La Cinquième République marque la naissance de la démocratie d’opinion. L’opinion publique s’invite dans les débats par le biais des sondages et
des médias, et n’hésite par à critiquer le gouvernement en place :
- Les années 1960 voient la contestation croissance de l’« énarchie » par l’opinion publique et par certains politiciens comme G. Pompidou
lui-même: plus de la moitié des ministres et membres de cabinets ministériels sortent de l’ENA, et apparaissent comme des technocrates
souvent coupés des réalités du terrain et non soumis au suffrage universel.
- Le rôle des médias s’affirme, avec l’apparition de la télévision dans les années 1950 notamment. De Gaulle crée l’ORTF (Office de
Radiodiffusion-Télévision Française) en 1964, afin de contrôler étroitement ces nouveaux médias : les chaînes de radio et de télévision
sont, à l’époque, exclusivement publiques. De Gaulle s’exprime souvent à la télévision, en tenue militaire pour rappeler son rôle durant la
Seconde Guerre Mondiale. En mai 1968, durant le mois de contestation à la fois étudiant et ouvrier qui paralyse la France et fait
trembler le régime gaullien, l’opinion publique dénonce la main mise de l’Etat sur les médias, par le biais d’affiches et de radios pirates :
« Le transistor est devenu le cordon ombilical qui relie la France à sa révolution » écrit la journaliste Danièle Heyman dans L’Express.
C’est un moyen de contourner la censure imposée par l’Etat qui vise à minimiser la contestation. V. Giscard d’Estaing, qui devient
président en 1974, abaisse la majorité à 18 ans, ajoutant ainsi 2.5 millions de votants : plus que ses prédécesseurs, il tient compte de
l’héritage de mai 1968 marqué par la contestation de la jeunesse et sa volonté d’exprimer son point de vue politique.
Transition – Mai 1968 révèle l’érosion du pouvoir gaulliste en place. La crise économique qui suit dans les années 1970 impose une
remise en cause profonde du rôle de l’Etat : ce dernier s’efface davantage, certaines attributions lui échappant par le haut
(institutions européennes et supranationales) et par le bas (avec la décentralisation du pouvoir vers les collectivités territoriales).
III – La remise en cause profonde du rôle de l’Etat depuis les années 1980
A – L’Etat répond à la crise des années 1980
Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 marquent la fin des Trente Glorieuses et le retour des difficultés économiques et sociales. La
réponse de l’Etat est alors différente en fonction de la majorité au pouvoir :
- Une première réponse à la crise est de maintenir un Etat plutôt interventionniste, en adoptant une politique de relance de l’économie
par la consommation. C’est ce que fait F. Mitterrand à son arrivée au pouvoir en 1981 : il lance des grands travaux (c’est un président
bâtisseur, responsable notamment de la pyramide du Louvre ou de la Grande Arche de la Défense), il nationalise des entreprises (comme
Rhône-Poulenc), il maintient une politique sociale active (octroi d’une 5ème semaine de congés payés, augmentation des salaires, impôts sur
les grandes fortunes, etc.) C’est aussi ce que fera L. Jospin, Premier Ministre de 1997 à 2002, en cohabitation avec le Président J.
Chirac : loi des 35 heures, création du RMI (revenu minimum d’insertion), etc. Mais cette politique de relance est accusée d’accroître le
déficit public, la dette et le déficit de la Sécurité Sociale.
- Une seconde réponse consiste à opter au contraire pour un Etat plus libéral, qui se désengage de l’économie, et adopte une politique de
rigueur, une politique d’austérité budgétaire dont le but est de réduire les dépenses pour revenir à l’équilibre budgétaire (réduction
des dépenses publiques, hausse des impôts, etc.) C’est la politique adoptée par J. Chirac lorsqu’il devient Premier Ministre de 1986 à
1988, en cohabitation avec le Président F. Mitterrand. Mais cet abandon croissant des prérogatives de l’Etat engendre de vives
protestations et favorisent la montée des extrêmes.
Quelle que soit la politique adoptée en temps de crise, les années 1980 sont marquées par la fin de l’Etat-providence. Cela provoque de
nombreuses contestations qui peuvent d’autant plus s’exprimer grâce aux moyens de communication actuels. Internet a considérablement