D O S S I E R T H É M A T I Q U E Prise en charge des transplantés hépatiques au cours de la première année post-greffe ! G.P. Pageaux* P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S " Le médecin généraliste et le patient doivent être informés des interactions médicamenteuses fréquemment constatées avec les immunosuppresseurs. Les conseils hygiéno-diététiques remis au patient par les médecins à la sortie de l’hôpital sont fondamentaux pour le maintien d’une survie à court terme, mais aussi à long terme, du patient : l’arrêt du tabac doit être obtenu en raison du risque accru de cancer ORL, la consommation d’alcool est déconseillée, le patient doit être informé des risques d’excès pondéral après transplantation hépatique. Durant la période postopératoire précoce, les trois complications pouvant conduire à une retransplantation hépatique en super urgence sont : la non fonction-primaire du greffon, la thrombose de l’artère hépatique et le rejet hyperaigu. " À la fin de la première semaine, le rejet aigu, les infections et les complications biliaires constituent les complications les plus fréquentes. La surveillance du patient jusqu’à la sortie de l’hôpital doit être clinique, biologique (1 à 3 bilans quotidiens) et morphologique avec un écho-doppler abdominal au minimum bi-hebdomadaire afin de surveiller la perméabilité de l’artère hépatique. " Le suivi d’un transplanté hépatique nécessite, dès la première année, une collaboration étroite entre le médecin traitant du patient, l’hépato-gastroentérologue ayant adressé le patient au centre de transplantation hépatique et les médecins de ce centre, afin de pouvoir proposer, dès le deuxième trimestre post-transplantation hépatique, un suivi en alternance. Le développement des séminaires de formation continue sur le suivi des transplantés hépatiques devrait permettre d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients. " Durant la première année, la majorité des patients reçoivent une immunosuppression associant un inhibiteur de la calcineurine (ciclosporine A ou tacrolimus), poursuivi indéfiniment et un corticostéroïde dont l’interruption peut être proposée entre 6 mois et un an après la transplantation hépatique en raison de ses effets secondaires. L a transplantation hépatique est maintenant le traitement de référence des hépatopathies chroniques graves et des hépatites fulminantes. Selon le registre européen de la transplantation hépatique, la survie des patients à un an et à trois ans est respectivement de 78 % et 72 % ; de même, *Service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Saint-Éloi, CHU Montpellier. la survie du greffon hépatique est respectivement de 71 % et 64 % (1). Cela signifie que la mortalité et la morbidité sont maximales pendant la première année qui suit la greffe, et notamment pendant les trois premiers mois. De plus, certaines complications survenant au cours de la première année peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement à long terme du greffon, mais également sur la morbidité extrahépatique et notamment sur le risque cardiovasculaire. Dans ce chapitre, nous aborderons les complications qui sur- La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 195 D O S S I E R T viennent dans la période postopératoire précoce, puis nous développerons le suivi et la prise en charge du patient transplanté hépatique depuis sa sortie de l’hôpital jusqu’à la fin de la première année. PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE PRÉCOCE Elle couvre la période qui s’étend de la fin du geste chirurgical jusqu’à la sortie du patient de l’hôpital. Une fois l’intervention terminée, le patient est transféré en réanimation puis, dès qu’il est extubé, et en l’absence de défaillance viscérale telle qu’une insuffisance rénale nécessitant une prise en charge en dialyse, il va en unité de soins continus et/ou en chambre dans le service de chirurgie ou d’hépatologie. Le traitement immunosuppresseur est instauré pendant et au décours de l’intervention chirurgicale. Plusieurs types de médicaments peuvent être utilisés : un inhibiteur de la calcineurine (ciclosporine ou tacrolimus), un médicament bloquant la prolifération cellulaire (azathioprine ou mycophénolate mofétil), un corticoïde, un anticorps monoclonal anti-CD25, c’est-à-dire bloquant le récepteur de l’interleukine 2 (basiliximab ou daclizumab), des globulines antilymphocytaires polyclonales (2). Actuellement, tout protocole immunosuppresseur en transplantation hépatique comporte un inhibiteur de la calcineurine, ciclosporine ou tacrolimus, et le plus souvent des corticoïdes. Durant cette période, plusieurs types de complications peuvent survenir. Trois complications très précoces nécessitent le plus souvent une retransplantation hépatique en super urgence : la non-fonction primaire du greffon, la thrombose de l’artère hépatique, le rejet hyperaigu. La non-fonction primaire Elle survient dans environ 3 % des cas et le seul facteur de risque unanimement reconnu est la stéatose macrovésiculaire du greffon supérieure à 50 % (3). Elle se traduit par une insuffisance hépatique grave avec cytolyse majeure, souvent supérieure à 100 fois la normale, et facteurs de coagulation effondrés. Une acidose métabolique, une hypoglycémie et une insuffisance rénale aiguë sont souvent associées. Il existe des formes mineures de dysfonctionnement précoce du greffon, se traduisant par une activité sérique des transaminases très élevée et une remontée lente des facteurs de coagulation ainsi qu’une correction lente de l’acidose métabolique. Ce type de dysfonctionnement récupère habituellement, mais expose le patient à des complications infectieuses générales. La thrombose de l’artère hépatique C’est la complication vasculaire la plus fréquente, survenant dans 5 à 10 % des cas (4). Lorsqu’elle survient dans les 8 premiers jours de la transplantation, elle se traduit par une insuffisance hépatique aiguë. Si elle est diagnostiquée précocement, une désobstruction artérielle peut être tentée, mais cette thrombose nécessite le plus souvent une retransplantation en urgence. 196 H É M A T I Q U E Le rejet hyperaigu Il s’agit d’un rejet à médiation humorale entraînant une nécrose hémorragique du greffon et une thrombose vasculaire, aussi bien artérielle que veineuse. Il survient essentiellement dans les situations de transplantation hépatique anisogroupe (groupe sanguin ABO incompatible) rendue nécessaire en cas d’hépatite fulminante grave (5). Biologiquement, il existe des stigmates d’insuffisance hépatique aiguë sévère, et là encore, la retransplantation est souvent nécessaire en urgence. D’autres complications peuvent survenir au cours de la première semaine. Il s’agit essentiellement de complications hémorragiques qui se présentent dans environ 10 à 15 % des cas. Elle sont souvent secondaires à un problème technique vasculaire et sont favorisées par des troubles de l’hémostase, qu’il s’agisse d’un dysfonctionnement du greffon, ou d’une normalisation tardive des facteurs de coagulation. Une laparotomie exploratrice est souvent nécessaire. Des complications générales peuvent également survenir (6), la plus fréquente étant l’insuffisance rénale qui, pendant cette période, est multifactorielle : troubles hémodynamiques peropératoires, transfusion massive peropératoire, hypovolémie circulante efficace, utilisation de médicaments immunosuppresseurs néphrotoxiques et notamment les anticalcineurines. À LA FIN DE LA PREMIÈRE SEMAINE À la fin de la première semaine, les complications observées peuvent être : le rejet aigu, les infections, et les complications biliaires. Le rejet aigu Il s’agit d’un rejet à médiation cellulaire. Il est le plus souvent décrit entre le 7e et le 21e jour après la greffe (7-9). La définition du rejet est à la fois biologique – augmentation de l’activité sérique des aminotransférases et/ou cholestase –, histologique avec mise en évidence d’une triade spécifique (infiltrat portal polymorphe, endothélite, infiltrat lymphocytaire de l’épithélium des canaux biliaires), et parfois clinique avec une fièvre et une sensation de tension du greffon. Il est usuel de ne traiter que les rejets histologiques avec anomalies des tests biologiques hépatiques et cela se produit dans environ 30 à 50 % des cas. Le protocole habituel comporte des bolus de 1 g de méthylprednisolone administrés 1 à 3 fois. En cas d’absence de réponse après administration de ces bolus, on parle de rejet aigu corticorésistant. Si le patient est sous ciclosporine, le traitement du rejet aigu corticorésistant consiste à substituer le tacrolimus à la ciclosporine. Si le patient est déjà sous tacrolimus, et que l’augmentation des posologies de tacrolimus est insuffisante, on utilise des anticorps monoclonaux dirigés contre le récepteur des lymphocytes T (OKT3). Avec l’utilisation de ces protocoles, il est actuellement exceptionnel de rencontrer des rejets corticorésistants évoluant vers une chronicité et nécessitant une retransplantation. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 D O S S I E R T H Les infections Elles représentent la première cause de mortalité après la transplantation. Le risque infectieux dépend de l’état du patient avant la transplantation et notamment de son état nutritionnel, de l’intensité du traitement immunosuppresseur, et de l’éventuelle transmission de l’agent infectieux par le greffon. ! Les infections bactériennes Elles sont décrites chez près de 40 % des malades et les germes les plus souvent rencontrés sont d’abord le staphylocoque doré, puis les bacilles Gram négatifs (10). Il ne faut pas attendre la survenue des signes cliniques, et notamment de la fièvre, pour diagnostiquer ces infections bactériennes et des prélèvements multiples sont effectués systématiquement 1 à 2 fois par semaine. ! Les infections virales Elles sont surtout dues à des virus du groupe Herpès et notamment au cytomégalovirus (CMV). Il peut s’agir soit d’une primo-infection transmise par le donneur ou les transfusions, soit d’une réactivation d’une infection latente sous l’influence du traitement immunosuppresseur. On distingue habituellement l’infection à CMV qui se traduit par la mise en évidence d’une virémie ou d’une antigénémie CMV pp65, de la maladie à CMV avec atteinte viscérale (greffon hépatique, tube digestif) associée à une fièvre et à une leucopénie. Chez les malades à haut risque (donneur+/receveur-, forte immunosuppression), un traitement préventif par ganciclovir p.o., 3 g/j, peut être proposé (11). Le traitement curatif repose sur le ganciclovir i.v., 10 mg/kg/j adapté à la fonction rénale, pendant une durée de 2 à 3 semaines. ! Les infections parasitaires Du fait de l’immunodépression, l’infection parasitaire la plus fréquemment retrouvée est due au Pneumocystis carinii même si en termes de fréquence, elle ne dépasse pas 5 % (12). L’intensité du traitement immunosuppresseur et notamment la majoration de celuici en cas de rejet aigu corticorésistant, est le principal facteur de risque. Elle se manifeste habituellement par une fièvre et une hypoxie. Le diagnostic est fait par le lavage broncho-alvéolaire et le traitement repose sur le cotrimoxazole. Les complications biliaires Ce sont les complications techniques les plus fréquentes ; elles surviennent avec une fréquence comprise entre 10 et 30 % (13). On distingue les fistules et les sténoses biliaires. Les fistules biliaires, essentiellement décrites au niveau du site de l’anastomose cholédocho-cholédocienne, se révèlent par un cholépéritoine. Les sténoses peuvent être anastomotiques ou non anastomotiques, se manifestant soit par une cholestase biologique isolée, soit par une angiocholite avec fièvre et cytolyse biologique. Le diagnostic repose habituellement sur l’opacification directe des voies biliaires, qu’elle soit faite par voie endoscopique rétrograde ou par voie transpariétale, mais la cholangiographie IRM est en cours d’évaluation. Il faut s’assurer de la perméabilité de l’artère hépatique en cas de complications biliaires car, à côté des manifestations cliniques bruyantes La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 É M A T I Q U E décrites précédemment, la thrombose de l’artère hépatique peut se constituer à bas bruit, sans conséquence sur la fonction hépatique, et du fait de son rôle dans la vascularisation de l’arbre biliaire, se révéler plus tardivement par des sténoses non anastomotiques de type ischémique. Le traitement des complications biliaires peut être soit chirurgical, soit médical, notamment par la mise en place de drains et de prothèses biliaires. Pendant toute cette période postopératoire précoce, la surveillance est bien sûr clinique, mais essentiellement biologique avec, pendant la première semaine, trois bilans quotidiens, puis, à partir de la deuxième semaine, un bilan biologique quotidien, des recherches systématiques d’infections bactérienne et virale, un écho-doppler bi-hebdomadaire au début, avec artériographie au moindre doute sur la perméabilité de l’artère hépatique et, enfin, une biopsie hépatique en cas d’anomalie des tests biologiques hépatiques et de l’écho-doppler. LE SUIVI DU PATIENT TRANSPLANTÉ HÉPATIQUE APRÈS LA PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE La sortie de l’hôpital se fait habituellement entre le 20e et le 30e jour. La situation est alors la suivante : le patient est déperfusé, porteur dans certains cas d’un drain biliaire de Kehr tutérisant l’anastomose cholédocho-cholédocienne, clampé, et qui sera définitivement enlevé au troisième mois. Cliniquement, il peut persister une ascite et un épanchement pleural droit et biologiquement des stigmates de l’hypersplénisme préopératoire et, notamment, une thrombopénie. Le rythme de surveillance va être hebdomadaire jusqu’à la fin du deuxième mois, puis bi-mensuel jusqu’à la fin du quatrième mois, puis mensuel jusqu’à la fin de la première année. Lors de toute consultation, sont réalisés un examen clinique avec systématiquement prise de la tension artérielle en position assise ou allongée avec un repos de 15 mn, détermination du poids et de la taille, recherche d’adénopathies périphériques et d’organomégalie, et des examens biologiques : tests biologiques hépatiques, ionogramme sanguin, détermination de la glycémie et de la créatininémie, dosage sanguin de la concentration de l’inhibiteur de la calcineurine (ciclosporinémie ou tacrolémie). Pendant cette première année, il est usuel de faire une électrophorèse et une immunoélectrophorèse des protéines, ainsi qu’une sérologie de l’Epstein-Barr virus tous les 3 mois, et un bilan biologique lipidique, un dosage de l’uricémie et une détermination de la clairance de la créatinine tous les 6 mois. Les objectifs de ce suivi vont être d’adapter le traitement immunosuppresseur, de mettre en place des règles hygiéno-diététiques, de diagnostiquer les rares cas de rejets et les complications biliaires éventuelles, de diagnostiquer le plus précocement possible la récidive éventuelle de la maladie initiale sur le greffon, d’apprécier enfin le retentissement psychologique et la réhabilitation personnelle et socioprofessionnelle du patient transplanté. 197 D O S S I E R T Le traitement immunosuppresseur Jusqu’à présent, les protocoles d’immunosuppression étaient standardisés pour tous les patients, mais il semble que l’on s’achemine maintenant vers des traitements “à la carte” adaptés à chaque patient. Le but est d’employer les médicaments immunosuppresseurs à la dose minimum efficace, suffisante pour éviter les phénomènes de rejet, sans en payer le prix par des effets secondaires trop importants. Ainsi, une altération de la fonction rénale à la fin du 6e mois est souvent prédictive du développement d’une insuffisance rénale chronique à long terme. Pendant cette période, la majorité des centres utilisent une bithérapie immunosuppressive associant un inhibiteur de la calcineurine et un cortico-stéroïde (14, 15). Les concentrations sanguines habituellement requises pour les inhibiteurs de la calcineurine sont comprises entre 100 et 200 ng/ml pour la ciclosporine et entre 5 et 10 ng/ml pour le tacrolimus par méthode de dosage RIA monoclonal. La tendance actuelle est de baisser rapidement les corticoïdes en essayant de les arrêter au bout de 6 mois à un an dans le but de diminuer leurs effets secondaires à long terme. Il faut être très attentif aux interactions médicamenteuses qui peuvent survenir avec les médicaments immunosuppresseurs (tableau I). Cela doit se faire en lien étroit avec le médecin généraliste et l’hépato-gastroentérologue, qui peuvent être amenés à suivre le patient. Les anticalcineurines étant métabolisés par le système enzymatique du cytochrome P450 3A4, la coadministration de médicaments qui inhibent ou stimulent cette isoenzyme influence le métabolisme des anticalcineurines. Ainsi, l’utilisation des antibiotiques et des antifungiques doit être encadrée (tableau I). D’autre part, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont absolument proscrits du fait du risque de majoration de néphrotoxicité des anticalcineurines. Lorsque des médicaments inhibiteurs de la synthèse cellulaire comme le mycophénolate mofétil sont utilisés, la prescription d’allopurinol, qui peut être indiquée en cas d’hyperuricémie, fréquente chez ces patients, peut être responsable d’une augmentation des risques de myélotoxicité (16). H É M A T I Q U E Règles hygiéno-diététiques Il faut encourager l’arrêt de toute consommation de tabac, notamment en raison du risque accru de cancer de la sphère ORL, notamment chez les patients qui ont été transplantés pour cirrhose alcoolique (17). La consommation d’alcool doit être nulle chez les patients transplantés pour cirrhose alcoolique, et encadrée chez les autres patients, en proposant les règles usuelles de consommation, à savoir de ne pas dépasser 20 g d’alcool par jour chez la femme et 30 g chez l’homme. Des règles alimentaires doivent être proposées. En effet, la prise de poids est quasi constante chez les patients transplantés hépatiques et elle apparaît essentiellement au cours de la première année. On admet que 20 % des patients auront un index de masse corporelle supérieur à 30. De même, l’hypertriglycéridémie et l’hyperglycémie sont fréquemment décrites au cours de la première année, allant de pair avec le surpoids. Il faut donc proposer des régimes pauvres en sucres rapides et en graisses animales afin de limiter ce type d’effets secondaires. Une prise en charge commune avec une diététicienne peut s’avérer extrêmement utile (18). Enfin, une activité sportive doit être recommandée (19). Il n’existe aucune contre-indication à la pratique du sport chez un patient transplanté hépatique. Cela va de pair avec les règles diététiques citées. Le rejet Après le premier mois postopératoire, les épisodes de rejet aigu sont rares et il faut rappeler que le rejet chronique, qu’il fasse suite à des rejets aigus incomplètement résolutifs ou qu’il apparaisse d’emblée sous cette forme, est rare après transplantation hépatique, survenant chez moins de 5 % des patients adultes. Les épisodes de rejet aigu surviennent souvent dans un contexte d’immunosuppression trop faible (et il faut alors augmenter la posologie) ou de mauvaise observance thérapeutique. L’hépatopathie initiale est un élément impor- Tableau I. Principales interactions médicamenteuses avec les anticalcineurines. Augmentation de la concentration sanguine Diminution de la concentration sanguine Majoration toxicité Antibiotiques Macrolides Rifampicine Aminosides (rein) Antifongiques Kétoconazole Fluconazole Itraconazole Anti hypertenseurs Nicardipine Amphotéricine B (i.v.) AINS Divers 198 Tous (rein) Naringénine (jus de pamplemousse) Phénobarbital Phénytoïne Carbamazépine Diurétiques hyperkaliémiants La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 D O S S I E R T H tant à prendre en compte : en effet, il a été démontré que les rejets sont plus souvent observés chez les patients transplantés pour maladie auto-immune telle que la cirrhose auto-immune elle-même ou la cirrhose biliaire primitive, lorsqu’on les compare notamment aux patients transplantés alcooliques (20). Les complications biliaires Qu’il s’agisse de la pérennisation de complications biliaires apparues dans la période postopératoire précoce ou de complications de novo, elles représentent la principale complication mécanique à distance de la transplantation. À ce stade, ce sont surtout les sténoses non anastomotiques qui posent problème, pouvant aller jusqu’à réaliser un tableau de cholangite sclérosante secondaire. L’indication d’opacification biliaire doit être posée avec soin en raison du risque infectieux et la prise en charge doit être absolument multidisciplinaire, faisant intervenir chirurgiens, radiologues et endoscopistes afin d’éviter une évolution toujours possible vers une cirrhose biliaire secondaire nécessitant une retransplantation hépatique (21). La récidive de la maladie initiale ! Cirrhose virale C. Chez les malades transplantés pour une cirrhose virale C, la récidive virologique est quasi constante, et l’ARN viral est retrouvé dans le sérum dans 90 à 100 % des cas au cours de la première année qui suit la greffe. Quant à la récidive histologique, une hépatite chronique est décrite chez 80 % et une cirrhose chez 10 % des patients à 5 ans (22). Au cours de la première année, cette récidive peut être soit asymptomatique sur le plan biologique, soit se manifester par une cytolyse prédominant sur les ALAT comme chez le patient immunocompétent. Dans ce cas-là une biopsie du greffon permettra de mettre en évidence, au stade aigu de la récidive, le plus souvent une hépatite lobulaire. Quoi qu’il en soit, chez ces patients, une biopsie sera nécessaire au minimum à un an après la transplantation hépatique. L’intérêt de biopsies plus précoces est à discuter, notamment en fonction du choix thérapeutique qui va être fait, à savoir, traitement préventif ou traitement curatif de la récidive virale C. Dans les deux cas, il s’agira d’une association interféron et ribavirine, en prenant en compte le risque de rejet lié à l’utilisation de l’interféron chez des patients transplantés (23). ! Cirrhose post-virale B. Les patients transplantés pour cirrhose post-virale B auront un traitement prophylactique de cette récidive adapté à leur statut réplicatif pré-greffe (24, 25). S’il s’agit de patients qui étaient non réplicants avant la transplantation avec un ADN négatif en hybridation in situ, ils vont recevoir après la greffe des immunoglobulines anti-HBs afin de maintenir un taux d’anticorps au minimum supérieur à 100. S’ils étaient réplicants avant la transplantation, et négativés sous lamivudine, toujours avant la transplantation, la lamivudine sera continuée après la transplantation en plus des immunoglobulines anti-HBs, mais en essayant alors d’avoir un taux d’anticorps plus élevé habituelleLa lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 É M A T I Q U E ment supérieur à 500. Il est usuel actuellement de poursuivre l’immunoprophylaxie passive plus ou moins associée à la lamivudine indéfiniment. En effet, lorsqu’elle survient, la récidive virale B est toujours grave, avec possibilité d’hépatite fulminante ou d’évolution rapide vers la cirrhose. ! Cirrhose alcoolique. La récidive d’une consommation d’alcool après transplantation hépatique, si elle ne semble pas responsable à court terme de complications sur le fonctionnement du greffon, pose des problèmes éthiques évidents. Elle est estimée au cours de la première année entre 8 et 25 %, mais il faut noter que les critères utilisés pour diagnostiquer cette récidive sont très divers en fonction des études (26). Quoi qu’il en soit, un suivi alcoologique est nécessaire, à notre sens, chez tous les patients transplantés pour cirrhose alcoolique. Le risque de récidive doit être assumé au même titre que celui de la récidive virale. Il y a encore un débat pour savoir si cette récidive est plus facilement diagnostiquée par les membres de l’équipe de transplantation qui suivent le patient ou par des membres extérieurs de type psychologues ou psychiatres (27). ! Cirrhose biliaire primitive. Il est acquis maintenant que la cirrhose biliaire primitive peut récidiver, mais cette récidive survient habituellement au-delà de la cinquième année (28). ! Cholangite sclérosante primitive. La cholangite sclérosante primitive peut récidiver. Le tableau est alors strictement identique à celui de la cholangite sclérosante secondaire et ischémique précédemment décrite. Ce diagnostic différentiel peut être difficile (29). Un point particulier concernant la cholangite sclérosante primitive est celui de la plus grande fréquence de cancers coliques décrits après transplantation hépatique dans cette indication et ce, notamment du fait de l’association avec la rectocolite hémorragique. Une coloscopie est donc indiquée de façon annuelle chez ces patients. ! La cirrhose auto-immune. Elle peut récidiver sur le greffon et, comme nous l’avons dit plus haut, il y a un risque de rejet aigu tardif ou de rejet chronique augmenté chez les patients transplantés pour cirrhose auto-immune. Chez ces patients, il faudra donc être très prudent quant à la décroissance du traitement immunosuppresseur et, notamment, des corticoïdes (30). ! Le carcinome hépatocellulaire. Chez les patients transplantés pour carcinome hépatocellulaire, le diagnostic de la récidive doit être le plus précoce possible. Ainsi, le dosage sérique de l’alphafœtoprotéine est mensuel et des examens morphologiques sont faits tous les 4 à 6 mois avec, notamment, scanner thoraco-abdominal. Le problème reste entier concernant le traitement de ces récidives qui peut être chirurgical en cas de récidive localisée, et pour lesquelles les chimiothérapies par voie générale sont peu efficaces (31). La qualité de vie et le retentissement psychologique Globalement, toutes les études portant sur la qualité de vie et la réhabilitation après transplantation hépatique concluent que celles-ci 199 D O S S I E R T sont meilleures par rapport au ressenti prétransplantation, mais qu’elles restent moins bonnes lorsqu’on les compare à la population générale (19, 32). Sur le plan psychologique, on retrouve habituellement des plaintes identiques à celles observées chez les patients ayant eu des événements médico-chirurgicaux graves, à savoir, anxiété, sentiment dépressif, troubles du sommeil (32). Cependant, il faut prendre en compte l’aspect particulier de la transplantation hépatique, autrement dit, un sentiment de culpabilité qui peut se développer après la transplantation au sujet du donneur, en particulier, et du don d’organe, en général. En effet, la transplantation d’organe est régie par la loi du don anonyme et gratuit, et induit donc une notion de dette. Par définition, celle-ci ne pourra jamais être honorée puisque le donneur n’est jamais connu du receveur et cela engendre parfois des symptômes dépressifs qui peuvent être sévères et nécessiter une prise en charge spécialisée (33). Pour ce qui est de la réhabilitation professionnelle, les résultats sont contrastés (26, 34) : l’âge des patients, la durée de l’arrêt de travail avant la transplantation, et le type de qualification professionnelle affectent significativement la reprise d’une activité professionnelle après la transplantation. Cela étant, la situation sociale en France ne facilite pas la reprise d’une activité professionnelle chez les patients transplantés hépatiques : il faut rappeler qu’il s’agit le plus souvent de patients de plus de 45 ans, ayant eu une longue période d’inactivité professionnelle du fait de la maladie hépatique et dont le statut de transplanté n’encourage pas les employeurs potentiels à leur proposer un emploi durable. La responsabilité des équipes de transplantation est d’expliquer que ces patients peuvent exercer une activité professionnelle tout à fait normale, en général dès le sixième mois après la greffe. LE TRAVAIL EN RÉSEAU Le suivi du patient transplanté hépatique au cours de la première année doit s’intégrer dans un travail en réseau multidisciplinaire incluant le centre de transplantation hépatique, l’hépato-gastroentérologue qui a souvent adressé le patient au centre, et le médecin traitant. Pendant le premier trimestre, la surveillance est faite de façon quasi exclusive dans le centre de transplantation, mais à partir de cette date, un suivi alterné peut se mettre en place. En effet, comme nous l’avons expliqué plus haut, ce suivi est essentiellement basé sur un examen clinique simple et des examens biologiques usuels. Les dosages sanguins de concentration de ciclosporine et tacrolimus peuvent être faits maintenant dans des laboratoires extérieurs au CHU. Bien entendu, toute modification du traitement immunosuppresseur doit se faire en accord avec le centre de transplantation. Dans la région Languedoc-Roussillon, nous avons mis en place des séminaires de formation pour le suivi des malades transplantés hépatiques s’adressant aussi bien aux hépato-gastroentérologues 200 H É M A T I Q U E qu’aux médecins généralistes. Cette organisation a permis de décentraliser le suivi de ces malades, ce qui limite les déplacements à la fois fastidieux et coûteux de malades habitant loin des centres de greffe, et ce qui permet de maintenir un lien étroit entre les équipes de transplantation et les médecins libéraux et des hôpitaux généraux en charge de ces patients. " Mots clés. Suivi post-transplantation hépatique – Interactions médicamenteuses – Infections post-transplantation hépatique – Rejet – Complications biliaires. R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Adam R, Cailliez V, Majno P et al. Normalized intrinsic mortality risk in liver transplantation : European Liver Transplant Registry study. Lancet 2000 ; 19 : 621-7. 2. Denton MD, Magee CC, Sageh MH. 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FRANCE / DOM-TOM et CEE # 380 F collectivités (57,93 €) $ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... Pratique : $ hospitalière $ libérale ÉTRANGER (autre que CEE) # 500 F collectivités (91 $) # 300 F particuliers (45,73 €) # 420 F particuliers (76 $) # 190 F étudiants (28,96 €) # 310 F étudiants (56 $) joindre la photocopie de la carte $ autre.......................... POUR RECEVOIR LA RELIURE ...................................................................................................... # 70 F avec un abonnement ou un réabonnement # 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) Code postal ................................................................................... 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