Les fragilités gériatriques Dr Cédric Gaxatte Pôle de Gérontologie – CHRU Lille

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Les fragilités gériatriques
Dr Cédric Gaxatte
Pôle de Gérontologie – CHRU Lille
[email protected]
Points abordés
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•
•
Fragilité ou fragilités
Dépister un patient fragile : les outils pour l’oncologue
Qu’attendre d’une évaluation gériatrique ?
Savoir interpréter une évaluation gériatrique
Apport d’une évaluation gériatrique dans la prise en charge
des patients âgés atteints de cancer
Vulnérabilité de la personne âgée =
multidimensionnelle
Les trois groupes de personnes âgées définis en gériatrie
Stress
Réversible
Robuste
Pré-fragile/ Fragile
Dépendant
Irréversible
Intervention multidomaine
Définition de la fragilité:
Diminution des capacités à « faire face »
Diminution des capacités d’adaptation et
d’anticipation au stress ou au changement
d’environnement
Diminution des réserves fonctionnelles
La fragilité
• La Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) a adopté
en 2011 la définition suivante de la fragilité :
– « La fragilité est un syndrome clinique.
– Il reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui
altère les mécanismes d’adaptation au stress.
– Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des
facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux.
– Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque de mortalité et
d’événements péjoratifs, notamment d’incapacités, de chutes,
d’hospitalisation et d’entrée en institution.
– L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais n’explique pas à lui
seul ce syndrome.
– La prise en charge des déterminants de la fragilité peut réduire ou
retarder ses conséquences.
– Ainsi, la fragilité s’inscrirait dans un processus potentiellement
réversible ».
2 approches médicales de la fragilité
• Modèle, développé par Linda Fried (2001) reposant sur un
phénotype physique et comportant les cinq dimensions suivantes :
–
–
–
–
–
fatigue ou mauvaise endurance,
diminution de l’appétit,
faiblesse musculaire,
ralentissement de la vitesse de marche,
sédentarité ou faible activité physique.
• Modèle d’accumulation de déficits, regroupés sous le terme de
« fragilité multi-domaine » intégrant : cognition, humeur,
motivation, motricité, équilibre, capacités pour les activités de la vie
quotidienne, nutrition, condition sociale et comorbidités
(Rockwood 2005).
• La fragilité est aujourd’hui considérée comme étant indépendante
des notions de comorbidité et de dépendance
Critères de fragilité
1. Perte de poids involontaire : - 4,5kg en un an
2. Faiblesse musculaire (Diminution de la force de préhension - 20% les
plus bas)
3. Sensation de fatigue, épuisement (Subjective)
4. Diminution de la vitesse de marche (sur 4,5m - 20% les plus bas)
5. Diminution de l’activité physique (questionnaire de Dépense
énergétique - 20% les plus bas)
Classification en 3 états :
• Non fragile : 0 critère
• Pré-fragile : 1 ou 2 critères
• Fragile : ≥ 3 critères
Fried LP et al. J Gerontol 2001
Cardiovascular Health Study : 5 317 sujets de 65 ans et plus, suivis durant 4-7 ans
Phénotype de fragilité associé à :
- une mortalité accrue,
- un risque d’hospitalisation,
- un risque de chute,
- la perte d’autonomie,
- la perte de mobilité
Fried LP et al. J Gerontol 2001
Index de Rockwood
1. Santé excellente
2. Bonne santé
3. Bonne santé, avec comorbidité traitée et asymptomatique
4. Apparemment vulnérable (ralenti ou morbidité
symptomatique)
5. Fragilité légère (IADL modérément perturbées)
6. Fragilité moyenne (besoins d’aide pour les ADL et les IADL)
7. Fragilité sévère (perte de toutes les ADL ou phase terminale
de pathologie)
K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people.
CMAJ 2005;173:489-95
Fragilité et mortalité
Canadian Study of Health and Aging : 2 305 participants suivis sur 5 ans
K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people.
CMAJ 2005;173:489-95
Fragilité et risque d’institutionalisation
Canadian Study of Health and Aging : 2 305 participants suivis sur 5 ans
K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people.
CMAJ 2005;173:489-95
Syndromes gériatriques = marqueurs de
fragilité
Inouye SK, et al. J Am Geriatr Soc. 2007;55:780-91.
Syndrome gériatrique = une
situation de santé définie par 4 critères
1. Sa fréquence augmente fortement avec l’âge (et/ou observée
seulement chez des sujets âgés)
2. Elle résulte de facteurs multiples et divers, dont
- des facteurs favorisants chroniques), incluant les effets
du vieillissement
- des facteurs précipitants (aigus ou intermittents)
3. Elle a pour conséquences fréquentes un risque de perte
d’indépendance fonctionnelle et/ou d’entrée en
institution
4. Sa prise en charge est multifactorielle (intervention
multicomposante) et requiert une approche globale et
holistique du patient
Les syndromes gériatriques
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Polypathologie
Dépendance
Iatrogénie
Dénutrition et sarcopénie
Dépression, troubles du comportement
Confusion
Troubles cognitifs et démence
Troubles de l’équilibre et de la marche, ostéoporose et chute
Complication du décubitus: escarres, TVP, constipation,
encombrement bronchique
10. Troubles sphinctériens: incontinence, rétention aigue d’urines,
fécalome
11. Troubles neurosensoriels : vue, audition
12. Douleurs
Prévalence de la fragilité
Dépend de la population étudiée, des outils utilisés : 4 – 59 %
4 dimensions :
Repérer la fragilité pour prévenir les événements
péjoratifs, notamment la dépendance
• Le repérage de la fragilité est la première étape d’une
séquence comprenant l’évaluation globale de la personne et
la planification d’interventions de prévention formalisées
dans un plan personnalisé de soins (PPS)
• Mais il n’existe pas d’outil de repérage uniformément validé et
fiable
• Nécessité d’utiliser des outils de dépistage de la fragilité
validés dans des populations/situations spécifiques : domicile
/ service d’urgence / pré-opératoire / post IDM / pré-dialyse /
oncogériatrie…
Oncogériatrie : dépister le patient âgé fragile
Les outils pour l’oncologue destinés à repérer les patients qui vont tirer un bénéfice d’une
évaluation gériatrique standardisée :
Les plus sensibles :
• Triage Risk Screening Tool (TRST) : Sensibilité = 92% ; spécificité = 47%
• G8 : Sensibilité = 76-87% ; spécificité = 61-64%
• VES-13 : Sensibilité de 68% ; spécificité de 78%
Les plus spécifiques :
• Le Groningen Frailty Index (GFI) : Sensibilité 57% ; spécificité de 86%
• Fried Frailty Criteria : Sensibilité 31% ; spécificité de 91%
• Echelle de Barber : Sensibilité 59% ; spécificité de 79%
• Evaluation Gériatrique Standardisée Abrégée : Sensibilité de 51% et spécificité de 97%
L’intuition clinique ?
Aucun test n’est parfait
L’Evaluation Gériatrique Approfondie reste indispensable pour évaluer la fragilité
– surtout pour les patients ayant des scores intermédiaires
– lorsque le patient âgé est candidat à une prise en charge oncologique complexe
ME Hamaker, Lancet Oncology 2012
Outil de dépistage : Oncodage - G8
Items
A
Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? At-il mangé moins ces 3 derniers mois par
manque d’appétit, problèmes digestifs,
difficultés de mastication ou de déglutition ?
B
Perte récente de poids (< 3 mois).
C
Motricité.
Réponses possibles (score)
0 : anorexie sévère
1 : anorexie modérée
2 : pas d’anorexie
0
1
2
3
:
:
:
:
perte de poids > 3 kg
ne sait pas
perte de poids entre 1 et 3kg
pas de perte de poids
0 : Du lit au fauteuil
1 : Autonome à l’intérieur
2 : sort du domicile
E
Problèmes neuro-psychologiques
F
Indice de masse corporelle
H
Prend plus de 3 médicaments
P
Le patient se sent-il en meilleur ou moins bonne
santé que la plupart des personnes de son âge
Age
SCORE TOTAL
0 : démence ou dépression
sévère
1 : démence ou dépression
modérée
2 : pas de problème
psychologique
0
1
2
3
:
:
:
:
IMC
IMC
IMC
IMC
<
=
=
=
18,5
18,5 à IMC < 21
21 à IMC < 23 c
23 et > 23
0 : oui
1 : non
0 : moins bonne
0.5 : ne sait pas
1 : aussi bonne
2 : meilleure
0 : >85
1 : 80-85
2 : <80
0 – 17
Un score ≤ à 14 constitue un argument pour une demande d’évaluation gériatrique
Algorithme de prise en charge du patient âgé atteint de cancer
Adapté de Balducci L. The Oncologist 2000
Projet thérapeutique complexe
L’oncologue anticipe la fragilité
liée au traitement
Qu’attendre d’une évaluation gériatrique ?
• Objectifs de l’évaluation gériatrique « standardisée » :
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
Dépister les fragilités ++
Estimer l’espérance de vie
Détecter les comorbidités non diagnostiquées, les syndromes gériatriques ++
Rechercher les comorbidités réversibles, dépister la iatrogénie +
Hiérarchiser les problèmes de santé
Evaluer les « bénéfices-risques » des traitements ++
Eviter que des pathologies ne se décompensent pendant le traitement
oncologique : « cascades de décompensations »
Evaluer les motivations et désirs des patients
Evaluer les besoins sociaux et proposer un plan d’aide
Dépister l’épuisement des aidants
Elaborer un plan de soins
Maintenir une qualité de vie correcte
Permettre le soutien à domicile
Organiser le suivi
Précisez vos attentes lors de vos demandes de consultation +++
Evaluation gériatrique « standardisée »
• Processus interdisciplinaire d’évaluation multidimensionnelle
de la personne âgée (fragile) en vue de l’élaboration d’un plan
de soins personnalisé planifié et coordonné avec
recommandations avec suivi
• ≠ somme de résultats d’échelles
L’évaluation gériatrique approfondie
Les domaines évalués :
• L’état nutritionnel : Mini Nutritional Assesment, IMC, albumine
• Les fonctions sensorielles : la vue et de l’audition
• La marche et l’équilibre : appui unipodal, Get up and go test
• Les fonctions sphinctériennes
• L’état thymique et cognitif : Geriatric Depression Scale, MMSE
• L’évaluation fonctionnelle : ADL, IADL, activités de loisir
• Les comorbidités : indice de Charlson, Cumulative illness rating
scale
• Les traitements
• L’environnement social : logement, accessibilité aux services,
famille, ressources économiques
• La qualité de vie
Savoir interpréter une évaluation gériatrique
• Connaitre les principales échelles utilisées
– Domaine(s) dans lequel elles sont utilisées
– Leurs limites d’interprétation
• Les échelles sont une aide au dépistage des fragilités
• Elles sont utilisées pour la recherche et dans le suivi des
patients
• Elles ne doivent pas se substituer à la synthèse de l’évaluation
gériatrique
 Comprendre les dimensions de la fragilité explorées
 Les intégrer dans le processus décisionnel
Dépistage des fragilités
Repérer une fragilité « sociale »
• Déterminer les conditions de logement, le cadre de vie (vit seul ?), le réseau
d’aides humaines (familles, voisins, aides professionnelles), la fréquence des
visites, les revenus financiers
• Manque de support social associé à :
– ↘ Espérance de vie
– ↗ durée d’hospitalisation
(Yang, 1992 ; Ryan, 1989)
– ↗ déclin cognitif, dépression
– Moins de traitement à visée oncologique
• Cancer de la prostate : survie meilleure chez les hommes mariés que chez les
hommes célibataires ou veufs, après ajustement pour l’âge, le stade du cancer
et le traitement.
(Krongrad, 1996)
• Besoin d’aides dans la vie quotidienne ↗ après 3 et 6 mois chez des patients
de plus de 65 ans traités pour cancer
(Mor, 1992)
=> anticiper les mesures qui seront à prévoir puis à prendre dans ces domaines
au cours du traitement et à l’issue de celui-ci : demande d’APA, SSR…
Quelques outils pour repérer « la fragilité »
Dimension
Outil d’évaluation
Etat fonctionnel
Autonomie
ADL et IADL
Comorbidités
CIRS-G, Charlson
Cognition
MMS
Thymie
Geriatric Depression Scale
Etat nutritionnel
Mini Nutritional Assessment
Polymédication
Nombre de médicaments
Autres syndromes gériatriques :
confusion, chute, incontinence…
Confusion Assessment Method, Timed
up and go test, SPPB
Echelle de comorbidités : CIRS-G, Charlson
Cumulative Illness Rating Scale for Geriatrics
Cotation et interprétation
0- Aucun problème
1 Cœur
2 Vasculaire
3 Hématologique
4 Respiratoire
5 Yeux, oreilles, nez, thorax et
larynx
6 Haut appareil digestif
(œsophage, estomac, duodénum)
7 Bas appareil digestif (intestins,
hernies)
8 Foie, pancréas et voies biliaires
9 Rein
10 Tractus urogénital (uretère,
vessie, urètre prostate, organes
génitaux, utérus, ovaires
11 Système ostéoarticulaire et
peau
12 Système neurologique
(cerveau, moelle épinière, nerfs)
13 Système
endocrinien/métabolique / sein
14 Pathologie psychiatrique
0
1
2
Extermann M. Crit Rev Oncol Hematol. 2000
3
4
1- Problème actuel mais mineur ou problème
significatif mais ancien
2- Handicap ou comorbidité modéré
nécessitant un traitement de première ligne
3- Handicap ou comorbidité sévère/constant
incontrôlable / problèmes chroniques
4- Extrêmement sévère/traitement immédiat
nécessaire/insuffisance organique terminale/
Comorbidités :
- Affectent la faisabilité du traitement
- Espérance de vie (score de Lee)
- Élément pronostique (mortalité) indépendant du
stade de la maladie
Satariano. Crit Rev Oncol Hematol 2003
- Majoration de la iatrogénie (chimiothérapie)
Yancik. Cancer 1997
=> Appréhender si l’état de santé global du
patient et en particulier ses comorbidités sont ils
compatibles avec ces traitements
Exemple du cancer du rectum
Co-morbidity leads to altered treatment and worse survival of elderly patients with colorectal cancer.
Lemmens VEPP et al. Brit. J. of Surgery 2005
Rechercher une polymédication
•
•
•
Souvent associée au nombre de comorbidités actives
Attention aux médicaments non inscrits sur les ordonnances / à l’automédication
Polymédication associée aux risques :
–
–
–
–
–
•
Interactions médicamenteuses et effets indésirables (chimiothérapie ++)
Non observance thérapeutique
Hospitalisation, passage aux urgences
Chutes et fractures
Moins bon état de santé rapporté
Utiliser des outils pour identifier les prescriptions inappropriées : liste de
Beers/Laroche, Medication Appropriateness Index, outil START-STOPP…
– Overuse
– Underuse
– Misuse




Revue de l’ordonnance : indication, dosage, durée de traitement
Évaluer le risque d’interaction avec la chimio
Informer le patient
Surveiller
Dénutrition protéino-énergétique
• Perte de poids involontaire > 5% en un mois ou
10% en 6 mois
• IMC<21kg/m2
• Albumine plasmatique < 35g/L
• Score de MNA<17
Dénutrition sévère:
perte de poids >=10% en un mois ou 15% en 6 mois
IMC<18kg/m2
Albumine plasmatique < 30g/L
Recommandations HAS
MNA
- index semi quantitatif
- outil de dépistage de la
dénutrition et de
quantification du risque
nutritionnel
MNA
Dénutrition associée à :
- Diminution de l’espérance de vie
- ↗ Complications (toxicité des chimio ++)
=> Prise en charge individualisée (cf reco SFNEP)
Evaluation de la dépendance
ADL (Activities of Daily Living)
ADL et IADL = facteurs pronostiques (mortalité, complications)
=> Adapter le plan d’aide à domicile, APA…
IADL
Hommes Femmes
Normal: 3 2
Moyennement déprimé: 7 3
Déprimé 122
Geriatric depression scale
GDS 15 items
Dépistage: mini GDS
Dépression = Facteur indépendant de mortalité
=> Traitement antidépresseur, soutien psychologique
Evaluation du risque de chute
Evaluation de l’équilibre et de la marche
•
•
•
Mobilité = critère déterminant dans la prise en charge des patients, car elle fait partie
du statut OMS, et de l’indice de Karnofski, outils utilisés quotidiennement par les
oncologues pour les décisions thérapeutiques
Les sujets âgés atteints d’un cancer ont-ils un risque élevé de chutes ?
 Résultats discordants
Facteurs de risque de chute particuliers chez les patients âgés atteints de cancer :
– Anémie : risque de chute X2
– Asthénie
– Déconditionnement physique, réduction
d’activité
=> certains cancer sont plus invalidants
– Dénutrition
– Perte d’indépendance
–
–
–
–
–
–
Douleurs
Dépression
Environnement : pieds à perfusion
Tumeur cérébrale primitive ou métastatique
Néoplasie à un stade avancé
Effets indésirables des traitements
(neurotoxicité)
Dans la maladie cancéreuse, le risque de chute est évolutif : apparition de nouveaux
facteurs de risque de chute : perte d’autonomie, confusion, traitements, évolution du
cancer…
=> Intérêt d’une évaluation « dynamique » du risque, pour pouvoir cibler les patients à
risque et leur proposer des interventions spécifiques
Evaluation du risque de chute
Evaluation de l’équilibre et de la marche
• «Êtes-vous tombé au cours de l’année écoulée ?
– Si oui, combien de fois
(50% des chuteurs sont des multichuteurs)
• Evaluation de l’équilibre
– SPPB
– Appui unipodal…
• Evaluation de la vitesse de marche
– Sur 4m ou 10m
– Timed up and go test
• SPPB (Short Physical
Performance Battery)
– 0-6 Faible performance
– 7-9 Performances
intermédiaires
– 10-12 Haute
performance
– Prédictif du risque
d’incapacité,
d’hospitalisation et
de mortalité
Timed up & go test
3m
•
•
•
•
< 20 sec : bonne mobilité
> 30 sec : dépendance pour la mobilité
< 14 sec : faible risque de chute
Modifications des performances sous
double tâche = compétition des besoins
attentionnels requis pour chaque tâche
(fonctions exécutives ++)
=> dépiste la démence
Podsiadlo D, J Am Geriatr Soc 1991
Shumway-Cook A, Phys Ther 2000
Pettersson, Dement Geriatr Cogn Disord. 2005
Beauchet O, JNHA, 2011
Vitesse de marche = marqueur de fragilité
Studenski S, Gait speed and survival in older adults, JAMA 2011
Réduction de la mortalité de 12% par +0,1 m/s
• Indicateur de sévérité et de pronostic de nombreuses pathologies (BPCO,
Insuffisance cardiaque, Insuffisance rénale, arthrose de genou, cancer)
• Vitesse de marche diminuée en préopératoire est associée à une mortalité postopératoire à un an plus élevée
• Vitesse de marche diminuée en préopératoire augmente le risque de complications
post-opératoires
Townsend NT, Adv Surg 2014
Pamoukdjian, J Nutr Health Aging 2016
En présence d’un trouble de la marche, d’un trouble
de l’équilibre, d’un risque de chute identifié
• Possibilité de compléter le bilan : consultation/HDJ chute
• Prise en charge multifactorielle :
– Kiné : ordonnance détaillée
– Aide technique de marche si nécessaire
– Pratique régulière d’une activité physique (marche ++)
– Révision de l’ordonnance (arrêt des psychotropes…)
– Correction des facteurs de risque modifiables :
• Modifications environnementales, chaussage…
• Troubles visuels, arthrose…
– Supplémentation en vitamine D +/- traitement
antiostéoporotique
• Suivi : récidive de chute, suivi des recommandations
Intérêt du dépistage d’un déclin cognitif
• Importance de l’état cognitif pour:
–
–
–
–
–
Comprendre le diagnostic, le(s) traitement(s), décider
Prendre correctement les médicaments
Comprendre les effets secondaires
Rapporter les problèmes
Signer un consentement éclairé (essai thérapeutique)
• Or 50% des démences ne sont pas diagnostiquées ou le sont avec retard (2 ans)
• Déclin cognitif et cancer :
– Survie des malades inférieure en cas de démence
– Risque majeur de confusion :
• Période post-opératoire
• En cas de chimiothérapie, en cas d’exposition aux traitements associés à la
chimiothérapie (corticoïdes, anticholinergiques – ex : antiémétiques…)
MMSE
- On l’a tous fait, mais pas toujours bien
- Il s’agit d’un test de dépistage d’un
déclin cognitif, pas d’un test
diagnostique de démence
- Score à interpréter en fonction de
l’âge, du niveau d’éducation, de la
coopération du malade
- pertinence du moment de l’évaluation
cognitive (SAU ?)
Mini COG : 3 mots + Test de l’horloge
11h10
Décider avec un malade d’Alzheimer
• C’est possible
• Tenir compte de la maladie dans le choix du traitement
– Observance médicamenteuse
– Acceptation de certains traitements/dispositifs : radiothérapie si
troubles du comportement, nutricaths, poches de stomie…
• Tenir compte des capacités décisionnelles de la personne
– a compris sa maladie, les enjeux du choix thérapeutique ?
– peut exprimer un choix et le justifier ?
– il est stable dans le temps ?
• Légitimité du rôle de la famille
– Expriment ce que la personne aurait voulu ?
– Expriment ce qu’ils comprennent des souhaits actuels de la
personne ?
– Expriment ce qu’ils souhaitent ?
Dimension
Outil d’évaluation
Corrélation
Etat fonctionnel
Autonomie
ADL et IADL
Espérance de vie
↘ Tolérance au stress (complications)
Comorbidités
Indices de comorbidité :
CIRS-G, Charlson
Espérance de vie
↘ Tolérance au stress
Cognition
MMS
Espérance de vie
↘Tolérance au stress, Aggravation des
troubles sous chimio,
Dépendance
Thymie
GDS
Espérance de vie
Motivation
Etat nutritionnel
MNA
Espérance de vie
Complications (toxicité des chimio ++)
Polymédication
Nombre de médicaments
Risque d’interactions + complications
Autres syndromes
gériatriques : confusion,
chute, incontinence…
Vitesse de marche, Confusion
Assessment Method, Timed
up and go test, SPPB…
Espérance de vie
Dépendance
Support social
Moins de traitement à visée onco
Espérance de vie,
↗ déclin cognitif, dépression
Apport d’une évaluation gériatrique dans la prise en
charge des patients âgés atteints de cancer
L’EGA influence t’elle la décision
thérapeutique oncologique ?
Evaluation gériatrique et processus décisionnel chez
les patients âgés atteints de cancer : ELCAPA Study
• 375 patients consécutifs avec EGA
• 79.6 ans, K digestif 59%
• Critère d’évaluation : modification du projet thérapeutique initial
par les oncologues (intensification, décroissance, décalage)
• Modification du projet thérapeutique : 21% (81% décroissance)
• Facteurs associés :
– En univarié : OMS ≥2, dépendance pour au moins 1 activité de base de la
vie quotidienne, malnutrition, déclin cognitif, dépression, nombre de
comorbidités
– En multivarié : score ADL (OR 1.25 / perte de 0.5 pt), malnutrition (OR
2.99)
• Dans la littérature : EGA modifie 20 à 39% des décisions de
traitement
– Souvent les chimiothérapies : traitements moins agressifs ++
Chaibi P , CROH 2011 ; Caillet P, J Clin Oncol, 2011
Apport d’une évaluation gériatrique approfondie
• Réaliser une EGA et entreprendre une prise en charge gériatrique
apporte t’elle un bénéfice chez les patients âgés ?
– Chez les patients âgés hospitalisés : OUI
•
•
•
•
G. ELLIS, métanalyse – BMJ 2011
Amélioration du statut fonctionnel et des fonctions cognitives
Réduction de la mortalité
Retarde l’entrée en institution
Stuck AE Lancet 2004, Stuck AE Lancet 1999
Diminue les réhospitalisations
– Chez les patients âgés atteints de cancer ?
On ne sait pas (attente résultats EGéSOR, PREPARE)
• Un tout petit nombre d’articles permet de répondre aux
questions suivantes :
– l’évaluation gériatrique apporte des informations utilisables par les oncologues
– l’évaluation gériatrique apporte plus d’informations que les outils usuels des
oncologues
– les résultats de l’évaluation modulent le traitement.
Autres limites de l’EGA
• Chronophage et non applicable pour tous les patients
=> Intérêt d’un Outil de dépistage de la fragilité : G8
• Seulement 50 à 70 % des recommandations sont appliquées par
les acteurs (patient, famille, médecin traitant, aidant
professionnel ...)
Conclusion
• Il existe des outils pour aider les oncologues à dépister
les patients âgés fragiles
• L’évaluation gériatrique approfondie
– doit être proposée aux patients fragiles et/ou aux
patients âgés avec un projet thérapeutique complexe
– apporte des renseignements utiles (identification des
fragilités) en vu de la prise en charge oncologique
(adaptation du traitement)
– nécessite une conclusion synthétique pour être
compréhensible par tous
– n’est pertinente que si elle est associée à
l’établissement d’un plan de soins
– n’est efficace que si les mesures proposées sont
effectivement suivies
Merci
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