Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
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Stéatohépatite métabolique : comment la diagnostiquer ?
morbidité de 1/1 000 et une mortalité de 1/10 000.
Dans tous les cas, il semble légitime de proposer
une biopsie hépatique aux patients dont les tests
hépatiques révèlent des anomalies inexpliquées. La
biopsie est sujette à discussion lorsque le diagnostic
de stéatopathie dysmétabolique apparaît évident
chez un patient présentant les anomalies métabo-
liques décrites précédemment et une perturbation
des tests hépatiques. Dans ce cas, l’indication de la
biopsie peut être rediscutée en l’absence d’amélio-
ration de la biologie hépatique ou de correction des
anomalies métaboliques après initiation de règles
hygiénodiététiques. Aucune recommandation n’est
définie en matière de diagnostic non invasif au cours
de la stéatose métabolique.
Place des examens non invasifs
pour le diagnostic
et l’évaluation de la sévérité
de la stéatose hépatique
non alcoolique
Imagerie : échographie, scanner
Dans une petite série de malades ayant subi simulta-
nément une biopsie hépatique, une échographie, un
scanner et une imagerie par résonance magnétique
(IRM), Saadeh et al. ont évalué les performances de ces
examens radiologiques pour le diagnostic de stéatose
hépatique, et plus particulièrement leur capacité à dis-
criminer stéatose pure et NASH (10). Dans cette étude,
l’échographie et le scanner avaient une excellente
sensibilité pour le diagnostic de stéatose supérieure à
33 % (respectivement 100 % et 93 %), avec des valeurs
prédictives positives respectivement de 62 % et 72 %.
Cependant, aucun de ces examens n’était capable de
distinguer la NASH de la stéatose pure. Ainsi, on retien-
dra qu’une imagerie hépatique normale n’élimine pas
le diagnostic de stéatose métabolique dans la mesure
où ces examens sont performants pour des lésions
de stéatose de plus de 33 %. À ce jour, l’imagerie per-
met seulement une orientation diagnostique. D’autres
techniques non validées, comme l’IRM de diusion,
pourraient être prometteuses pour l’évaluation radio-
logique de la brose.
Facteurs cliniques et biologiques
prédictifs de NASH et de brose
Plusieurs études ont tenté d’identier des facteurs pré-
dictifs de stéatohépatite et de brose. Ces études ont
montré qu’un âge ≥ 50 ans, un indice de masse corpo-
relle ≥ 30 kg/m
2
, l’existence d’un diabète, un rapport
ASAT/ALAT ≥ 1, une hypertriglycéridémie ≥ 1,7 mmol/l
et une HTA étaient prédictifs de brose. Dans l’étude
de Abrams et al., l’hypertriglycéridémie et l’existence
d’un diabète étaient étroitement associées à la présence
et à la sévérité des lésions de brose. Cependant, la
valeur prédictive médiocre de ces paramètres incite
à rechercher d’autres marqueurs. Certaines cytokines
pro-inammatoires (TNFα, IL-8) ou certaines adipokines,
cytokines produites par le tissu adipeux (adiponectine,
leptine, IL-6), ont été proposées comme marqueurs de
sévérité hépatique, compte tenu de leurs eets sur l’in-
sulinosensibilité, l’inammation et peut-être la brose.
Au cours de l’obésité, du diabète ou de l’insulinorésis-
tance, les taux sanguins d’adiponectine sont diminués,
alors que ceux de leptine et de TNFα sont augmentés.
Une étude australienne a suggéré que la baisse des
taux circulants d’adiponectine était prédictive de NASH
chez les patients ayant une stéatose dysmétabolique.
Selon un travail réalisé par notre équipe, le HOMA > 3
associé à un rapport adiponectine/leptine < 1,4 per-
mettrait de discriminer les patients ayant une NASH
de ceux ayant une stéatose pure (11). Cependant, ces
molécules ne peuvent pas être dosées en routine, ce qui
limite leur utilisation comme marqueur diagnostique
ou pronostique. Le dosage de l’acide hyaluronique et
celui du collagène IV restent des outils biochimiques
intéressants en tant que marqueurs indirects de brose.
Place de l’élastométrie (FibroScan®)
pour le diagnostic de brose
au cours de la NAFLD
Mesure non invasive de la fibrose hépatique, le
FibroScan® (gure 2) a été évalué pour le diagnostic
de brose au cours de la NASH. Peu de travaux sont
disponibles (5, 12), et un seul est actuellement publié
(12). Ce travail a été réalisé par une équipe japonaise
chez 97 patients ayant une stéatose hépatique non
alcoolique histologiquement prouvée. Les valeurs
d’élastométrie étaient associées au stade de brose
selon la classification de Brunt. Pour le diagnostic
de brose signicative, la valeur seuil était de 8 kPa
(gure 3). L’étude prospective espagnole de Marin et al.,
incluant 110 malades avec NAFLD, montre de bonnes
performances du FibroScan® pour le diagnostic de
brose, avec une AUROC à 0,97 pour le diagnostic de
cirrhose. D’autres études non encore publiées retrou-
vent des résultats analogues (de Lédinghen et al., AGA,
2006). L’étude de Mahmoudi et al. menée à l’hôpital
Jean-Verdier (Bondy) sur une série de 92 patients a
retrouvé également de bonnes performances du
FibroScan
®
pour le diagnostic de brose au cours de
la NASH. L’inconvénient principal du FibroScan
®
est son