19 novembre 2014 • 3 •
Il a d’abord rappelé l’importance de
la sémantique : les termes tradition-
nels «observance» et «compliance» ont,
selon lui, un côté “astreignant qui n’est
pas propice à un dialogue entre les
parties prenantes”, contrairement au mot
«adhésion» qui est apparu à l’initiative des
associations de patients atteints du VIH, et
que l’on devrait généraliser selon lui.
De quoi parle-t-on ?
Il a ensuite entrepris de dresser un tableau
de la non-observance à l’aide de données
chiffrées. Il a, pour cela, effectué un travail
de dénition préalable. Tâche qui s’est ré-
vélée ardue.
En effet, “l’observance est, contre toute
attente, un sujet complexe et difficile à
maîtriser car les définitions sont très va-
riables selon les travaux” commente le Pr
Robert Launois qui a recensé pas moins de
29 dénitions différentes. Il a choisi d’uti-
liser la dénition la plus courante, celle du
Medication Possession Ratio, à savoir le ra-
tio dispensation (nombre de journées de
traitement délivrées par le pharmacien)
divisé par la prescription (nombre de jour-
nées de traitement prescrites par le mé-
decin). Ou plus simplement dit le rapport
boîtes achetées / boîtes prescrites.
“On considère que l’observance est bonne
lorsque ce taux avoisine les 80%. Or, ce
chiffre n’est presque jamais atteint. Il y
a donc un hiatus entre l’efficacité expéri-
mentale et l’efficacité clinique constatée
sur le terrain”. Cet écart peut s’expliquer
en partie par un défaut d’adhésion au trai-
tement, ce qui est préoccupant.
L’observance devrait être un sujet de poli-
tique de santé, selon le Pr Robert Launois.
De fait, le coût des complications entraî-
nées par une faible adhésion à un trai-
tement (celui-ci s’élevant à 4,4 milliards
d’euros pour les AVC ; 1,46 milliard pour
le diabète de type 2 ou 1,38 milliard pour
le cholestérol1) est supérieur à l’augmen-
tation des dépenses de santé entraînées
par un nombre de boîtes vendues plus
important. Au total 9.3 milliards d’euro
d’économie pourrait être obtenu en France
en cas d’amélioration de l’observance
selon l’étude d’IMS qui vient d’être pu-
bliée2. L’Organisation Mondiale de la San-
té déclare qu’améliorer l’observance peut
avoir un impact sur l’état de santé de la
population plus important que n’importe
quelle amélioration marginale des traite-
ments existants.
Dans cette optique, l’économiste présente
des chiffres tirés d’une revue de la litté-
rature sur le sujet an de déterminer le
terrain le plus propice à “l’engagement
d’une bataille pour une meilleure obser-
vance”.
Il relève ainsi qu’il y a une forte disparité
entre les pathologies concernant le taux
d’observance: dans l’asthme par exemple,
aux Etats-Unis,le taux d’adhésion se situe
à 13% alors qu’on dépasse les 50% pour
les patients atteints d’ostéoporose.
Comme on le voit, une amélioration de
l’adhésion des personnes malades à leurs
médicaments serait bénéfique à tous et
devrait être une des priorités en santé.
Le Pr Robert Launois conclut : “L’amélio-
ration de l’adhésion au traitement des
personnes malades est une stratégie ga-
gnante-gagnante pour toutes les parties
prenantes”.
L’observance : des déterminants
et des modèles d’intervention variés
Poursuivant les propos du Pr Robert Lau-
nois, le Pr Christian Pradier revient sur le
sens du mot santé, à savoir une «ressource
de la vie quotidienne et non un but en soi»,
dénition la plus récente inscrite dans la
Charte d’Ottawa.
La santé est un capital, une richesse
qui sert à l’épanouissement personnel :
“Quelqu’un qui est épanoui dans sa vie
est en bonne santé” explique le Pr Pradier.
• Les déterminants de l’observance •