mai 1958, lors d’une manifestation à Alger des « pieds noirs » qui s’inquiètent
d’être abandonnés par le gouvernement français, un appel à de Gaulle est lancé.
Dans un climat où la rumeur d’un coup d’Etat militaire se répand, celui-ci
accepte de prendre la tête de l’Etat à la condition d’une réforme de la
Constitution. Celle-ci est rédigée par un groupe de « sages » dirigé par un
gaulliste fidèle, Michel Debré. Elle est adoptée par référendum. C’est le début
de la Ve République.
B - Un État entrepreneur
De Gaulle met en place, avec la Ve République, un exécutif fort à la tête
de l’ « Etat keynésien modernisateur » (expression de 1’historien Pierre
Rosanvallon), dont les missions se renforcent et s élargissent, menées par une
haute fonction publique de plus en plus influente. Ces hauts fonctionnaires sont
souvent désignés sous le terme péjoratif de technocrates
La modernisation passe par des grands programmes industriels : Plan
Calcul en 1968-71 (informatique), programme spatial, Concorde en 1969,
programme nucléaire, développement de la TV et de l'équipement téléphonique,
TGV en 1981. Dans le cadre de l'ouverture européenne (1957), l'État favorise
aussi la concentration et la formation de grands groupes industriels compétitifs
(PUK, SNIAS, Saint-Gobain Pont-â-Mousson, sidérurgie, etc.), et assure en
1967 plus de la moitié du financement des investissements en France.
C- Un Etat qui transforme la société et le pays
- L'Etat-providence redistribue les fruits de la croissance, favorisant une
forte demande de consommation qui entraîne l'ensemble de l'économie. La
planification est renforcée et s'étend aux équipements collectifs scolaires (2500
bâtiments sont construits en 1965-75), de santé (les centres hospitaliers
universitaires sont créés en 1958), culturels avec la création du ministère des
Affaires culturelles en 1959, confié à André Malraux comme exemple
d'extension des domaines d'intervention de l’État).
- L'État, avec la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à
l'action régionale, 1963), mène une politique d'aménagement du territoire, par
des grands travaux d'aménagement touristiques (plan Neige, aménagement
touristique du Languedoc), de transports (autoroutes, aéroports comme Roissy
en 1974) et de logement (politique des ZUP : 803 000 logements construits en
1958- 1968, politique des villes nouvelles).
III – LES DEFIS DU MODELE FRANÇAIS
Aujourd'hui, le débat politique porte bien sur la réforme réduction ou non
de l'importance de l'Etat et des collectivités locales, et sur la possibilité du
maintien ou non d’un modèle français, dans un contexte de crise européenne de
la dette publique et de crise du système de protection sociale.
A - La Ve République après 1981 : gouverner en temps de crise
Lorsque François Mitterrand fait accéder la gauche au pouvoir (on parle
d’alternance) pour la première fois sous la Ve République, l'État est confronté à
une crise importante.