Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 5 - mai 2001
La tomographie par émission de positons
Elle est une technique d’imagerie scinti-
graphique non invasive du corps entier. Son
principe est celui de la détection en coïnci-
dence des photons produits lors de l’anni-
hilation du positon émis par le radioélément
avec un électron du milieu. Ce mode parti-
culier de détection présente l’avantage
majeur de permettre la correction des phé-
nomènes physiques qui perturbent la
construction d’une image scintigraphique :
l’atténuation des rayonnements en profon-
deur, la diffusion des rayonnements ainsi
que l’existence de coïncidences aléatoires
créées par deux annihilations différentes
donnant lieu à la détection simultanée de
l’un des photons émis au cours de chacune.
La correction de ces phénomènes permet
la quantification de l’activité fixée au sein
de la lésion étudiée. Cette quantification
peut être précise, en masse de glucose
consommée par unité de masse de tissu,
mais elle impose alors de lourdes
contraintes méthodologiques inutilisables
en pratique clinique. Elle est donc le plus
souvent approchée par un index semi-
quantitatif, le SUV (Standardized Uptake
Value) qui rapporte la fixation à l’activité
injectée et au poids du patient. Cette
approche quantitative de l’imagerie est la
plus grande spécificité de l’imagerie à posi-
tons. Par ailleurs, la résolution spatiale de
ces systèmes d’imagerie, de l’ordre de 4 à
5 mm, est meilleure que celle des caméras
scintigraphiques usuelles.
Il existe actuellement deux grandes
familles d’appareils permettant la détec-
tion des positons. La première est consti-
tuée d’appareils spécialisés dans l’image-
rie à positons. Ils sont connus sous le nom
d’appareils dédiés. Ils comportent un
détecteur organisé en couronne autour du
patient et sont caractérisés par une très
forte sensibilité de détection. Leur
inconvénient est avant tout leur coût : de
8 à 15 MF. Afin de réduire le coût d’équi-
pement ont été développées des adapta-
tions des machines habituelles de méde-
cine nucléaire pour leur conférer l’aptitude
à réaliser des images à l’aide d’émetteurs
de positons. Si l’objectif coût a été atteint,
ces machines, qui constituent la seconde
famille de détecteurs, restent handicapées
par une sensibilité de détection beaucoup
plus faible que celle des appareils dédiés.
Alors que la résolution de ces caméras,
dites à coïncidence, est peu différente de
celle des appareils dédiés, la qualité des
images est très inférieure en raison de leur
faible sensibilité de détection.
L’imagerie par émission de positons est
réalisée depuis plus de 20 ans. Elle est res-
tée au sein des centres de recherche pen-
dant de nombreuses années en raison du
coût des appareils et de la nécessité d’un
environnement complexe pour la produc-
tion des traceurs. Les premières applications
ont été essentiellement neurologiques,
puis cardiologiques en raison de la taille
du champ de vue des appareils existants et
du nombre de coupes réalisables en une
acquisition. Malgré cette limitation, la pre-
mière étude oncologique a été menée en
1982 sur le diagnostic des localisations
secondaires hépatiques du cancer colo-
rectal (3).
Cancer digestif
À la différence de la pneumologie, où le
diagnostic de malignité d’une lésion
découverte au cours d’un examen d’ima-
gerie est fondamental dans la prise en
charge des patients, cette application est
moins déterminante en gastroentérologie,
puisque le diagnostic se fait par abord
direct endoscopique. De plus, l’examen au
FDG est handicapé par un manque de spé-
cificité quant à l’histologie ainsi que par
un défaut de repères anatomiques ne per-
mettant pas une localisation précise de la
lésion et la définition de son extension
locale. On retient cependant la possibilité
de mettre en évidence fortuitement des
lésions digestives malignes insoupçonnées
au cours d’examen au FDG pratiqués pour
une autre indication – pneumologique, par
exemple – ; et, au cours d’un travail effec-
tué par notre service, 3 lésions digestives
synchrones ont été ainsi trouvées pour
74 indications pulmonaires consécutives.
Toutefois, cette technique ne peut pas être
proposée en dépistage, compte tenu de la
fixation du traceur sur les lésions inflam-
matoires avec un taux prévisible élevé de
faux positifs dans cette indication.
Diagnostic de l’extension
La technique permet une amélioration de
la connaissance de l’extension de la mala-
die, avec une sensibilité comparable à celle
de la tomodensitométrie mais avec une spé-
cificité supérieure, notamment pour la
reconnaissance de l’atteinte ganglionnaire,
car une fixation maligne peut être observée
au sein d’un ganglion en deçà du critère de
diamètre utilisé en scanner (4). De même,
une meilleure spécificité existe également
pour le diagnostic des localisations secon-
daires hépatiques (5) (figures 1 et 2).
Cette amélioration de la connaissance de
l’extension a pu, pour les mêmes raisons,
être rapportée pour les autres segments
digestifs, notamment pour l’œsophage,
avec des métastases mises en évidence
chez 20 % de patients en plus (6).
Au-delà de la seule modification de la
connaissance de l’extension de la maladie,
c’est surtout l’influence du résultat de
l’examen sur la conduite thérapeutique à
tenir qui importe, dans la mesure où une
stratégie inadaptée est lourde de consé-
quences, tant pour le patient qu’en termes
de coûts. Dans ce domaine, des taux de
30 % de modifications significatives ont
été rapportés (5).
Cas particulier de l’opérabilité
des métastases hépatiques
Avec le développement de la chirurgie des
localisations secondaires hépatiques, la
détermination de l’absence d’autre lésion
associée devient importante pour la vali-
dation d’une indication chirurgicale d’en-
vergure. De nouveau, l’imagerie par émis-
m
se au po
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Mise au point
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