Les fragilités gériatriques Dr Cédric Gaxatte Pôle de Gérontologie – CHRU Lille [email protected] Points abordés • • • • • Fragilité ou fragilités Dépister un patient fragile : les outils pour l’oncologue Qu’attendre d’une évaluation gériatrique ? Savoir interpréter une évaluation gériatrique Apport d’une évaluation gériatrique dans la prise en charge des patients âgés atteints de cancer Vulnérabilité de la personne âgée = multidimensionnelle Les trois groupes de personnes âgées définis en gériatrie Stress Réversible Robuste Pré-fragile/ Fragile Dépendant Irréversible Intervention multidomaine Définition de la fragilité: Diminution des capacités à « faire face » Diminution des capacités d’adaptation et d’anticipation au stress ou au changement d’environnement Diminution des réserves fonctionnelles La fragilité • La Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) a adopté en 2011 la définition suivante de la fragilité : – « La fragilité est un syndrome clinique. – Il reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. – Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux. – Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque de mortalité et d’événements péjoratifs, notamment d’incapacités, de chutes, d’hospitalisation et d’entrée en institution. – L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais n’explique pas à lui seul ce syndrome. – La prise en charge des déterminants de la fragilité peut réduire ou retarder ses conséquences. – Ainsi, la fragilité s’inscrirait dans un processus potentiellement réversible ». 2 approches médicales de la fragilité • Modèle, développé par Linda Fried (2001) reposant sur un phénotype physique et comportant les cinq dimensions suivantes : – – – – – fatigue ou mauvaise endurance, diminution de l’appétit, faiblesse musculaire, ralentissement de la vitesse de marche, sédentarité ou faible activité physique. • Modèle d’accumulation de déficits, regroupés sous le terme de « fragilité multi-domaine » intégrant : cognition, humeur, motivation, motricité, équilibre, capacités pour les activités de la vie quotidienne, nutrition, condition sociale et comorbidités (Rockwood 2005). • La fragilité est aujourd’hui considérée comme étant indépendante des notions de comorbidité et de dépendance Critères de fragilité 1. Perte de poids involontaire : - 4,5kg en un an 2. Faiblesse musculaire (Diminution de la force de préhension - 20% les plus bas) 3. Sensation de fatigue, épuisement (Subjective) 4. Diminution de la vitesse de marche (sur 4,5m - 20% les plus bas) 5. Diminution de l’activité physique (questionnaire de Dépense énergétique - 20% les plus bas) Classification en 3 états : • Non fragile : 0 critère • Pré-fragile : 1 ou 2 critères • Fragile : ≥ 3 critères Fried LP et al. J Gerontol 2001 Cardiovascular Health Study : 5 317 sujets de 65 ans et plus, suivis durant 4-7 ans Phénotype de fragilité associé à : - une mortalité accrue, - un risque d’hospitalisation, - un risque de chute, - la perte d’autonomie, - la perte de mobilité Fried LP et al. J Gerontol 2001 Index de Rockwood 1. Santé excellente 2. Bonne santé 3. Bonne santé, avec comorbidité traitée et asymptomatique 4. Apparemment vulnérable (ralenti ou morbidité symptomatique) 5. Fragilité légère (IADL modérément perturbées) 6. Fragilité moyenne (besoins d’aide pour les ADL et les IADL) 7. Fragilité sévère (perte de toutes les ADL ou phase terminale de pathologie) K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people. CMAJ 2005;173:489-95 Fragilité et mortalité Canadian Study of Health and Aging : 2 305 participants suivis sur 5 ans K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people. CMAJ 2005;173:489-95 Fragilité et risque d’institutionalisation Canadian Study of Health and Aging : 2 305 participants suivis sur 5 ans K Rockwood. A global clinical measure of fitness and frailty in elderly people. CMAJ 2005;173:489-95 Syndromes gériatriques = marqueurs de fragilité Inouye SK, et al. J Am Geriatr Soc. 2007;55:780-91. Syndrome gériatrique = une situation de santé définie par 4 critères 1. Sa fréquence augmente fortement avec l’âge (et/ou observée seulement chez des sujets âgés) 2. Elle résulte de facteurs multiples et divers, dont - des facteurs favorisants chroniques), incluant les effets du vieillissement - des facteurs précipitants (aigus ou intermittents) 3. Elle a pour conséquences fréquentes un risque de perte d’indépendance fonctionnelle et/ou d’entrée en institution 4. Sa prise en charge est multifactorielle (intervention multicomposante) et requiert une approche globale et holistique du patient Les syndromes gériatriques 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Polypathologie Dépendance Iatrogénie Dénutrition et sarcopénie Dépression, troubles du comportement Confusion Troubles cognitifs et démence Troubles de l’équilibre et de la marche, ostéoporose et chute Complication du décubitus: escarres, TVP, constipation, encombrement bronchique 10. Troubles sphinctériens: incontinence, rétention aigue d’urines, fécalome 11. Troubles neurosensoriels : vue, audition 12. Douleurs Prévalence de la fragilité Dépend de la population étudiée, des outils utilisés : 4 – 59 % 4 dimensions : Repérer la fragilité pour prévenir les événements péjoratifs, notamment la dépendance • Le repérage de la fragilité est la première étape d’une séquence comprenant l’évaluation globale de la personne et la planification d’interventions de prévention formalisées dans un plan personnalisé de soins (PPS) • Mais il n’existe pas d’outil de repérage uniformément validé et fiable • Nécessité d’utiliser des outils de dépistage de la fragilité validés dans des populations/situations spécifiques : domicile / service d’urgence / pré-opératoire / post IDM / pré-dialyse / oncogériatrie… Oncogériatrie : dépister le patient âgé fragile Les outils pour l’oncologue destinés à repérer les patients qui vont tirer un bénéfice d’une évaluation gériatrique standardisée : Les plus sensibles : • Triage Risk Screening Tool (TRST) : Sensibilité = 92% ; spécificité = 47% • G8 : Sensibilité = 76-87% ; spécificité = 61-64% • VES-13 : Sensibilité de 68% ; spécificité de 78% Les plus spécifiques : • Le Groningen Frailty Index (GFI) : Sensibilité 57% ; spécificité de 86% • Fried Frailty Criteria : Sensibilité 31% ; spécificité de 91% • Echelle de Barber : Sensibilité 59% ; spécificité de 79% • Evaluation Gériatrique Standardisée Abrégée : Sensibilité de 51% et spécificité de 97% L’intuition clinique ? Aucun test n’est parfait L’Evaluation Gériatrique Approfondie reste indispensable pour évaluer la fragilité – surtout pour les patients ayant des scores intermédiaires – lorsque le patient âgé est candidat à une prise en charge oncologique complexe ME Hamaker, Lancet Oncology 2012 Outil de dépistage : Oncodage - G8 Items A Le patient présente-t-il une perte d’appétit ? At-il mangé moins ces 3 derniers mois par manque d’appétit, problèmes digestifs, difficultés de mastication ou de déglutition ? B Perte récente de poids (< 3 mois). C Motricité. Réponses possibles (score) 0 : anorexie sévère 1 : anorexie modérée 2 : pas d’anorexie 0 1 2 3 : : : : perte de poids > 3 kg ne sait pas perte de poids entre 1 et 3kg pas de perte de poids 0 : Du lit au fauteuil 1 : Autonome à l’intérieur 2 : sort du domicile E Problèmes neuro-psychologiques F Indice de masse corporelle H Prend plus de 3 médicaments P Le patient se sent-il en meilleur ou moins bonne santé que la plupart des personnes de son âge Age SCORE TOTAL 0 : démence ou dépression sévère 1 : démence ou dépression modérée 2 : pas de problème psychologique 0 1 2 3 : : : : IMC IMC IMC IMC < = = = 18,5 18,5 à IMC < 21 21 à IMC < 23 c 23 et > 23 0 : oui 1 : non 0 : moins bonne 0.5 : ne sait pas 1 : aussi bonne 2 : meilleure 0 : >85 1 : 80-85 2 : <80 0 – 17 Un score ≤ à 14 constitue un argument pour une demande d’évaluation gériatrique Algorithme de prise en charge du patient âgé atteint de cancer Adapté de Balducci L. The Oncologist 2000 Projet thérapeutique complexe L’oncologue anticipe la fragilité liée au traitement Qu’attendre d’une évaluation gériatrique ? • Objectifs de l’évaluation gériatrique « standardisée » : – – – – – – – – – – – – – – Dépister les fragilités ++ Estimer l’espérance de vie Détecter les comorbidités non diagnostiquées, les syndromes gériatriques ++ Rechercher les comorbidités réversibles, dépister la iatrogénie + Hiérarchiser les problèmes de santé Evaluer les « bénéfices-risques » des traitements ++ Eviter que des pathologies ne se décompensent pendant le traitement oncologique : « cascades de décompensations » Evaluer les motivations et désirs des patients Evaluer les besoins sociaux et proposer un plan d’aide Dépister l’épuisement des aidants Elaborer un plan de soins Maintenir une qualité de vie correcte Permettre le soutien à domicile Organiser le suivi Précisez vos attentes lors de vos demandes de consultation +++ Evaluation gériatrique « standardisée » • Processus interdisciplinaire d’évaluation multidimensionnelle de la personne âgée (fragile) en vue de l’élaboration d’un plan de soins personnalisé planifié et coordonné avec recommandations avec suivi • ≠ somme de résultats d’échelles L’évaluation gériatrique approfondie Les domaines évalués : • L’état nutritionnel : Mini Nutritional Assesment, IMC, albumine • Les fonctions sensorielles : la vue et de l’audition • La marche et l’équilibre : appui unipodal, Get up and go test • Les fonctions sphinctériennes • L’état thymique et cognitif : Geriatric Depression Scale, MMSE • L’évaluation fonctionnelle : ADL, IADL, activités de loisir • Les comorbidités : indice de Charlson, Cumulative illness rating scale • Les traitements • L’environnement social : logement, accessibilité aux services, famille, ressources économiques • La qualité de vie Savoir interpréter une évaluation gériatrique • Connaitre les principales échelles utilisées – Domaine(s) dans lequel elles sont utilisées – Leurs limites d’interprétation • Les échelles sont une aide au dépistage des fragilités • Elles sont utilisées pour la recherche et dans le suivi des patients • Elles ne doivent pas se substituer à la synthèse de l’évaluation gériatrique Comprendre les dimensions de la fragilité explorées Les intégrer dans le processus décisionnel Dépistage des fragilités Repérer une fragilité « sociale » • Déterminer les conditions de logement, le cadre de vie (vit seul ?), le réseau d’aides humaines (familles, voisins, aides professionnelles), la fréquence des visites, les revenus financiers • Manque de support social associé à : – ↘ Espérance de vie – ↗ durée d’hospitalisation (Yang, 1992 ; Ryan, 1989) – ↗ déclin cognitif, dépression – Moins de traitement à visée oncologique • Cancer de la prostate : survie meilleure chez les hommes mariés que chez les hommes célibataires ou veufs, après ajustement pour l’âge, le stade du cancer et le traitement. (Krongrad, 1996) • Besoin d’aides dans la vie quotidienne ↗ après 3 et 6 mois chez des patients de plus de 65 ans traités pour cancer (Mor, 1992) => anticiper les mesures qui seront à prévoir puis à prendre dans ces domaines au cours du traitement et à l’issue de celui-ci : demande d’APA, SSR… Quelques outils pour repérer « la fragilité » Dimension Outil d’évaluation Etat fonctionnel Autonomie ADL et IADL Comorbidités CIRS-G, Charlson Cognition MMS Thymie Geriatric Depression Scale Etat nutritionnel Mini Nutritional Assessment Polymédication Nombre de médicaments Autres syndromes gériatriques : confusion, chute, incontinence… Confusion Assessment Method, Timed up and go test, SPPB Echelle de comorbidités : CIRS-G, Charlson Cumulative Illness Rating Scale for Geriatrics Cotation et interprétation 0- Aucun problème 1 Cœur 2 Vasculaire 3 Hématologique 4 Respiratoire 5 Yeux, oreilles, nez, thorax et larynx 6 Haut appareil digestif (œsophage, estomac, duodénum) 7 Bas appareil digestif (intestins, hernies) 8 Foie, pancréas et voies biliaires 9 Rein 10 Tractus urogénital (uretère, vessie, urètre prostate, organes génitaux, utérus, ovaires 11 Système ostéoarticulaire et peau 12 Système neurologique (cerveau, moelle épinière, nerfs) 13 Système endocrinien/métabolique / sein 14 Pathologie psychiatrique 0 1 2 Extermann M. Crit Rev Oncol Hematol. 2000 3 4 1- Problème actuel mais mineur ou problème significatif mais ancien 2- Handicap ou comorbidité modéré nécessitant un traitement de première ligne 3- Handicap ou comorbidité sévère/constant incontrôlable / problèmes chroniques 4- Extrêmement sévère/traitement immédiat nécessaire/insuffisance organique terminale/ Comorbidités : - Affectent la faisabilité du traitement - Espérance de vie (score de Lee) - Élément pronostique (mortalité) indépendant du stade de la maladie Satariano. Crit Rev Oncol Hematol 2003 - Majoration de la iatrogénie (chimiothérapie) Yancik. Cancer 1997 => Appréhender si l’état de santé global du patient et en particulier ses comorbidités sont ils compatibles avec ces traitements Exemple du cancer du rectum Co-morbidity leads to altered treatment and worse survival of elderly patients with colorectal cancer. Lemmens VEPP et al. Brit. J. of Surgery 2005 Rechercher une polymédication • • • Souvent associée au nombre de comorbidités actives Attention aux médicaments non inscrits sur les ordonnances / à l’automédication Polymédication associée aux risques : – – – – – • Interactions médicamenteuses et effets indésirables (chimiothérapie ++) Non observance thérapeutique Hospitalisation, passage aux urgences Chutes et fractures Moins bon état de santé rapporté Utiliser des outils pour identifier les prescriptions inappropriées : liste de Beers/Laroche, Medication Appropriateness Index, outil START-STOPP… – Overuse – Underuse – Misuse Revue de l’ordonnance : indication, dosage, durée de traitement Évaluer le risque d’interaction avec la chimio Informer le patient Surveiller Dénutrition protéino-énergétique • Perte de poids involontaire > 5% en un mois ou 10% en 6 mois • IMC<21kg/m2 • Albumine plasmatique < 35g/L • Score de MNA<17 Dénutrition sévère: perte de poids >=10% en un mois ou 15% en 6 mois IMC<18kg/m2 Albumine plasmatique < 30g/L Recommandations HAS MNA - index semi quantitatif - outil de dépistage de la dénutrition et de quantification du risque nutritionnel MNA Dénutrition associée à : - Diminution de l’espérance de vie - ↗ Complications (toxicité des chimio ++) => Prise en charge individualisée (cf reco SFNEP) Evaluation de la dépendance ADL (Activities of Daily Living) ADL et IADL = facteurs pronostiques (mortalité, complications) => Adapter le plan d’aide à domicile, APA… IADL Hommes Femmes Normal: 3 2 Moyennement déprimé: 7 3 Déprimé 122 Geriatric depression scale GDS 15 items Dépistage: mini GDS Dépression = Facteur indépendant de mortalité => Traitement antidépresseur, soutien psychologique Evaluation du risque de chute Evaluation de l’équilibre et de la marche • • • Mobilité = critère déterminant dans la prise en charge des patients, car elle fait partie du statut OMS, et de l’indice de Karnofski, outils utilisés quotidiennement par les oncologues pour les décisions thérapeutiques Les sujets âgés atteints d’un cancer ont-ils un risque élevé de chutes ? Résultats discordants Facteurs de risque de chute particuliers chez les patients âgés atteints de cancer : – Anémie : risque de chute X2 – Asthénie – Déconditionnement physique, réduction d’activité => certains cancer sont plus invalidants – Dénutrition – Perte d’indépendance – – – – – – Douleurs Dépression Environnement : pieds à perfusion Tumeur cérébrale primitive ou métastatique Néoplasie à un stade avancé Effets indésirables des traitements (neurotoxicité) Dans la maladie cancéreuse, le risque de chute est évolutif : apparition de nouveaux facteurs de risque de chute : perte d’autonomie, confusion, traitements, évolution du cancer… => Intérêt d’une évaluation « dynamique » du risque, pour pouvoir cibler les patients à risque et leur proposer des interventions spécifiques Evaluation du risque de chute Evaluation de l’équilibre et de la marche • «Êtes-vous tombé au cours de l’année écoulée ? – Si oui, combien de fois (50% des chuteurs sont des multichuteurs) • Evaluation de l’équilibre – SPPB – Appui unipodal… • Evaluation de la vitesse de marche – Sur 4m ou 10m – Timed up and go test • SPPB (Short Physical Performance Battery) – 0-6 Faible performance – 7-9 Performances intermédiaires – 10-12 Haute performance – Prédictif du risque d’incapacité, d’hospitalisation et de mortalité Timed up & go test 3m • • • • < 20 sec : bonne mobilité > 30 sec : dépendance pour la mobilité < 14 sec : faible risque de chute Modifications des performances sous double tâche = compétition des besoins attentionnels requis pour chaque tâche (fonctions exécutives ++) => dépiste la démence Podsiadlo D, J Am Geriatr Soc 1991 Shumway-Cook A, Phys Ther 2000 Pettersson, Dement Geriatr Cogn Disord. 2005 Beauchet O, JNHA, 2011 Vitesse de marche = marqueur de fragilité Studenski S, Gait speed and survival in older adults, JAMA 2011 Réduction de la mortalité de 12% par +0,1 m/s • Indicateur de sévérité et de pronostic de nombreuses pathologies (BPCO, Insuffisance cardiaque, Insuffisance rénale, arthrose de genou, cancer) • Vitesse de marche diminuée en préopératoire est associée à une mortalité postopératoire à un an plus élevée • Vitesse de marche diminuée en préopératoire augmente le risque de complications post-opératoires Townsend NT, Adv Surg 2014 Pamoukdjian, J Nutr Health Aging 2016 En présence d’un trouble de la marche, d’un trouble de l’équilibre, d’un risque de chute identifié • Possibilité de compléter le bilan : consultation/HDJ chute • Prise en charge multifactorielle : – Kiné : ordonnance détaillée – Aide technique de marche si nécessaire – Pratique régulière d’une activité physique (marche ++) – Révision de l’ordonnance (arrêt des psychotropes…) – Correction des facteurs de risque modifiables : • Modifications environnementales, chaussage… • Troubles visuels, arthrose… – Supplémentation en vitamine D +/- traitement antiostéoporotique • Suivi : récidive de chute, suivi des recommandations Intérêt du dépistage d’un déclin cognitif • Importance de l’état cognitif pour: – – – – – Comprendre le diagnostic, le(s) traitement(s), décider Prendre correctement les médicaments Comprendre les effets secondaires Rapporter les problèmes Signer un consentement éclairé (essai thérapeutique) • Or 50% des démences ne sont pas diagnostiquées ou le sont avec retard (2 ans) • Déclin cognitif et cancer : – Survie des malades inférieure en cas de démence – Risque majeur de confusion : • Période post-opératoire • En cas de chimiothérapie, en cas d’exposition aux traitements associés à la chimiothérapie (corticoïdes, anticholinergiques – ex : antiémétiques…) MMSE - On l’a tous fait, mais pas toujours bien - Il s’agit d’un test de dépistage d’un déclin cognitif, pas d’un test diagnostique de démence - Score à interpréter en fonction de l’âge, du niveau d’éducation, de la coopération du malade - pertinence du moment de l’évaluation cognitive (SAU ?) Mini COG : 3 mots + Test de l’horloge 11h10 Décider avec un malade d’Alzheimer • C’est possible • Tenir compte de la maladie dans le choix du traitement – Observance médicamenteuse – Acceptation de certains traitements/dispositifs : radiothérapie si troubles du comportement, nutricaths, poches de stomie… • Tenir compte des capacités décisionnelles de la personne – a compris sa maladie, les enjeux du choix thérapeutique ? – peut exprimer un choix et le justifier ? – il est stable dans le temps ? • Légitimité du rôle de la famille – Expriment ce que la personne aurait voulu ? – Expriment ce qu’ils comprennent des souhaits actuels de la personne ? – Expriment ce qu’ils souhaitent ? Dimension Outil d’évaluation Corrélation Etat fonctionnel Autonomie ADL et IADL Espérance de vie ↘ Tolérance au stress (complications) Comorbidités Indices de comorbidité : CIRS-G, Charlson Espérance de vie ↘ Tolérance au stress Cognition MMS Espérance de vie ↘Tolérance au stress, Aggravation des troubles sous chimio, Dépendance Thymie GDS Espérance de vie Motivation Etat nutritionnel MNA Espérance de vie Complications (toxicité des chimio ++) Polymédication Nombre de médicaments Risque d’interactions + complications Autres syndromes gériatriques : confusion, chute, incontinence… Vitesse de marche, Confusion Assessment Method, Timed up and go test, SPPB… Espérance de vie Dépendance Support social Moins de traitement à visée onco Espérance de vie, ↗ déclin cognitif, dépression Apport d’une évaluation gériatrique dans la prise en charge des patients âgés atteints de cancer L’EGA influence t’elle la décision thérapeutique oncologique ? Evaluation gériatrique et processus décisionnel chez les patients âgés atteints de cancer : ELCAPA Study • 375 patients consécutifs avec EGA • 79.6 ans, K digestif 59% • Critère d’évaluation : modification du projet thérapeutique initial par les oncologues (intensification, décroissance, décalage) • Modification du projet thérapeutique : 21% (81% décroissance) • Facteurs associés : – En univarié : OMS ≥2, dépendance pour au moins 1 activité de base de la vie quotidienne, malnutrition, déclin cognitif, dépression, nombre de comorbidités – En multivarié : score ADL (OR 1.25 / perte de 0.5 pt), malnutrition (OR 2.99) • Dans la littérature : EGA modifie 20 à 39% des décisions de traitement – Souvent les chimiothérapies : traitements moins agressifs ++ Chaibi P , CROH 2011 ; Caillet P, J Clin Oncol, 2011 Apport d’une évaluation gériatrique approfondie • Réaliser une EGA et entreprendre une prise en charge gériatrique apporte t’elle un bénéfice chez les patients âgés ? – Chez les patients âgés hospitalisés : OUI • • • • G. ELLIS, métanalyse – BMJ 2011 Amélioration du statut fonctionnel et des fonctions cognitives Réduction de la mortalité Retarde l’entrée en institution Stuck AE Lancet 2004, Stuck AE Lancet 1999 Diminue les réhospitalisations – Chez les patients âgés atteints de cancer ? On ne sait pas (attente résultats EGéSOR, PREPARE) • Un tout petit nombre d’articles permet de répondre aux questions suivantes : – l’évaluation gériatrique apporte des informations utilisables par les oncologues – l’évaluation gériatrique apporte plus d’informations que les outils usuels des oncologues – les résultats de l’évaluation modulent le traitement. Autres limites de l’EGA • Chronophage et non applicable pour tous les patients => Intérêt d’un Outil de dépistage de la fragilité : G8 • Seulement 50 à 70 % des recommandations sont appliquées par les acteurs (patient, famille, médecin traitant, aidant professionnel ...) Conclusion • Il existe des outils pour aider les oncologues à dépister les patients âgés fragiles • L’évaluation gériatrique approfondie – doit être proposée aux patients fragiles et/ou aux patients âgés avec un projet thérapeutique complexe – apporte des renseignements utiles (identification des fragilités) en vu de la prise en charge oncologique (adaptation du traitement) – nécessite une conclusion synthétique pour être compréhensible par tous – n’est pertinente que si elle est associée à l’établissement d’un plan de soins – n’est efficace que si les mesures proposées sont effectivement suivies Merci