cabozantinib
• Inhibiteur de SARC : dasatinib
• Immunoconjugués
• Inhibiteurs de PARP
• Inhibiteurs d’IGF-1R
• Antagonistes des gènes ETS
* LBD : ligand binding domain.