DOSSIER THÉMATIQUE Alcoolodépendance Comorbidités psychiatriques dans l’alcoolodépendance Psychiatric comorbidity of alcohol dependence M. Cognat-Brageot*, P. Louville*, F. Limosin* M. Cognat-Brageot L e syndrome de dépendance à l’alcool consiste en un mode de consommation pathologique qui se caractérise notamment par un craving (envie irrésistible de consommer) et une perte de contrôle. L’alcoolodépendance a des conséquences somatiques et sociales dont la sévérité conditionne le pronostic à long terme. En outre, 50 à 70 % des patients alcoolodépendants présentent, sur la vie entière, au moins 1 autre trouble psychiatrique comorbide (1). Les troubles psychiatriques associés à l’alcoolo­ dépendance peuvent être schématiquement séparés en 2 groupes : ceux qui sont directement induits par l’intoxication alcoolique ou par les phases de sevrage, et ceux qui préexistent et constituent souvent des facteurs de vulnérabilité. Dans les 2 cas, leur repérage est essentiel afin de permettre une prise en charge précoce, adaptée et intégrée. L’OMS a proposé des seuils de consommation “à risque” (encadré 1) [2]. Épidémiologie * Service universitaire de psychiatrie de l’adulte et du sujet âgé, hôpital Corentin-Celton, groupe hospitalier Hôpitaux universitaires Paris Ouest (AP-HP), Issy-les-Moulineaux. Dans la population générale, environ 10 % des adultes (15 % des hommes et 5 % des femmes), principalement entre 25 et 64 ans, présentent un abus ou une dépendance à l’alcool sur la vie entière (3). Cette proportion est restée stable depuis le début des années 1990. On évalue à 6 % le taux de patients hospitalisés pour une pathologie en rapport avec l’alcool, et à 18 % la proportion de sujets alcoolodépendants parmi les patients admis en services médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) [4]. Cette proportion est encore plus élevée au sein des unités d’hospitalisation psychiatriques, puisque plus d’un quart des patients qui y sont admis 56 | La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 2 - mars-avril 2013 ont présenté ou présenteront un abus ou une dépendance à l’alcool (5). Ainsi, la dépendance à l’alcool augmenterait le risque de dépression ou d’anxiété d’un facteur 1,8 à 4,7, en fonction de l’âge et du milieu socioculturel (6). »» Seuils de consommation - pas plus de 4 verres par occasion ; - pas plus de 21 verres par semaine chez l’homme (3 verres/ jour en moyenne), et pas plus de 14 chez la femme (2 verres/jour en moyenne). Le terme de “verre” désigne le “verre standard” ou unité internationale d’alcool (UIA) qui est la quantité “normalisée” délivrée pour chaque catégorie de boisson alcoolique dans les lieux de consommation publics. Un verre correspond à 10 grammes d’alcool pur. L’OMS recommande également de s’abstenir au moins 1 jour par semaine de toute consommation d’alcool. »» Usage à risque : toute conduite d’alcoolisation où la consommation est supérieure aux seuils définis par l’OMS, mais qui n’a pas encore entraîné de dommage d’ordre médical, psychique ou social (y compris la dépendance). Cette catégorie inclut également les consommations égales voire inférieures aux seuils de l’OMS quand elles sont associées à une situation à risque et/ou à un risque individuel particulier. »» Usage nocif : toute conduite d’alcoolisation caractérisée par l’existence d’au moins 1 dommage d’ordre médical, psychique ou social induit par l’alcool, quels que soient la fréquence et le niveau de consommation, et par l’absence de dépendance à l’alcool. »» Usage avec dépendance : toute conduite d’alcoolisation caractérisée par la perte de la maîtrise de la consommation. L’usage avec dépendance ne se définit donc ni par rapport à un seuil ou une fréquence de consommation, ni par l’existence de dommages induits qui, néanmoins, sont souvent associés. Encadré 1. Mésusage d’alcool : définitions. Points forts »» La dépendance à l’alcool est une pathologie fréquente qui s’associe dans la moitié des cas à une autre comorbidité psychiatrique. »» Jusqu’à 40 % des patients dépendants qui consomment de l’alcool présentent des symptômes dépressifs, mais seuls 4 % d’entre eux présentent les critères de dépression majeure après 1 mois d’abstinence. »» La dépendance à l’alcool augmente le risque de passage à l’acte suicidaire, surtout en cas de troubles psychiatriques associés. »» Les comorbidités psychiatriques et la dépendance à l’alcool doivent idéalement être pris en charge par une même équipe, de manière à améliorer la cohérence (programmes intégrés). De même, des troubles anxieux sont retrouvés chez environ 1 patient alcoolodépendant sur 10 sur la vie entière. Parmi ces troubles, le trouble panique et la phobie sociale sont ceux le plus souvent associés au diagnostic de dépendance à l’alcool, puisqu’ils sont retrouvés respectivement 4,2 et 2,6 fois plus fréquemment chez ces patients que dans la population générale (3). L’état de stress post-traumatique est lui aussi associé de façon fréquente à l’alcoolodépendance, en particulier chez l’homme. Enfin, les troubles bipolaires ont une prévalence 4 fois plus importante chez les sujets alcoolodépendants (7). Personnalité prémorbide Selon les études, il a été estimé que 11 à 78 % des patients alcoolodépendants présentent un trouble de la personnalité associé (8). Parmi les personnalités pathologiques retrouvées, on constate une forte représentation de personnalités anxieuses (personnalité évitante, dépendante ou obsessionnelle) et de personnalités du groupe B (personnalité borderline, antisociale, histrionique ou narcissique). Ainsi, 15 % des patients alcoolodépendants ont une personnalité antisociale ou psychopathique, alors que cette personnalité est rare dans la population générale (2 à 3 %) [8]. Les traits de personnalité antisociale sont plus fréquemment associés à une alcoolodépendance primaire, commençant précocement (avant 25 ans). Mais plus qu’une catégorie diagnostique spécifique de personnalité pathologique, ce sont plutôt certains traits de personnalité qui constituent des facteurs de vulnérabilité à l’addiction. Il s’agit principalement des dimensions de dépendance, de sentiment de vide et de recherche de sensations. La dépendance est à envisager ici comme un mode global de fonctionnement. Il existe certes une dépendance à certaines substances ou comportements, mais également une dépendance relationnelle, interpersonnelle, se traduisant par une difficulté à faire face à la solitude. Lorsque le cadre de vie rassurant (environnement professionnel et personnel) de ces individus disparaît ou se fragilise, leurs faibles capacités d’autonomie rendent alors moins opérantes leurs stratégies adaptatives, une consommation d’alcool pouvant s’y substituer comme une réponse compensatoire. Le sentiment de vide et d’abandon que les patients dépendants peuvent avoir se retrouve aussi chez les patients borderline. Chez ces derniers, la dépendance à l’alcool s’instaure par des consommations régulières dont l’objectif est généralement double : la lutte contre l’anxiété et la recherche de sensations (3). Celle-ci est un des traits principaux chez les patients ayant un trouble de personnalité antisociale. Outre la satisfaction de ce besoin, l’alcoolisation est responsable d’une désinhibition qui renforce les aspects de dépassement des limites et d’intolérance à la frustration qui caractérisent ces patients. Bien que ces traits précèdent la dépendance et soient donc largement fixés, une prise en charge adaptée peut permettre aux patients, par le biais de l’apprentissage de la gestion des émotions et des impulsions, de modifier leur consommation. Comorbidités psychiatriques et alcool Bien que la pertinence de la distinction classique entre alcoolisme primaire et alcoolisme secondaire ait été mise en cause, il s’agit néanmoins d’une question pratique que le psychiatre est souvent amené à se poser lorsqu’il est confronté à un patient dépendant à l’alcool et présentant d’autres troubles psychiatriques. En effet, la consommation d’alcool peut s’inscrire comme une réponse à des symptômes préexistants (alcoolisme “secondaire”), qu’elle aggrave et dont une prise en charge adaptée constituera une étape-clé dans la perspective de l’abstinence. Chez d’autres patients, les troubles psychiatriques prennent leur source dans la consommation chronique d’alcool (alcoolisme “primaire”), le sevrage permettant alors leur amélioration, voire leur disparition, sans prise en charge spécifique. Dans un grand nombre de cas, toutefois, les 2 dimensions sont intriquées et il est alors très difficile de faire la part entre alcoolisme primaire et alcoolisme secondaire. L’obtention d’une abstinence pendant au moins 1 mois doit alors constituer l’objectif premier, son maintien passant ensuite par le traitement des autres pathologies psychiatriques si elles perdurent. Mots-clés Alcoolodépendance Dépression Troubles anxieux Schizophrénie Comorbidités Highlights »» Alcohol dependence is a common disorder, associated with psychiatric comorbidity in half of the cases. »» Up to 40% of alcohol addict patients are depressed. After a month of abstinence, only 4% of them remain depressed. »» A l c o h o l d e p e n d e n c e increases suicidal risk, particularly in case of psychiatric comorbidity. »» Psychiatric comorbidity and alcohol dependence should be managed by a single medical team to increase coherence (integrated programs). Keywords Alcohol dependence Depression Anxiety disorders Schizophrenia Dual diagnosis La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 2 -mars-avril 2013 | 57 DOSSIER THÉMATIQUE Alcoolodépendance Comorbidités psychiatriques dans l’alcoolodépendance Schizophrénie On estime que 20 à 50 % des patients souffrant de schizophrénie présentent un abus ou une dépendance à l’alcool. Or la consommation d’alcool est susceptible d’induire plusieurs complications chez le patient schizophrène (9) : ▶▶ elle est susceptible d’accentuer les phénomènes hallucinatoires et d’augmenter le risque d’inobservance du traitement, elle favorise l’échappement thérapeutique ; ▶▶ elle augmente l’adhésion au délire ; ▶▶ elle peut aggraver une composante dépressive ou anxieuse et augmente le risque de tentative de suicide, avec pour conséquence des hospitalisations plus fréquentes ; ▶▶ elle majorerait, de même que les autres comorbidités addictives, les comportements hétéro-agressifs. Certains auteurs ont suggéré que l’utilisation de l’alcool par les patients souffrant de schizophrénie pourrait être une tentative d’automédication : la consommation d’alcool permettrait, en diminuant certains symptômes négatifs, une meilleure socialisation, et réduirait certains effets indésirables des antipsychotiques (effets moteurs, déficit émotionnel). Cette hypothèse reste néanmoins contestée. plusieurs neuromédiateurs, dont la sérotonine et la noradrénaline (régulation négative) [11]. De plus, la dépendance à l’alcool est émaillée de complications sociales, professionnelles et familiales (isolement, perte d’emploi, perte de logement, etc.) qui peuvent aggraver une dépression ou en favoriser l’apparition. ▶▶ La dépendance à l’alcool est secondaire à une dépression préexistante. Les états dépressifs majeurs précédant la dépendance à l’alcool sont assez rares chez l’homme (1 cas sur 10 environ), mais sont en revanche plus fréquents chez les femmes (12). Dans une large étude réalisée sur plus de 2 700 patients dépendants à l’alcool pris en charge pour un sevrage, 40 % d’entre eux présentaient des symptômes dépressifs à l’admission alors que seuls 4 % restaient déprimés après 1 mois d’abstinence, en l’absence de tout traitement antidépresseur (10). Un sevrage préalable est donc souhaitable avant d’envisager un traitement spécifique des troubles dépressifs chez le patient dépendant à l’alcool, la majorité des dépressions régressant à l’arrêt de l’intoxication. Il faut toutefois garder à l’esprit que cet arrêt peut lui-même favoriser la survenue d’un épisode dépressif, qui apparaît généralement durant le mois qui suit l’interruption de la consommation. Trouble bipolaire Anxiété La dépendance à l’alcool est également fréquente chez les patients bipolaires. Dans 1 cas sur 4, le trouble bipolaire est d’ailleurs diagnostiqué après l’apparition de la dépendance, l’alcool ayant un effet aggravant sur l’évolution du trouble, en favorisant notamment la survenue d’états mixtes (10). La consommation d’alcool est plus importante au cours des phases maniaques, hypomaniaques et lors des épisodes mixtes. À l’inverse, seuls 20 à 30 % des patients bipolaires en phase dépressive augmentent leur consommation d’alcool. L’anxiété est une comorbidité fréquente chez les patients dépendants à l’alcool, qu’il s’agisse d’attaques de panique, d’une phobie sociale ou d’une anxiété généralisée (13). Dans une large étude en population générale ayant porté sur plus de 43 000 personnes, le diagnostic actuel d’alcoolodépendance augmentait d’un facteur 3,5 le risque de présenter un trouble panique, d’un facteur 3 le risque d’anxiété généralisée, et de 2,3 celui de phobie spécifique ou de phobie sociale (14). R.C. Kessler et al. ont également retrouvé une association significative avec l’état de stress post-traumatique (15). Plusieurs modèles théoriques ont tenté d’expliquer l’association entre les troubles anxieux et l’usage d’alcool (16). Le modèle du facteur commun propose qu’un même facteur facilite l’apparition de l’un et l’autre trouble, qui peuvent aussi être associés. Dans le modèle de l’usage secondaire de substance, le trouble anxieux préexistant va faciliter l’usage de l’alcool, consommé dans un premier temps comme une automédication pour tenter de soulager les symptômes anxieux. Le modèle de l’automédication Dépression On évalue à 80 % la proportion de patients dépendants à l’alcool non abstinents présentant des symptômes dépressifs, parmi lesquels 30 % répondent aux critères d’état dépressif majeur caractérisé (10). De nombreux auteurs ont tenté de préciser les relations qui unissent ces 2 pathologies : ▶▶ L’alcool est un facteur dépressogène avéré. L’alcool module les concentrations cérébrales de 58 | La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 2 - mars-avril 2013 DOSSIER THÉMATIQUE semble fréquemment correspondre à l’association entre l’alcoolodépendance et la phobie sociale ou l’état de stress post-traumatique. Dans le modèle de la psychopathologie secondaire, l’usage initial de l’alcool entraîne des modifications neurobio­ logiques qui aboutissent à l’apparition d’un trouble anxieux. L’association entre l’alcoolodépendance et le trouble panique semble correspondre à ce modèle. Enfin, le modèle bidirectionnel postule que chacun des 2 troubles joue un rôle dans l’apparition et le maintien de l’autre. L’anxiété est également l’un des symptômes prépondérants du syndrome de sevrage. Elle se caractérise dans ce cas par son caractère matinal et la présence des signes physiques classiques qui lui sont associés (sueurs, tremblements, troubles digestifs). Elle disparaît dès l’ingestion d’alcool ou grâce au traitement du syndrome de sevrage (benzodiazépines). des patients alcoolodépendants était plus altérée quand ils présentaient un trouble psychiatrique comorbide (20). La comorbidité entre un trouble mental et l’alcoolodépendance entraîne une inflation des problèmes de santé et des difficultés sociales qui constitue un véritable enjeu de santé publique. Conséquences des comorbidités Modalités de traitement des comorbidités La cooccurrence d’un trouble psychiatrique et d’une dépendance à l’alcool est considérée comme un facteur d’évolution péjorative pour les 2 troubles. Le mésusage de substance et le trouble psychiatrique peuvent interagir de plusieurs façons, la consommation d’alcool étant susceptible : ▶▶ d’accentuer certains troubles psychiatriques ; ▶▶ de simuler ou, à l’inverse, de masquer des symptômes psychiatriques ; ▶▶ d’entraîner une atténuation des symptômes psychiatriques, qui seront dans ce cas sous-estimés ; ▶▶ de diminuer l’efficacité des traitements médicamenteux, voire d’amener le patient à utiliser la substance pour remplacer son traitement. Les études ont montré que, comparativement à un trouble mental isolé, dans les troubles concomitants : ▶▶ les symptômes psychiatriques sont plus sévères ; ▶▶ la compliance au traitement est moindre ; ▶▶ la chronicisation des troubles est plus fréquente, et le risque de rechutes, plus élevé ; ▶▶ le risque de conduites suicidaires ou autoagressives est majoré (encadré 2). Ces patients, qui bénéficient d’un moindre soutien social, recourent de façon plus fréquente et plus coûteuse aux soins médicaux et aux ressources de santé mentale (utilisation des services d’urgence, hospitalisations). Les troubles concomitants sont aussi associés à des risques accrus de commettre des crimes ou des délits ou d’avoir des comportements violents (19). On a pu montrer que la qualité de vie Face aux troubles concomitants, plusieurs stratégies thérapeutiques ont été proposées. Classiquement, les patients peuvent être pris en charge de façon séquentielle, l’un des 2 troubles étant traité en premier par une équipe, puis le second trouble par une autre équipe, le plus souvent sans contact entre les intervenants successifs. Plus récemment, on a proposé un abord parallèle des 2 troubles, 2 équipes, là encore distinctes, abordant en même temps le trouble psychiatrique et la dépendance. Le modèle le plus récent vise une approche intégrée des stratégies thérapeutiques, le traitement étant dispensé par une seule équipe dans le cadre d’un programme unique, avec comme objectif que les troubles psychiatriques et la dépendance soient traités simultanément et de manière cohérente, y compris dans la communication avec les patients. Cette dernière approche a fait l’objet de nombreuses études contrôlées, qui ont permis de démontrer sa supériorité sur les modèles séquentiel ou parallèle. Notamment, on a mis en évidence, chez les patients comorbides traités selon le modèle intégré, une meilleure compliance au traitement et une meilleure récupération du fonctionnement social (19). Une revue de 45 études contrôlées évaluant les différents types d’interventions utilisées pour les traitements intégrés des troubles concomitants graves et persistants a permis d’identifier plusieurs techniques intéressantes (21) : ▶▶ les thérapies de groupe ; ▶▶ la réduction des dommages ; Il a été montré que 17 à 32 % des tentatives de suicide prises en charge aux urgences sont associées à une prise d’alcool : jusqu’à 32 % des suicidants présentent un abus ou une dépendance à l’alcool (17). Quelle que soit la pathologie psychiatrique sous-jacente (18), l’intoxication alcoolique favorise le passage à l’acte autoagressif par un effet de levée d’inhibition qui augmente par ailleurs la létalité du geste. La réalisation d’une alcoolémie doit donc être systématique chez tout patient pris en charge pour une tentative de suicide. Encadré 2. Alcool et risque suicidaire. La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 2 -mars-avril 2013 | 59 DOSSIER THÉMATIQUE Alcoolodépendance Comorbidités psychiatriques dans l’alcoolodépendance ▶▶ les programmes intensifs de longue durée en milieu résidentiel protégé lors de l’échec de l’approche ambulatoire. Conclusion La prise en charge de la cooccurrence d’un trouble psychiatrique et d’une dépendance nécessite le repérage le plus précoce possible de l’association de ces 2 troubles. Les psychiatres doivent ainsi rechercher systématiquement une addiction susceptible de compliquer l’évolution des troubles psychiatriques de leurs patients, et, de même, les addictologues doivent évaluer l’ensemble de la psychopathologie du patient afin de repérer d’éventuels troubles relevant d’une prise en charge adaptée. La prévalence importante des troubles concomitants souligne la nécessité d’une collaboration clinique et thérapeutique entre les 2 disciplines, de façon à ce que soient proposées à ces patients fragiles, peu compliants et résistants aux stratégies thérapeutiques centrées sur un seul trouble, des interventions adaptées, cohérentes et efficaces. ■ Références bibliographiques 1. Kessler RC, Crum RM, Warner LA, Nelson CB, Schulenberg J, Anthony JC. Lifetime co-occurrence of DSM-III-R alcohol abuse and dependence with other psychiatric disorders in the National Comorbidity Survey. Arch Gen Psychiatry 1997;54(4):313-21. 2. Rehm J, Room R, Monteiro M et al. Alcohol. In: WHO (ed). Comparative quantification of health risks: Global and regional burden of disease due to selected major risk factors. Genève : WHO, 2004. 3. Lejoyeux M, Embouazza H. Troubles psychiatriques et addictions. In: Lejoyeux M (ed). Addictologie. Paris : Masson, 2009. 4. Reynaud M, Leleu X, Bernoux A, Meyer L, Lery JF, Ruch C. Alcohol use disorders in French hospital patients. Alcohol Alcohol 1997;32(6):769-75. 5. Liraud F, Verdoux H. [Clinical and prognostic characteristics associated with addictive comorbidity in hospitalized psychiatric patients]. Encephale 2000;26(3):16-23. 6. Dawson DA, Grant BF, Stinson FS, Chou PS. Psychopathology associated with drinking and alcohol use disorders in the college and general adult populations. Drug Alcohol Depend 2005;77(2):139-50. 7. Verheul R, Kranzler HR, Poling J, Tennen H, Ball S, Rounsaville BJ. Axis I and Axis II disorders in alcoholics and drug addicts: fact or artifact? J Stud Alcohol. 2000;61(1):101-10. 8. Bottlender M, Preuss UW, Soyka M Association of personality disorders with Type A and Type B alcoholics. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci 2006;256(1):55-61. 9. Schwan R, Malet L. Impact des consommations et abus d’alcool chez les sujets psychotiques. Encephale 2007;33(S5):192-6. 10. Schuckit MA, Tipp JE, Bucholz KK et al. The life-time rates of three major mood disorders and four major anxiety disorders in alcoholics and controls. Addiction 1997;92(10):1289304. 11. Tollefson GD. Serotonin and alcohol: interrelationships. Psychopathology 1989;22(Suppl. 1):37-48. 12. Limosin F. Spécificités cliniques et biologiques de l’alcoolisme de la femme. Encephale 2002;28(6 Pt 1):503-9. 13. Lejoyeux M, Cardot H. Alcoolisme, anxiété et dépression. Sante Ment Que 2001;26(2):47-61. 14. Hasin DS, Stinson FS, Ogburn E, Grant BF. Prevalence, correlates, disability, and comorbidity of DSM-IV alcohol abuse and dependence in the United States: results from the National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions. Arch Gen Psychiatry 2007;64(7):830-42. 15. Kessler RC, Chiu WT, Demler O, Merikangas KR, Walters EE. 2005. Prevalence, severity, and comorbidity of 12-month DSM-IV disorders in the National Comorbidity Survey Replication. Arch Gen Psychiatry 2005;62(6):617-27. 60 | La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 2 - mars-avril 2013 16. Mueser KT, Noordsky DL, Drake RE, Fox L. Integrated Treatment for dual disorders: A guide to effective practice. New York: The Guilford Press, 2003. 17. Boenisch S, Bramesfeld A, Mergl R et al. The role of alcohol use disorder and alcohol consumption in suicide attempts--a secondary analysis of 1921 suicide attempts. Eur Psychiatry 2010;25(7):414-20. 18. McLean D, Gladman B, Mowry B. Significant relationship between lifetime alcohol use disorders and suicide attempts in an Australian schizophrenia sample. Aust N Z J Psychiatry 2012;46(2):132-40. 19. Donald M, Dower J, Kavanagh D. Integrated versus non-integrated management and care for clients with co-occurring mental health and substance use disorders: a qualitative systematic review of randomised controlled trials. Soc Sci Med 2005 Mar;60(6):1371-83. 20. Kalman D, Lee A, Chan E et al. Alcohol dependence, other psychiatric disorders, and health-related quality of life: a replication study in a large random sample of enrollees in the Veterans Health Administration. Am J Drug Alcohol Abuse 2004;30(2):473-87. 21. Drake RE, O’Neal EL, Wallach MA. A systematic review of psychosocial research on psychosocial interventions for people with co-occurring severe mental and substance use disorders. J Subst Abuse Treat 2008;34(1):123-38.