La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XII - n° 3 - mai-juin 2009 | 83
DOSSIER THÉMATIQUE
biopsie limitent sa réalisation et son acceptation
aussi bien par le malade que par le médecin. La litté-
rature rapporte en effet une morbidité de 1/1 000
et une mortalité de 1/10 000. Dans tous les cas, il
semble légitime de proposer une biopsie hépatique
aux patients dont les tests hépatiques révèlent des
anomalies inexpliquées. La biopsie est sujette à
discussion lorsque le diagnostic de stéatopathie
dysmétabolique apparaît évident chez un patient
présentant les anomalies métaboliques décrites
précédemment et une perturbation des tests hépa-
tiques. Dans ce cas, l’indication de la biopsie peut
être rediscutée en l’absence d’amélioration de la
biologie hépatique ou de correction des anomalies
métaboliques après initiation de règles hygiéno-
diététiques. Aucune recommandation n’est défi nie
en matière de diagnostic non invasif au cours de la
stéatose métabolique.
Place des examens non invasifs
pour le diagnostic
et l’évaluation de la sévérité
de la stéatose hépatique
non alcoolique
Imagerie : échographie, scanner
Dans une petite série de malades ayant subi simul-
tanément une biopsie hépatique, une échogra-
phie, un scanner et une imagerie par résonance
magnétique (IRM), Saadeh et al. ont évalué les
performances de ces examens radiologiques pour
le diagnostic de stéatose hépatique, et plus parti-
culièrement leur capacité à discriminer stéatose
pure et NASH (10). Dans cette étude, l’échogra-
phie et le scanner avaient une excellente sensi-
bilité pour le diagnostic de stéatose supérieure à
33 % (respectivement 100 % et 93 %), avec des
valeurs prédictives positives respectivement de
62 % et 72 %. Cependant, aucun de ces examens
n’était capable de distinguer la NASH de la stéatose
pure. Ainsi, on retiendra qu’une imagerie hépatique
normale n’élimine pas le diagnostic de stéatose
métabolique dans la mesure où ces examens sont
performants pour des lésions de stéatose de plus
de 33 %. À ce jour, l’imagerie permet seulement
une orientation diagnostique. D’autres techniques
non validées, comme l’IRM de diffusion, pourraient
être prometteuses pour l’évaluation radiologique
de la fibrose.
Facteurs cliniques et biologiques
prédictifs de NASH et de fi brose
Plusieurs études ont tenté d’identifi er des facteurs
prédictifs de stéatohépatite et de fi brose. Ces études
ont montré qu’un âge ≥ 50 ans, un indice de masse
corporelle ≥ 30 kg/m2, l’existence d’un diabète, un
rapport ASAT/ALAT ≥ 1, une hypertriglycéridémie
≥ 1,7 mmol/l et une HTA étaient prédictifs de fi brose.
Dans l’étude de Abrams et al., l’hypertriglycéridémie
et l’existence d’un diabète étaient étroitement asso-
ciées à la présence et à la sévérité des lésions de
fi brose. Cependant, la valeur prédictive médiocre
de ces paramètres incite à rechercher d’autres
marqueurs. Certaines cytokines pro-inflamma-
toires (TNFα, IL-8) ou certaines adipokines, cyto-
kines produites par le tissu adipeux (adiponectine,
leptine, IL-6), ont été proposées comme marqueurs
de sévérité hépatique, compte tenu de leurs effets
sur l’insulinosensibilité, l’infl ammation et peut-être
la fi brose. Au cours de l’obésité, du diabète ou de
l’insulinorésistance, les taux sanguins d’adiponectine
sont diminués, alors que ceux de leptine et de TNFα
sont augmentés. Une étude australienne a suggéré
que la baisse des taux circulants d’adiponectine
était prédictive de NASH chez les patients ayant
une stéatose dysmétabolique. Selon un travail réalisé
par notre équipe, le HOMA > 3 associé à un rapport
adiponectine/leptine < 1,4 permettrait de discri-
miner les patients ayant une NASH de ceux ayant
une stéatose pure (11). Cependant, ces molécules
ne peuvent pas être dosées en routine, ce qui limite
leur utilisation comme marqueur diagnostique ou
pronostique. Le dosage de l’acide hyaluronique et
celui du collagène IV restent des outils biochimi-
ques intéressants en tant que marqueurs indirects
de fi brose.
Place de l’élastométrie (FibroScan®)
pour le diagnostic de fi brose
au cours de la NAFLD
Mesure non invasive de la fibrose hépatique, le
FibroScan
®
(fi gure 2) a été évalué pour le diagnostic
de fi brose au cours de la NASH. Peu de travaux sont
disponibles (5, 12), et un seul est actuellement publié
(12). Ce travail a été réalisé par une équipe japonaise
chez 97 patients ayant une stéatose hépatique non
alcoolique histologiquement prouvée. Les valeurs
d’élastométrie étaient associées au stade de fi brose
selon la classifi cation de Brunt. Pour le diagnostic
de fi brose signifi cative, la valeur seuil était de 8 kPa