
La durée
 d'utilisation
 de
 l'ordinateur
 a
 été divisée par
 3
 en 25
 ans,
 passant de 11 ans en 1987
 à 3
 ans en
 2010. 
N'empêche,
 on a l'impression que le 
Magjmix
 de mamie
 fonctionnait
 bien 
plus longtemps et que la machine à 
coudre du
 grand-père était
 incre-
vable.
 Le
 cabinet
 du
 ministre
 délégué 
à la
 Consommation,
 Benoît
 Hamon, 
assure
 que la
 direction
 générale
 de la 
consommation, de la concurrence et 
de la
 répression
 des fraudes
 enquête. 
Pour
 l'instant,
 pas de
 résultat...
 11
 y
 a 
quatre ans, les imprimantes Epson 
avaient pourtant une
 fâcheuse
 ten-
dance
 à planter
 après
 18000 impres-
sions, une carte
 déclenchait
 la dé-
faillance.
 En2003,
 aux
 États-Unis,
 un 
recours
 collectif
 a
 été intenté
 contre 
Apple,
 la batterie du premier iPod 
(baladeur
 MP3)
 ne
 fonctionnait
 que 
18 mois,
 sans
 possibilité
 de change-
ment ou de
 réparation...
 En France, 
aucune
 plainte pour l'instant. 
Reste
 que
 la durée
 de
 vie
 des produits 
a
 baissé
 : «
 On
 est
 passé
 de
 9
 ans
 à
 6 ans 
pour le gros
 électroménager,
 et à 
18 mois pour les
 téléphones
 por-
tables
 »,
 rappelle Camille Lecomte, 
chargée
 de
 campagne
 mode de pro-
duction
 et de consommation aux 
Amis
 de
 la
 Terre,
 qui
 lutte
 activement 
contre
 l'obsolescence
 programmée. 
Du côté
 des fabricants, on
 assure, 
chiffres
 à
 l'appui,
 qu'U
 n'en est
 rien. 
Mais,
 au
 fond,
 ce sont les
 méthodes 
qui
 ont
 changé.
 «
 On n'a plus besoin 
d'ingénieursqui%'ontprogrammerla 
casse
 d'un produit, on est
 dans
 une 
obsolescence
 plus diffuse, les
 fabri-
cants
 diluent
 la
 responsabilité
 ».
 ana-
lyse
 Frédéric
 Bordage. fondateur du 
site
 GreenlT.fr.
 qui mêle
 informatique 
et
 développement
 durable. Et
 dans 
l'informatique,
 le
 high-tech,
 c'est
 très 
net
 : «
 Pour
 un
 ordinateur de bureau, 
la durée
 d'utilisation
 a
 été divisée
 par 
troisen25ans.Quand,en
 1987,il
 était 
utilisé 11
 ans,
 c'est
 trois
 ans en
 2010
 », 
détaille Frédéric
 Bordage. Car
 cette 
obsolescence
 «
 diffuse
 »
 joue sur
 plu-
sieurs
 aspects.
 11
 y a
 l'obsolescence 
techniqueoulogiciellex'est.
 typique-
ment,
 r
 incompatibilité
 des derniers 
systèmes
 d'exploitation
 avec
 la ma-
chine; les batteries
 soudées;
 mais 
aussi
 «
 les
 systèmes
 de vis
 proprié-
taires
 ».
 rappelle Bordage.
 Essayez
 un 
peu de
 démonter
 un appareil Apple 
pour
 réparer
 ime
 panne,
 impossible. 
Essayez
 tout
 court
 de
 faire
 réparer
 un 
appareil,
 là encore
 impossible.
 Coût 
de
 main-d'œuvre
 trop
 élevé,
 absence 
de
 pièces détachées,
 et l'argument 
«Aujourd'hui,
 on
 n'a
 plus
 besoin 
d'ingénieurs
 pour
 programmer
 la 
casse
 d'un
 produit,
 l'obsolescence 
est
 plus
 diffuse,
 et
 la
 responsabilité 
des
 fabricants
 diluée.» 
F.
 BORDAGE,
 FONDATEUR
 DE
 SREENIT.FR 
massue:
 «
 C'estmoinscherd'en
 ache-
ter un
 nouveau!»... Ainsi
 selon 
l'Agence de l'environnement et de la 
maîtrise
 de
 l'énergie (ADEME).
 seuls 
44 % des appareils en
 panne
 sont 
réparés. 
Autres
 astuces
 pour
 réduire
 la
 durée 
de vie des produits
 :
 les faire ramer 
«
 Pour
 utiliser
 un traitement de texte 
sur
 un
 ordinateur,
 il
 faut
 aujourd
 ' hui 
32
 fois
 plus de
 mémoire
 vive
 qu'il
 y a 
10 ans sur un Mac OS X
 (système 
d'exploitation
 d'Apple). Chez
 Mi-
crosoft,
 c' est 72
 fois
 plus.
 Les
 logiciels 
sont tellement gourmands en mé-
moire
 vive,
 en
 espace
 disque
 qu ' on
 ne 
change
 plus d'ordinateurs
 parce 
qu'ils
 ne fonctionnent plus mais 
parce
 qu'ils rament trop
 », décrypte 
le
 fondateur de GreenIT.fr 
Enfin,
 il y a surtout
 l'obsolescence 
perçue ou
 commerciale,
 créée à
 grand 
renfort
 de
 publicité
 et marketing qui 
suscite le
 désir,
 le besoin
 irrésistible 
d'acheter
 de
 posséder 
C'est
 ce que
 Serge
 La-
touche, professeur 
émérite d'économie
 à 
l'université
 d'Orsay 
qui
 a
 beaucoup
 tra-
vaillé
 sur l'obsoles- ' 
cence
 programmée, 
appellel'
 «
 immensepropa-
gande,
 la manipulation des 
esprits par la
 publicité » (lire 
page
 32).
 C'est
 ainsi qu'en 
5 ans on a vu six
 générations 
d'iPhone se
 succéder. 
Comment lutter? Car 
l'obsolescence
 est au 
cœur
 de notre
 système. 
C'est
 le Graal com-
mercial
 :
 alimenter un 
marché saturé, accélé-
rer le renouvellement 
des biens de consom-
mation.
 En
 1932,
 pour 
«
 mettre fin à
 la
 grande
 dépression
 », 
le
 courtier en
 immobilier
 Bernard 
London
 suggérait
 de rendre obliga-
toire
 l'obsolescence
 programmée. 
Après
 une certaine
 durée,
 les 
consommateurs auraient
 été obligés 
de jeter leurs produits pour en
 ache-
ter
 d'autres.
 Aujourd'hui,
 tout le 
système
 y concourt
 :
 il
 y a les
 coûts 
tirés
 vers
 le
 bas.
 le
 dumping
 social
 qui 
fait
 qu'à force on produit des
 appa-
reils
 de moins bonne
 qualité.
 Et. au 
final,
 on
 les
 perçoit
 comme jetables. 
C'est
 un grand
 gâchis,
 un gaspillage 
organisé
 pour doper les profits de 
quelques-uns. 
Sauf
 qu'à force, les
 ressources
 natu-
relles
 s'épuisent,
 sans
 se renouveler 
Alors
 les entreprises auront beau 
mettre un vernis
 développement
 du-
rable, on en est
 loin.
 Au cabinet de 
Benoît
 Hamon.
 on planche sur
 le
 su-
jet,
 «
 un
 champ neuf, pas
 étudié
 ».
 «
 Si 
des pratiques
 d'obsolescence
 pro-
grammée, 
c'est-à-dire
 calcu-
lées
 au moment de
 la 
conception, sont dé-
couvertes, elles seront 
attaquables
 pour "tromperie sur le 
bien"
 par le biais de l'action de 
groupe qui
 sera
 créée
 dans
 la grande 
loi
 sur la consommation au
 prin-
temps 2013.
 »
 Le ministère dit
 surtout 
vouloir faciliter
 la
 réparation.
 C'est 
aussi
 ce que veulent les
 Amis
 de la 
Terre,
 qui réclament
 aussi
 une exten-
sion
 des
 durées
 de garantie à 10 ans. 
«Ça
 obligerait les entreprises à 
construire des
 produits
 qui
 sont
 répa-
rables
 ».
 explique
 Camille
 Lecomte. 
Pour
 l'instant,
 la
 tendance
 est
 plutôt 
à la
 baisse.
 Au
 début
 des
 années2000, 
Dell
 a
 lancé
 la
 durée
 d'assurance 
casse
 et
 réparation
 de 90
 jours.
 Trois 
mois
 seulement.
 Apple,
 lui,
 n'assure 
qu'un
 an. et propose une extension 
payante à trois ans. Pourtant la loi 
européenne
 oblige les fabricants à 
assurer
 leurs produits
 avec
 deux ans 
de garantie standard. 
Pour Yann Le PoUotec,
 informati-
cien
 et membre du Conseil national 
du
 PCF,
 il
 faut
 «
 abandonner
 la pos-
session
 pour rentrer
 dans
 la
 fonction 
d'usage,
 cela permet de produire des 
biens durables,
 qui
 puissent
 être mis à 
jouràchaquevraienovation ».Etpas 
letotemduhypeoudelamodequifait 
dormir
 des
 gens
 devant un magasin 
un
 soir de
 septembre
 2012
 pour obte-
nir le
 dernier iPhone.^ 
PIADE
 QUATREBARBES 
24
 AU
 30
 JANVIER
 2013-HD