C ancer du sein
Cancer du sein
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 7 - décembre 2006
tion du cancer du sein, mais avec une moindre toxicité (10).
De 1999 à 2004, 19747 femmes ménopausées ont été incluses
dans cet essai. Après 4 ans de suivi médian, 163 cas de cancers
du sein invasifs ont été diagnostiqués dans le bras tamoxifène
contre 168 dans le bras raloxifène. En revanche, le nombre de
cancers in situ était de 57 avec le tamoxifène contre 80 avec le
raloxifène. Le nombre de cancers de l’utérus était de 36 avec
le tamoxifène contre 23 avec le raloxifène et le taux de throm-
boses était réduit de 29 % avec le raloxifène. Il n’y avait pas de
différence sur le plan osseux en nombre de fractures. Une étude
sur la qualité de vie montrait une équivalence globale des deux
médicaments (11). Cependant, il existait de légères différences
avec moins de troubles sexuels et de prises de poids avec le
tamoxifène, et moins de crampes, de symptômes vasomoteurs
et de troubles vésicaux avec le raloxifène.
L’étude RUTH (Raloxifène Use for e Hearth) comparait chez
10101 femmes ménopausées du raloxifène à un placebo (12).
Après un suivi médian de 5,6 ans, le taux de coronaropathies
était le même dans les deux bras, mais celui de cancers du sein
était significativement diminué dans le bras raloxifène, ainsi que
le nombre de tassements vertébraux. En revanche, ces effets
bénéfiques étaient à mettre en balance avec une augmenta-
tion du risque thromboembolique et d’accidents vasculaires
cérébraux.
Femmes à risque
Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont associées à un
risque génétique de cancer du sein. Ces gènes sont impliqués
dans la réparation de l’ADN. Une plus grande fragilité à l’exposi-
tion aux radiations ionisantes est-elle susceptible d’augmenter le
risque de cancer du sein ? C’est ce que semble montrer ce suivi
de plus de 1600 femmes porteuses de la mutation BRCA1/2 (13).
L’exposition à un plus grand nombre de radiographies du thorax
aux cours de leur vie, en particulier avant 20 ans, est associée à
une augmentation de l’incidence de cancer du sein. Inversement,
l’exposition à un rayonnement plus important lié à un dépistage
par mammographie n’augmente pas le risque de cancer du sein
par rapport à des femmes non dépistées systématiquement dans
la même population BRCA1/2 muté (14).
La question du traitement conservateur du sein en cas de cancer
chez une patiente porteuse de la mutation BRCA1/2 se pose en
raison du risque de récidive locale et de l’effet de la radiothérapie
sur le sein traité. Une étude sur 160 patientes dans ce cas n’a
pas montré d’augmentation du risque de récidive locale par
rapport à des cas témoins de cancers en dehors d’un contexte
de risque génétique (15). En revanche, comme attendu, le taux
de cancer controlatéraux était significativement plus élevé. Il
était cependant diminué par le tamoxifène adjuvant.
BIOLOGIE
Facteurs pronostiques
Les puces d’expression génique. L’année 2006 a été marquée
par plusieurs publications validant des signatures d’expression
de gènes corrélées au pronostic de tumeurs du sein localisées
sans atteinte ganglionnaires. Ainsi, l’équipe de Rotterdam
avait publié une signature de 76 gènes sur une première série
de 286 patientes en 2005 (16). Cette signature a été confirmée
sur une nouvelle série indépendante de 180 patientes avec un
risque relatif de 5 (IC95 [1,47 à 16,6]) en survie globale (17). De
même, la signature de 70 gènes élaborée par l’équipe d’Ams-
terdam (NKI) [18], a été contrôlée sur une nouvelle série de
307 tumeurs congelées provenant de plusieurs centres euro-
péens (19). Là aussi, la valeur pronostique était retrouvée,
mais le risque relatif en termes de survie globale passait de
5 à 2,8. Enfin, l’approche américaine sur les données d’études
du NSABP utilise un score de risque de récidive (Recurrence
Score [RS]) élaboré en utilisant une technique de RT-PCR sur
du matériel non congelé fixé en paraffine fondé sur 21 gènes
(Oncotype DX®). La première validation de cette signature
avait été réalisée sur le matériel obtenu à partir des essais
NSABP B14 et B20 et permettait de prédire quelles patientes
dont la tumeur exprime les récepteurs aux estrogènes allaient
bénéficier ou non du tamoxifène donné en adjuvant (20). Ce
RS a été étudié chez des patientes dont la tumeur est RH+
sans envahissement ganglionnaire qui étaient randomisées
entre tamoxifène seul ou tamoxifène CMF. Le bénéfice de la
chimiothérapie était significatif dans la population globale
mais ne l’était plus chez les patientes ayant le RS le plus faible,
c’est-à-dire les tumeurs les moins agressives (21). L’apport de
la chimiothérapie adjuvante était très net chez les patientes
ayant le RS le plus élevé (risque relatif de 3,8).
Une étude sur 295 échantillons (22) a essayé de comparer la
valeur respective de différentes signatures pronostiques d’ex-
pression génique : la signature d’Amsterdam (70 gènes) [18], la
signature d’Amsterdam améliorée par des marqueurs de la cica-
trisation (23), la signature dite intrinsèque (sous-types luminal
A et B, basal, HER2, etc.) [1], l’Oncotype DX
®
(21). Même si les
gènes impliqués dans ces différentes signatures ne se recoupent
pas, les patientes étaient classées dans 77 à 80 % des cas dans les
mêmes catégories de bon ou de mauvais pronostics quelle que
soit la signature utilisée. Deux études fondées sur ces signatures
ont été lancées pour valider leur utilisation dans la décision de
donner une chimiothérapie adjuvante ou non chez les patientes
sans atteinte ganglionnaire axillaire : l’une en Europe, l’essai
MINDACT (TRANSBIG 1) fondé sur la puce Mammaprint
comportant la signature à 70 gènes d’Amsterdam et l’autre aux
États-Unis, essai TAILORx, fondé sur les 21 gènes d’Onco-
type DX® sur du matériel fixé uniquement chez les patientes
RH+ en RT-PCR.
C. Sotiriou a publié une signature génique fondée sur 97 gènes
impliqués pour la plupart dans la prolifération et le cycle cellu-
laire qui permet de ne distinguer que deux entités de grade
histopronostique (24). Ainsi, le grade 2 histologique disparaît
et les patientes sont classées soit en grade 1 soit en grade 3, avec
des pronostics très distincts.
Le cancer de type médullaire du sein a un profil en puce d’expres-
sion de type “basal” ainsi qu’une différenciation myoépithéliale
plus prononcée par rapport aux tumeurs de type canalaires (25).
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