Correspondances en Métabolismes Hormones DiabÚtes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
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dossier thématique
Stéatohépatite métabolique :
comment la diagnostiquer ?
How to diagnose the nonalcoholic fatty liver disease?
Maud Lemoine, Lawrence Serfaty*
* Service d’hĂ©patologie,
hĂŽpital Saint-Antoine, Paris.
© La Lettre de l’hĂ©pato-
gastroentérologue 2009;3(XII).
L
a stéatose hépatique non alcoolique, ou non-
alcoholic fatty liver disease (NAFLD) dans le voca-
bulaire anglo-saxon, est devenue une cause trĂšs
fréquente de maladie chronique du foie compte tenu
de la prĂ©valence croissante du surpoids et de l’obĂ©sitĂ©
dans le monde. Survenant le plus souvent chez des
malades sourant de syndrome mĂ©tabolique en dehors
de toute consommation excessive d’alcool, la stĂ©a-
tose non alcoolique, également appelée stéatopathie
dysmétabolique, est désormais considérée comme la
manifestation de ce syndrome. Elle existe principa-
lement sous deux formes : la stéatose pure, souvent
bénigne, et la stéatohépatite, ou nonalcoholic stea-
tohepatitis (NASH), qui est une cause de plus en plus
frĂ©quente de î‚”brose, de cirrhose et d’hĂ©patocarcinome.
En pratique clinique, il est important de diagnostiquer
les malades à risque de stéatose dysmétabolique, et
plus encore de distinguer les patients ayant une stéa-
tose simple de ceux ayant une stéatohépatite avec
des lésions de brose qui conditionnent le pronostic.
Le diagnostic de stéatopathie dysmétabolique ainsi
que l’évaluation de sa sĂ©vĂ©ritĂ© sont histologiques et
reposent donc sur la biopsie du foie. Toutefois, cet exa-
men est invasif et onéreux, ce qui justie la recherche
de méthodes diagnostiques non invasives. Celles-ci
n’ont pas la prĂ©cision d’une analyse histologique, mais
pourraient aider à mieux sélectionner les patients can-
didats Ă  la biopsie.
Pourquoi faire le diagnostic
de stéatopathie métabolique ?
La NAFLD occupe une place de plus en plus impor-
tante dans l’activitĂ© des services d’hĂ©patogastro-
entérologie, en raison de la forte augmentation du
nombre de sujets obĂšses au cours des vingt derniĂšres
années et de la mise en évidence du rÎle délétÚre du
syndrome d’insulinorĂ©sistance sur les tissus pĂ©riphĂ©-
riques, dont le foie. Elle est devenue, dans certains
pays occidentalisés, la premiÚre cause de maladie
chronique du foie. Aux États-Unis, sa prĂ©valence est
estimée entre 20 et 30 % dans la population générale,
avec une prévalence de la NASH évaluée à 5 % (1). Elle
est Ă©galement en augmentation chez l’enfant et chez
l’adolescent. Chez les patients ayant une surcharge
pondérale modérée ou sévÚre, la prévalence de la
NASH histologiquement prouvée serait de 42 %. Dans
une série de 195 patients obÚses, Abrams et al. ont
montré que la prévalence de la NASH était de 36,4 %
et que, parmi ces derniers patients, 12 % avaient des
lésions de brose sévÚre (2).
Fréquemment associée à une insulinorésistance indé-
pendamment du surpoids, la stéatose hépatique non
alcoolique est considérée comme la manifestation
hépatique du syndrome métabolique. Celui-ci est
déni par l’association d’une obĂ©sitĂ© centrale, d’une
hypertension artĂ©rielle, d’une hypertriglycĂ©ridĂ©mie,
d’un HDL-cholestĂ©rol bas et d’une intolĂ©rance au
»
La stéatose hépatique non alcoolique, ou stéatopathie
dysmétabolique, existe sous deux formes : la stéatose simple,
d’évolution bĂ©nigne, et la stĂ©atohĂ©patite (NASH), qui peut se
compliquer d’une ïŹbrose, d’une cirrhose et d’un cancer.
»
Seule la biopsie hépatique permet de distinguer les patients ayant
des lésions de stéatohépatite de ceux ayant une stéatose simple. Il
n’existe pas encore de recommandations quant à ses indications. Elle
paraĂźt justiïŹĂ©e en l’absence d’amĂ©lioration des anomalies biologiques
hépatiques malgré les mesures hygiénodiététiques et le contrÎle
des perturbations métaboliques.
» La place des tests non invasifs (élastométrie hépatique, NashTestŸ
et FibroTestÂź) pour le diagnostic et l’évaluation de la sĂ©vĂ©ritĂ© de la
stĂ©atohĂ©patite reste Ă  dĂ©ïŹnir.
Mots-clĂ©s : StĂ©atopathie dysmĂ©tabolique – Biopsie hĂ©patique –
Marqueurs non invasifs de brose.
Keywords: Nonalcoholic fatty liver disease – Liver biopsy – Non invasive
markers .
Points forts
>>>
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Stéatohépatite métabolique : comment la diagnostiquer ?
glucose, voire d’un diabùte de type 2 (tableau). Le
syndrome métabolique touche environ 25 % de la
population aux États-Unis, avec des chires presque
similaires en France selon l’ñge, le sexe et l’origine
géographique.
Alors que la stéatose pure est une lésion bénigne, son
association Ă  des lĂ©sions inammatoires, dénissant la
NASH, peut évoluer vers la cirrhose dans 10 à 15 % des
cas, avec un risque de complications, et en particulier
d’hĂ©patocarcinome. Plusieurs Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques
ont suggéré un lien entre insulinorésistance, cirrhose
et carcinome hépatocellulaire. La prévalence du carci-
nome hépatocellulaire est plus élevée chez les patients
obÚses et chez les diabétiques de type 2 que dans la
population générale. Plusieurs études ont également
montré que les patients ayant une NASH avaient un
taux de survie plus faible (3). Le travail de Ong et al.
basé sur les données de la NHANES III a montré une
mortalitĂ© globale et une mortalitĂ© d’origine hĂ©patique
plus élevées chez les patients ayant une stéatopathie
dysmĂ©tabolique que chez ceux n’ayant pas de maladie
du foie (4). Aussi, l’indication de transplantation hĂ©pa-
tique pour cirrhose d’origine dysmĂ©tabolique est en
augmentation en France et aux États-Unis (10 % des
indications de transplantation aux États-Unis).
Au regard des données épidémiologiques et des risques
évolutifs liés à cette hépatopathie, poser le diagnostic
de NAFLD, et en particulier celui de NASH, est impor-
tant en termes de santé publique. Ce diagnostic per-
met la mise en Ɠuvre de rĂšgles hygiĂ©nodiĂ©tĂ©tiques
et thérapeutiques pour le contrÎle non seulement de
la maladie hépatique mais aussi des comorbidités qui
lui sont associées.
Quand doit ĂȘtre Ă©voquĂ©
le diagnostic ?
Le diagnostic est le plus souvent posĂ© Ă  l’occasion de
l’exploration d’anomalies chroniques de la biologie
hĂ©patique, ou lors de la dĂ©couverte fortuite d’une hĂ©pa-
tomégalie hyperéchogÚne chez des patients ayant un
surpoids ou un authentique syndrome métabolique
sans consommation excessive d’alcool et sans autres
causes de maladie chronique du foie. En dehors de la
cirrhose, aucun symptĂŽme n’est relevĂ©, l’hĂ©patomĂ©-
galie est inconstante et les seules anomalies cliniques
sont en général celles du syndrome métabolique (HTA,
obésité abdominale). Bien plus que le surpoids estimé
par l’indice de masse corporelle, c’est l’épaisseur de la
graisse abdominale, métaboliquement active, qui doit
sensibiliser le clinicien.
D’un point de vue biologique, le diagnostic doit ĂȘtre
évoqué devant des anomalies persistantes des tests
hépatiques, aprÚs avoir éliminé toutes les autres causes
d’hĂ©patopathie chronique, en particulier si ces anoma-
lies sont associées à des troubles du métabolisme glu-
cidique et/ou lipidique et/ou à une insulinorésistance. Il
s’agit le plus souvent d’une augmentation modĂ©rĂ©e des
transaminases et/ou d’une Ă©lĂ©vation isolĂ©e de la ÎłGT.
Dans une étude prospective française incluant
272 patients ayant une élévation chronique des transa-
minases, des lésions de stéatose non alcoolique étaient
retrouvées dans prÚs de 60 % des cas (26,8 % avaient
des lésions de stéatose et 32,7 % une NASH) [5]. Les
transaminases dépassent exceptionnellement cinq
fois la normale. La normalitĂ© des transaminases n’éli-
mine pas le diagnostic, en particulier pour les patients
hypertendus et insulino résistants, chez qui une NAFLD
est retrouvée dans un tiers des cas malgré des tran-
saminases normales (6). D’autres Ă©tudes ont montrĂ©
que la normalité des transaminases ne garantissait pas
l’absence de lĂ©sions hĂ©patiques.
En l’absence de syndrome mĂ©tabolique, les anomalies
lipidiques et/ou glucidiques favorisent la stéatose. Dans
une étude récente incluant 1 909 patients hyperlipé-
miques et 925 donneurs de sang, il a été montré, à partir
de marqueurs non invasifs, que 30 % des patients hyper-
lipémiques avaient une stéatose, 7 % une NASH et 3 %
des lĂ©sions de î‚”brose (7). Dans cette mĂȘme Ă©tude, la
prévalence de ces lésions hépatiques était plus élevée
chez les patients ayant au moins deux critĂšres du syn-
drome métabolique et, en particulier, chez les sujets
diabétiques et hyperlipémiques, pour qui la prévalence
de la stéatose était estimée à 66 %, celle de la NASH à
24 % et celle de la brose avancée à 6 %.
Tableau. DĂ©î€œnition du syndrome mĂ©tabolique selon la FĂ©dĂ©ration internationale du diabĂšte (2005).
Il existe un syndrome métabolique en cas de présence
d’au moins trois des cinq critùres suivants
Obésité abdominale évaluée par le tour de taille
Hommes
Femmes
≄ 94 cm
≄ 80 cm
Pression artérielle
ou HTA traitée
≄ 130 / ≄ 85 mmHg
Glycémie à jeun
ou diabÚte de type 2 traité
≄ 5,6 mmol/l
TriglycĂ©rides ≄ 1,7 mmol/l
HDL-cholestérol
Hommes
Femmes
≀ 1 mmol/l
≀ 1,3 mmol/l
Correspondances en Métabolismes Hormones DiabÚtes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
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dossier thématique
La rĂ©sistance Ă  l’insuline est considĂ©rĂ©e comme l’élĂ©-
ment central dans le développement de la stéatose.
Indépendamment du surpoids ou du syndrome méta-
bolique, l’insulinorĂ©sistance peut ĂȘtre Ă  l’origine d’une
stĂ©atose. Ainsi, l’insulinorĂ©sistance reprĂ©sente un Ă©lĂ©-
ment important pour le diagnostic de stéatose dysméta-
bolique. Elle peut se mesurer simplement par l’index de
HOMA (Homeostasis Model Assessment), obtenu Ă  partir
d’un relevĂ© Ă  jeun de l’insulinĂ©mie et de la glycĂ©mie
(insulinémie x glycémie/22,5). Un index supérieur à 3
signe l’existence d’une insulinorĂ©sistance.
La dĂ©couverte d’un foie hyperĂ©chogĂšne sur des exa-
mens d’imagerie doit Ă©galement faire Ă©voquer le
diagnostic. La stĂ©atose pouvant ĂȘtre observĂ©e dans
beaucoup de maladies chroniques du foie, et en par-
ticulier celles liĂ©es Ă  une consommation abusive d’al-
cool. Il est essentiel d’éliminer toutes les autres causes
d’hĂ©patopathie chronique et d’évaluer avec prĂ©cision la
consommation quotidienne d’alcool. On rappelle que,
selon l’Organisation mondiale de la santĂ©, une consom-
mation d’alcool est Ă  faible risque si elle reste infĂ©rieure
Ă  10 g/j chez les femmes et Ă  20 g/j chez les hommes.
Le diagnostic de stéatose hépatique non alcoolique
sera donc Ă©voquĂ© en cas d’anomalies persistantes
des tests hépatiques chez des patients ayant un ou
plusieurs critÚres du syndrome métabolique ou chez
des patients ayant une insulinorésistance. Une fois le
diagnostic de NAFLD Ă©voquĂ©, il est dicile en pratique
clinique de distinguer les patients ayant une stéatose
isolée de ceux ayant des lésions de stéatobrose.
Seule la biopsie peut formellement diérencier ces
deux sous-groupes pathologiques.
De la stéatose pure
à la stéatohépatite :
un diagnostic histologique
La stéatose hépatique non alcoolique désigne un
spectre d’entitĂ©s histologiques allant de la stĂ©atose
simple à la stéatohépatite avec ou sans brose. Les
lésions histologiques sont trÚs proches de celles
observées au cours de la maladie alcoolique du foie.
Cependant, au cours de la stĂ©atose mĂ©tabolique, l’ac-
tivitĂ© nĂ©crotico-inammatoire et la î‚”brose sont moins
intenses, les corps de Mallory plus rares et les noyaux
glycogéniques plus fréquents. La stéatose hépatique
est habituellement macrovacuolaire, sous forme de
larges gouttelettes lipidiques de triglycérides refoulant
le noyau en pĂ©riphĂ©rie (gure 1). Elle est quantiée
en pourcentage. Une stéatose pure touchant entre
1 et 5 % des hépatocytes est en général considérée
comme physiologique. La NASH se dénit par l’asso-
ciation d’une stĂ©atose et de lĂ©sions nĂ©crotico-inam-
matoires associées à une ballonisation hépatocytaire
(8). L’inammation est souvent mixte, faite d’un inî‚”ltrat
lymphocytaire ou neutrophile. Les corps de Mallory,
agrégats de cytokératine dans le cytoplasme, ne sont
pas constamment observés.
La biopsie est donc le gold-standard pour le diagnostic
de NAFLD. Elle est cependant associée à des risques
de complications et Ă  des erreurs d’échantillonnage.
La valeur prédictive négative de la biopsie pour le
diagnostic de NASH est estimée à 74 % (9).
Quand doit ĂȘtre envisagĂ©e
la biopsie ?
L’intĂ©rĂȘt de la biopsie hĂ©patique reste dĂ©battu, car il
s’agit d’un examen invasif et cher pour le diagnostic
d’une maladie vis-Ă -vis de laquelle les moyens thĂ©ra-
peutiques restent encore limités et peu efficaces aux
yeux de beaucoup de praticiens. Bien que rares, les
complications attribuées à la biopsie limitent sa réali-
sation et son acceptation aussi bien par le malade que
par le médecin. La littérature rapporte en effet une
Figure 1. La stéatose est le critÚre histologique essentiel au diagnostic. La stéatose hépatique non alcoolique, ou
NAFLD, regroupe deux entitĂ©s : la stĂ©atose pure et la stĂ©ato hĂ©patite, dĂ©î€œnie par l’association d’une stĂ©atose et de
lĂ©sions inammatoires.
La ïŹbrose est une complication
de la stéatose hépatique non alcoolique, mais elle
n’est pas un critùre diagnostique.
Stéatose hépatique non alcoolique
ou stéatopathie métabolique
(nonalcoholic fatty liver disease)
Stéatohépatite non alcoolique
(nonalcoholic steatohepatitis)
NASH
Stéatose
+ lĂ©sions inïŹ‚ammatoires
+ souïŹ€rance hĂ©patocytaire :
– ballonisation hĂ©patocytaire
– inïŹltrat inïŹ‚ammatoire
– nĂ©crose hĂ©patocytaire
Stéatose pure
Correspondances en Métabolismes Hormones DiabÚtes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
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Stéatohépatite métabolique : comment la diagnostiquer ?
morbidité de 1/1 000 et une mortalité de 1/10 000.
Dans tous les cas, il semble légitime de proposer
une biopsie hépatique aux patients dont les tests
hépatiques révÚlent des anomalies inexpliquées. La
biopsie est sujette Ă  discussion lorsque le diagnostic
de stéatopathie dysmétabolique apparaßt évident
chez un patient présentant les anomalies métabo-
liques décrites précédemment et une perturbation
des tests hĂ©patiques. Dans ce cas, l’indication de la
biopsie peut ĂȘtre rediscutĂ©e en l’absence d’amĂ©lio-
ration de la biologie hépatique ou de correction des
anomalies métaboliques aprÚs initiation de rÚgles
hygiĂ©nodiĂ©tĂ©tiques. Aucune recommandation n’est
définie en matiÚre de diagnostic non invasif au cours
de la stéatose métabolique.
Place des examens non invasifs
pour le diagnostic
et l’évaluation de la sĂ©vĂ©ritĂ©
de la stéatose hépatique
non alcoolique
Imagerie : échographie, scanner
Dans une petite série de malades ayant subi simulta-
nément une biopsie hépatique, une échographie, un
scanner et une imagerie par résonance magnétique
(IRM), Saadeh et al. ont évalué les performances de ces
examens radiologiques pour le diagnostic de stéatose
hépatique, et plus particuliÚrement leur capacité à dis-
criminer stéatose pure et NASH (10). Dans cette étude,
l’échographie et le scanner avaient une excellente
sensibilité pour le diagnostic de stéatose supérieure à
33 % (respectivement 100 % et 93 %), avec des valeurs
prédictives positives respectivement de 62 % et 72 %.
Cependant, aucun de ces examens n’était capable de
distinguer la NASH de la stéatose pure. Ainsi, on retien-
dra qu’une imagerie hĂ©patique normale n’élimine pas
le diagnostic de stéatose métabolique dans la mesure
oĂč ces examens sont performants pour des lĂ©sions
de stĂ©atose de plus de 33 %. À ce jour, l’imagerie per-
met seulement une orientation diagnostique. D’autres
techniques non validĂ©es, comme l’IRM de diusion,
pourraient ĂȘtre prometteuses pour l’évaluation radio-
logique de la î‚”brose.
Facteurs cliniques et biologiques
prĂ©dictifs de NASH et de brose
Plusieurs Ă©tudes ont tentĂ© d’identiî‚”er des facteurs prĂ©-
dictifs de stéatohépatite et de brose. Ces études ont
montrĂ© qu’un Ăąge ≄ 50 ans, un indice de masse corpo-
relle ≄ 30 kg/m
2
, l’existence d’un diabùte, un rapport
ASAT/ALAT ≄ 1, une hypertriglycĂ©ridĂ©mie ≄ 1,7 mmol/l
et une HTA Ă©taient prĂ©dictifs de î‚”brose. Dans l’étude
de Abrams et al., l’hypertriglycĂ©ridĂ©mie et l’existence
d’un diabĂšte Ă©taient Ă©troitement associĂ©es Ă  la prĂ©sence
et à la sévérité des lésions de brose. Cependant, la
valeur prédictive médiocre de ces paramÚtres incite
à rechercher d’autres marqueurs. Certaines cytokines
pro-inammatoires (TNFα, IL-8) ou certaines adipokines,
cytokines produites par le tissu adipeux (adiponectine,
leptine, IL-6), ont été proposées comme marqueurs de
sĂ©vĂ©ritĂ© hĂ©patique, compte tenu de leurs eets sur l’in-
sulinosensibilitĂ©, l’inammation et peut-ĂȘtre la î‚”brose.
Au cours de l’obĂ©sitĂ©, du diabĂšte ou de l’insulinorĂ©sis-
tance, les taux sanguins d’adiponectine sont diminuĂ©s,
alors que ceux de leptine et de TNFα sont augmentés.
Une étude australienne a suggéré que la baisse des
taux circulants d’adiponectine Ă©tait prĂ©dictive de NASH
chez les patients ayant une stéatose dysmétabolique.
Selon un travail réalisé par notre équipe, le HOMA > 3
associé à un rapport adiponectine/leptine < 1,4 per-
mettrait de discriminer les patients ayant une NASH
de ceux ayant une stéatose pure (11). Cependant, ces
molĂ©cules ne peuvent pas ĂȘtre dosĂ©es en routine, ce qui
limite leur utilisation comme marqueur diagnostique
ou pronostique. Le dosage de l’acide hyaluronique et
celui du collagĂšne IV restent des outils biochimiques
intéressants en tant que marqueurs indirects de brose.
Place de l’élastomĂ©trie (FibroScanÂź)
pour le diagnostic de brose
au cours de la NAFLD
Mesure non invasive de la fibrose hépatique, le
FibroScanÂź (gure 2) a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© pour le diagnostic
de î‚”brose au cours de la NASH. Peu de travaux sont
disponibles (5, 12), et un seul est actuellement publié
(12). Ce travail a été réalisé par une équipe japonaise
chez 97 patients ayant une stéatose hépatique non
alcoolique histologiquement prouvée. Les valeurs
d’élastomĂ©trie Ă©taient associĂ©es au stade de î‚”brose
selon la classification de Brunt. Pour le diagnostic
de brose signicative, la valeur seuil était de 8 kPa
(gure 3). L’étude prospective espagnole de Marin et al.,
incluant 110 malades avec NAFLD, montre de bonnes
performances du FibroScanÂź pour le diagnostic de
î‚”brose, avec une AUROC Ă  0,97 pour le diagnostic de
cirrhose. D’autres Ă©tudes non encore publiĂ©es retrou-
vent des résultats analogues (de Lédinghen et al., AGA,
2006). L’étude de Mahmoudi et al. menĂ©e Ă  l’hĂŽpital
Jean-Verdier (Bondy) sur une série de 92 patients a
retrouvé également de bonnes performances du
FibroScan
Âź
pour le diagnostic de î‚”brose au cours de
la NASH. L’inconvĂ©nient principal du FibroScan
Âź
est son
dossier thématique
taux d’échec plus Ă©levĂ© chez les malades obĂšses (entre
5 et 30 % selon les séries). Une sonde spéciale pour les
patients obĂšses est Ă  l’étude.
FibroTestÂź, ActiTestÂź, NashTestÂź
L’étude de Poynard et al. a Ă©valuĂ© la valeur diagnos-
tique de marqueurs biochimiques (NashTestÂź) pour
le diagnostic de NASH au cours de la stéatose non
alcoolique (13). Il s’agit d’une combinaison de dix
marqueurs (α2-macroglobuline, haptoglobine, apo-
lipoprotéine A1, bilirubine totale, γGT, ASAT, ALAT,
glycémie à jeun, triglycérides, cholestérol) ajustés
sur l’ñge, le sexe, le poids et la taille du patient (www.
biopredictive.com/services/tests/nashtest). Le dia-
gnostic est exprimé en trois classes : N0, pas de NASH ;
N1, NASH possible ; N2, NASH certaine (gure 5). Ce
test n’est pas rĂ©alisable en cas d’hĂ©molyse, d’hĂ©pa-
tite aiguĂ«, d’inammation aiguĂ« ou de cholestase,
et il n’est pas validĂ© chez les patients transplantĂ©s.
Pour Ă©valuer l’existence et l’intensitĂ© des lĂ©sions de
stéatose, le SteatoTest
Âź
(Biopredictive) a également
été validé au cours de la stéatose non alcoolique.
La sévérité de la stéatose est exprimée en quatre
classes (S0-S4), les classes S3 et S4 correspondant Ă 
une stĂ©atose de plus de 33 %, c’est-Ă -dire un seuil Ă 
partir duquel l’échographie dĂ©piste aussi la stĂ©atose
avec une excellente sensibilité. Le FibroTestŸ a éga-
lement été validé pour le diagnostic de brose au
cours de la stéatose hépatique non alcoolique avec
de bonnes performances diagnostiques, en particulier
pour le diagnostic de î‚”brose en pont ou de cirrhose
(gure 4) [14].
Quand surseoir Ă  la biopsie ?
Beaucoup de raisons conduisent à éviter la biop-
sie. Outre son caractĂšre invasif et ses complications
potentielles, c’est un examen cher, limitĂ© par le risque
d’erreurs d’échantillonnage (9). Au cours de l’hĂ©pa-
tite C, Poynard et al. ont suggéré que les marqueurs
biochimiques seraient moins souvent source d’er-
reurs qu’une biopsie de petite taille ou fragmentĂ©e
pour l’évaluation de la fibrose. Pour ces diffĂ©rentes
raisons, beaucoup de marqueurs indirects ont été
proposés pour le diagnostic de NASH afin de discri-
miner les patients ayant une stéatose pure des autres
ayant une NASH, candidats Ă  la biopsie. Les tests non
invasifs, précédemment cités, sont intéressants mais
ne suffisent pas à remplacer l’analyse histologique.
À ce jour, la biopsie hĂ©patique reste le gold-standard
pour le diagnostic de stéatopathie dysmétabolique.
Figure 2. Mesure non invasive de la brose hĂ©patique par Ă©lastomĂ©trie : FibroScanÂź (Echosens, Paris).
Figure 3. Valeurs d’élastomĂ©trie en fonction de la sĂ©vĂ©ritĂ© de la brose chez 97 patients ayant une NAFLD histolo-
giquement prouvĂ©e (d’aprĂšs Yoneda et al. Gut 2007).
ÉlasticitĂ© (kPa) IC95
F0 4,850 ± 0,893 4,406-5,294
F1 7,382 ± 2,432 6,439-8,325
F2 9,283 ± 3,492 7,809-10,758
F3 13,333 ± 4,712 10,990-15,677
F4 25,344 ± 6,058 20,687-30,001
F0 F1 F2 F3 F4
Stade de ïŹbrose
ÉlasticitĂ© (kPa)
0
30
20
10
40
Figure 4. Performances diagnostiques du FibroTestÂź pour le diagnostic de brose avancĂ©e (AUROC : 0,81) [A] ou de
brose en pont ou cirrhose (AUROC : 0,88) [B] (d’aprùs Ratziu et al.).
0,00 0,500,25
A
SpĂ©ciïŹcitĂ©
Sensibilité
0,75 1,00
0,00
0,25
0,50
0,75
1,00
0,00 0,500,25
B
SpĂ©ciïŹcitĂ©
Sensibilité
0,75 1,00
0,00
0,25
0,50
0,75
1,00
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