La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 197
DOSSIER THÉMATIQUE
Les infections
Elles représentent la première cause de mortalité après la trans-
plantation. Le risque infectieux dépend de l’état du patient avant la
transplantation et notamment de son état nutritionnel, de l’intensité
du traitement immunosuppresseur, et de l’éventuelle transmission
de l’agent infectieux par le greffon.
!Les infections bactériennes
Elles sont décrites chez près de 40 % des malades et les germes les
plus souvent rencontrés sont d’abord le staphylocoque doré, puis
les bacilles Gram négatifs (10). Il ne faut pas attendre la survenue
des signes cliniques, et notamment de la fièvre, pour diagnostiquer
ces infections bactériennes et des prélèvements multiples sont effec-
tués systématiquement 1 à 2 fois par semaine.
!Les infections virales
Elles sont surtout dues à des virus du groupe Herpès et notamment
au cytomégalovirus (CMV). Il peut s’agir soit d’une primo-infec-
tion transmise par le donneur ou les transfusions, soit d’une réacti-
vation d’une infection latente sous l’influence du traitement immu-
nosuppresseur. On distingue habituellement l’infection à CMV qui
se traduit par la mise en évidence d’une virémie ou d’une antigé-
némie CMV pp65, de la maladie à CMV avec atteinte viscérale
(greffon hépatique, tube digestif) associée à une fièvre et à une leu-
copénie. Chez les malades à haut risque (donneur+/receveur-, forte
immunosuppression), un traitement préventif par ganciclovir p.o.,
3 g/j, peut être proposé (11). Le traitement curatif repose sur le gan-
ciclovir i.v., 10 mg/kg/j adapté à la fonction rénale, pendant une
durée de 2 à 3 semaines.
!Les infections parasitaires
Du fait de l’immunodépression, l’infection parasitaire la plus fré-
quemment retrouvée est due au Pneumocystis carinii même si en
termes de fréquence, elle ne dépasse pas 5 % (12). L’intensité du
traitement immunosuppresseur et notamment la majoration de celui-
ci en cas de rejet aigu corticorésistant, est le principal facteur de
risque. Elle se manifeste habituellement par une fièvre et une
hypoxie. Le diagnostic est fait par le lavage broncho-alvéolaire et
le traitement repose sur le cotrimoxazole.
Les complications biliaires
Ce sont les complications techniques les plus fréquentes ; elles sur-
viennent avec une fréquence comprise entre 10 et 30 % (13). On
distingue les fistules et les sténoses biliaires. Les fistules biliaires,
essentiellement décrites au niveau du site de l’anastomose cholé-
docho-cholédocienne, se révèlent par un cholépéritoine. Les sté-
noses peuvent être anastomotiques ou non anastomotiques, se mani-
festant soit par une cholestase biologique isolée, soit par une
angiocholite avec fièvre et cytolyse biologique. Le diagnostic repose
habituellement sur l’opacification directe des voies biliaires, qu’elle
soit faite par voie endoscopique rétrograde ou par voie transparié-
tale, mais la cholangiographie IRM est en cours d’évaluation. Il faut
s’assurer de la perméabilité de l’artère hépatique en cas de compli-
cations biliaires car, à côté des manifestations cliniques bruyantes
décrites précédemment, la thrombose de l’artère hépatique peut se
constituer à bas bruit, sans conséquence sur la fonction hépatique,
et du fait de son rôle dans la vascularisation de l’arbre biliaire, se
révéler plus tardivement par des sténoses non anastomotiques de
type ischémique. Le traitement des complications biliaires peut être
soit chirurgical, soit médical, notamment par la mise en place de
drains et de prothèses biliaires.
Pendant toute cette période postopératoire précoce, la surveillance
est bien sûr clinique, mais essentiellement biologique avec, pen-
dant la première semaine, trois bilans quotidiens, puis, à partir de
la deuxième semaine, un bilan biologique quotidien, des
recherches systématiques d’infections bactérienne et virale, un
écho-doppler bi-hebdomadaire au début, avec artériographie au
moindre doute sur la perméabilité de l’artère hépatique et, enfin,
une biopsie hépatique en cas d’anomalie des tests biologiques
hépatiques et de l’écho-doppler.
LE SUIVI DU PATIENT TRANSPLANTÉ HÉPATIQUE
APRÈS LA PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE
La sortie de l’hôpital se fait habituellement entre le 20eet
le 30ejour. La situation est alors la suivante : le patient est déper-
fusé, porteur dans certains cas d’un drain biliaire de Kehr tutéri-
sant l’anastomose cholédocho-cholédocienne, clampé, et qui sera
définitivement enlevé au troisième mois. Cliniquement, il peut
persister une ascite et un épanchement pleural droit et biologi-
quement des stigmates de l’hypersplénisme préopératoire et,
notamment, une thrombopénie.
Le rythme de surveillance va être hebdomadaire jusqu’à la fin du
deuxième mois, puis bi-mensuel jusqu’à la fin du quatrième mois,
puis mensuel jusqu’à la fin de la première année. Lors de toute
consultation, sont réalisés un examen clinique avec systématique-
ment prise de la tension artérielle en position assise ou allongée avec
un repos de 15 mn, détermination du poids et de la taille, recherche
d’adénopathies périphériques et d’organomégalie, et des examens
biologiques : tests biologiques hépatiques, ionogramme sanguin,
détermination de la glycémie et de la créatininémie, dosage sanguin
de la concentration de l’inhibiteur de la calcineurine (ciclosporiné-
mie ou tacrolémie). Pendant cette première année, il est usuel de
faire une électrophorèse et une immunoélectrophorèse des protéines,
ainsi qu’une sérologie de l’Epstein-Barr virus tous les 3 mois, et un
bilan biologique lipidique, un dosage de l’uricémie et une détermi-
nation de la clairance de la créatinine tous les 6 mois.
Les objectifs de ce suivi vont être d’adapter le traitement immu-
nosuppresseur, de mettre en place des règles hygiéno-diététiques,
de diagnostiquer les rares cas de rejets et les complications
biliaires éventuelles, de diagnostiquer le plus précocement pos-
sible la récidive éventuelle de la maladie initiale sur le greffon,
d’apprécier enfin le retentissement psychologique et la réhabili-
tation personnelle et socioprofessionnelle du patient transplanté.