1re Journée de télémédecine : téléneurologie Le réseau TELIF : un des premiers réseaux de télémédecine interhospitalière The TELIF network: a pioneer interhospital network ● C. Marsault* n 1994, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a décidé une enquête pour améliorer le fonctionnement de la grande garde de neurochirurgie de la Région Île-de-France et, en particulier, pour essayer de réduire les transports non justifiés entre les urgences des hôpitaux et le service de neurochirurgie de grande garde. Depuis de nombreuses années, il était constaté un pourcentage très important de malades (plus de 2 malades sur 3) qui étaient renvoyés à l’hôpital d’origine après avoir été transportés dans le service de neurochirurgie de garde. L’idée était de réaliser le scanner dans l’hôpital où était accueilli en urgence le malade et de transmettre les images en neurochirurgie, pour voir dans quelles conditions le patient pouvait être accepté ou refusé. E Les objectifs étaient donc de limiter les transferts inutiles, d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients et de ne pas modifier un certain nombre d’habitudes, pour ne pas générer des dysfonctionnements indus. En effet, des précautions ont été prises comme, par exemple, le contact direct par appel téléphonique entre les médecins des urgences et l’équipe de neurochirurgie. L’AP-HP a décidé, en 1995, d’installer le réseau de façon expérimentale et surtout de réaliser une évaluation de son fonctionnement. Ainsi, en 1995, 15 hôpitaux ont été d’emblée reliés, 6 hôpitaux assurant la grande garde de neurochirurgie et 9 hôpitaux participant aux urgences (figures 1, 2). L’un des premiers effets très bénéfiques a été l’ouverture 24 heures sur 24 des scanners des hôpitaux voulant participer, puisqu’il s’agissait d’une condition pour pouvoir faire partie du réseau TELIF. Aujourd’hui, le bilan global apparaît très positif, puisque ce fonctionnement est acquis sur l’ensemble de la Région Île-de-France et que la plupart des hôpitaux assurant les urgences sont directement reliés à l’ensemble des services de neurochirurgie assurant la garde. Réseau de la grande garde neurochirurgicale AP-HP Beaujon Bicêtre Henri-Mondor Pitié-Salpêtrière Lariboisière Sainte-Anne Numeris Figure 1. Schéma de l’ensemble des hôpitaux de l’AP-HP connectés au réseau TELIF. * Chef du service de radiologie, hôpital Tenon, Paris. 360 Station de télécollecte des données statistiques ● Ambroise-Paré ● Antoine-Beclère ● Avicenne ● Bichat ● Cochin ● Hôtel-Dieu ● Jean-Verdier ● Louis-Mourier ● Necker-Enfants ● Necker-Adultes ● Saint-Antoine ● Saint-Vincent-de-Paul ● Tenon ● Trousseau Figure 2. Schéma d’organisation de la grande garde de neurochirurgie, avec 6 hôpitaux prenant la grande garde. La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 10 - décembre 2004 Figure 3. Exemple de console du réseau TELIF. Rappelons que cette télétransmission concerne bien sûr les images de scanner et aujourd’hui d’IRM ou d’autres examens, mais aussi et surtout des informations cliniques obligatoires accompagnant les images. Depuis, le réseau a souhaité se diversifier, et certaines nouvelles activités ont eu d’emblée un grand succès alors que d’autres n’ont pas présenté d’évolution notable. Parmi les échecs relatifs, citons ce que l’on appelle couramment la télé-expertise, mais sans relation privilégiée entre telle et telle équipe. Seules les fonctionnalités de télé-expertise qui ont pu avoir du succès sont celles qui ont associé des équipes se connaissant La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 10 - décembre 2004 déjà très bien. Une télé-expertise sur une thématique spécifique sans véritable prérequis d’échange aboutit le plus souvent à un échec. En revanche, d’autres thématiques sont assurées du succès. Il en est ainsi des urgences d’une manière générale, de l’activité de gériatrie ou de l’utilisation de la télémédecine devant des problèmes très spécifiques, comme la prise en charge des détenus des prisons françaises. Tout d’abord, les urgences comme, par exemple, l’intégration de la pédiatrie ont fonctionné d’emblée avec un grand nombre de connexions. Un autre domaine où l’on est assuré du succès concerne la prise en charge des patients de gériatrie. En effet, la télé-interprétation radiologique en gériatrie permet un raccourcissement important des délais d’interprétation des examens et une diminution de l’isolement des hôpitaux gériatriques. Quant aux détenus, l’apport de la télémédecine est évident compte tenu des modalités de prise en charge de ces patients particuliers. Aujourd’hui, le réseau concerne 39 hôpitaux, et les activités principales en sont donc les urgences de neurochirurgie, les urgences de pédiatrie, la gériatrie et les détenus. L’évaluation qui a été réalisée dès le début a permis de connaître certains dysfonctionnements qui ont ainsi pu être très rapidement corrigés. Cette évaluation a également permis de changer la localisation de sites appartenant au réseau TELIF, du fait de la sousutilisation de certains. Surtout, le suivi du réseau a montré ses limites et ses inconvénients. La première limite concerne le caractère totalement fermé du réseau : ce qui était un avantage en 1995 est devenu rapidement un inconvénient important, du fait de l’impossibilité pour des demandeurs d’entrer ponctuellement dans le réseau. Cela n’a fait que souligner le caractère obsolète de la méthode, qui est apparu dès la fin des années 1990. Si ce réseau doit continuer à assurer des services importants dans la grande garde de neurochirurgie ou dans la prise en charge de la gériatrie, il doit évoluer du point de vue technique, et en particulier s’intégrer, le plus rapidement possible, dans un vrai dossier médical informatisé partagé, facilement accessible et, cette fois-ci, véritablement ouvert. Ainsi, les principaux défauts de ce réseau devraient disparaître : son caractère fermé et son absence d’évolutivité, surtout avec les ■ nouvelles technologies informatiques. 361