Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVIII - n° 6 - juin 2014
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Revue de presse
à l’absorption d’un repas. Une cohorte de
74 volontaires atteints d’un diabète de type 1
(DT1) [> 5 ans] a reçu un repas varié. La sécré-
tion de peptide C et le rapport peptide C/
créatinine ont été évalués. À l’inclusion, de
faibles niveaux de peptide C ont été détec-
tés chez 54 patients sur 74. Chez les patients
dont la durée du diabète dépassait 30 ans, la
valeur absolue de peptide C sécrétée était
plus faible. Néanmoins, une majorité des
patients analysés présentaient tout de même
un niveau de peptide C détectable. De façon
intéressante et inattendue, la sécrétion de
peptide C était augmentée après le repas
chez 43 % des patients.
En conclusion, cette étude démontre qu’il
existe une quantité non négligeable de
cellules β pancréatiques résiduelles chez
les patients atteints de DT1, qui répondent
à une prise alimentaire. Il existe plusieurs
hypothèses pour expliquer leur présence : ces
cellules pourraient avoir échappé à l’attaque
auto-immune, ou s’être formées par un pro-
cessus de régénération. La compréhension
des mécanismes cellulaires et moléculaires
qui gouvernent les processus de sauvegarde
et de régénération est d’un grand intérêt pour
envisager plus tard de potentielles thérapies
du DT1.
Bertrand Duvillié (Paris)
• Oram RA et al. Diabetologia 2014;57(1):187-91.
Cancer du sein et mutations BRCA
En France, 50 000 cancers du sein et 11 000
décès par cancer du sein surviennent chaque
année. Environ 5 à 10 % sont héréditaires et
liés à des mutations sur des gènes dominants,
de pénétrance modérée ou haute. Vingt-cinq
à 40 pour cent de ces cancers héréditaires
sont la résultante de mutations sur 1 ou
2 gènes de susceptibilité BRCA1 et BRCA2.
Le risque relatif d’avoir un cancer du sein chez
les femmes porteuses d’une mutation BRCA1
est considérable puisqu’il est de 3 à 200 (par
comparaison, le risque relatif lié à l’alcool ou
l’obésité est de 1,5 à 2). Il peut exister des
interactions entre les mutations BRCA et
des facteurs nutritionnels. Le but de l’étude
coréenne est d’analyser le rôle de ces facteurs
chez des femmes ayant un cancer, porteuses
ou non de mutations BRCA, ou membres de
familles comportant un ou des cas de un can-
cer du sein et une mutation BRCA. Chez les
patientes porteuses d’une mutation BRCA, la
consommation de soja était associée à un plus
faible risque de cancer du sein (HR = 0,39 ;
IC95 : 0,19-0,79 pour le plus haut quartile). En
revanche, le plus haut quartile de consom-
mation de viande était associé à un plus haut
risque de cancer du sein chez les porteuses de
mutations BRCA (HR = 1,97 ; IC
95
: 1,33-3,44)
et chez les femmes sans mutation mais dans
une moindre mesure (HR = 1,41 ; IC
95
: 1,12-
1,78). Les associations entre cancer du sein et
consommation de soja ou de viande étaient
plus nettes chez les femmes présentant une
mutation BRCA2 que chez celles avec muta-
tion BRCA1. En ne considérant que les cas de
cancer, le plus haut quartile de consommation
de soja est associé à une réduction du risque
de cancer du sein BRCA (COR : 0,57 ; IC95 : 0,36-
0,91), mais la consommation de viande n’est
pas associée à un risque de cancer du sein
BRCA. Cette association statistique a été éta-
blie après ajustements multiples pour l’âge,
celui des premières règles, l’apport calorique,
le niveau d’éducation, le tabagisme, les gros-
sesses. Cette étude confi rme donc l’intérêt du
soja dans la prévention du cancer du sein y
compris en cas de prédisposition génétique
forte, et le rôle négatif de la consommation
de viande dans cette population (éventuel-
lement via la production d’amines hétéro-
cycliques lors de la cuisson). Notons enfi n
que le plus haut quartile de consommation
de soja correspondait à une consommation
de 4 à 5 produits/semaine.
Jean-Michel Lecerf (Lille)
• Ko KP et al. Am J Clin Nutr 2013;98(6):1493-501.
Cortisol, stress, cheveux
etenfantsobèses
Quel que soit l’ordre de ces mots, l’alliance
peut sembler diffi cile à comprendre sans expli-
cation. De nombreuses études ont montré
le lien entre des concentrations élevées de
cortisol et l’obésité, la distribution abdominale
des graisses, l’insulinorésistance, le syndrome
métabolique chez l’enfant ou l’adolescent,
alors que certaines études ont montré l’in-
verse. Les données collectées chez l’adulte
sont aussi parfois contradictoires. Les raisons
invoquées pour expliquer l’hétérogénéité des
données sont liées au dosage du cortisol. En
eff et, la production de cortisol suit un rythme
circadien avec une certaine pulsatilité ultra-
dienne. Dans le sang, le cortisol existe sous
la forme libre et complexée à des protéines
porteuses, alors que n’est retrouvée dans les
urines ou la salive qu’une fraction du cortisol
libre. Des études ont montré que le cortisol
capillaire était un bon refl et de la concentra-
tion plasmatique chronique de cortisol dans
la mesure où le cortisol non lié s’incorpore au
cheveu : 1 cm de cheveu représente “l’expo-
sition” au cortisol libre durant un mois. Les
populations ayant un stress chronique impor-
tant ont des concentrations plus élevées de
cortisol par rapport aux groupes témoins. Par
ailleurs, le stress est un facteur connu de prise
de poids abdominale. Chez l’adulte de poids
normal, le cortisol capillaire est corrélé au tour
de taille ; les sujets ayant la concentration la
plus élevée de cortisol capillaire ont un risque
2,4 fois plus élevé de syndrome métabolique.
M.A. Veldhorst et al ont comparé les concen-
trations capillaires de cortisol chez 20 enfants
obèses et 20 enfants de poids normal, âgés
de 8 à 12 ans. Chaque groupe comportait
5 garçons et 15 filles, d’âge identique. La
concentration de cortisol capillaire était plus
élevée chez les enfants obèses que chez les
enfants de poids normal (25 versus 1 pg/ml)
[p < 0,05]. Ces données suggèrent qu’il existe
une relation entre l’activation de l’axe hypo-
thalamo-hypophyso-corticosurrénalien et
l’obésité de l’enfant : est-ce une cause ou
une conséquence ? Le stress pourrait être un
eff ecteur de cette stimulation et le cortisol
un marqueur. Des études longitudinales, puis
des études d’intervention sont nécessaires
pour comprendre dans quel sens la relation
de cause à eff et opère. Cette étude ouvre de
nouvelles voies de recherche pour la préven-
tion et le traitement de l’obésité.
Jean-Michel Lecerf (Lille)
• Veldhorst MA et al. J Clin Endocrinol Metab 2014;99(1):285-90.