Article du mercredi 15 octobre 2008
Chirurgie: les tarifs de la Sécu «ne reflètent pas la réalité»
En grève toute cette semaine - à plus de 80% dans le privé - les chirurgiens dénoncent
notamment la non-progression des tarifs des actes depuis 20 ans
Estimant que « la meilleure chirurgie au monde » est aujourd’hui menacée, les syndicats de
chirurgiens ont appelé à une grève nationale tout au long de cette semaine. A Lyon, cette grève
serait suivie, selon les syndicats, à 80 % dans le privé, avec des opérations déprogrammées en
nombre dans les cliniques. En revanche, le mouvement ne semble pas suivi aux Hospices civils de
Lyon, selon la direction de la communication. Quoi qu’il en soit, les urgences restent assurées dans
les établissements.
« Nous nous battons pour qu’on ne touche pas à la liberté tarifaire, pour un meilleur remboursement
de la Sécu et des compléments d’honoraires, contre la publicité mensongère de certaines mutuelles
ou complémentaires, et contre le risque sanitaire qui se profile », a résumé le Dr Christian Devolfe,
représentant de l’Union des chirurgiens de France (UCDF), hier lors d’une conférence de presse. Les
chirurgiens craignent la disparition du secteur 2 (permettant de pratiquer des honoraires libres), et
dénoncent les tarifs remboursables par la Sécu (pratiqués dans le secteur 1), qui « ne sont pas le
reflet de la réalité », selon eux. Réfutant les termes de « nantis » et de « dépassements »
d’honoraires, ils expliquent leur nécessité de pratiquer des « suppléments d’honoraires » !
. « Face à
des tarifs qui n’ont pas progressé depuis 20 ans, la seule variable d’ajustement est d’augmenter les
suppléments d’honoraires pour faire fonctionner l’entreprise chirurgicale », explique ainsi le Dr
Jacques Caton, président du Syndicat national des chirurgiens orthopédistes (SNCO). « Si l’acte ne
peut plus être payé à sa juste valeur par la Sécu, c’est aux mutuelles ou aux complémentaires de
payer. Le problème, c’est que la moitié d’entre elles ne paient pas », remarque le Dr Caton. Les
chirurgiens sont particulièrement en colère contre la Mutualité Française qui brocarde les
dépassements d’honoraires. « Les mutuelles augmentent leurs tarifs de 4 % par an, et nous les
chirurgiens nous n’avons pas le droit d’augmenter nos prix de 4 % ? C’est se moquer du monde,
quand un informaticien est payé 300 euros pour dépanner un ordinateur, et que moi je suis payé 360
euros pour sauver un malade », s’emporte le Dr Didier Legeais, vice-président de l’UCDF, qui estime
que les chirurgiens perdent entre 30 et 50 euros de l’heure sur la chirurgie lourde.
« On est tellement bien payé que les internes choisissent d’autres spécialités que la chirurgie.
Aujourd’hui, il y a 25 chirurgiens viscéraux en formation, soit même pas un par CHU, et il faudrait
former trois fois plus de chirurgiens orthopédiques », note Jacques Caton qui craint que la chirurgie
ne connaisse les mêmes déboires démographiques que la médecine générale. On compte 800
chirurgiens en Rhône-Alpes, âgés en moyenne de 50 ans, et même 57 ans en chirurgie viscérale.
Sylvie Montaron
Rémunération : « La fin d’un système » pour MG69
Les médecins généralistes du syndicat MG se montrent eux aussi critiques vis-à-vis du système de
rémunération des médecins français. « La part du reste à charge ne cesse d’augmenter pour les
!
patients. On est à la fin d’un système, il faudra en trouver un nouveau », estime le Dr Pascal
Dureau, vice-président de MG69.
En médecine générale, il n’y a pas réellement de différence de revenus entre médecins de secteur 1
et médecins de secteur 2, « c’est plus un moyen de sélectionner la clientèle », remarque ce
généraliste. « Dire que les soins sont meilleurs quand ils sont plus chers, ce n’est pas un discours
entendable aujourd’hui dans la société actuelle. C’est la relation entre un médecin et un patient qui
est gage de qualité pas le prix des honoraires », explique Pascal Dureau, en critiquant le discours de
certains spécialistes vis-à-vis de la médecine générale.
« La question de l’accè !
s aux soins est incontournable pour nous. C’est l’un des enjeux de la future
loi Bachelot : permettre à tout habitant de se soigner au plus juste prix avec une enveloppe qui reste
correcte », précise le Dr Roger Bolliet, président de MG69. Ce syndicat est favorable à la fin d’une
rémunération basée uniquement sur l’acte et à l’introduction d’une partie forfaitaire.
S.M
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