La Lettre du Rhumatologue - n° 273 - juin 2001
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vail pour des raisons autres que la PR. Au total, les IJ auront repré-
senté la somme de 7 640 ± 740 dollars par patient-année, les pen-
sions d’invalidité 2 520 ± 550 dollars, et les pertes de travail autres
liées à la PR 1 590 ± 480 dollars, soit un coût indirect total de
11 750 ± 1 120 dollars par patient-année. Durant la première
période de suivi, les arrêts de travail représentaient 84 % du coût
indirect total, contre 25 % durant la deuxième période. Cette baisse
d’un facteur 4,2 du coût lié aux IJ dépassait nettement l’aug-
mentation d’un facteur 3,6 du coût lié aux pertes d’emploi (inva-
lidité et autres causes), ce qui expliquait une baisse de 21 % des
coûts indirects de la PR entre la première et la deuxième période
de suivi. L’analyse en régression logistique ne retenait comme
seuls facteurs prédictifs de cette réduction que l’absence de dif-
ficultés à la réalisation de travaux rapides, à l’extérieur ou debout
(odds-ratio de 4,1, 3,1 et 7,1 respectivement). Aucun critère cli-
nique ou thérapeutique (traitement de fond ou pas, type du trai-
tement de fond, corticothérapie ou pas...) n’était significatif.
Cette étude suggère donc que :
– la PR coûte cher dès les trois premières années d’évolution ;
– ces coûts indirects diminuent cependant, car les dépenses d’IJ
diminuent plus que les dépenses de pension d’invalidité n’aug-
mentent ;
– plus étonnante est la constatation, par comparaison à la littéra-
ture, d’un coût indirect quasi équivalent entre les PR débutantes
et celles plus anciennes et évoluées ;
– finalement, l’évolution de ces coûts est uniquement influencée,
du moins dans cette étude, par la capacité du patient à effectuer
des travaux rapides et/ou debout et/ou à l’extérieur ; les auteurs
en concluent qu’il est nécessaire de développer des méthodes de
réadaptation professionnelle intensive, méthodes qui, de leur
propre aveu, devraient être elles-mêmes évaluées sous l’angle de
leur rentabilité économique!
C. Bologna, Mende
REVUE DE PRESSE
Indirect medical costs in early rheumatoid arthritis.
Merkesdal S, Ruof J, Schöffski O, Bernitt K, Zeidler H,
Mau W.
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Arthritis Rheum 2001 ; 44 : 528-34.
Le diabète n’est généralement pas considéré comme un fac-
teur de risque d’ostéoporose. Malgré tout, les données de
la littérature restent contradictoires. Dans cette étude, les auteurs
ont utilisé les données de la cohorte de SOF (Study of Osteopo-
rotic Fracture), comportant des femmes âgées de plus de 65 ans,
recrutées entre 1986 et 1988 en Amérique du Nord. Cette cohorte
comportait 9 704 femmes de race blanche, suivies tous les deux
ans. À la visite initiale, les femmes étaient questionnées sur l’exis-
tence d’un diabète et l’utilisation d’insuline. Pour limiter l’ana-
lyse au diabète de type 2, celles dont la maladie avait débuté avant
40 ans étaient exclues de l’analyse. Ainsi, 9 654 femmes ont été
étudiées. Tous les quatre mois, un questionnaire s’enquérant de la
survenue d’éventuelles fractures était envoyé ; dès qu’un événe-
ment était repéré, les femmes étaient interrogées plus en détail.
La durée moyenne du suivi a été de 9,4 ± 2,4 ans. Un diabète révélé
à plus de 40 ans a été mis en évidence chez 657 femmes (6,8 %).
Le diabète évoluait depuis 9,2 ± 7,9 ans ; 106 de ces femmes
(16,1 %) étaient traitées par insuline.
Par rapport aux femmes non diabétiques, elles avaient de plus
mauvais scores évaluant la force, l’équilibre, la vision ou l’état
général, et plus de neuropathies sensitives détectées clinique-
ment. La densité minérale osseuse (DMO) était significative-
ment plus élevée chez les femmes diabétiques, y compris après
correction par l’âge et l’index de masse corporelle : + 5,2 % au
radius distal, + 5,1 % au calcanéum, + 2,9 % au col fémoral ; par
contre, elles présentaient davantage de fractures : 30,1 % vs
27 %, et ce malgré leur DMO plus élevée ! Le risque relatif de
fracture non vertébrale chez les femmes diabétiques était un peu
plus élevé par rapport aux autres femmes : 1,22 (1,06-1,41) ;
celles n’utilisant pas d’insuline avaient un risque accru de frac-
ture humérale et de la hanche, alors que celles qui en prenaient
avaient un risque accru de fracture humérale, de cheville et du
pied par rapport aux femmes non diabétiques. En revanche, il
n’y avait pas de différence concernant les fractures vertébrales
et de l’avant-bras. Hormis pour les fractures humérales, un long
délai diagnostique du diabète constituait un facteur péjoratif pour
la survenue de fractures.
Alors que d’autres études ont retrouvé une diminution du risque
de fractures non vertébrales au cours du diabète, dans cette cohorte
au contraire, malgré une DMO plus élevée, chez les femmes dia-
bétiques, ce risque était accru (hors rachis et avant-bras). Ces dif-
férences peuvent s’expliquer en partie par des différences dans les
populations étudiées, concernant notamment l’âge, et donc le type
de fracture susceptible de survenir. Une autre explication possible
pourrait être l’augmentation de cofacteurs de risque fracturaire
chez les patientes diabétiques ; cependant, l’étude du nombre de
chutes, de la vision, de la pratique d’exercice physique, de l’uti-
lisation de benzodiazépine ou de l’existence d’une neuropathie
périphérique ne permet pas d’expliquer le surcroît de fractures.
Ce manque de corrélation aux facteurs de risque classiques de
fracture est peut-être dû au fait que beaucoup de ces données n’ont
été recueillies qu’à l’inclusion dans l’étude, alors que la durée
moyenne de suivi des fractures non vertébrales a été de neuf ans ;
certains facteurs potentiellement importants, comme l’existence
Diabète et fractures ostéoporotiques : une facture salée !