28 | La Lettre du Rhumatologue • N° 361 - avril 2010
Manifestations rhumatologiques au cours de l’infection à VIH
chez les patients sous traitement antirétroviral
MISE AU POINT
Répartition des arthrites
selon le taux de CD4
Le taux moyen de lymphocytes CD4 avant l’instau-
ration des ARV était de 174,43 ± 97,98 cellules/ mm
3
.
Il était inférieur à 200 cellules/mm
3
pour
36 patients, soit 65,5 % des cas. Il était compris
entre 200 et 500 cellules/mm
3
pour 18 patients,
soit 32,7 % des cas, alors qu’un seul patient (1,8 %)
avait plus de 500 cellules/mm3.
Parmi les cas d’arthrite, le taux de CD4 était infé-
rieur à 200 cellules/mm3 pour 13 patients et compris
entre 200 et 500 cellules/mm
3
pour 7 patients.
Les arthrites prédominaient de façon significative
à p < 5 % chez les patients ayant un taux de CD4
inférieur à 200 cellules/mm
3
. Toutefois, la fréquence
des arthrites en dessous de ce taux ne diffère pas
de celle de l’ensemble des manifestations rhuma-
tismales.
Évolution des manifestations
rhumatologiques sous ARV
Après 6 mois de traitement ARV, 24 patients ne
souffraient plus de douleur rhumatismale. Après
12 mois, 47 ne signalaient plus aucun symptôme
rhumatismal.
La fréquence relative des manifestations rhuma-
tismales régressait significativement à 6 mois et à
12 mois de traitement à p < 5 %.
Concernant plus particulièrement les arthrites,
l’évolution clinique sous ARV était favorable à
6 mois dans 9 cas sur 20 et à 12 mois dans 9 cas
sur 14 ; 3 cas avaient récidivé entre 6 et 12 mois.
Aucun nouveau cas n’était constaté. Toutefois, la
fréquence relative des arthrites ne différait pas
significativement entre 6 mois et 12 mois de trai-
tement ARV.
Évolution des arthrites
selon le taux de CD4
Après 6 mois d’ARV, une augmentation du taux
de CD4 était constatée chez 43 patients. Après
12 mois, 10 étaient en échec immunologique.
L’évolution clinique favorable ou défavorable des
arthrites à 6 et 12 mois de traitement ne différait
pas significativement (p < 5 %) selon le taux de
CD4.
Évolution des arthrites
selon la charge virale
La charge virale mesurée à 6 mois chez 17 patients
était indétectable pour 12 d’entre eux. Mesurée à
12 mois chez ces 12 patients, elle était indétectable.
L’évolution clinique favorable ou défavorable des
arthrites après 6 et 12 mois de traitement ARV ne
différait pas significativement (p < 5 %) selon que
la charge virale était détectable ou non.
Discussion
Cette étude a permis de répertorier différentes mani-
festations rhumatologiques chez les sujets sous ARV
et de déterminer leur fréquence et leurs aspects évo-
lutifs. Elle a été rendue possible grâce aux données
cliniques et biologiques disponibles d’une institution
entièrement dédiée à la prise en charge des PVVIH
et qui inscrit les informations congolaises dans le
rapport mondial sur le VIH. La prévalence relevée chez
les patients suivis en ambulatoire ne peut être com-
parée à celles observées antérieurement au Congo
et dont le recrutement provenait essentiellement du
service de rhumatologie du CHU de Brazzaville. C’est
ainsi que nous atteignions dans les années 1990 une
séroprévalence pour le VIH de 22,8 % en rhumato-
logie (2). Avec une fréquence de 35,1 % au sein des
arthropathies inflammatoires, les arthrites liées au
VIH constituaient alors, avec les arthrites septiques
et la goutte, les principales causes d’arthrite (5).
Les arthrites liées au VIH demeurent la forme
clinique la plus fréquente avant et sous traitement
ARV. Dans une étude prospective de 270 patients
infectés par le VIH, leur prévalence était de
7,8 % (6). Elles surviennent préférentiellement au
stade CDC B3 et lorsque le taux de CD4 est inférieur
à 200 cellules/mm3.
Notre série révèle une diminution de la fréquence
des manifestations rhumatologiques sous ARV.
Plus particulièrement, l’évolution des arthrites
liées au VIH est favorable dès le premier semestre
du traitement ARV. Bien que l’évolution favorable
se poursuive à 12 mois, la fréquence des arthrites
n’est pas apparue significativement différente entre
6 et 12 mois. De même, l’augmentation du taux de
CD4 au-delà de 200 cellules/mm3 et la disparition
de la charge virale, devenue indétectable, ne sem-
blent pas influencer l’évolution favorable ou défavo-
rable des arthrites. Celles-ci paraissent donc suivre
leur propre évolution, rappelant le profil décrit avant
le traitement ARV (2, 6).