Actualités au 38e ESMO Cancers urologiques Urological cancers P. Beuzeboc* Cancers de la prostate Le taux de réponse était un critère exploratoire (figure 1). Les médianes de SG ont été respectivement de 11,2 (9,5-12,7) versus 10,0 mois (8,3-11,0) [HR = 0,85 ; IC95 : 0,72-1,00 ; p = 0,053] (figure 2). Les SSP étaient respectivement de 4 (3,6-4,3) versus 3,1 mois (IC95 : 2,9-3,4) [HR = 0,70 ; IC95 : 0,61-0,82 ; p < 0,0001). Le taux de réponse PSA était de 13,1 % (9,5-17,5) [figure 3]. Une analyse en sous-groupe a montré que, pour les patients ayant un meilleur profil pronostique − taux de PAL < 1,5 N, taux d’hémoglobine ≥ 11 g/dl et absence de métastases viscérales −, la médiane de SG était de 22,7 (17,8-28,3) versus 15,8 mois (13,719,4) [HR = 0,62 ; IC95 :0,45-0,86] (figure 4). Les auteurs ont conclu que l’objectif primaire n’avait pas été atteint bien que l’ipilimumab ait montré une certaine activité, avec une augmentation de la SSP, une augmentation des réponses PSA et un profil de tolérance correspondant aux données des études préliminaires. Ces résultats justifient d’autres investigations chez des patients se présentant à un stade moins tardif de la maladie. Immunothérapie par ipilimumab Essai de phase IIII CA184-043, randomisé, multicentrique, en double aveugle comparant la survie globale des patients présentant un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration symptomatique après docétaxel et traités par ipilimumab ou placebo après une radiothérapie D’après Gerritsen WR et al., abstr. 2850 L’ipilimumab bloque la signalisation négative de CTLA-4. Une étude de phase I/II avait montré qu’il existe des signes d’activité à la dose de 10 mg/kg, que la molécule soit administrée avec ou sans RT. Cette étude a randomisé 799 patients prétraités par docétaxel, après une irradiation avec une dose unique de 8 Gy, en 2 groupes : ipilimumab à la dose de 10 mg/kg aux semaines 1, 4, 7 et 10 puis toutes les 12 semaines jusqu’à progression, ou placebo. Les patients ne devaient pas avoir reçu plus de 2 lignes de CT. Le critère principal était la SG, et les critères secondaires, la SSP et la tolérance. (n = 399) • Post-docétaxel • CRPC (n = 799) R 1:1 RT des métastases osseuses par dose unique de 8 Gy Stratification : site investigateur, phosphatase alkaline, hémoglobine, ECOG PS * Institut Curie, Paris. Figure 1. CA184-043 : schéma de l’étude. 454 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 Ipilimumab 10 mg/kg Semaines 1, 4, 7, 10 Ipilimumab 10 mg/kg Toutes les 12 semaines (n = 400) Placebo Semaines 1, 4, 7, 10 Placebo Toutes les 12 semaines Traitement jusqu’à progression ou toxicité intolérable • Objectif principal : SG • Objectifs secondaires : SSP, tolérance • Objectif exploratoire : taux de réponse PSA Mots-clés Résumé En ce qui concerne le cancer de la prostate, les résultats globalement négatifs de la première étude de phase III évaluant l’ipilimumab après radiothérapie, à la suite d’un traitement par docétaxel, ainsi que les actualités concernant les nouvelles hormonothérapies ont représenté les principales informations de cette édition 2013 de l’ESMO. Dans les cancers du rein métastatiques, la déception quant au blocage de la voie du FGF par le dovitinib est venue des résultats négatifs de l’étude de phase III comparant cette molécule au sorafénib. Enfin, dans les cancers urothéliaux, de nouvelles approches thérapeutiques sont toujours recherchées. Summary Proportion de patients vivants 1,0 Ipilimumab (n = 399) Placebo (n = 400) 11,2 (9,5-12,7) 10,0 (8,3-11,0) HR = 0,85 ; IC95 : 0,72-1,00 ; log-rank p stratifié = 0,0530 47 40 26 15 SG médiane, mois (IC95) 0,8 SG à 1 an (%) SG à 2 ans (%) 0,6 0,4 0,2 0,0 Patients à risque (n) 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Mois 399 362 306 260 228 195 155 131 106 85 69 52 37 24 15 9 4 3 1 0 400 376 332 281 222 184 138 106 77 65 47 36 26 16 12 6 2 1 0 0 Ipilimumab Censuré Placebo Censuré Figure 2. CA184-043 : survie globale (population en intention de traiter). 100 Ipilimumab (n = 399) Objectif secondaire SSP médiane, mois (IC95) 80 SSP (%) 60 40 Placebo (n = 400) 4,0 (3,6-4,3) 3,1 (2,9-3,4) HR = 0,70 ; IC95 : 0,61-0,82 ; p < 0,0001 Objectif exploratoire Taux de réponse PSA, % (IC95) 13,1 (39/297*) (9,5-17,5) 5,3 (16/305*) (3,0-8,4) * Patients évaluables. 20 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Mois 20 22 24 26 28 30 32 Ipilimumab Censuré Placebo Censuré Figure 3. CA184-043 : objectifs secondaires et exploratoires. 100 SG médiane, mois (IC95) 80 Ipilimumab Ipilimu (n = 146) Placebo (n = 142) 22,7 (17,8-28,3) 15,8 (13,7-19,4) HR = 0,62 ; IC95 : 0,45-0,86 In prostate cancer, negative results of the first phase III trial which has evaluated ipilimumab compared to placebo after bone radiotherapy in the post-docetaxel setting and news concerning hormone treatments were the highlights of the ESMO meeting 2013. In kidney cancer, the blockade of the FGF pathway is disappointing with the negative data of a phase III study comparing dovitinib and sorafenib. In metastatic transitional cell carcinomas, new approaches are always warranted. Keywords Prostate cancer Ipilimumab Hormone therapy Enzalutamide ODM-201 Metastatic kidney cancer Papillary renal cell carcinoma c-MET Antiangiogenic Everolimus Metastatic bladder cancer Vinflunine Eribuline post-hoc du sous-groupe de patients Analyse post-h meilleur profil pronostique : PAL < 1,5 N, ayant un meille hémoglobine ≥ 11 g/dl, pas de métastases viscérales 60 SG (%) Cancer de la prostate Ipilimumab Hormonothérapie Enzalutamide ODM-201 Cancer du rein métastatique Cancer papillaire c-MET Antiangiogénique Évérolimus Cancer urothélial métastatique Vinflunine Éribuline 40 20 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Mois Ipilimumab Censuré Placebo Censuré Figure 4. CA184-043 : analyse de la survie globale du sous-groupe exploratoire. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 455 Actualités au 38e ESMO Cancers urologiques Concernant l’hormonothérapie... au stade d’hormonosensibilité Pourcentage de baisse du PSA (%) Monothérapie par enzalutamide dans les cancers hormononaïfs : analyse complète de l’étude de phase II déjà présentée au congrès américain en oncologie clinique D’après Smith MR et al., abstr. 2852 Le critère de jugement principal était une diminution du taux de PSA d’au moins 80 % à la vingt-cinquième semaine. Les résultats sont impressionnants, comme le montre la figure 5, avec une médiane de pourcentage maximal de baisse du PSA de 99,6 % par rapport à l’état basal (IC95 : −100 ; −86,5). Au total, 92,5 % des patients (62 sur 67) ont eu une réponse 100 80 60 40 20 0 – 20 – 40 – 60 – 80 – 100 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58 61 64 67 Mois Figure 5. Enzalutamide chez les patients hormononaïfs. Survie sans progression biologique (PSA) : tous les patients 100 SSP (%) 90 PSA à la semaine 25. Cette baisse du PSA était maintenue au-delà des 25 semaines chez les patients poursuivant le traitement, qu’ils aient ou non des métastases. Parmi les modifications métaboliques en rapport avec l’inhibition du RA, il faut relever une élévation de la testostéronémie de 114,3 % et de l’estradiol de 71,7 % ainsi que le maintien de la densité osseuse à la semaine 25. Méta-analyse des essais comparant le dégarélix aux agonistes de la LH-RH D’après Tombal B et al., abstr. 2855 Le dégarélix est un antagoniste de la LH-RH. Il entraîne une baisse de la testostéronémie sans “flare up” transitoire. Six essais comparatifs de phase III ont inclus 2 328 patients : 1 491 étaient traités par dégarélix, et 837 par un agoniste de la LH-RH (458 par goséréline, 379 par leuproréline). Les données (figure 6) sont en faveur du dégarélix, puisqu’il existe une différence significative en termes de SSP (HR = 0,71 ; IC95 : 0,54-0,94), de risque d’événements sur le tractus urinaire (HR = 0,58 ; IC95 : 0,39-0,84 ; p = 0,004) et d’événements musculo-squelettiques (HR = 0,67 ; IC95 : 0,50-0,90 ; p = 0,007). Le risque d’événements cardiovasculaires ou de décès liés (tableau I) était moindre avec le dégarélix. Bien que peu de patients soient décédés de leur cancer de la prostate lors de l’analyse de l’étude, la SG était également meilleure (HR = 0,47 ; IC95 : 0,25-0,90 ; p = 0,022). Cette méta-analyse regroupant des études très différentes, il faudra attendre la publication définitive pour avoir une analyse critique de ces résultats. 80 Dégarélix Agoniste de la LH-RH 70 0 28 56 84 Dans les cancers de la prostate métastatiques résistants à la castration 112 140 168 196 224 Jours 252 280 308 336 364 Figure 6. Méta-analyse dégarélix versus agoniste de la LH-RH. Tableau I. Dégarélix versus agoniste de la LH-RH : événements indésirables. Dégarélix (n = 1 491) Agoniste de la LH-RH (n = 837) Tout événement cardiovasculaire, n (%) 40 (2,7) 37 (4,4) Événement cardiovasculaire sérieux (avec menace vitale ou hospitalisation), n (%) 25 (1,7) 24 (2,9) 456 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 Étude de phase I/II de tolérance et preuve du concept de l’ODM-201 dans les cancers de la prostate métastatiques résistants à la castration en progression D’après Fizazi K et al., abstr. 2853 Le profil de l’ODM-201 est différent de ceux du MDV3100 et de l’ARN-509, avec une inhibition supérieure de la croissance tumorale dans certains modèles précliniques. Cette étude de phase II d’expansion ayant inclus 110 patients avait pour objectif d’établir la dose des futurs essais (200, 400 ou 1 400 mg/j) ainsi que Actualités au 38e ESMO d’évaluer son efficacité et sa tolérance chez des malades chimionaïfs ou prétraités par docétaxel. Trois doses ont été sélectionnées pour cette étude. Chez les patients n’ayant pas reçu de CT ou d’inhibiteur de CYP17, le taux de réponse biologique a été de 65 %. Il était de 32 % chez les patients prétraités par CT mais n’ayant pas reçu d’inhibiteur de CYP17 et de seulement 9 % après inhibiteur de CYP17 (figure 7). Pour ces 3 groupes de patients, le taux de réponse ou de stabilisation de leur maladie sur les CTC à 12 semaines était respectivement de 74, 74 et 47 %. Les toxicités de grade 3 ont été limitées à la fatigue (1 %), à des lombalgies (1 %), à des nausées (1 %) et à des douleurs (1 %). Il n’a pas été observé d’accidents convulsifs, la tolérance a été très bonne. Il n’est pas évident qu’il existe un effet dose. Étude de phase I/II d’un inhibiteur de la biosynthèse des androgènes, ASP9521, dans les CPRCm D’après Loriot Y et al., abstr. LBA22 ASP9521, premier inhibiteur oral de 17β-HSD, avait démontré une activité antitumorale dans des modèles précliniques. Malgré une escalade de dose de 30 à 600 mg et une tolérance correcte, il n’a montré aucune efficacité. J. Mezynski et al. (1) ont rapporté, dans une série anglaise très limitée, des taux de réponse faibles avec le docétaxel après abiratérone. Cela n’a pas été retrouvé avec le cabazitaxel dans une étude franco-anglaise. Y. Loriot et al. ont récemment publié, dans Annals of Oncology (2), des taux de réponse très limités (8 % ; temps jusqu’à progression : 2,5 mois) avec l’abiratérone après MDV3100 chez des patients traités dans le protocole AFFIRM. A.J. Schrader et al. (3) ont retrouvé d’aussi piètres résultats avec la séquence inverse, ce qui laisse supposer qu’il existe une résistance croisée entre les 2 traitements. Existe-t-il une association entre la réponse au docétaxel et la durée de la CT et une hormonothérapie préalable à l’enzalutamide dans l’essai AFFIRM (De Bono J et al., abstr. 2862) ? Après analyse de 3 groupes basés sur des durées d’exposition différentes, le bénéfice de l’enzalutamide en termes de SG, de SSP radiographique et de réponse PSA est apparu maintenu indépendamment de la durée… Des résultats similaires ont été rapportés avec l’abiratérone dans l’étude COU-AA301, avec un bénéfice en survie maintenu indépendamment de la durée du docétaxel. Le problème des séquences a été abordé par G. Attard et Y. Loriot D’après Attard G et al., abstr. 30 ; Loriot Y et al., poster discussion Y a-t-il des séquences optimales dans le contexte d’un manque de facteurs prédictifs de réponse ? devons-nous faire des combinaisons ? si oui, lesquelles ? Combinaison concomitante d’enzalutamide et d’abiratérone dans les cancers de la prostate résistants à la castration avec métastases osseuses D’après Efstathiou E et al., abstr. 2854 Le but était de co-cibler le RA et la biosynthèse des androgènes en réalisant des analyses ancillaires moléculaires et biologiques de la biosynthèse des stéroïdes dans le sang et la moelle. Chez les CT et CYP17i-naïf Post-CT et CYP17i-naïf * 25 Post-CYP17i * * 0 – 25 – 50 – 75 – 100 Baisse du PSA ≥ 50 % : Baisse du PSA ≥ 30 % : 65 % 71 % À la dose de 1 400 mg, 6 patients sur 7 ont eu une baisse du PSA ≥ 50 % 32 % 52 % 9% 20 % 200 mg 400 mg 1 400 mg * Data truncated at +25 % Figure 7. ODM-201 dans les CPRCm en progression : réponse PSA à 12 semaines. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 457 Actualités au 38e ESMO Cancers urologiques 60 patients inclus, aucune toxicité majeure n’a été mise en évidence ; le temps médian d’exposition était de 164 jours (18-409). Une baisse du PSA d’au moins 50 % a été constatée chez 75,5 % des 49 patients évaluables (figure 8). Cette étude non comparative de 2 molécules très actives ne permet pas de conclure quant à l’augmentation potentielle de l’activité par leur association… 100 49 patients évaluables Baisse ≥ 30 % : 83,6 % (41/49) Baisse ≥ 50 % : 75,5 % (37/49) Baisse ≥ 90 % : 44,9 % (22/49) 75 Modification du PSA (%) 50 25 0 12 % – 30 – 50 – 75 – 90 – 100 Figure 8. Abiratérone + enzalutamide. Cancers du rein métastatiques Résultats négatifs d’une étude de phase III comparant le dovitinib au sorafénib après une première ligne par antiangiogénique et une première ligne par inhibiteur de mTOR D’après Motzer R et al., abstr. LBA 34 L’activation de la voie du FGF a été proposée dans les mécanismes d’échappement des antiangiogéniques. Le dovitinib est un ITK qui cible FGFR, VEGFR, PDGFR et d’autres kinases. Une étude de phase II avait rapporté une médiane de SSP de 5,5 mois ; celle de SG était de 11,8 mois. Tableau II. Néphrectomie chez les patients avec métastases synchrones. HR (IC95) p HR (IC95) Néphrectomie Oui Non 1 0,42 (0,26-0,68) < 0,001 1 0,43 (0,28-0,68) MSKCC Favorable Intermédiaire Mauvais 1 1,87 (1,18-2,97) 3,60 (1,44-9,02) IMDC Favorable Intermédiaire Mauvais p 0,008 0,006 1 1,19 (0,70-2,05) 2 ,41 (1,27-4,58) 458 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 0,519 0,007 Cette étude de phase III a randomisé (1:1) 570 patients entre dovitinib (n = 284 ; 500 mg/j, 5 jours “on” et 2 jours “off”) et sorafénib (n = 286 ; 400 mg × 2/j). Les médianes de SSP ont été respectivement de 3,7 et 3,6 mois (HR = 0,86 ; IC95 : 0,72-1,04) et les médianes de SG de 11,1 et 11 mois (HR = 0,96 ; IC95 : 0,75-1,22). Dans le groupe dovitinib, la tolérance a été correcte. Le problème de l’hétérogénéité tumorale pour apprécier la réponse aux antiangiogéniques D’après Crusz SM et al., abstr. 2700 L’hétérogénéité des réponses et des modes de progression des métastases chez les patients ont fait l’objet de cette analyse radiologique longitudinale du suivi de lésions métastatiques dans le cadre de 2 essais de phase II prospectifs testant le pazopanib (800 mg/j) et le sunitinib (50 mg, 4 semaines “on” suivies de 2 semaines “off”). Réalisée sur 30 patients (14 dans le groupe pazopanib, 16 dans le groupe sunitinib), elle a porté sur 147 lésions métastatiques. Des réponses hétérogènes étaient observées chez 67 % des patients. À la progression, 42 % des métastases restaient contrôlées, la majorité des patients (90 %) progressant sous forme de nouvelles lésions. Pour un même individu, l’hétérogénéité des réponses et des résistances reflète l’hétérogénéité intratumorale ainsi que les limites d’une simple biopsie… Implications pronostiques de la néphrectomie chez les patients présentant des métastases synchrones D’après Bamias A et al., abstr. 2701 En attendant les données des études contrôlées prospectives CARMENA (comparant néphrectomie puis sunitinib versus sunitinib seul) et EORTC (néphrectomie puis sunitinib versus sunitinib puis néphrectomie), cette étude rétrospective européenne de patients traités par sunitinib présentée par A. Bamias a regroupé 458 patients (traités entre octobre 2005 et janvier 2012), dont 170 vivaient en Grèce, 186 en France et 102 en Belgique. Il y avait 186 métastases synchrones : 57 en Grèce, 75 en France et 54 en Belgique. Avec une médiane de 34 mois, la survie était significativement meilleure chez les patients néphrectomisés, mais les caractéristiques à l’inclusion étaient très différentes. En analyse multivariée, la néphrectomie était un facteur pronostique significatif (HR = 0,54 ; IC95 : 0,30-0,97). À revoir… Les résultats en fonction de la classification pronostique sont exposés dans le tableau II. Actualités au 38e ESMO Analyse finale de RAPTOR D’après Escudier B et al., abstr. 2706 Dans cette étude multicentrique ouverte de phase II portant sur l’évérolimus en première ligne des cancers papillaires de types I et II, la médiane de SSP était de 7,6 mois (5,5-9,9) selon une revue locale mais de 3,7 mois (2,3-5,5) selon une revue centralisée. La médiane de SG était de 21 mois (IC95 : 15,4-28). Selon N. Tannir, la SSP était de 1,6 mois et la SG de 12 mois avec le sunitinib dans les cancers non à cellules claires (n = 57). L’essai RECORD III, qui randomisait les séquences évérolimus suivi de sunitinib versus l’inverse, a inclus des cancers non à cellules claires. La SSP était de 5,09 mois pour l’évérolimus et de 7,23 mois pour le sunitinib. Le taux de réponse (complète + partielle) était de 22,4 %, le contrôle de la maladie (réponse complète + réponse partielle + stabilisation) de 50,7 %. En termes de tolérance, il faut relever 3 % de neutropénies fébriles, 20,9 % d’asthénie, 8,3 % de constipation et 3 % de douleurs abdominales. Ces données sont comparables à celles de l’étude de phase III, qui retrouve une SG de 6,9 mois. Tumeurs urothéliales Essai randomisé de phase II international JASINT1 : données préliminaires sur la faisabilité de combinaisons avec vinflunine en première ligne de traitement de patients inéligibles au cisplatine D’après De Santis M et al., abstr. 2703 Il n’existe pas de réel standard pour les patients inéligibles au cisplatine, qui représentent près de la moitié des malades. L’association gemcitabine + carboplatine a montré des bénéfices limités, avec un taux de réponse de 36 %, une SSP de 5,8 mois et une SG de 9,3 mois. La vinflunine est la seule molécule enregistrée en deuxième ligne. Elle peut être utilisée pour des clairances de créatinine supérieures à 20 ml/mn. Cette étude a comparé l’association vinflunine (280 ou 250 mg/m2) + gemcitabine (1 000 ou 750 mg/m2) chez 31 patients à la combinaison vinflunine (aux mêmes doses) + carboplatine (ASC 4,5) chez 31 patients. Les doses de départ dépendaient de la stratification initiale sur la clairance de la créatinine. La contre-indication au cisplatine pouvait être liée à au moins 1 des 2 conditions suivantes : une clairance de la créatinine inférieure à 60 ml/mn ou une insuffisance cardiaque (classification de la New York Heart Association [NYHA] : stade II-III). Les patients ne devaient pas avoir reçu de CT, sauf adjuvante ou néoadjuvante datant d’au moins 6 mois. Les données d’une analyse intermédiaire sur les 43 premiers patients ont montré un taux de réponse confirmé de 37,2 % (nombre médian de cycles : 5). Les données de SSP n’étaient pas matures. Les principaux effets indésirables non hématologiques de grade 3 ou 4 ont été la fatigue (18,6 %), les infections (11,6 %) et la constipation (7 %). Résultats de l’étude CURVE : données de la vinflunine dans la “vraie vie” chez les patients avec un carcinome urothélial avancé ou métastatique D’après Médioni J et al., abstr. 2714 Cette étude rétrospective française portant sur 134 patients en progression dans les 6 mois après une CT antérieure et traités en monothérapie par vinflunine (médiane : 5 cycles) a montré une médiane de SG de 8,2 mois, avec une médiane de SSP de 4,2 mois. Étude de phase II de l’éribuline (1,4 mg/m2 à J1 et J8 tous les 21 jours) chez des patients présentant une tumeur urothéliale localement avancée ou métastatique, prétraités par platine : un essai du California Cancer Consortium trial (NCI/CTEP 7435) D’après Quinn DI et al., abstr. 2704 Les données de phase I avaient montré qu’une dose pleine d’éribuline pouvait être délivrée chez les patients avec une clairance de la créatinine supérieure à 20 ml/mn. c-MET, cible active dans les cancers papillaires (pRCC). Résultats d’une étude génomique française D’après Albiges L et al., abstr 2711 Les résultats d’études génomiques par séquençage et par CGH réalisées sur 98 tumeurs ont montré 21 % de mutations sur 51 pRCC de type I et des altérations du nombre de copies pour 46 % des pRCC de type II et 81 % de ceux de type I. Ils confirment le rôle majeur de c-MET dans les pRCC et l’intérêt potentiel des traitements ciblant c-MET. Traitement de deuxième ligne : rechallenge ITK ou évérolimus (ITK/ITK ou ITK/évérolimus) D’après Elaidi RT et al., abstr. 2761 Cette étude a concerné 313 patients issus de 10 centres européens, dont 241 éligibles : 118 retraités par un ITK, 123 par évérolimus. Les résultats suggèrent un bénéfice en faveur d’une reprise du docétaxel, avec une médiane de SSP de 7,4 (5,5-9,5) versus 5,3 mois (3,8-6,5). Par ailleurs, les patients répondant pendant plus de 12 mois (longs répondeurs) à une première ligne d’ITK pourraient bénéficier d’une seconde ligne d’ITK. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 459 Actualités au 38e ESMO Références bibliographiques 1. Mezynski J, Pezaro C, Bianchini D et al. Antitumour activity of docetaxel following treatment with the CYP17A1 inhibitor abiraterone: clinical evidence for cross-resistance? Ann Oncol 2012; 23(11):2943-7. 2. Loriot Y, Bianchini D, Ileana E et al. Antitumour activity of abiraterone acetate against metastatic castration-resistant prostate cancer progressing after docetaxel and enzalutamide (MDV3100). Ann Oncol 2013;24(7):1807-12. 3. Schrader AJ, Boegemann M, Ohlmann CH et al. Enzalutamide in castration-resistant prostate cancer patients progressing after docetaxel and abiraterone. Eur Urol 2013. [Epub ahead of print] 4. Willis DL, Porten SP, Kamat AM. Should histologic variants alter definitive treatment of bladder cancer? Curr Opin Urol 2013; 23(5):435-43. P. Beuzeboc déclare avoir des liens d’intérêts avec Astellas. Cancers urologiques Cette étude était stratifiée en fonction de l’utilisation ou non, antérieurement, d’un inhibiteur de la tubuline. Pour les 48 patients jamais traités par inhibiteur de la tubuline, le taux de réponse a été de 35 % (IC95 : 23-51), avec une médiane de SSP de 4,1 mois (IC95 : 2,9-6,4 mois) et une médiane de SG de 10,4 mois (IC95 : 6,2-23,6). Pour les 24 patients dans la cohorte exposée préalablement à un inhibiteur de la tubuline, le taux de réponse a été de 33 % (17-54), avec une médiane de SSP de 4,3 mois (IC95 : 1,5-6,7) et une médiane de SG de 10,4 mois (IC95 : 6,2-23,6). Traitements et pronostic des cancers de la vessie non à cellules transitionnelles D’après Hafeez S et al., abstr. 2712 Ces tumeurs sont rares, habituellement de mauvais pronostic, et nécessitent des stratégies thérapeutiques plus efficaces et des essais thérapeutiques spécifiques. L’analyse rétrospective d’une cohorte de 1 269 patients traités entre janvier 1990 et juin 2011, le plus souvent pour une tumeur localement avancée, a permis de sélectionner 94 patients (46 hommes, 48 femmes) présentant une tumeur BEAUJON non à cellules transitionnelles (les variants des TCC étaient exclus). L’âge moyen était de 70 ans (22-96). Une revue centralisée a permis de confirmer 67 carcinomes épidermoïdes, 16 adénocarcinomes, 8 carcinomes neuroendocrines et 3 tumeurs sarcomatoïdes. Il y a eu 67 traitements radicaux à visée curative (dont 54 cystectomies, 11 radiothérapies). Au total, il y avait 11 CT néo-adjuvantes et 2 adjuvantes. Chez 27 patients, le traitement était à visée palliative. La médiane de survie était de 11 mois, avec un taux de survivants à 2 ans de 31,4 % et de survivants à 5 ans de 23,5 %. Les auteurs ont conclu que, diagnostiquées à un stade plus évolué que les TCC, ces tumeurs étaient de moins bon pronostic, quels que soient les sous-types. Il n’a pas été retrouvé de différence significative entre les divers variants pathologiques. Dans les adénocarcinomes et les carcinomes épidermoïdes, le traitement se focalise sur le traitement local par chirurgie avec ou sans RT. Les carcinomes à petites cellules sont traités par CT première suivie de chirurgie. Dans les autres variants micropapillaires, sarcomatoïdes, les recommandations sont moins claires et la cystectomie radicale ■ reste le traitement principal (4). LIVER AND PANCREATIC TUMORS CONFERENCE Agenda 11e Biennale monégasque de cancérologie 29 janvier-1er février 2014 - Grimaldi Forum, Principauté de Monaco [email protected]//+37797973555 www.biennalecancero2014.com 460 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013