Fiche N°25 Système d’imagerie diagnostique par vidéo-capsule

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La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VI - mars-avril 2003
Fiche
Système d’imagerie diagnostique par vidéo-capsule
N°25
Fiche
technique
Le système d’imagerie diagnostique par vidéo-capsule est une nouvelle technique non invasive
qui permet l’exploration du tractus digestif, en particulier de la totalité de l’intestin grêle (1,2). À
la différence de l’entéroscopie poussée (EP), la vidéo-capsule n’est pas dirigeable et ne permet
actuellement ni prélèvement biopsique, ni acte à visée thérapeutique. En cours d’évaluation, le
système d’imagerie par vidéo-capsule pourrait devenir l’examen de première intention pour le
dépistage des affections de l’intestin grêle, notamment pour les saignements digestifs inexpliqués.
Il s’agit d’un matériel innovant qui suscite un grand enthousiasme, car, pour la première fois, il
est possible de procéder à une exploration complète de l’intestin grêle sans avoir recours à des
gestes invasifs comme l’entéroscopie peropératoire.
Le système d’imagerie par vidéo-capsule a été développé par la société Given®Imaging. Il com-
porte trois éléments principaux :
La vidéo-capsule : elle se compose d’une micro-caméra vidéo couleur avec flash, d’une pile,
d’un émetteur et d’une antenne. Son champ d’ouverture est de 180°, elle mesure 11 mm de dia-
mètre et 26 mm de long. Son enveloppe est en plastique biocompatible. Elle est conditionnée
sous un blister possédant un aimant qui maintient la capsule inactive jusqu’à sa sortie de l’em-
ballage. Pendant une durée de 8 heures, elle enregistre deux images par seconde à l’occasion
de flash éclairant de 100 ms. Cette capsule est à usage unique.
L’enregistreur et son faisceau de capteurs : l’enregistreur est un module de la taille d’un
baladeur, alimenté par des batteries et porté à la ceinture par le patient pendant toute la durée
de l’examen. La transmission des images par la vidéo-capsule se fait par l’intermédiaire du fais-
ceau de capteurs disposés sur l’abdomen. L’enregistreur peut stocker jusqu’à 60 000 images.
La station de travail et le logiciel d’application : ils permettent de visualiser une vidéo
résultat de la compilation de toutes les images.
Préparation : certaines équipes, dont la nôtre, préconisent la réalisation d’une préparation par
un à quatre litres de polyéthylène-glycol la veille au soir. Le patient doit rester à jeun 8 heures
avant l’examen. Aucun régime particulier n’est recommandé dans les jours précédant l’examen.
Mise en place de l’équipement : l’interrogatoire préliminaire doit s’assurer de l’absence de
contre-indications (syndrome occlusif, grossesse, pacemaker, IRM prévue avant l’élimination de
la capsule) et permet de recueillir les informations nécessaires à l’initialisation de l’enregistreur
(nom, prénom, âge, taille, poids…). Alors que le patient est allongé, on procède à la pose des
capteurs autocollants à l’aide d’un modèle de centrage. La ceinture est placée à la taille du
patient. Elle comporte deux poches destinées à l’enregistreur et à ses batteries. Enfin, on connec-
te le faisceau de capteurs à l’enregistreur.
Système d’imagerie diagnostique
par vidéo-capsule
A. de Leusse, B. Landi, R. Jian, C. Cellier
Service d’hépato-gastroentérologie,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
Matériels
Déroulement
de l’examen
Figure. Diagramme schématique de la Capsule M2A™
1. Dome optique 5. Imageur CMOS
2. Optique 6. Batteries
3. Lentille 7. Transmetteur ASIC
4. Éclairage par LEDs 8. Antenne
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Ingestion de la capsule : à sa sortie de l’emballage, la vidéo-capsule est activée et émet des
flashs lumineux. On vérifie le bon fonctionnement de l’enregistreur en approchant la vidéo-cap-
sule de l’abdomen. La capsule est ensuite avalée par le patient avec un peu d’eau.
Consignes pendant l’examen : dans notre centre, la réalisation d’un ASP 2 heures après
l’ingestion de la capsule doit permettre de reconnaître une rétention gastrique et de poser l’in-
dication d’un traitement par prokinétique (érythromycine, par exemple). En l’absence de réten-
tion gastrique, les prises de boisson et un repas sont alors autorisés respectivement 2 et 4 heures
après l’ingestion de la capsule. Le patient devra éviter tout travail de force et de s’approcher
d’un champ magnétique puissant (contre-indication à l’IRM).
Récupération de l’équipement : huit heures après l’ingestion de la vidéo-capsule, l’équipe-
ment peut être enlevé. L’enregistreur est récupéré pour la phase de téléchargement. L’élimination
de la capsule est fonction du temps de transit intestinal sans nécessité de récupération. Le patient
doit impérativement constater l’élimination de la capsule dans les 72 heures ; dans le cas contrai-
re, une radiographie d’abdomen sans préparation pourra confirmer ou non son élimination.
Visualisation du film vidéo : après le téléchargement de l’enregistreur sur la station de tra-
vail, la vidéo peut être visualisée à des vitesses variant de 1 à 25 images par seconde, contrô-
lées par le logiciel d’application et modulables par l’opérateur. Le temps d’analyse du film repré-
sente environ 1 heure 30.
Saignements digestifs inexpliqués : l’entéroscopie par vidéo-capsule paraît plus rentable
que l’EP dans l’exploration des saignements digestifs inexpliqués par les endoscopies standards
(3, 4). Des lésions susceptibles d’être responsables d’un saignement sont décelées chez 59 à
71% des patients par la capsule et chez 28 à 56% des patients par l’EP (3, 4). La rentabilité
diagnostique de la capsule a été rapportée comme supérieure ou égale à celle de l’EP chez
78% des patients (3). Les malformations artério-veineuses représentent la principale cause de
saignement au niveau de l’intestin grêle.
Autres indications : l’exploration par vidéo-capsule pourrait être proposée dans d’autres indi-
cations, telles que le bilan étiologique d’un syndrome de malabsorption non expliqué par les
endoscopies conventionnelles ou d’une colite inflammatoire indéterminée en apportant des argu-
ments en faveur d’une maladie de Crohn. Enfin, l’examen par vidéo-capsule pourrait avoir un
rôle dans la surveillance d’une polypose adénomateuse, d’un syndrome de Peutz-Jeghers ou de
complications de la maladie cœliaque.
Contre-indications
– sténose intestinale
– pacemaker (discuté)
– grossesse
– IRM prévue avant l’élimination de la vidéo-capsule
Limites de l’examen
– la qualité de l’image, décrite initialement comme excellente, dépend en fait du contenu de l’in-
testin grêle au moment de l’examen. Un régime alimentaire sans résidus ou une préparation de
type colique pourraient être utiles mais n’ont pas encore été évalués ;
– l’interprétation des images nécessite l’apprentissage d’une nouvelle sémiologie. Les angio-
dysplasies sont facilement reconnues, mais certaines images doivent être interprétées avec précau-
tion : aspect de pseudo-polype, de diverticules ou flammèche de sang, modifications du relief
muqueux;
– l’impossibilité de localiser précisément les lésions ne permet pas d’envisager un traitement
endoscopique, à l’exception des lésions duodénales postpyloriques ou distales prévalvulaires ;
– examen incomplet du grêle en cas de rétention gastrique prolongée.
Tolérance
La tolérance de cet examen est excellente. Une dizaine de cas d’incarcération de la capsule ont
été rapportés, la majorité dans une sténose méconnue du grêle (anastomotique postopératoire
ou secondaire à une maladie de Crohn). Le risque théorique étant un syndrome occlusif, un exa-
men radiologique préalable de l’intestin grêle (transit du grêle, entéroscanner) est recommandé
en cas de chirurgie du grêle ou de maladie chronique du grêle (maladie de Crohn, ischémie
mésentérique). Enfin, un cas d’incarcération dans l’appendice a été rapporté, et l’incarcération
de la capsule dans un diverticule est théoriquement possible.
Système d’imagerie diagnostique par vidéo-capsule
Indications
Précautions
d’utilisation
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Fiche
Fiche
technique
En France, le coût de réalisation de l’examen par vidéo-capsule n’a pas encore été précisément
évalué. Le prix d’achat du système informatique est d’environ 30 000 euros et celui de la cap-
sule de 500 euros. Le temps d’analyse du film par le médecin représente environ 1 heure 30
pour chaque patient. Aux États-Unis, cet examen est facturé 1500dollars.
Localisation des lésions : la réalisation d’un traitement curatif des lésions détectées par la
vidéo-capsule implique de les localiser avec précision dans l’intestin grêle. À l’avenir, l’estima-
tion de la localisation de la capsule pourrait être possible par l’analyse de l’intensité du signal
émis par la vidéo-capsule : le capteur transmettant le signal le plus intense est le plus proche de
la vidéo-capsule dans le grêle. La précision de cette méthode doit être évaluée.
Exploration des autres segments digestifs : l’examen par la vidéo-capsule d’autres seg-
ments du tube digestif reste actuellement hypothétique. Le temps de transit œsophagien est bref
et ne permet pas actuellement un examen satisfaisant de la muqueuse. Il en est de même pour
l’examen de l’estomac qui n’est que partiel, compte tenu de son diamètre et des nombreux plis
fundiques.
Les limites d’un examen complet du côlon sont liées à la nécessité d’une préparation parfaite et
à un temps de transit incompatible avec la capacité actuelle de 8 heures d’enregistrement. Seul
le côlon droit a pu être examiné chez certains patients.
Téléguidage, biopsies et actes thérapeutiques : Les progrès techniques nous permettront
prochainement de téléguider la capsule dans le tube digestif, comme cela a été montré à l’AGA
en 2002. On peut imaginer aussi pouvoir réaliser des biopsies et des actes thérapeutiques diri-
gés. Ces développements impliquent une visualisation instantanée des images et une miniaturi-
sation du matériel servant aux prélèvements et aux traitements.
L’entéroscopie par vidéo-capsule est un examen innovant qui permet l’exploration complète de
l’intestin grêle sans avoir recours à des gestes invasifs comme l’entéroscopie peropératoire. Elle
représente un progrès réel en matière d’exploration diagnostique des saignements digestifs inex-
pliqués. Dans cette indication, son statut par rapport à l’EP sera établi par les résultats des études
en cours, qui permettront de préciser sa faisabilité, sa sensibilité diagnostique et sa place dans
la prise en charge des malades.
RÉFÉRENCES
1. Meron G. The development of the swallowable video capsule (M2A). Gastrointestinal Endoscopy 2000 ; 6 : 817-9.
2. Iddan G, Meron G, Glukhovsky A, Swain P. Wireless capsule endoscopy. Nature 2000 ; 405 : 417.
3. Saurin JC, Fassler I, Vahedi K et al. Évaluation du système vidéo-capsule par rapport à l’entéroscopie poussée dans le diagnostic des
anémies chroniques secondaires à un saignement digestif occulte. Gastroenterol Clin Biol 2002 ; 26 : A21.
4. Pennazio M, Santucci R, Rondonotti E et al. Wireless capsule endoscopy in patients with obscure gastrointestinal bleeding : results of
the italian multicentre experience. Gastrointestinal Endoscopy 2002 ; 55 (5) : AB87.
Système d’imagerie diagnostique par vidéo-capsule
N°25
Coût
Perspectives
Conclusion
ALJAC S.A., locataire-gérant d’EDIMARK © février 1998
Imprimé en France - EDIPS Paris - Dépôt légal : à parution.
Les articles publiés dans La Lettre de l’hépato-gastroentérologue
le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction
par tous procédés réservés pour tous pays.
Un supplément de 8p (Aventis) :“Campto®et chirurgie des métastases hépatiques et cancer colorectal”
est routé avec ce numéro.
Un flyer (4p.) Astra Zeneca est jeté sous la couverture de ce numéro.
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