Q U E S T I O N S / R É P O N S E S ous souhaitons que cette rubrique favorise les échanges. Faites-nous parvenir vos critiques, vos idées, vos questions. Les auteurs et/ou le comité de rédaction y répondront. ? Faut-il acheter un appareil à ultrasons ? Les techniques d’évaluation osseuse ultrasonore sont actuellement en plein développement. Elles sont très séduisantes par leur simplicité, leur innocuité, leur rapidité d’exécution et leur faible coût. Comme l’a rappelé Christian Roux dans un éditorial récent, les techniques en transmission développées actuellement permettent essentiellement de mesurer les paramètres qui sont assez bien corrélés avec les mesures densitométriques absorptiométriques ; elles évaluent donc essentiellement la densité minérale osseuse. Aucune méthode ne permet aujourd’hui une évaluation fiable de la micro-architecture osseuse. En outre, deux caractéristiques majeures de ces techniques ultrasonores en limitent pour l’instant l’utilisation pratique : la reproductibilité des mesures est variable en fonction du paramètre mesuré, du site, de l’appareil, de la position du pied, de la température corporelle et de l’éventuelle présence d’un œdème des parties molles. De plus, leur faible sensibilité au changement empêche toute évaluation individuelle de la perte osseuse et de la réponse à un agent thérapeutique. Pour toutes ces raisons, il n’est donc pas recommandable actuellement de se procurer un appareil à ultrasons dans un but de dépistage ou de suivi individuel des patients. Ph. Orcel Dans le cadre d’une maladie prise en charge à 100 % au titre d’affection longue durée, peuton prescrire, dans la zone de la prise en charge à 100 %, le traitement des complications imputables aux traitements de cette maladie ? Par exemple, le traitement préventif ou curatif d’une ostéoporose cortisonique, le traitement d’une hypertension ou d’un diabète déclenchés par la corticothérapie entrent-ils dans le cadre ? ? Sous réserve de pouvoir démontrer clairement – notamment par la chronologie des signes – que les complications citées sont bien secondaires à la corticothérapie et ne préexistaient pas à celle-ci, la réponse est oui. J’ai posé la question au médecin départemental de la caisse de la HauteGaronne, lui-même ancien rhumatologue, qui confirme. B. Mazières ? Peut-on observer des réactions “inflammatoires” après injection intra-articulaire d’acide hyaluronique ? Il est tout à fait vrai que l’on peut observer, au cours de l’injection (en général dans les 48 heures) d’un acide hyaluronique intra-articulaire, une réaction dite inflammatoire, avec un genou chaud, douloureux et gonflé. Cet effet secondaire est rapporté dans environ 3 % des injections. Il cède grâce aux analgésiques usuels et aux AINS. Tout épanchement résiduel devra être ponctionné. Il est à noter quelques cas, très ponctuels, d’authentiques réactions à micro-cristaux au décours d’une infiltration intra-articulaire. Jusquelà, il s’agit d’observations isolées. Le mécanisme de la réaction inflammatoire après injection d’acide hyaluronique n’est pas bien explicité. Il est possible qu’elle intervienne si l’injection n’est pas stricto sensu intra-articulaire, ou qu’elle soit favorisée par une trop grande sollicitation de l’articulation dans les suites de l’injection intra-articulaire. Quoi qu’il en soit, cette réaction locale ne préjuge pas de la réponse thérapeutique. Enfin, il n’y a pas plus de risque d’infection qu’il n’y en a après une ponction ou une infiltration de corticoïdes, si l’on respecte les règles élémentaires de l’asepsie. X. Chevalier ? J’ai entendu parler d’un lien entre ostéoporose et cancer du sein. Qu’en est-il exactement ? Une incidence moindre du cancer du sein (diminution de 16 à 62 %) chez les femmes ayant des antécédents de fractures ostéoporotiques du rachis, du fémur ou du radius a .../... 48 La Lettre du Rhumatologue - n° 254 - septembre 1999 Q U E S T I O N S - R É P O N S E S .../... ? été signalée dans au moins trois études de cohorte. Pour la première fois, en 1996, l’étude SOF a démontré une relation positive entre la densité minérale osseuse (DMO) et le risque de cancer du sein chez des femmes ménopausées ne recevant pas de traitement hormonal. Cette relation a été confirmée dans la cohorte de Framingham au cours d’un suivi de 22 ans. Toute augmentation d’un écart type de la DMO est associée à une augmentation de 30 à 50 % du risque de cancer mammaire, après prise en compte des autres facteurs de risque (âge, poids, antécédents familiaux, etc.). La différence dans le risque de cancer du sein entre le premier et le quatrième quartile de DMO est équivalente à celle induite par un antécédent familial de cancer au premier degré (risque multiplié par 2 ou 3). L’association DMO-cancer du sein est encore plus forte chez les femmes ayant des antécédents familiaux de cancer du sein. Le dénominateur commun serait le niveau d’imprégnation en estrogènes après la ménopause, conférant une protection osseuse mais aussi un risque carcinologique accru. Cette hypothèse rendrait compte également de la surmortalité par pathologie cardiovasculaire, maintenant bien démontrée chez l’ostéoporotique. Devant les progrès de l’IRM, reste-t-il une place pour la scintigraphie osseuse ? J.M. Pouillès B. Mazières La scintigraphie osseuse est un examen non spécifique, mais très sensible pour dépister une anomalie osseuse métaboliquement active, alors même que la radiographie peut être normale. C’est un examen simple, fiable et moins coûteux que l’IRM. Chaque fois que le contexte étiologique est connu et que l’on veut faire un bilan, notamment d’extension, elle reste un examen de choix. C’est le cas dans la maladie de Paget, lorsque l’on veut connaître l’extension de la maladie pour dépister des risques de complications et commencer un traitement ; c’est, bien sûr, le cas au cours du bilan d’extension de métastases osseuses. Devant une douleur potentiellement osseuse mal systématisée (ex. : douleur de la racine de la cuisse avec mobilité de la hanche, examen neurologique et radiographie du bassin normaux), l’existence d’un “spot d’hyperfixation” affirme le caractère organique de la douleur et oriente les examens ultérieurs, dont l’IRM. Dans le cas évoqué, il s’agissait d’un ostéome ostéoïde du petit trochanter. Vous pouvez adresser votre question (une à deux lignes) au rédacteur en chef : Pr B. Combe, Fédération de Rhumatologie, Hôpital Lapeyronie, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier Cedex 5. 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